
mais fa famille croit originaire de Vefel dans le
duché de Cleves , & vraifemblablement elle en
tiroit fon nom. V e f a l , grand anatomifte pour le
rems, ayant fait l’ouveituie du corps d’un gentilhomme
efpagnol, qu’on eroyoit mort 8c qui fe
trouva vivant, les parens le déféré:ent à l ’inquifî-
tion, Philippe I I , roi très-iriquifîteür , fentit cependant
qu’un homme , tel que V e f a l , n'étoit pas
fait pour être abandonné à l ’inquifîtion , qu’il n'a-
voic befoin ni dès rois ni des inquifîteurs , & que
les rois & les inquifîteurs pouvolent avoir befoin
de lu i , il le prit fous fa prote&ion , mais il ne
put ou ne voulut.pis le dilpenfer de toute peine,
celle qu’il lui infligea fut, félon l’ufage des fié clés'
précédens , de faire un voyage à la terre-lainte. L e :
fénat de Venife le rappela pour lui donner la
chaire de medécine que Fallope avoir remplie à
Padoue : mais à fon retour^ fon vaiffeau fit naufrage,
il fut jetté dans rifle de Zante, & il y mourut
de faim & de mifère en 1564. On a de lui un
cours d’anatomie fous le titre de corporis kumani
fabrica, dont Boerha'ave a donné une édition.
VÉSPÀSIEN, ( hifi*. r om . ) ( Titus Flavius Vef-
pafianus) feu! empereur depuis Augufte qui ait pu
réconcilier les Roma:ns avec la monarchie. Né
dans l’obfcurité , n’ayant jamais eu la foiblefle d’en
rougir, il fut d’abord protégé par Narciffe , car
dans les tems où il vivoic, les gens du pluslgrand
mérite avoient befôin de l’appui des affranchis , il
parvint au confiaiat par le crédit de ce favori. Il
accompagna Néron dans le voyage que cet empe-
rer fit en Grèce, mais ayant eu le malheur de s’endormir
à la leâure des vers de Néron , il fut dif-
gracië & chaffé de la cour. Néron lui pardonna
pourtant dans la fuite, parce qu’il crut avoir befoin
de lui pour la guerre des Juifs , dont il lui
confia la conduite. Vefpajîen y acquit beaucoup de
gloire ; il entra l’an 67 de J. C. dans la Galilée,
province alors remplie de villes fortes qui cou vroient
Jérufalem ; c’étoit Jofephe, ce fameux hiftorien de
fa patrie, qui eommandoit pour les Juifs dans la
Galilée Çvoye* l’article j o s e p h e ) , il prit Gadara,
il fit enfuite le fiège de Jocapate , dont Jofephe a
fait une longue & intéreffante relation. Ce fut I
après la prife de cette ville que Jofephe fe rendit
à Vefpafien avec un feul de fes compagnons , après
avoir vu tous les autres-s’entretuer dans une caverne
où il s’ étoit retiré avec eux.Vtfpafien devint
fon proteéleur , & pourfuivant le cours de fes conquêtes
, il prit Japha , tailla éii pièces les Samaritains
fur le mont Garizim, prit & rafa Joppé,
Tibériade lui ouvrit fes portes, il fournit Tarichée,
ou plutôt ce fut Titus fon fils qui l’empoîta d’af-
fau t, Vefpajîen fit conflruire à la hâte une petite
flotte avec laquelle il battit une troupe nombreufe
de Juifs qui s’étoient rétirés dans des barques fur
le lac de Tibériade , où ils ofèrent attendre les
vainqueurs & accepter la bataille. Titus, luivant
les jnouvemens de la clémence qui lui é to it 11atutelle
, avoït accordé un généreux pardon aux
habitans de Tarichée ; mais on crut devoir excepter
de cette grâce quarante mille féditieux, qu’on ne
pouvoir ni lailfer dans la v ille , dont ils auroient
troublé la tranquillité, ni renvoyer libres , parce
qu’ils auroient porté ailleurs, l ’cfprit de révolte
dont ils étoient.vanimés, & le brigandage auquel
ils étoient accoutumés. On délibéra fur ce qu’on
devoit en faire, & dans un confeil de guerre, on
prit le parti le plus contraire à l’humanité , mais
qui fut eftimé le plus fur. On les fit fortir tous
par la porte qui conduifoîc de Tarichée à Tibériade,
là , on les affembla dans le flade } lieu défi-
tiné à la courfe & aux combats des Athlètes ; on
égorgea les vieillards & ceux que leurs infirmité*
mettoient hors d’ état de rendre aucun fervicc &
que par cette raifon là même , il femble qu'on
pouvoir impunément lailfer alle r, d’autant plus
que c’étoit’ de beaucoup le plus petit nombre. On
choifît fîx mille hommes des plus vigoureux 8c
des plus capables de fupporter la fatigue , qui
furent envoyés à Néron dans l ’Achaïe , pour être
employés aux travaux qu’il faifoit faire , pour .
couper l ’Iflhme de Corinthe. Le refte qui fe mon.
toit encore à plus de trente mille, fut vendu comme
efelaye. Ce traitement n’étoit pas propre à rallen-
tir le feu de la révolte, il n’engageoit pas les Juifs
à fe foumettre aux Romains, yefpafien agifloic en
cette occafîon contre fon caradère ,. fes principes
& fon intérêt. Il emporta enfuite de force Gamale,
place fîtuée vis-à-vis de Tarichée,de l’ autre côté
du Lac de Tibériade ou de Généfareth ; battit les
Juifs fur le mont Thabor,.& Titus entra fans obf-
tacle dans Gifcale , après que Jean de Gifcale,
le plus fadieux de tous les Juifs, eût quitté cet té
"place qui ne pouvoir plus tenir, & eût été porter
fes fureurs dans Jérufalem. Il y augmenta le trouble
& la folle ardeur pour la guerre. Il parut prendre
Je parti du peuple contre ces furieux, fanatique*
à la fois & perfides, connus fous lé nom de Zélateurs
, il étoit d’intelligence avec eux, & il trahifc
foit le peuple. Les Zélateurs appelèrent les Idu-
méens à leur fecours, puis fe brouillèrent avec ces
étrangers , & Jérufalem fe remplit de Fadiohs & de
carnage. Vefpafien fe contentoit de prendre des
villes autour de Jérufalem & fe repofoit fur les
habitans infejifés de cette capitale du foin de s’entre-
détruire ; il Tou mit Jamnia & Azor. Quelques-uns
des principaux chefs de fon armée l ’exhortoient
à profiter des divifions des Juifs pour faire & prdfer
le fiège de Jérufalem, Vefpafien ne fut pas de cet
avis, «c Nous ne ferions , dit-il, que réun'r contre
nous tous les partis ; laifîbrts^en toute liberté cette
rage de s’exterminer qui les pofsèdé zéfrieliemert,
Jailfons-les s’affoiblir au moins , vaincre à forte
ouverte^ efl un trifle avantage, quand on peut efpc-
rer de vaincre fans- tirer l’épée. » Il fuivit conf-
tamment ce plan, & l ’année lu iv a n té 6 8 e de J. C.
8c qui fut la dernière de1 l’empire de Nérôïi , il
ouvrit la campagne par une expédition dans la
Contrée qu*on nomme la Pérée, au-delà du Jourdain
, il prit Gadara, qui en efl la capitale, & fournit
tout le pays. Il alla enfuite s’établit à Céfarée,
d’où il veilloit fur la conduite générale de la
guerre. Ce fut à Céfarée qu’il apprit le fôulève-
ment deVindex contre Néron, & tandis que l’ocçir
dent fe brouilloit, il cri* devoir fe hâter de pacifier
l’orient pour que Rome n’eût pas une guerre
étrangère à foutenir au milieu des tjéfordres de la
guerre civile, il fe détermina pour lors à former
&même à brufquer le fiège de Jérufalem, il partit de
Cefarée avec toutes fes troupes & pénétra jufqu’à Je-
rufalem, il prit fur fa route Antipatris,Lydda,Thamna
& la contrée qui en dépend, & vint drefler un camp
à Em inàiis pour bloquer la capitale du côté du Nord ;
il I’inveflit enfuite au midi du côté de i’Idumée ,
puis de tous les autres côtés, & il fe préparoit à
l ’afliéger en règle, lorfque les nouvelles , qui lui
arrivoient de toutes* parts , vinrent lui donner
d’autres idées & d’autres foins. Les premiers fuc-
celîeurs de Néron 7 Galba , Othon , Vitelhus, n'a-
voient fervi qu’à faire defirer un empereur plus
digne de regner ; le voeu le plus -général & le plus
laifonnable étoit pour Vefpafien lui-même- Bientôt
proclamé par fes légions & par celles de Syrie & ;
d’Egypte , il fe vit 'obligé d’abandonner à fon fils la
conduite de la guerre contre les Juifs, il quitta
la Judée & partit pour Alexandrie, chargeant Titus,
qu’il laiffoit à la tête d’une pu flan te armée,
d’achever fon ouvrage & de pourfuivie ce fiège de
Jérufalem , qu’il avoit à peine pu commencer ;
avaru de partis^ il brifa les fers de Jofephe, qui devint
l’ami & à beaucoup d’égards le confeil de.
Titus.
Mai re d’Alexandrie, qui l’avoit d'abord reconnu
pour empereur, Vefpafien étojt en état de faire en
quelque forte, la loi à Rome & à l ’Italie, qui ne.
fubfiitoit que par les bleds étrangers. Les rapides
fucqès de f-s Lieutenans Mucien 5c Antonius pri-
mus. ( voye% ^article V itellius) , & la mort de
Vitelliiis , arrivée peu de temps après , le difpen- .
fêtent de recourir au moyen fût peut-être, mais
dur & odieux , de réduire Rome en l'affamant ;
Rome fut foumife , & il parut en être le libérateur
, en faifant partir promptement du port d’A-
lèxandrie un grand nombre de vaiffeaux, chargés
des meilleurs bleds de l ’Egypte. Le fecours vint
a temps, mais il ne pouvoir arriver plus à-propos,
Rome n’avoit plus de vivres que pour dix jours.
Vefpafien reçut à Alexandrie des .Ambaffadeurs
de Vologèfe, roi des Parthes , qui venoientlui offrir
dé fa pa:t quarante mille hommes de cavalerie.
C ’étoit, dit un hiflorien , une belle' & g’orieufe
fît nation que de fe voir prévenu par des offres fi
magnifique^, & de n’en avoir pas befoin.
La conduite am.bitieufe & déréglée de Domitien,
fbn fécond fils , mcloit feu’e quelque amertume à
tant de profpéritcs. Ce jeune prince , qui avoit
formé fes idées fur l ’empire d’après le règne de
Néron , ou d’après fon propre eceur , regardofr
comme le privilège du fils d’un empereur de fe livrer
à toutes fes paflîotis, de pouvoir tout ce qu’il
vouloir, d’enlever à leurs maris toutes j.fe# femmes
’ qui lui plaifoient. il étoit à Rome où il avoit couru
même un affez grand danger dans: l ’ incendie du
temple de Jupiter Capitolin .( voye? l ’article V i-
te l l iu s ). , il s’en déd.ommageoit par l ’exercice
d’une autorité précaire qu’il ufurpoit ea arténdani
l’arrivée de fon père à Rome. Il difpofoit de tout
arbitrairement j en un feul jour il diftribua plus
de vingt emplois tant de la ville que des provinces.
Vefpafien lui écrivit : « Je vous remercie de ne
m’avoir point encore envoyé de fucceffur &:■ de
vouloir bien me laifler jouir de l ’empire. Titus
au contraire fignalo t dès lors fa bonté, en tâchant
d’exeufer fon frère & d appaifer Vefpafien.
Les Alexandrins aimoient le fafle & la magni-
ficen-e, ils n’eflimèrept pas autant qu’ils k d e -
voient un prince , tri que Vefpafien , qui avoit un
goût décidé pour la fimplicité antique , ils atten-
doient d’ailleurs une gratification, comme ayant-
les premiers reconnu ce prince pour empereur •
mais nous: avons ■ dit que Tibère avoir tous les
vices, excepte l’avarice, Vefpafien au contraire avoit
toutes les vertus, excepté l’indifférence pour l’argent
: les Alexandrins ne furent pas contens de lui;
Nous ne dirions rien des prétendus miracles- qu’il
opéra publiquement dans Alexandrie, iis ne furent
vrais que de fon tems, & ils ne le furent jamais
pour lui.
Son premier foin fut d’ordonner le rétàbliffement
du capitole & d y faire travailler fans délai" avant
meme qu’il^ pût arriver à Rome. On donna plus
d’élévation à cet édifice, ce fut le feul changement
qu’on fe permit, & c’étoit le feu! mérite qui avoit
manqué à la magnificence de l’ancien temple. Vefpafien
artendoit . pour fe xendre à Rome, les vents
réglés qui fouillent au commencement de U belle
faifon.
Entre les princes parvenus à l’empire fans y être
appelles par le droit de la naifiance , il n’en eft
aucun dont l’avcnement ait été plus heureux &
plus honorable à tous égards que celui de Vefpajîen.
11 fut porté fur le troue fans effort de fa part, fans
•intrigue de la part de perfonne , par le voeu général
auquel if; n'eut que la peine de coofemir. Il eue
à la .vérité des ennemis à vaincre -, ma's il en
triompha fans être obligé de tirer lui-même l’é-
p.ét. Des chefs & des armées qui le connoifïbirnt
à peine , combattirent pour fa querelle avec ièle
& avec fuccès. Tous les obflacles étant applanis
il vint tranquillement prendre'poifeffion de Rome’ '
où il étoit attendu par tous les ordres de l’état
comme le reflaurateur & le fauveur de l ’empire.
Quand on fut qtfil étoit près d’arriver à Blindes ,
il y eut furie rivage un concours vraiment flatteur
de perfonnes de toute condition , de tout feae 3c