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30. c . 1 ., dit qu’il y eut deux Zoroaftres , qui ont
vécu à près de dix fiècles l’un de l’autre. Le premier
environ dix ou onze fiècles avant J. C. Le fécond,
un peu plus -de-cinq fiècles aüfli avant J. C.
C’eft par-là qu’on cherche à concilier les diverfes
opinions fur le tems où Zo ro a ftre a vécu & fur
les diverfes avions qu’on lui attribue, 8c qui,
a raifon de la diverfité des tems, ne paroiffent pas
pouvoir appartenir à un même perfonnage. Le premier
Z o ro a ftre aura été , dit-on , l’inüituteur de
la fcde des mages ; le fécond qu’on fait avoir vécu
eotre le coinmencemén: du règne de Cyrus & la
fin.de Darius , fils d’Hyftafpe , aura été le réformateur
de cette même fede.
Tout l’Orient étoit partagé en deux fedes prin-
C'pales, les fabçens, adorateurs des fimulachres &
des images ,* & les mages adorateurs du feu. Ceux-
ci avoient en horreur les images, les ftaïues, les
temples , les autels ; ils *pffroient leurs factifices
en plein air, fur des montagnes , f a r les h a u ts
lie u x , C’étoit, difoient-ils, faire injure à la divinité,
que de la renfermer dans l’enceinte des mu-
ràiUeS j elle à qui tout ét.oit ouvert, & dont 1 u-
mvers entier devoir être regardé, comme la de-
meuie & le temple. Ce fut par une fuite de cette
a-erfion pour les temples , que les mages engagèrent
Xercès à détruire tous les temples de la
Grèce. ( Voyeç Xerges ) A.uctoribus M u g is Xerces
infiamntaffe templa Gra c ia d ie i tu r -, qüod p a r ie tib u s
includerent deos q u ib u som n ia deberent effe p a te n tia
ac libéra , quorumque k:c mundus omnis templum
effet & do'mus. Cic. lib. 2..de leg. n. z 6 .
Cette idée que c’éroit une efpèce de profanation
de prétendre renfermer la divinité dans l’enceinte
des temples * fut auffi un des dogmes des
pruides. Les anciens germains, les anciens gaulois
11’avoient point de Temples. Les Chrétiens qui
ont adopté les temples , ont cru que la divinité
, en même teais qu’elle, rempliflfoit l’univers
de fen iromenfîté, daignoit fe reflerrer dans
l'enceinte des murailles que la piété de fes vrais
adorateurs, confaexpit d’une manière particulière
à fon culte.
Qualis a r a , quanta fedes.
■ Ipfius- cafax Dei !
Quem nec univerfd terra
Grnne nec coelüm c a p it,
Orbe pa ri’o f e coarcLans,. |
Hic latere fuftinet. .
Les Mages étoient en Perfe ce-que les gymnofe-
phiftes ou des braéhmanes étoient dans l)Indc, :ce
que les Druides furent dans: Ja Germanie & dans
la Gaule ; c éterert les feges, les favans, les philo
fephés dé'la* Perfe. Pytfeàgore fe forma; dans leur
cccle.aufîi bien que dans celle des. égyptiens , ' &
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il emprunta d’eux plufîeurs des dogmes qu'il rendit
célèbres en les adoptant. Les Mages étoienc tous
d’une même tribu, nul autre que le fils d'un
mage, ne pouvoit être élevé au rang de mage.
Tout ce qui fe rapporte à la religion étoit un
fecret qu’ils fe réfei voient; de-là vient que le nom
de magie fut donné aux fciences occultes ou prétendues
telles. Ni les peuples ni le prince nê pou-
voient offrir aucun facrifice qu’en leur préfencè,
que par leuT miniflère, & qu’après avoir appris
deux à quels dieux, quels jours & de quelle manière
ces factifices dévoient être offerts. Ils étoient
les précepteurs nés des rois, nul ne pouvoit monter
fur le trône fans avoir été inftruit dans léur école,
de l’art de régner & de l’art d’honorer dignement
les dieux. Nec q u i f quant rex Pe rfa rum poteft ejfe ,
q u i non an te magorum difciplina'm feientiamque
perceperit. Cic. de divin, lib. 1. 1 1* 9 1 . Pline les appelle
les maîtres des rois des rois. In tan tum f a f t ig i i
a d o le v it ( a u f to r ita s magorum ) u t hodïequè e tia n t
in mag n a p a r te gentium p r a v a le a t , 6* iri O rien te
regum regibus imperet.
L’avanture du mage Smerdis & de fon frère Pa-.
tifithe , 8c le majfacre des mages qui en fut la fuite,
ayant décrédité le magîfme, il paroîr que le fécond
Z o ro a ftre csut devoir y faire quelques cbari-
gemens, que les conjondures du tems & la difpo-
lîtion des efprits pou voient rendre nécetîaires. Un
de ces changemens fut de bâtir des temples oti
l’on confervoit avec grand foin le feu facré qu’il
difoit avoir apporté lui-même du ciel, & à la garde
duquel les prêrres veilloient nuit & jou,r comme
les veftales à Rome. Ce feu apporté du ciel a du
rapport auffi avec la fable de Prométhée.
M. de Paftçret, dans le parallèle qu’il a fait de
Z oroaftre , de Confucius & dé Mahomet, obferve
que la première queftion qui fè préfer te fur Z à -
roaftre , g’eft; a - t - i l exifié ? La fécondé : Y a r l - il
eu plufieurs Zo ro a ftre s ? L’opinion à laquelle il lui
paroît qu’il faut s’en tenir , eft qu’il n’y a eu qu’un
feul Z o ro a f tre , qu’il étoit perfan , & qu'il vivoit
fous le règne de.Darius , fils d'Hyftafpe. On croît
qu’il fut dans fa jeuneffe efclave d’un propl\ète if~
raélite > mais on ignore quel fut ce prophète , car
on les nomme prefoire tous ; - ow tfouve du rapport
entre les loix de Z oroafire & celles de Moife;
avant de les publier , il s’étoit emfeveli dans la
retraite au milieu des montagnes pour les méditer
& peut-être pour en préparer le fuccè’s à la faveur
de'prétendues inspirations ou révéla'ion* ; auffi
cétte retraite eft->esl'l'en;orhmée par fes difei-pfes le
voyage- de Z oroaftre vers le trône d’Ôrmufd. il
vécut 77' aW, & cétte vie a paru longue-, puif-
que félon une formule ufitée dans la célébration
du mariage , le prêrre fouhaite aux mariés de
vivre autant que Z oroa ftte .
Quant-.aux dogmes de Z o rô a f tre . ce qui le©
diftingue
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djfiingue le plus particulièrement, dît toujours le
meme auteur, eft la vénération pour fe feu. Le
ftu , fuivant Z o ro a f tre , éft l’enjant d’Ormufd ,
c’eft le principe univerfel du mouvement & de la
vie ; il ne fait point paTtie des peines de l’enfer
tel que Zoroaftrç l'a conçu. Employer l’eau pour
éteindre le feu feroit une profanation punie de
mort > les perfes ne re.médient aux inccn,oi,es qu’en
étouffant le feu aveç de^la terre , des pierres, des
tuiles. Souffler le feu avec la bouche eft encore
une autre profanation j ç’eft même manquer de
relpeét au feu que de diminuer fon éclat en l’ex-
prfant au foleil ; les autres élémens ont part
aufli a ce refpeâ & reçoivent quelques hommages.
Dans tous les banquets de religion qui étoient
fréquens nombreux, les riches étoient obligés
par les lois de Z o ro a ftre d’eovoyer aux pauvres
des mets & de l’argent ponr prendre parc à la
fête.
La feuillure de l’impureté fe contraftoit faci-
"*ment i ainfi les purifications étoient d’un grand
ufage. Les pretres avoient des droits pécuniaires
pour cette cérémonie; & lorfqu’ils étoienc malades
,, les médecins qui les traitoient n’ayoient
pour tout h D'horaire que leurs prières. )
Les loix de Zoroa ftre invitoient puiffamment au
manage. G’eft un crime énorme de la part d’un
P ^e feere, d’un tuteur, (fe refufer un époux
à la fille nubile qui le demande. EHe-fnême devient
coupable fi cile parvient à l’âge de dix- 1
huit ans ^fans etre mariée ; & fi elle meurt vierge, 1 enter l’attend. Pour éviter ce malheur, les fian-
çailles fe font dès l’enfanee : aujourd’hui même
tencorç on les fait à deux ©u trois an-s dans le Gu-
zarat, & aufli-tôt que la nubilité fe déclare , le
mariage eft célébré.
La parente ne rendoit pas le mariage inceftueux,
ce_ fa* contraire une raifon pour l’autorifer. La
loi y invita fur-tout çntre coufins-germains. Les
perfes crurent , comme les juifs, qu’une veuve
pouvoit epoufer le frère de fon mari mort ; mais
les juifs l’exigeoient , les perfes 1e contentèrent
de le permettre.
jf ^ar ynp fehe de ces principes , rimpu:flance
etoit flétrie parmi les peifes; ils la regardoient
comme la punition honteufe de quelque crime fecret
infligée par la divinité. Comme tout fe rap-
portoit à 1 encouragement de la population , il étoit
défendu aux femmes de fe marier lorfqu'elles ne
pouvoient plus avoir d’enfans , & les rois de perfe
faifoient des préfens chaque année à ceux de leurs
fujets qui avoient le [ lus d’enfans.
Remplir Ie^ devoir conjugal une fois au moins
tous les neuf jours , eft une des principales obligations
impofees au mari.
H i f to i r e , Tome K.
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Zo ro a /lre protjonqe là paine de mort contre un
enfant qui répond trois fois à fon pète-ou à fa-mère
qü. qui manque trois fois de leur obéir.
Les peres & meres nedpivent poin.t apprendre, à
leurs epfans, avant l’âge de, cli?q, afls y ce que c’eft
qn£ fe bieu âc le mal.
j Hrjf* P a f to r e t , e n r a p p o r t a n t le s .lq ix m o r a l e s d-e
Zo ro a ftre , o b f e rv e q u e le s lé g i f la : e u r s a n c ie n s , s .'é -
t o i e n t p lu s a t ta c h é s q u e le s m o d e rn ê s à v e i l l e r fujr
l e s m oe u r s d e s c i to y e n s .
» Ne remettez jamais une bornée aftionrau leu-
demain.
y» Ce n’eft pas affez de faire le bien , il faut le
faire avec foin & avec intelligence.
» Celui qui fème des grains eft auffi. granddevant
Ormufd, que s il avoit donné l’être à cent créait
tures,
» Le meilleur des rois eft celui, qui. rend la campagne
fertile.
T e l l e s , fo n t le s m a x im e s m o r a le s le s p lu s r e m a r q
u a b le s d e Z o ro a f tre ,
^ Dans les loix criminelles ce légiflateur paroît
s etre attache à rendre la punition du coupable, profitable
aux honnêtes gens. Par exemple , un des
moyens d’expier un crime eft de donner une jeune
vierge en mariage à un fedateur pieux de Z o roaftre
, ou de céder à un homme julfe un terrein
fertile , ou de fournir à des laboureurs, des inftru-
mens ou les animaux propres au labourage; cependant
la confifçatiph 11'avoit point lieu. »
Les animaux font auffi feus la protedion des
loix ; il eft défendu, feus des peines exprefts , de
tuer ceux qui fçnt jeunes & qui peuvent encore
etre utiles, un agneau , un chevreau, un coq, une
poule, un. boeuf, un cheval ; il eft défendu même
de frapper les beûiaux, de leur'faire aucun mal ;
il eft enjoint de leur fournir les choies dont ils ont
befoin, de les garantir des rigueurs de la faifen ,&
la négligence en pareil cas eft réputée un délit.
Au fujet de l’infanticide , M. de Paftoret obferve
que la rigueur exceffive avec laquelle on pu-
niffoit une fille qui avoir eu le malheur de fe
biffer féduire , la forçoit de recomir à ce crime
qui outrage la nature dans la plus douce de fes af-
fedions.
Su»ia comPara!r°n Z o ro a f ire , de Confucîus
& de M ihomet, fou comme fondateurs de religions
foit comme légiflatcurs, foît comme mora£lles *
voyez l’article : Mahomet leprop/têic.
c Z? n ORAEoEL f acr- ) S is d e S a l a t î n e î .
S o n n u to i r e e f t r a p p o r té e a u p r em ie r l i v r e d 'E f d r a s .
A a a a a