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fondemens de cette bibliothèque Vatican s devenue
depuis fi célèbre. On a de lui des epitres 8c Quelques
dccre s. Ii traduifit en grec les dialogues lac ns de
S. Gregoi:eqpape, dit.le grand. Canifius en a-donné
une bonne édition avec des notes.
C'eft un problème hiâo'ique de favoir s'il efc vrai
que le pape Zacharie ait été conlulté fur la dépo-
fition de Childtric & le couronnement de Pépin le
B ie f, & que la décifion ait déterminé les iuiFrages
des François.
La plupart des anciennes chroniques d f nt exprefi
fément que Burchard, évêque de Wurtsbou g , &
Fu'rad , abbé de S. Denis , furent envoyé ; à Rome
pour propofer au pape cette queftion : Lequel devoit
être roi, ou celui qui en avoit le nom fans en faire les
fonctions, ou celui qui en remplijfoit les fonéilùns fans
en avoir le nom. Propofer une femblable quel!ion ,
dit un auteur, c’eft la réfoudre. Le pape répondit
que le nom devoit fuivre la chofe. Sur cette décifion
Pepii fut élu, & reçut l onétion fâcré.e des mains
d’un légat du iaint fiège; c’éfoic Winfride, prêtre
anglois, bien plus connu fous le nom de S. Boniface,
archevêque de Jyl.ayence 8c apôîje de la Germanie.
Des critiques observent que plufours de nos plus
axcienivs annales gardent le fil en ce fur le fait de
la quefton propofée au pape Zacharie, qu’ il n’en eft
parié ni dans la vie de ce pape, écrite par An.-fiafe
le bibliothécaire, ni dans celle de'S. Boniface ,
par Villibade f n difçiple, evêque d’Aichfiat, que
le pare Zacharie n’en dit rien, ni dans fes lettres à
Pépin , ni dans fts lettres à S, Boniface; qu'enfin
il feroit bien é.range, que fur un fait de cette importance,
le pape n’eût fait qu’une rcponle verbale,
& qu’on s’en fût contenté.
On pourro t répondre à cette derrière objection ,
que la démarche faire auprès du pape n'étant qu’un
hommage dont on ne croyoit pas alors pouvoir fe
difpenfer àfon égard, & laréponfe étant toute didee
• par la queftion , on .pou y oit s’étre contenté de ia
réponfe qu’il avoit voulu faire, fans ex:ger de lui
une r.éponfo par écrit fur une matière fi délicate .
que d’ailleurs .il avoit peut-ê:re fait une repon e
par écrit qui ne fubfifte plus.
Quant au filence de quelques auteurs, on peut
obferver qu ii ne fauroit avoir la vertu de détruire
der témoignages pofitifs , qu oa n’a aucune autre
rai'fon de réeufer.
Il y a une troîfième opinion , c*eft celle de ceux
qui rega-dent la confuÏMtion & Pambaffide comme
chimériques , mais qui difent que qusn-l le pape
Bt enne III, fucceffeurde Zacharie après Etienne II,
vint dans la fuite en France, Pt pin lui fit part des
fcrupules qui lui reftoient , des remords même
qu’il fentoit d’avoir détrôné fon fouverain légitime
auquel il avoit lui-même prêté ferment de
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fidélité, & que le p?pe , pour calmer fa con fcén 'e ,
le releva de ce ferment. C e d-rnier fait paraît
confiant» mais il ne détruit pas le premier. Etienne
IIl peut n’ayoir fait qu’achever 8c confirmer 1 ouvrage
de Zacharie.
Enfin ii y a une qui crie mè opinion qui abfput
Pépin d'ufurpation, le pape de connivence avec un
. ufu:pateur j & les François d’inridol té envers ’a
rare de Ciovis ; cetre opinion de que Childeric
abdiqua volontairement pour (e retirer dans * n
cloître ; ce qui ayant fait ren ier les François dans
le dro't d’élire un roi , ils firent certainement le
xho x le plus coirv.cn ible.
Cette op nion nous paroît fufceptiblc de trois di'm*
cultes.
L’une efi que Childeric avoit un fils.
L ’autre , qu’il refioit d’autres princes de la race
de Ciovis.
La troisième , que l’abdication de Childéric 9
d’après les circonftancts , pouvoit difficilement paroi
ire volontaire.
Il n’ eft p2s néceflake que ces-diverfos quefiions
foi nt rcfoiues , il fuffic qu’on fâche quelles vie le
font pas , 8c qu’on peut choifîr entre les quatre opinions
, ou prendre le parti de n’en adopter aucune,
& de refier dans le doute.
Z acharie , dit de Lizieux , foit qu’d fût
! de cette ville , foit qu'il y eût fait profelfion ,
I capucin du dix - leptièir.e fiècle , a publié diffé-
rens ouvrages, moitié fotyriquès, moitié moraux,
mais prelque tous fous des noms d'emprunt
u mnv'mem le f'sculi genius & le Gyges g alias
, fous le nom de Petrus r irmianus. Ces deux
ouvrages ont été plufîeurs fois imprimés , & ont
reçu de quelques éditeurs des élogf-s qui paroîtroient
aujourd'hui bien excefififs. C ’efi encore fous un faux
nom, fous celui d- Louis Fontaines, que Zacharie
de Lizieux a publié fa relation du pays de Janfénie,
plaifanterie moün fte de mauvais goûc, où il eH die
que dans le pays de Janfénie, il ne croît point de
poires de bon-chrétien , & que le pays de J.infénie
tient au levant a orgueil , 'au midi à lihcruncgê\ &
au couchant a déf fj. éric. Mort en 1661.
Ii y a encore d’autres Zacharies connus, fo t dans
i’hifloire eccléfiaftiquc ,' foit dans> les 1 et-res.
Z acharie, fils de Baruc ou Baraçhie. ( Hft. des
' juifs. )
On fait quelles injuftices & quelles violences < xer-
ço’ert les zélateurs pendant le trop mcraorqbh fiége
de Jérufâlem par Titus. M. de Tillemont, d'ans Ion
hilbo/re de la ruine des juifs , a trop bien rapport',
d’apres 1 hifiorien Jofephe, ce qui concerne le martyre
de ce vertueux Zacharie, pour que nous employions
ici d’autres exprefftons que les fiennes :
» Les zélateurs s’étant enfin lafics de mafiacret
indifféremment
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indifféremment tout >ce qui tomboit entre leurs |
mains j ils voulurent en tuer d'autres en céiéraonie, fi
& avec quelque forme de jugement. Ayaht donc ré-
foln d ; faire mourir,Zacharie , fils de Baruc parce';
qu’outre que fon ifuftre naiff.ncé, fa .v.nu , ’ fon I -
autorité , Ion amour pour les gais de bien-, &l L:i '
haine pour les méefians le leur re.udqicnc redoutablé , ji.
fes richcffes étoienc une grande arnoree ‘ pour leur
avarice. Ils choifircnt foix..ntc & dix des plus no-
tjbjes du peuple, qu’ils érabliicnc en apparence
pour erre fes juges , mais fans leur donner en effet
aucun pouvoir de -juger. Ils l’accusèrent devant eux '■
d’avoir voulu livrer la v ille u x romains, & d,’avoir ■
envoyé pour ce fujet vers -Vefpafien. ,On ne pouvoir
trouver ni preuve , ni feulement le moindre
indice de ce prétendu crime, mais les zélateurs fôu-
t en oient qu’ils en étoient bien affûtés , &.voulô!ent
que h témoignage/ qu’ils en rendoient fuftît pour
coii-vaintre l’acculé.
»5 Zacharie n’eut pas de peine à connpître que ce
jugement n’étoit qu’une feinte,qui fo termine roi t
à la prifo'n. & de la prifon à la mort j mais quoi- ‘
qu’il ne vît pour lui' aucune efptrance de lalur, il
ne rabattit rien de la,fermeté' de fpn .courage. Il
fe moqua de la prétention qu’a voient fes accusateurs
de vouloir faire paffer leur témoignage pour
une preuve 5 & après avoir1 détruit en peu de, mots
les crimes qu’ils lui objedoient, il déduifit l ’un
après l’autre ceux dont fes àccufateuts même étoient
„véritablement coupables , & .finit en.déplorant l’ét/t
malheureux où fa patrie fo trouvoit réduite.
■ » Un difeours fi généreux alluma une tc](le rage ,
dans le coeur des zélateurs , qu’ils euffent mallacié
Zacharie à l’heure meme, fais la fantaifie qu’ils
avoient de continuer jufqucs à la fin à donner à ce
jugement quelque apparence -de juftice, & de recon-
roitre fi ceux qu’ils avoient chcifis pour ce fujét au-
icient allez de coeur pour ne ' point craindre de la
rendie dans un tems oùilsne le poùvoiençfaire fous
courir fortune de la vie. Ainli iis permirent à ces
foixautc & dix juges de prononcer ; & ne s’én étant
pas trouvé un foui qui n’aimât mieux s’éxpofor à la
mort cju’au-reproche d’avoir condamné un homme
de bien par la plus grande de toutes les injuftices,
il fut déclaré abfous,touc d’une voix.
95 La prononciation de. ee jugement fît jeter un
cri de fureur aux zélateurs. Le -r rage ne put fouf-
f ir «le voir que ces juges n’avoient pifs voulu comprendre
que le pouvoir qu’ils leur-avoient donné ■<.
M étoit qu un pouvoir imaginaire dont ils ne pié-
rendoient pas qu’ils ofafient faire aucun ufage , &
depx des plus jFçëiérats de qes méchans fo jettèrent
fur Zacharie t le tuerent au milieu du temple , &
lui infu.1 tant encore après fa mort, difoicijç par la il
plus cruelle de toufos les railleiics; cc Reçois cette |
« abfolution , .que nous te donnons, & qui eft I
» beaucoup plus affûtée que tfétoic l ’autre». Ils I
- Hifoire „ Tome V. ■
j e ttè r e n t ■ e n fu i te fon corps dans la vallée qui éioit
au-deffous du temple.
Quant à ces foirante &c dix juges, ils fe contentèrent
de les :. ç baffe r. indignement à coups de
plat d’épéè hors de la clô nre du temple j non
'que qiuelqiîe fènriment d’inuramté les empêchât
de tremper au fil Lurs mains dans leur fang, mais
afin q-tf’étant répandus dans tou’re la ville’, ils
fuffellt comme autant de témoins débit la dépofi-
rion ne pourroit plus permettre à- perforine de
.douter que çtrte- capitale d’un rcyau»ic autrefois
fî floriflai.c , ne fût réduite en forvîtucle». _
Selon la conjeéVure de. Janvenius de M. de T>I-
Icmop.t -À. de quelques au très ; fa va ns , e'eft de et
Zaçhflric, queparle- Jrfus Chriff dans S. Matthieu,
"chapitre 13 , verfets 3 4 & 3 j , lorfqu’ii dit aux
ieribes & aux phanfîeris' :
p Je m’tn y ?is vous envoyer dés prophètes, des
fages & des feribes , & vous tuerez les uns , 'Vous
crucifierez, les autres 3 vous en-fouetterez -d’autres
dans vos {ynagogucs , & vous les perfié eu tarez de
viije en ville.
» Afin que tout le fang innocent qui a été répandu
fur la terre, retombe lur vo ; s, depuis le fang
d’Abel le jufte jufquau fajig de Zacharie, fils de
Baraçhie 3 que vous ave£ tué entre le ternple &
f autel p. ...
Les fa van s dont nous parlons ofefcrvcnt que Baruc
& Baraçhie ne font qu’un Icùl Si même nom, Sc
qu’il n’y a point d’autre Zacharie auquel les' paroles
du fauveur puiiltht convenir.
La première objeéHcn qui fe préfente, à l’çfprit
contre ce fyfiême, efb que le meurtre de Zacharie,
fils de Baruc ou de Baraçhie , eft poflérkur d’un
grand nombre d’anné-s à la mort même du meffie.
On répond jque le chrift parloir par un efprit de
prophétie, &. comnie un diui auA yeux duquel
l’avenir. & le paffé ne font qu’un.
On pourroit cependant infifter 8c dire que les
fcf'bes S: lest pharifiens dévoient lui demander quel
.erbir ce Zacharie, fî.s dé Baraçhie, qu’ils avoient
tué entre le temple 8c Ibibt-T j au lieu que parleur
filence ils femblcht avouer le fait, dont ils ne dévoient
cependant avoir aucune idée.
Il feroit très-naturel de penfer que Jéfus-Chrifi:
parle du grand-rprêtre Zacharie que les juifs avoient
lapidé dans > le vcflibule du temple par l’ordre de
Joas. ( Voir le fécond livre des Paralipomènes ,
chapitre 14 , verfets, xo, 11 , rz . ) C'étoit bien Là le
Zacharie tué entre le temple Sc l’autel : c’cfl à lui
que joad ,-ftùfi*de 1 efprit de prophétie, fait ailu-
fion dans Athalie t lorfqù’il s’écrie :
Quel eft dans le lieu faint cc pontife égorgé ?
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