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Cum defîceret p a rv u lu s & la St e ns in p la te is oppidiy
m a tr ib u s f u i s d ix cru n t : ubi efi tr itic um & viniiih ?
Cum deficerent quafi v u ln e ra ti in p la te is c iv i ta t is ,
cum exh a la ren t an im a s f u a s in f in u matrum fu a rum .
Lament. Jérém. proph.
» Au milieu d’une fi afFreufe misère on ne
voyoit point de pleurs, on n’entendoit point de
gémilïemens, parce que cette horrible faim dont
l’ame étoit entièrement occupée , érôuffoit tous
les autres fentimens. Ceux qui vivoient encore,
regardaient les morts avec des yeuxfecs, fe con-
foïant par l’efpérançe de les aller bientôt retrouver.
»
Que faifoient les Z é la tew s pendant cette horrible
famine ? Ils combloient la misère du peuple ,
ils violoient l'afyle des maifons , ils pénétroient
dans les réduits les plus feerets pour rechercher
les derniers refi s des plus vils a’imens & les enlever
à leurs poffeffeuts ; s’ils ne trouvoient rien
ils tourmentoient les malheureux pour les forcer_
de montrer lès alimens qu’ils n’avoient pas & qu'ils
les accufoient de cacher. Un événement imprévu ,
autant qu’horrible, défarma enfin leur fureur , une
mère mangea fon fils : voici comment Josephe j
& d’après lui , M. de Tillemont, rapportent ce
fait.
« Une dame d’au-delà du Jourdain , nommée
» Marie, d’une nailfance illuftre & fort riche ,
*» ayant été obligée de quitter fon pays avec les
as autres juifs de ces quartiers là pour fuir les mal-
» heurs de la guerre , fe trouva dans Jérufalcm
» Ipvfqu elle fut alfiégée , ayant avec elle un^ fils
» qu’elle nourrifToit de fon lait. Les tyrans lui ra-
» virent d’abord ce qu’elle a voit apporté- de plus
» précieux, & leurs foidats enfuite vtno’ent tous
9o les jours lui enlever ce qui lui reftoit de meubles
» & ce qu'elle, pouvoit avoir de vivres. La dou-
» leur de fe voir traiter de la forte la mit dans
3o un tel défefpoir, qu’après avoir fait mille ina-
» précations conrr’eux , il n’y eut point de paroles
» butrageufes qu’elle n’employât pour les îiri-.er ,
» afin de les porter à la tuer ; mais il ne fe trouva
» pas un feul de ces tigres qui, par reflemimem
« de tant d’injures ou par compaffion pour elie,
» voulût lui faire cette grâce.
»j Lorfqu’elle fe trouva ainfi réduite à cette der-
3o. nière extrémité de ne pouvoir plus, de quel-
w que cô té qu’elle fe tournât, efpérer aucun fe-
» cours , la faim qui la dévoroit , & encore, plus
» i.ê feu que la colère nvoit allumé dans fon coeur,
» lui infpirèrènt une ré foi u don qui fait horreur
os à 1 a nature. Elle arracha fon fils de fa ma-
90 melle, & lui tint ce langage : «Enfant infor-
oo runé, & dont on ne peut trop déplorer le mal-
» heur d’être né au milieu de la guerre, de la
m famine & des diverfes factions qui confpirent à
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» l’envi à la ruine de notre patrie, pour qui te cou-
oo ferverois-je rSeroit-ce pour être efclave des ro-
oo mains, quand même ils voudront nous fauver
» la vie ? mais la faim ne nous l’ôteroit-elle pas
jo avant que nous pufTions tomber entre leurs
j» mains ? Et ces tyrans qui nous mettent le pied
» fur la gorge , ne font-ils pas encore plus redou-
» tables & plus cruels que les romains & que la
» faim ? Ne vaut-il donc pas mieux que tu meures
« pour me fervir de nourriture & pour étonner
» les faétieux & la poftérité par une aétion fi tra-
» gique puisqu’il ne manque que cela feul pour
» combler la mefure des maux qui rendent au-
oo jourdhi les juifs le plus malheureux peuple qui
oo foit fur la terre ? » Après avoir parlé de la forte,
elle tua fin fils, le fit cuire, en mangea une partie
& ca< ha l’autre.
oo Ces impies, qui ne vivoient que de rapines, en-
trèrentaullî tôr àpiès dans la maifon de cette dame,
& ayant fenti l’odeur de cette viande abominable,
il» la menacèrent de la tuer fi elle ne leur mon-
troit ce qu’elle avoit préparé pour manger. Elle
leur répondit qu’il lui en reftoit encore une partie ,
& leur montra enfuite les pitoyables refies du
corps de fon fils. Quoiqu’ils euffent des coeurs de
bronze, une telle vue leur donna tant d’horreur
qu’ils fembloient être hors d’eux - mêmes. Mais
elle, dans le tranfport où la mettoit fa fureur ,
leur dit avec un vifage affiné : « Oui, c’eft mon
>o propre fils que vous voyez, & c’eft moi-même
» qui ai trempé mes mains dans fon fang ; vous
oo pouvez bien en manger , pu.ifque j’en ai mangé
>o la première. Et s-vous moins hardis qu’une
oo femme & avez - vous plus de compaffion
oo qu’une mère? Que fi votre pitié ne vous permet
oo pas d'acc pter cette viance que je vous offie,
oo j a:heve:ai de la manger.
>o Ces gens, qui n’avoient jamais fu jufqu’alors
ce que c’étôic que l’humanité, fin allèrenr tout
tremblans , & quelque grande que fut leur avidité
de trouver de quoi fe nourrir , ils laifserent le
refle de cette déteflable viande à cette malheureufe
mère. »
Paris eîit aufii fis Z é la te u rs du temps de la
ligue. Une mèie s’y nourrit auffi de la chair de
.fon fils p. ndant le fiège de cette ville en 15570.
II efi remarquable que cette monllrueufe aventure
foit arrivée deux fois fous deux des mcilh.urs princes
qui jamais ahne régné, Titus & Henri IV, &
qu’ils en aient été la caufe, très - innocence à la
vérité.
On voit que l’auteur de la Henr.ade avoit fous
les yeux i’hifiorien Josèphe , & .lérufafibm , & les
Zélateurs , lorfqu’il peignoit ainfi les horreurs du
fiège de Paris,
D’un ramas d'étrangers la ville étoit remplie,
Tigres que nos aïeux nourxiflbient dansMeur fein,
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Plus cruels que la mort, & la guerre, & la faim.....
De Ces nouveaux tyrans les avides cohortes
Afliègent les maifons, en enfoncent les portes,
Aux hôtes effrayés préfentent mille morts/
Non pour leur arracher d’inutiles tréfors ,
Non pour aller ravir, d’une main adultère ,
Une fille éplorée à fa tremblante mère ,
De la cruelle faim le befoin confumant,
Fait expirer en eux tout autre fenciment,,
Et d’un peu d’aliment la découverte heureufe
Etoit l’unique but de leur recherche afFreufe.
Tl n’eft point de tourment, de fupplice & d’horreur
Que pour en découvrir n’inventât leur fureur.
Une femme, ( Grand Dieu 1 faut-il à la mémoire
Conferver le récit de cette horrible hiftoire ! )
Une femme avoit vu , par ces coeurs inhumains ,
Un refte d’aliment arraché de fes mains.
Des biens que lui ravit la fortune cruelle,
Un enfant lui reftoit, prêt à périr comme elle ;
Furieufe, elle approche, avec un coutelas,
De ce fils innocent qui lui tendoit les bras:
Son enfance, fa voix, fa mifère & fes charmes
A fa mère en fureur arrachent mille larmes ;
Elle tourne fur lui fon vifage effrayé/
Plein d’amour, de regret, de rage, de pitié;
Trois fois le fer échappe à fa main defaillante.
La rage enfin l’emporte; & , d’une main tremblante,
Déteftant fon hymen & fa fécondité :
Cher & malheureux fils que mes flancs ont porté,
Dit-elle, c’eft en vain que tu reçus la vie,
Les tyrans pu la faim l’auroient bientôt ravie :
Et pourquoi vïvrois-tu! Pour aller dans Paris,
Errant & malheureux, pleurer fur fes débris!
Meurs avant de fentir mes maux & ta mifère ;
Rends-moi le jour, le fang que t’a donné ta mère ;
Que mon fein malheureux te ferve de tombeau ,
Et que Paris du moins voie un crime nouveau.
En achevant ces mots , furieufe-, égarée,
Dans les flancs de fon fils fa main défefpérée
Enfonce en frémifiant le parricide acier,
Porte le corps fanglant auprès de fon foyer,
E t , d’un bras que poufloit fa faim impitoyable,
Prépare avidement ce repas effroyable.
Attirés par la faim, les farouches foldats
Dans ces coupables lieux reviennent fur leurs pas.
Leur tranfport cft femblable à la cruelle joie
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Des ours & des lions qui fondent fut leur proie ;
A l'envi l’un de l ’autre ils courent en fureiîr, '
Us enfoncent là porte;.... O furprife! ô terreur!
Près d'un corps tout fanglant à leurs yeux fe p réfente
Une femme égarée & de fang dégoûtante.
Oui, c'eft mon propre fils, oui, monftres inhumains,
Ceft vous qui dans ion fang avez trempé mes mains ;
Que la mère & le fils vous fervent de pâture;
Craignez-vous plus que moi d’outrager la nature?
Quelle horreur à mes yeux femble vous glacer tous !
Tigres, de tels feftins font préparés pour vous !
Ce difeours infenfé, que fa rage prononce,
Efi: fuivi d’un poignard qu’en fon coeur elle enfonce.
De crainte à ce fpeêiacle, & d’horreur agités,
Ces monftres confondus courent épouvantés;
Us n’ofent regarder cette maifon funefte ;
1 Ils penfent voir fur eux tomber le feu célefte ;
Et le peuple effrayé de l’horreur de fon fort,
Levoit les mains au ciel, & demandoit la mort.
L’hiftoire & la poefie ne peuvent trop retracer à
l’envi de feniblab'es malheurs, pour nous en pré-
ferver à l’avenir , s’il eft poflible.
ZELPHA , ( hift. facY . ) fervante de Lia qui lui
avoit été donnée par Laban fon père dans le temps
de fon mariage avec Jacob. Lia voyant qu’elle
avoit cefié d’avoir des enfans de ce patriarche, &
croyant qu'e'le n’en auroit plus, donna cette fer*
vante à fon mari , qui en eue deux fils,' Gad 8c
Afir, lefquels furent chefs de deux tribus dTfraël.
Genèfe, cbap. zp & 30.
ZELTNER, (hifi. l i t t . mod.) eft le nom de
divers favans allemands de Nuremberg , minifires,
les uns dans cette ville, les autres dans le voi-
finage, tous vrai femblable ment de la même famille.
Les plus connus font Jean Coh:ad & Gufi
rave Geo’ge; nous ignorons s’ils étoient frères. '
IQ. Jean Conrad étoit fils d’André Z e l tn e ry mi-
niftre à Nuremberg. Il fe diftingua dans le cours
de fes études par troL exercices publics qui firent
du bruit ; l’un fur les femmes favantes de la nation
juive , l’autre fur la prophetefle Débora ; 1«
troifième fur cette propofition , qu'il n’y a aucun
précepte de Dieu qui ne foit bon. Il efi: auteut
d’une hiftoire latine de cent perfonnages célèbre*
par leur érudition , qui ont été correcteurs d’impri*
mène. Theatrutn v iro rum e ru d ito rum , q u i fp e c ia tim
ty p o g rap h is lau d ab ilem operam p ra j i ite ru n t . U s’eft
occupé encore d'autres ouvragés concernant l’invention
& les progrès de cet art & le mérite de
A ceux qui l’ont cultivé. Il mourut à trente • troi*
V t T v i