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2» JVffcV TïèXùf ài j ' ■ vdÂWoi'' jV-e erg yyipaÇ ottÇu.
Comme eet empereur étoit déjà- avancé en W ,
lorfqu’ii parvint à. la fouveraine pùifFance ,; qu’il ne
régpia que quatorze mois ,& que Héliogabale n’étoit
âgé que d’un pareil nombre d’années, lorfqu’il lui
ota la. vie avec l’empire, on trouva dans ces paroles
une; prédiélton de la mort tragique de Macrin.
Au refte, Homère ne fut pas le feul, dont les vers
enflent le privilège d’être regardés comme 'renfermant
des oracles ; les Grecs firent quelquefois le même
honneur a ceux d’Euripide ; il paroît par un endroit-
d’Hérodote, qu’on croÿoit que les poëfies de Mu fée
contenoient aufli des prelages. Cet hiftorien raconte
qa’Onomacrite qui faifoit profeflion d’interpréter ou
de< développer ces fortes de prédirions , fut banni
d’Athènes par Hipparque , fils de Pififtrate , pour
av.oir altéré les écrits de ce poète & y avoir inféré un
vers qui portoit , que les îles adjacentes à celles de
i-emnos, feroient fubmergées.
Enfin , Virgile eut la gloire de fuccèder aux poètes
grecs-, & de partager avec eux l’art de prédire les
événemehs." Vïÿef Sorts de V irgile. (D . J.)
' Sorts de Préneste , ( Divinat. des Rom, ) les
plus célébrés de toute ITraHe ; c’eft une curiofité rai-
îonnabie de chercher à lavoir en quoi confiftoit cet
oracle, & comme il fe rendoit.
Cicéron, liv. II. de la divination, feft. 41. nous
apprend que les archives de Prénefte portoient, qu’un
homme des plus confidérqbles de la ville , nommé
Numerius-Sufiucius, fut averti, par plufieurs'longes
réitérés -& mèfiaçans, d’aller entr’ouvrir un rocher
dans un certain lieu ; qu’il, y alla, brifa ce rocher, &
qu’il en fortit plufieurs fort f , c’étoit de petits morceaux
déchois de rouvre bien taillés & bien polis ,
r lefquels étoient écrites des prédirions en earaélè-
es gotiques ; on mit ces petits morceaux de bois
dans un coffre d’olivier.. Pour les confulter , on ou-
vroit ce cofire , on faifoit mêler enfemble tous ces
forts, par un enfant,, til en. droit un , '& c’étoit la '
réponfe que l’oracle dônnoit aux confultaris. Ce coffre,
continue Cicéron , eft. aujourd hui religieufèment garde
ÿ a çaufe de Jupiter enfant, qui y eft repréfenté
avec Junon, tous deux dans le fèin de la fortune qui
leur donne la mammelle, & toutes les bonnes meïes
y ont une grande dévotion.
Plutarque prétend qu’on tiroit plufieurs petits morceaux
de bois du coffre, & que les caractères gravés
fur chacun étant raffemblés compofoient la prophétie
; mais outre que Cicéron dit le contraire, il
paroît clairement par un paffage de Tite - Live, que
chacun de ces forts contenoit toute la prophétie ;
vciçi les propres termes de l’hiftorien, au commencement
du liy. XXII Falerïis ccelum findi vifum ve-
lut mqgnohiatfi , quaque patuerit, Ingens Lum.n efful-
fifjf ?. f or(es fua jpontCr- attcnuatas uhamque excidiffe
ttà fcr'iptam, fliars telumfuum conçutit. « Qn yit à
» Faites le ciel fe fendre & s’entr’ouvrir, & une
| » grandè lumière remplir ce grand vuide. Les forts
| ” diminuèrent & s’appetifférent d’eux-mêmes , & il
» en tomba un où étoient écrites ces paroles : Mars
■ » préparé fes armes.
Les prêtres fè fervirent habilement de ces forts
pour fe procurer du profit & du crédit. Tota res
efi inventa fallacïis , ont ad quoeflnm , aut ad fuperf-
tiü onem , dit Cicéron.
Mais que fignifient ces mêmes forts dont parle
Tite-Live, qui diminuèrent &. s’appetifferent d’eux-
mêmes , forte? fua fponte attcnuatas ? Peut-être que
ces forts etoient doubles , je veux dire , qu’il y en
avoit de grands & de petits, tous fèmblables, & que
les pretres faifoient tirer les uns ou les autres, félon
quils voulôient effrayer,ou encourager les confultans.
Il eft certain qu’en matière de prodiges, on
prenoit à bon augure les choies qui paroiffoient
plus grandes que de coutume ; & au contraire, on
tenoit à mauvais préfage les chofes qui paroiffoient
plus petites qu’elles ne font naturellement, comme
Saumaife l’a prouvé dans les commentaires fur So-
lin. Il fuit de-là que les forts appetiffés, fortes atténuai
as , prô'noff quoient par eux - mêmes un événement
finiftrë ; mais j’aime à voir ce que les Philofo-
phes penfoient des forts en général, & ce que devinrent
ceux de Prénefte en particulier ; Cicéron m’en
éclaircit lui-même.
Qu’eft-ce à votre avis, que les forts, difoit-ilàun
ftoïcien ? C’eft à-peu-près, comme de jouer au nombre
, en hauffant & en fermant les doigts , ou de
jouer aux oflèlets Çt aux dés ; en quoi le hazard &
peut-être une mauvaife fubtilité, peuvent avoir quelque
part, mais où la fàgeffe' & la raifon n’en ont
aucune. Les forts font donc pleins de tromperie, &
ç’eft une invention, ou de la fuperftition , ou dfe
l’avidité du gain. La divination par les forts eft déformais
entièrement décriée. La beauté & l’antiquité
du temple de Prénefte a véritablement confervé le
nom des forts de Prénefte, mais parmi le peuplé
uniquement ; : car y a-t-il quelque magiftrat , quel-
quhomme un peu confidérable qui y ait le moindre
tecours ? Par-tout ailleurs on n’en parle plus, &
è’eft ce qui faifoit dire à Carnéade -, qu’il n’avoit
jamais vu la fortune plus fortunée qu’à Prénefte.
Cependant , il s’en fallut peu qu’ils ne revinfTent
en crédit du temps de Tibère. Suétone nous apprend,'
que cet empereur ayant formé le projet de ruiner
tpus^ les oracles voifins de Rome , ceux d’Antium,
de Coerès, de Tibur & de Prénefte, en fut détourné
par la majefté de ces derniers , car s’étant fait re<-
mettre le coffre bien fermé & bien cacheté, les forts
ne s’y trouvèrent point, mais ce coffre ne fut pas
plutôt reporté dans le temple de Prénefte , que les
forts s’y trouvèrent comme de, coutume.
Il n’eft pas difficile de reconnoître ici l’adreffe des
prêtres,; qui voulurent relever le c-édit de leur ancien
oracle y inais fon temps étoit paffé, perfonne ne
fe
fe rendit furies lieux pour y avoir recours ; & ce
rju’il y a de bien fingulier , les forts de Virgile n ayant
pour eux aucun apparat de religion ,^emportèrent la
balance , & fuccèdèrent à ceux de Prénefte. Voye^
Sorts de V irgile. ( D. J. )
Sorts d e V irgile , ( Divinat. du Pa^anif) fortes
Virgiliarue, divination qui confiftoit a ouvrir les
oeuvres de Virgile, & à en tirer, à l’infpeélion de
la page que le hafard offroit, des préfages des eve-
nemens futurs.
Le temps ayant infenfiblement donné de l’autorité
aux poëfies de Virgile, les Latins s’accoutumèrent
de même à 1*6 confulter dans les occafions ou il leur
étoit important de connoître la volonté du ciel. L hif-
toire des empereurs Romains, fur-tout depuis Tra- j
ian, en fournit plufieurs exemples. Le premier dont 1
nous ayons connoiffance eft celui d’Adrien : inquiet
de favoir quelles étoient les difpofiticns de Trajanà
fon égard, & s’il le défignerôit pour fon fucceffeur
à l’empire , il prit l’Enéide de Virgile , l’ouvrit au ha-
fa:d, & y lut ces vers du V Ie» livre.
Quïs procul ille autem ramis infignis olivce
Sacr a ferens ? nofco çrines incanaque menta-
Regis Romani, primat qui legibus urbcm
Fundabit, Curibus parais & paupere terra
Miffus in imperium magnum.. . . .
Comme on ne fe rend pas difficile fur les chofes
• qui flattent les defirs , quelques légères convenances
qu*Adrien trouva dans ces vers avec fon caraâèrè ,
fes inclinations, le goût qu’il avoit pour la philofo-
v phie & pour les cérémonies religieufes, le: raffurèrent ;
& fi l’on ajoute foi à Spartien , le fortifièrent dans
Pefpérance qu’il avoit de parvenir à l’empire.
Lampride rapporte qu’Alexar.dre Sevère qui de-
yoit pour lors être très-jeune, puifqu’il n’avoit que
treize ans lorfqu’il fut nommé empereur , s’appliquant
avec ardeur à l’étude de la Philofophie & de
la Mufique, Mammée, fa mère, lui confeilla défaire
plutôt fon occupation des Arts &. des Sciences ne-
ceffaires à ceux qui font deftinés à gouverner les
hommes , &. qu’Alexandre fe conforma d’autant plus
volontiers a cet avis , qu’ayant confuké Virgile fur
le fort qui lui étoit réfervé , il crut y trouver un
préfage alluré de fon élévation à l’empire dans ces
fameux vers ;
Excudent alii fpirantia mollius ara,
Credo equidem , &c.
Tu regerè imperio populos, Romane, mémento ;
lice tibi erunt artes•
Claude le Gothique voulant favoir quelle feroit la
durée de fon règne , confulta Virgile à l’ouverture du
livre , & lut ce vers.
Tertia durn latio regnantem vident oiftàs,
Hifloire. Tome V.
alors U tira la c^nclufiôn , qu’il n’avoit au plus qu«
trois ans à vivre ; l’auteur qui nous a conlerve es
fait, aïfure que Claude ne furvécut en effet que deux
ans à cette efpèce de prédiôhon ; & que. celles qu il
crut de même avoir trouvées dans Virgile iur ce qui
de voit arriver à fon frère & à fa peftérité, eurent
aufti leur accompliffement.
On rencontre dans les auteurs plufieurs exemples
de cette efpèce \ Bulîengerus en a recueilli une partie
dans le traité quil a compofé' fur ce Jijet ; mais
ceux que l’on vient de rapporter fumfènt pour
montrer jufqtf où peut aller la fijperftition humaine.
m M . I I
Sorts DÉS saints , ( Divinat. des Chrétiens )
fortes fanctorum , efpèce de divination' qui » vers le
troifièmé fiécle , s’eft intfoduite chez le? Chretierts à
1 l’imitation de' celles qu’on nommoit parmi les pàyens ,
fortes hjmeriea, fortes virgiliar.a.
Elle confiftoit à ouvrir au hafard les livres - facrès,
dans l’efpérance d’y trouver quelques lùmieres fur le
parti qu’ils aveient à fuivre dans telles •& telles cir-
conftances ; d’y apprendre r fi le fuccès. des, évène-
mens qui les intérefloit , feroit heurëux ou ma.-
héurëux, & ce qu’ils dévoient craindre ou ëfpérer
du caraétère , de h conduite §: 5f. du gouvernement
des perfonnes auxquelles ils étoient fournis.
L’ufage avoit établi deux minières de confulter Fa
volonté de Dieu par cette voie : la première etoit,
\ comme on vient de le dire, d’ouvrir âu hafard quelques
livres de l'Ecriture-fainte , après, avoir imploré
auparavant le fecours du ciel par des jeûnes , des
prières , .& d’auttes. pratiques; religieufes. Dans la
fécondé qui étoit beaucoup plus fimplé, on fe con-
I tentoit de regarder comme Un çonfeil fur ce qu’on
\ avoit à faire , ou comme un préfage du bon ou du
mauvais fuccès de l’entreprife qu’on iheditoit, les
premières paroles du livre de l’Ecriture, qu’on chan-
toit dans le moment où celui qui fe propofoit d’interroger
le ciel par cette manière, entroit dans une
églife.
Saint Auguftin, dans fon épître à Januarius;, ne
paroît- condamner cette pratique qti’au fia jet des affaires
mondaines; cependant il aime encore mieux
qu’on en faffe' ufage pour les chofes de ce fiècle ; que
de confulter les démons.
S. Grégoire, évêque de Tours, nous a fait connoître
d’une manière affez particulière les cérémonies
religieufes, avec lefqüelles on confultoit les forts des
faims. ' Les exemples qu’il en donne , & le lien propre
, juftifient que cette pratique étoit fort communy
de Ion temps, ‘ & qu’il ne la defapprouvoit pas. .
On en jugera par ce qu’il raconte de lui-même en
ces termes : « Leudafte , comte de Tours , qui cher-
« ehoit à me perdre dans l’efprit de la reine Fréde-
» gonde , étant venu à Tours avec de mauvais tlefw
feins contre moi ; frappé du danger' qui-me mena-
» çoit , je me retirai fort triftè dans mon oratoire ;
| » j’y pris les- pfeaumes de David , pour voir fi à leux.