
Félonne ne doit pas fuir
Pour fa damnation encourir»
Et être en l’érèbe remife,
L ’ode finit par cet éloge de M. de la Garde :
La Garde» vous m’en croirez donc,
Que fi gentilhomme fut onc
Digne d’éternelle mémoire »
Par vos vertus vous le ferez,
Es votre loz rehauflérez
Par votre do&e & fainte hißoire.
Malherbe parle ailleurs d’un autre ouvrage du
même gentilhomme, qu’il appelle le carnaval des
honnêtes gens , foit que ce fût le titre de l’ou-
vrage, fort que ce ne foit qu’une qualification. Il
ne^ paroit pas non plus que cet autre, ouvrage ait
ete imprimé. On a feulement quelques vers du
feigneur de la Garde , & d’Arnauld de Villeneuve ,
fon frere, dans les théorèmes fpirituels de Jean de
la Cepède, premier président de la chambre des
comptes de Provence. Ceux d’Arnauld de Ville-
neuve font dans la première partie, ceux de fon
frère dans la fécondé.
V illeneuve, ( Huon de) (h iß . litt. mod.)
eft aufli le nom d’un poëte ou troubadour qui
vivoit vers le tems de Philippe Augufie , & à qui
on attribue les romans de Renaud de Montauban ,
Doon de Nanteuil, Aie dlAvignon. Il en eft
parlé dans le préfident Fauchet, & dans la bibliothèque
frauçoKe de la Croix-du-Maine & de du
Verdier Vau-privas.
Gabrielle Sufane Barbot, femme de Jean Bap-
tifte de Gaallon de Villeneuve, lieutenant colonel
d’infanterie, eft auteur d’une multitude de romans ,
dont le plus connu eft la jardinière de Vincennes. -
Morte en 1755.
VIL LEROI , ( le gendre de Neufville de )
( hiß. de Fr. ) famille élevée par le miniûère ,
devenue ducale & féconde en pcrfonnaoes distingués.
i°.Nicolas de Neufville, Ier du nom , fécretaire
du roi en i f 07 , puis fecrétaire des finances & de
la chambre du roi François I , acquit la maifon
des Thuilleries à Paris, ou plutôt, alors près Paris
; il l’échangea enfuite, en 15-18, avec le roi
François I pour la terre de Chantelou , & la mai-
fon des Thuilleries devint dans la fuite le palais
de nos rois. Dans cette même, année 1518 Ville-
roi eut beaucoup de part au traité fi avantageux
à la France, conclu avec l’Angleterre pour la ref-
titution de Tournay.
z°. Nicolas de Neufville réfigna en 1539 fa
charge de fécretaire des finances, à Nicolas de
Neufville , fcond du nom , feigneur de Villeroi,
d’Alincourt, &c. q u i, après la mort de fôn père,
arrivée vers l ’an 15-53 , prit le nom & les armes
de le Gendre , en vertu du teflament de Pierre
le Gendre, chevalier, feigneur de Villeroi, d’A lincourt
, &c. fon grand oncle maternel, qui lui
tranfmit de grands biens. Nicolas, fécond de Neuf-
ville- Villeroi, eut depuis une multitude d’emplois
importans de divers genres : il fut tréforier de l’ordinaire
des guerres, lieutenant-général au gouvernement
de l’ifle de France ; gouverneur de Pon-
toife, Mantes & Meulan ; il fut fait prévôt des
marchands de la ville de Paris en 1568 , tréforier
de l’ordre de faint Michel, & mourut fort âgé en
ï ï$ 4-
3°. Nicolas de Neufville, IIIe. du nom, feigneur
de Villeroi y d’Alincourt, &c. tréforier des ordres
du ro i, fecrétaire & miniftre d’état fort célèbre.
Il fervit l’état pendant cinquante fîx ans fous les
rois Charles IX , Henri I I I , Henri IV & Louis XIII,
& obtint la réputation d’un fage miniflre & d’un
très-habile politique. Il tenoit de tous côtés au
miniftère : fils & petit-fils de fecrétaires des finances,
il fut lui-même fecrétaire d’état, & il époufa ,
le 17 juin 1559, Madeleine de l'Aubefpme, fille
de Claude de l’Aubefpine, feigneur de Châteauneuf
fur Cher, fecrétaire d’état, miniftre diftingué fous
les règnes de François I , Henri I I , François II
& Charles IX. Ce fage vieillard le choifît pour
gendre fur les preuves prématurées de fageffe &
de prudence qu’ il donnoit, fur fon peu d’empreffe»
ment à parler,fur fon attention à écouter, fur Ion
ardeur à s’inftruire, fur l ’ufage qu’une intelligence
prompte & fine faifoit chez lui de l ’inftruélion.
Des motifs femblables l’avoïent lui-même fait
choifir pour gendre par Guillaume Bochetel, miniftre
célèbre fous François I & fous Henri II ,
& lui-même fils de miniftre. Claude de l ’Aubefpine
, beau-père de Villeroi, eut pour fils un
autre miniftre, Claude de l’Aubefpine de haute-
rive , & pour petit-fils le garde des fceaux de
Châteauneuf. L’alliance de l’Aubefpine & le
mérite perfbnnel de Villeroi , le firent eonnoîtré.
avantageufement de Catherine de Médicis , par laquelle
il' fut employé dès l’âge le plus tendre
dans les plus grandes affaires ; Tl alla en Efpagne
procurer l’exécution de divers articles du traité
de Cateau-Cambrefîs ; il alla aufli à Rome faire
reconnoître folemnellement par le pape la préféance
de là France fur les autres couronnes, nommément
fur l’Efpagne. Nous- apprenons par fes mémoires
qu’il étoit fort attaché au garde des fceaux ,
Jean de Morvilliers., évêque d’Orléans , dont il
étoit allié & qu’il Ce gouvernoit principalement
par fes confeils. En 1569 il fut envoyé en Allemagne
pour regler les conventions du mariage du
roi Charles IX avec Elifabeth d’Autriche, fille
de l’empereur Maximilien II, Charles IX fe fervoit
de lui dans toutes les négociations difficiles 5
il l’appelloit fon fecrétairè par excellence ; il Lap-
pelloit aufli fon père. C ’eft depuis Charles IX &
Villeroi que les fecrétaires d'état ont ligne pour
le roi. Villeroi ayant plufieurs fois préfente des
dépêches à figner à Charles IX dans le tems ou
ce prince impatient vouloit aller jouer à la paume,
il lui dit un jour : fignei mon pèrefigne^ pour
moi. Eh bien 1 mon maître , répondit Villeroi,
puifque vous me le commande£ , je fignerai. Ce fait
eft rapporté par-tout , mais perfonne n’a dit que
Villeroi eût penfé à fe procurer cet avantage dont
un miniftre ambitieux & mal-intentionné eût pu
tirer parti pour l’aggrandiffement & l’indépendance
de fon autorité perfonnelle ; on n’a point
dit qu’il eût eu la petite adreffe 4 courtifane de
choifir les momens où il prévoyoit que 1 impatience
de ce prince pourroit remettre dans Ces
mains ce dépôt dangereux.
Gharles IX en mourant fit recommander Villeroi
au prince qui alloit être fon fuccefieur. En
effet Henri III lui donna d’abord toute fa confiance
j il lui communiquoit fes defleins J il prit
fes confeils pour l’inftitution de l’ordre du faint
efprit, il le chargea d’en dreffer les ftatuts conjointement
avec le chancelier , & il lui donna la
charge de grand tréforier à la première promotion.
En 1576 il avoit été employé aufli à négocier
avec le roi de Navarre (Henri IV ) & le
duc d’Anjou-Alençon , pour les ramener à la cour
qu’ils avoient quittée dans des intentions hpftiles.
Sous Henri III les favoris lkmportoient fur les
miniftres ; le duc d’Efpernon abufant de fa faveur
comme il abufa depuis de la puiffance qu elle lui
avoit procurée, traita Villeroi en plein confeil avec
hauteur & arrogance. En 1588 Henri III^.engage
dans les états de Bloîs , renvoya du confeil & de
la cour le chancelier de Chiverny , le fur-intendant
Pompone de Belliévre, qui fut depuis chancelier
fous Henri IV , & le miniftre des affaires
étrangères Villeroi. Le motif de ce renvoi les
honore; on croit communément qu’Henri III ayant
pris la réfolution de faire affafliner les Guifes,
voulut écarter des miniftres clairvoyans & vertueux
qui auroient combattu fon projet, s’il leur en eût
fait confidence, ou qui, s’il le leur eut cache ,
l ’auroient pénétré fûrement & en auroient averti
la reine-mère, feule capable d’en empecher l’effet.
Villeroi vint fe jetter dans Paris , d’où , quoique
engagé dans le parti de la ligue, il rendit les plus
grands fervices 3 l’état, en confondant les pernicieux
projets des efpagnols & en travaillant a faire
reconnoître Henri I V , apres la mort de Henri III.
Le vertueux Potier , le prudent Villeroi,
Parmi vos ennemis > vous ont gardé leur foi.
La conférence de Surêne, & l ’abjuration du roi
en 15£ 3 , l’entrée du rpi dans Paris en 1594 ,
furent des événemens préparés par les négociations
fecrettes de Villeroi, il rentra dans le miniftère
, & fervit enfin un maître plus digne de lui.
Après avoir concouru à difliper les troubles inter
rieurs du royaume , il s’occupa de la pacification
extérieure & générale , il prépara par fe_s travaux
ce traité de V ervins dont l’Europe avoit tant de
befoin. Il traita en 1600 avec le duc de Savoye
pour la reftitution du marquifat de Saluces. En
1606 il négocia l’accommodement du maréchal de
Bouillon avec le roi.
Tout homme qui traite avec un parti, tandis
qu’il fait profeflion. publiquement d’être attache
au parti contraire , donne lieu a des foupçons &
à des jugemens divers ; Villeroi etoit dans le parti
de la ligue par iin attachement fincère & qui ne
fe démentit jamais pour la religion catholique,
mais il étoit fage , modéré , ami des loix & de la
monarchie, & par cette raifon il étoit lufpeft &
odieux aux ligueurs fanatiques; il 1 etoit ^encore
plus aux proteftans' par fon attachement même a la
foi catholique. Il elt vrai que par une fuite de cet
attachement & de la confufion qu on fit long-tems,
meme en politique, des intérêts temporels avec les
intérêts de la religion, il eut toujours de l’oppo-
fition pour l’alliance; de l’Angleterre &^des pays-
bas , & qu’il croyoit que la France n’auroit du
s’allier qu’avec des puiffances catholiques, nommément
avec l’Efpagne & la Savoye , alors fes ennemies
naturelles. 11 faut convenir.que ces principes
de politique , contraires aux inclinations de fon
maître & peut-être aux vrais intérêts de l’état,
n’étoient pas un. médiocre inconvénient dans un
miniftre des affaires étrangères ; mais le remède
à cette oppofition de fentimens étoit dans la,fidélité
inviolable de Villeroi qui le reduifoit à de
fi ni pies voeux pour les alliances catholiques, pendant
qu’il fuivoit exadement les intentions de fon
maître & qu’il remplifldit religieufement les engage-
mens de l’ état envers les alliés proteftans. S’il y
eut une occafion où la fidélité de Villeroi put être
fufpede , ce fut dans l’affaire de Nicolas l ’Hôte
fon commis, qui faifoit difparoître des dépêches
importantes & qui vendoit à l’Efpagne les fecrets
de la France ; nous voyons cependant par le réc it
de Sully lui-même qui n’ aimoit pas Villeroi &
qui le répréfente prefque par-tout comme fon
ennemi, nous voyons que Henri IV fe crut obligé
de confoler Villeroi dans cette occafion , & qu’a-
près quelques légers foupçons, dont il ne put d a—
bord fe défendre & dont il reconnut enfuite Fin-
juftice , il finit par lui rendre toute fa confiance“«
( Voyei l’article de H ôte (Nicolas 1’ ) ) Voici
le jugemeut que portoit dé^ Villeroi ce grand
prince, & c’eft Sully lui-même qui le rapporté
dans fes mémoires :
cc Villeroi a une grande routine dans les affaires
& Une connoiffancé entière de celles qui fe font