
faites de fon tems : il a été employé dès fa première
jeuntiTe plus que les deux autres (Sillery & Sully ) :
il tient un grand ordre dans Tadrïriniftration de fa
charge, & dans la diffribution des expéditions qui
ont à pafler par fes mains : il a le coeur généreux ;
n’efl nullement adonné à l’avarice, & fait paroître
fon habileté dans fon fil en ce & fâ grande retenue
à parler en public. Cependant il ne peut fouffrir
qu’on côntredife (es opinions , croyant qu’elles
doivent tenir lieu de raifon : il les réduit à tempo
ri fer j à patienter & à s’attendre aux fautes d’autrui
: de quoi je me fuis pourtant quelquefois affèz
bien trouvé. » .
Après la mort de Henri I V , Marie de Médicis
parut d’abord difpofée à donner fa principale confiance
à ce vieux & fidèle minière ; mais bientôt
elle le facrifia au crédit toujours croiflant du maréchal
d’Ancre. Villeroi fe retira donc en 1614 à fa
maifon de Conflans. Bientôt il fut rappellé avec
honneur fur les représentations des états-généraux
mêmes ; & ce fut lui qui en 1616 conclut le traité
de'Loudun entre la reine & le prince de Condé
chef des mécontens. Le maréchal d’Ancre 3 à qui
ce traité n’étoit pas favorable , réprit bientôt tout
fon afcendânt & fit de nouveau difgrackr V i l l e roi j
mais lorlqu’il fut détruit lui-même en 16 17 , le
roi Louis XIII rappella au Louvre M. de Villeroi3
qu’il remit à la tête des affaires & qu’il mena
enfuite avec lui en Normandie pour l ’afTemblée
des notables, qui aljoit fe tenir à Rouen. Villeroi
y mourut le iz novembre de cette même année
1617 , âgé de foixante & quatorze ans.
4*. Le miniftre Villeroi eut pour fils Charles de
Neufville, Marquis d’Alincourt, fe'gneur de Ville-
roi , &c. chevalier des ordres du roi, gouverneur
de la ville de Lyon & du Lyonnois &c. ambaflà-
deur à Rome, grand-maréchal des logis de la maifon
du ro i, mort le 18 janvier 1642. Il avoit
fécondé avec beaucoup de zèle les efforts de fon
père pour le rétabliffement d’Henri IV. Il lui avoir
remis la ville de Pontoifc en 15.94, & par-là ii
avoit accéléré la réduction de Paris, qui fe fit le
22 mars de cette même année 15.94- Aidé des
înflruâions de fon père, il foutint Noblement à
Rome, pendant tout le cours de fon anabafiade ,
les droits de Henri IV & de fa couronne. La famille
de Villeroi continue de s’allier avec toutes
les familles du miniflère. Charles de Neufville
eut deux femmes. La première . Marguerite de
JMandelot, dame dePacy, étoit petite-fille deFlori-
mond Robertet, & tenoit à tous ces Roberret,
miniflres fous les rois Charles V I I I , Louis XII ,
François I , Henri II , François II & Charles IX,
Le premier de ces miniflres fut auffi le premier qui
commença de donner à la charge deSecrétaire des
finances l ’éclat & l’autorité qu’elle a eu depuis.
La fécondé fendue de Charles de Neufville. fut
Jaqueline de Harlay, fille du fameux Nicolas de
Harlay, feigneur de Sancy, fur-intendant des finances
fous Henri IV.
Sa fille aîneè , Marguerite , époufa Pierre Brû-
lart, marquis de Sillery & de Pu y fi eux , fecrétaire
d’état.
Un de fes fils , Henri, comte de Bury, more
en 1628 au- retour du liège de la Rochelle , avoit
époufé Françoife Phelypeaux, fille de Raymond,
feigneur d’Hcrbault, fécrétaire d’état.
Parmi les autres enfans de Charles de Neufville,
marquis d’Alincourt , nous difliliguerons :
5°. Lyon François , chevalier de Malthe , commandeur
de faint Jean de l’ifle, mefîre de camp
du régiment de Lyonnois, tué au liège de Turin
en 163?;
6°. Camille, né à Rome le 2 1 août 1 6 0 6 pendant
l’ambaflade de fon père ; il fut archevêque
de Lyon, lieutenant-général au gouvernement de
Lyon & du Lyonnois, commandeur des ordres du
roi. C'eft de lui qu’on raconte qu’ayant voulu être
chanoine & comte de Lyon , & le chapitre ayant
montré un peu de froideur fur cette propofition ,
parce qu'il ne le trouvoit pas d'aflez bonne maifon
, il fut nommé archevêque de Lyon par le crédit
de fa famille, par la faveur de Louis X IV &
peut-être auffi par Ton mérite, & qu’en prenant
pôfleffion de fon liège , il fit à fon avanture l’application
d’un paffàge du pleaume 117 verset zï , cité
dans faint Matthieu effap. 2 1 vers. 42. L a p id e n t
i q u em r ep r o b a v e ru n t s d i f i c a n te s , h i c f a S lu s e j l in
c a p u t a n g u l i. L a p ie r r e , qu e l e s a r c h it e c te s a v o ie n t
r e je tte e , e jl d e v en u e la p r in c ip a le p ie r r e d e V A n g l e .
A quoi le doyen du chapitre répondit par le verfet
fuivant : A d om in o factum e j l i l l u d , & e j l m ir a b ile
i n o c u l i s n o f i r i s . C'e jt L’o u v ra g e d u f e ig n e u r , &
c e j l a n o s y e u x u n o b je t d .'a dm ira tio n ( ou cCétonne■ *
m e n t . )
L’archevêque de Lyon mourut âgé de quatre-
vingt-douze ans, le 3 juin 1698 , foixante & dix
ans après Lyon François, mentionné dans l’article
précédent, lequel étoit Ton frère puîné , & n’étôic
pas mort dans l’enfance, puifqu’îl étoit colonel
& commandeur, & qu’il faifoic la guerre.
70. Ferdinand , chevalier de Malthe , évêque de
faint Malo , puis de Chartres , confeiller d’erat
d’eglife , mort à Paris le z janvier 1690, à quatre-
vingt-deux ans, 6 z ans après Lyon François.
8°. Mais le,plus célèbre de tous les enfans de
Charles de Neufville , marquis d’Alincourt, eft le
premier maréchal-duc de V i l l e r o i , gouverneur
de Louis X IV ; Nicolas de Neufville, IV e. du
nom. Il étoit né dans les dernières années du
feizième fîècle , fous le règne de Henri IV ; avoit
été élevé enfant d’honneur auprès de Louis X llI ;
il fut reçu en furyiYauçe. gouverneur de Lyon cm
l 6ï f . Il fui vit en 1617 le maréchal de Lefdi-
guières. en Italie, où il affifla fbus fes ordres a
différens lièges. De retour en France , il afliffa en
1 6 z 1 au liège de Saint-Jean-d An gel y contre les
Huguenots, il commanda un régiment d'infanterie
au liège de Moutauban , un corps de fix mille
hommes au liège de Montpellier. Il feivit dans la
guerre de Mantoue, fe trouva au Combat de Cari
gu an , eut divers comrh'widemens au pas de Sufe,
à Pigtîérol, à Calai ; il éto-.t en 163 6 au Tege de -
Dole ■ commandok un corps d’armée au fiege de :
Turin en 16 40.'En 1644 il lèrvit en Catalogne
fous le maréchal de la Mothe. En 1646 il fut j
nommé gouverneur de Louis X lV , & ce prince le
fit maréchal de France le zo oêtobre de la meme
année. Les grâces & les dignités s accumulèrent
fur fa tête. Il fut fait chef du confeil royal des
finance1 en 1661 , cheva ier du faint—cfpr t en ■
1662 , duc & pa'r le 15 décembre 1663. Lé mi-
niflre Villeroi Nicolas III avoit obtenu en 1610 i
des lettres patentes, portant création de fa feigneu-
rie de Villeroi en châtellenie ; Ion fils Charles ,
marquis d’Alincou,t , en avo»t obtenu en 1615
pour la faire ériger en marquifat. Le maréchal
de Villeroi fut tait duc & pair par des lettres
paternes , données au mois de feptembre 1-65-1^,
mais qui ne furent enregiffrées qu en 1663 à 1 e-
foq'ue qui vient d’être indiquée. Il-mourut le 20
novembre 1685 dans fa quatre-vingt-huitième
année. Il vivoit encore lorfque dans cette meme
année 1685 , les princes de Cônty, le prince de
Turenne & plufîeurs autres jeunes gens de la cour
de France partirent pour la guerre de Hongrie fans
permiflion du roi. Le mécontentement, l’averfîon
pour les moeurs d’une cour qui devenoit pédante
& dévote, étoient les principaux motifs de ce
voyage. On intercepta leurs lettres fuivant un ufage 1
qu’on ne peut quelquefois s’empêcher de condam- ;
ner, mais, comme dit M. de Voltaire, tout le :
monde fait que cet ufage ne fubfifte plus. Ces
lettres étoient remplies, les unes de fortes impiétés
en dérifion de la dévotion de la cour, les autres
de plaifanteries fanglantes , foit contre Madame de
Maintenon, foit contre Louis' XIV lui-meme. Le
marquis d’Alincourt, petit-fils du vieux maréchal,
fe trouva du nombre de ceux , qui ne s’étoienr
permis que des impiétés, le maréchal le fuc , &
il dit : du moins mon petit-fils lia médit que de
Dieu , & celui-là pardonne.
Le maréchal de Villeroi avoit été créé , en
1666 , chef du confeil d’où fortirent tant de régle-
mens & d’ordonnances célèbres concernant la juf-
tice le commerce, la marine , la police , telles
que l'ordonnance civile de 1667 , l ’ordonnance
criminelle de 1670 , &c.
5>°. Le fécond maréchal de Villeroi, gouverneur
de Louis X V , comme le premier l’avoic été de
Louis X I V , étoit fils d^i premier & fut encore
plus célèbre que lu i, mais d’une célébrité meice
de fautes & de difgraces autant que de valeur ,
d’honneur & de probité. Il Ce nommoit François
de Neufville j il eut toutes les dignités & tous les
emplois de fon père, & fut de plus capitaine des
g. ira es du corps en 1695 , à la mort du maréchal
de Luxembourg; emploi qui n'a pas ceffe depuis
d’être dans fa famille. Il parole qu’il fit fes premières
armes contre les turcs au combat de Ra.ab
en Hongrie en 1664. En 1668 il fui vit Louis XlV.
à la conquête de la Franche-Comté. & fe fignala
aii fiege ae ijole , comme avoit fait fon père au
liège de la même viJie en 1636. Dans la guerre
de Ho'ilàride ii fer vif quel jue te.us dans l’armee
de l’évêque de 'km ter; Il fût fait chevalier dès
ordres en' 1688 , maréchal' 1e Frmce en 16ç$. U
prit Charleroi le 11 octoore de !‘a même année v
mais M. de-Vau b an coniùifoit lès attaques & M.
de Luxemoourg couvrôit le liège. En 1695 il
commanda dans les P^ys-Pasi M. de Va 1 de non t
fit devant iui le 14 juillet .ne retraite.fort estimée
, &. le maréchal de Villeroi n’ofa ou ne ;>ut
1 attaquer. 11 s’en dédom nagea en bomoardaiit
Bruxelles les t 3 , 14 81 15 août ; m'ai s ie prince.
d’Orange ( le roi Guillaume )' prit Namur le 4
août oc le château du meme Namur le 1 feptembre,
fans que - le maréchal ‘ de Villeroi , qui s’éroit
! avancé fur les bords dé la Mehaigne , pûc rien
entreprendre, & on put alors rendre aux trançois
les farcafmts & les bravades dont tro s ans auparavant
Boileau avoit accablé lès ennemis dans fa
mauvaife ode fur la pvife de Namur ; on put leur
dire en les excitant de même par forfanterie à
faire lever le fîége de Namur & en les raiUanc
groffierenient de ne l’avoir pas pris.
Courage , vers la Méhaigne
Voila vos drapeaux flottans.
En effet on n’épargna ni les chanfons ni les fatyreg
au maréchal de Villeroi, & il eft de tous les généraux
de Louis XIV celui , contre lequel on a le
plus fait d. ces chanfons militaires & grivoiles,
attribuées aux foldat?. Nous n’en rappellerons
qu’ une , à laquelle le ton niais & nonchalant d’un
air connu , l’heureufe application du mot
Guillaume , qui étoit dès lors un réfrein , auffi
très-connu, donnent un allez grand mérite dans
le genre fatyrique-chanfonflier.
Villeroi
Villeroi
A fort bien fervi le roi
G u illa um e
G u illa um e .
En 1697' le maréchal de Villeroi commanda
encore en Flandre ; il couvrit le fiège d’A th , que
: faifoit le maréchal de Catinat ; Àth fut pris le y.