
Rome éclatoit en reproches : on fe confumoit
en négociations j on appelloïc, on réappeiloit 5 &
tout cela pour quelques palFages aujourd’hui oubliés
du livre d’un prêtre odogénaire , qui vivoit d’aumônes
à Amilerdam.
La folie du fyflême des finances contribua, plus
qu’on ne croit, à rendre la paix à l’églife. Le
public fe jetta avec tant -de fureur dans le commerce
des aétions ; la cupidité des hommes , excitée
par cette amorce , fut fi générale , que ceux
qui parlèrent encore de janfénifme Sc de bulle ,
ne trouvèrent perfonne qui les éeoutâr. Paris n’y •
penfoit pas plus qu’à la guetre , qui fe faifoit fur
les frontières d’Efpagne. Les fortunes rapides &
incroyables qu’on faifoit alors , îe luxe, & la
volupté portés aux derniers excès, impofèrentfîlence
aux difputes.eccléfiafliques 5 & le plaifir fit ce que
Louis XIV n’avoit pu faire.
Le duc d’Orléans faifit ces conjonctures , pour
réunir l’églife de France. S a politique y étoît-*,
intérelfée. 11 craignoit des temps où il auroic eu
contre lui Rome , l’Efpagne, & cent évêques.
Il falloit engager le cardinal de Noailles non-
feulement à recevoir cette c o n f t i tu t io n , qu’il re-
gardoit comme fcandaleu.Ce., mais à rétrader Ton
appel , qu’ii rcgai doit comme légitime. Il falloit i
obtenir de lui plus que Louis XlV fon bienfaiteur
ne lui avoit envain demandé. Le duc d’Orléam
dévoie trouver les plus grandes oppofîtions dans
le parlement qu’il avoit exilé à Pontoife ; cependant
il vint à bout de rout. On compofa un corps
de doCtrine, qui contenta prefque les deux partis.
On tira parole du cardinal qu’enfin il accepteroit.
Leduc d’Orléans alla lui-même au gi and confeil,
avec, les princes & les pairs, faire enregiflrer un
édit, qui ordonnoit l’acceptation delà bulle , la
fuppreflïon des appels , Tuna^imifé & la paix.
Le parlement qu’on avoit xnorrifié en portant
au grand confeil des déclarations qu’il étoit en
pofïeffion de recevoir , menacé d’ailleurs d’être
tranféré de Pontoife à Blois , enregiftra ce que
le grand confeil avoit enregiftré $ raa:s toujours
avec les réferves d’ufage 5 c’efl-à-dire, le maintien
des libertés, de l’églife gallicane, & des loix du
royaume»
Le cardinal archevêque , qui avoit promis de Ce
rétraCter quand le paiement obéiroit, fe vit enfin
obligé de ren'r parole ; & on afficha? fon mandement
de rétractation le 20 août 1720.?
’ Depu:s ce temps , tout ce qu’on appelloit en
France ja n f é n i fm e . q u ie t i fm e , b u lle s , q u e r e lle s
th é o lo g iq u e s , bailla fênfîblement. Quelques évêques
appe'lans.reAèrentfeuls opiniâtrement attachés à leur
ièntimeos.
Sons le miniftère du cardinal de Fleury , on
voulut extirper les relies du parti , en dépotant 1
un des prélats de’s plus obftinés. On choiftt, pour
faire un exemple , le vieux Soanen | évêque de
la petite viile de Sénés , homme également
pieux & inflexible, d’ailleurs fans parens , fans
crédit.
Il fut condamné par le concile provincial d’Em»
brun en 17 18 , fufpendu de fes fonctions d’évêque
& de pretre , & exilé par la cour en Auvergne à
l’âge de piusde 8oans. Cette rigueur excita quelques
vaines plaintes.
Un refie de fanatifme lùbfifla feulement dans
une petite partie du peuple de Paris , Fur le tombeau
du diacre Paris , & les jéfuites eux mêmes
femblerei t entraînés dans la chute du janfénifme.
Leurs armes émouffées n’ayant plus d’adverfaires
à c'-mbàttre, iis perdirent à la cour .le crédit dont
le Te.lier avoit abufé. Les évêques fur lefquels
ils avoient dominé , les confondirent avec les autres
religieux ; & ceux-ci ayant été abaiffés par eux,
les rabaiiïèrent à lëur tour. Les parle mens leur
firent fentir plus d’une fois ce qu’ils penfoient d’eux >
en condamnant quelques-uns de leurs écrits qu’011
auroic pu oublier. Ùuniverfîté qui commehçôit alors
à faire de bonnes études dans la littérature , St
à donner une excellente éducation , leur enleva
une grande partie de la je une/Te ; & ils attend'rent
pour reprendre leur ascendant, que le temps leur
fournît des hommes de- génie , & des cou jo natures
favorables.
Il feroit très-utile à ceux qui font entêtés de
toutes -ces difputes , de jetter les yeux fuir l’hiF-
toiie -générale du monde 5 car en obfervant tant
de na ions , tant de moeurs , tant de religions diff érentes
, on voit le peu de figure que font fur la
terre un mol mille & un janfénifle. On rougit alors
de fa frénéfie pour un parti qui fe perd- dan« la
foule & dans l'immenfité des chofes. ( D. J. ).
UNION de üEcojfe avec l'Angleterre, ( Uifi. mod.)
.traité fameux par lequel ces deux royaumes'font
réunis en un feu! , & compris fous le nom de
royaume de la grande Bretagne.
Depuis que la famille royale d’Ecofle é'oit montée
fur le thrône d’Angle rerie, par l’avènement de
Jacques I. à la'couronne, ap.ès la mort d’Elifa-
beth , les rois d’Angleterre n’avoient rLn négligé
pour procurer c e te union falutaire 5 mais ni ce
prince , ni fon fuccefïèur Charles I , ni les rois qui
vinrent enfuite, jufqu’à la reine Anne, n’ont eu
cette fati f.'dion \ des intérêts politiques d’une
part, de l’autie des que-elles de re'igion y ayant
mis de grands obflacles. La nation écofloifle, jaloufe
de fa libeité , accoutumée à fe gouverner par fts
loix , à tenir fon parlement , comme Ja nat'on
ang'oife a le lien , craignoit de fe trouver moins
unie que confondue avec celle-ci ; & peut-être
encore davantage d’en devenir fnjerte. La forme
du gouvernement eccléfîaflique établi en Angleterre
par les.-loix, étoit encore moins du gqût de,s
écoiïqis chez qui le prpsbytéranifme ttpic la religion
dominante.
Cepcpdanp cette u n io n fi fàlujaire^, fi fouvent
projettée &, toujours manquée , réuffit en 47#7;,
du cpnfenuement unanime de la xeine A,qnç>J&
des états des deupt royaumes.
Le traité dé cette u n io n contient vingt cinq articles
, qui furent examinés , approuvés 8c lignés
Je $ Août 1706 , par onze .commiflaîres aoglois,
& pai; un pareil nombre de commiflaires éçoiïois.
Le parlement d’EcpfTe ; ratifia ce traité le 4
février Jf7Ô.7- , & le parlement d’Açgleterre le .5»
mars de îa même anniéè. Le 17 ïqtf ntême mors,
la reine fe rend t au parlement , où elle ratifia
fitmon. Depuis- ce temps-la', il n’y a qu’un ftul
confeil privé & un feul parlement pour le S deux
Royaumes. Le parlement d’Ecofie aiétéf fupprimé,
ou pour mieux dire réuni à, celui d’Angleterre -j
deforte que les deux n’en font qu’un , fous Je titie
de parlement, de la grande Bretagne.
Les membres du parlement que les écoffois peuvent
envoyer à la chambre des communes , fni-
vant les articles de l'union , font au nombre de
quarante-cinq , & ils repréfentent les communes
d’Ecoff;,} & les. pairs qu’ils y envoyent, pour re-
préfenter les pairs,d’Ecofle, font au nombre de feize.
Avant t u n i o n , les grands officiers de la cou-
ronned’EcofTe éepient le grand chancelier , le grand
trefori'-r, le garde du fceau privé & le lord greffier
ou fecrétaire d’écar. Les officiers fubalternes de
l’état éçoient le lord greffier,, le lord avocat, le
lord tiéforier député, & le lord juge clerc.
Les quatre premières charges ont été fupprimées
par l 'u n i o n , & l’on a créé de nouveaux officiers
qui fervent pour les deux royaumes , fous les citres
de lo r d g ra n d c h a n c e l ie r d e là g ra n d e B r e ta g n e , &c. &
aux deux fecrétaires d’état qu’il y avoit aupai avant
en Angleterre, on en a ajouté un t roi fie me, à
Caufe de l’augmentation de tiavail que procurent
les affaires d’Ecoffè.
Les quatre dernières charges fubfiflent encore aujourd’hui.
( A . R . )
UNIVERSAUX, C m. pl, ( f l i f t . m o d .p o l it iq u e .')
c’eft ainfî que l’on nomme en Pologne les lettres
que le roi ad relie aux feigneurs & aux états du
royaume pour la convocation de la diète , ou pour
les inviter à quelque allemblée relative aux intérêts
de la tépublique.
Lorfque le trône eft vacant , le primat de Pologne
a auffi le droit d’adrefler des u n iv e r jd u x ou
lettres de convocation aux différens palatinats ,
pour airepibjer la dicte qui doit procéder à l élec-
tjpo d’un nouveau roi. ( A . R . )
UNTERTHANEN, f. m. { l i i f i . d 'A l l em a g n e ')
ç’eft, ainfi qqon appelle ,t;n A,Ueiwigne les hommes
de condition fervile y i,ces. hommes , par rapport
a, leur perfonne , font libres, & peuvent contracter
.& .difpofer, de leurs aftipns & de leurs biens^
maïs eux & leurs enfans font attachés à certaines
terres de Jeu:s feigneurs qu’il font tenus de cultiver,
& (jù’ils ne peuvent abandonner fins leur
COnfentement»; c’èfi pour cfeLi que les filles mêmes
ne peuvent fe'Jfnariér hors des terres dans lesquelles
elles (But obligées de demeurer & de fervir.
Un feigneur acquiert. jCe droit l'njufie de propriété,
;i°. par Ja naiffance , :ca' , lrlon fes. pié-
tentiolns, les enfars qui naiffent de fes ferfs doivent;
être de condition fervile , comme leurs pères
& mères, ; ?.o. . par voie de convention ,Mlorf-
.qu’qn hom^ie' libre ipiferable fe. donne yph n-
ta;renient à un Teignéûr“ en qua ité de f rf. C’eR
par ces raifons qu’un feigneur s’attribue un droit
réel - futf fes fujets de cohdition fervile , & il en
pedt intenter la revendication contré tout poflef-
feur du fe if qui lui appartient.
Un lo'ng uf?ge a introduit en Allemagne &
dans quelques autres pays, cette forte de fer.vitude ,
qui^, fans; changer l pcat de la pe'fbnne , affèéte
cependant d'une manière eflVnticlle la perfonne 8t
la conditiop. Ces malheurenx hommes font ce
qu’on appelle-len allemand e ig en b é h o r ig e ou u n t é r -
th a n e n , en latin k ô n t in e s p r o p r is , g le b s a d f c r ip t i ,
& c efl peu-pies ce que les François appellent
des m o r t s - t a i l la b l e s .
Il efl honteux que cette efpèce d’efcJavage
fubfifle encore en Europe ,, & qu’il faille prouver
qu’un tef efl de. condition J|rviie , comme s’il
pouvpit l’être effi diVcment, comme il la nature'
là rai fon & la religion le permettoient. ( D . J . ' j '
IU P T O N , ( Nicolas ) ( H iè lin. m o d . ) Anglois,
d’abord guerrier , ,ét,oic en 1418 , au fiège d’O r léans.
Il fut^ depuis phanoine & précepteur de Sa-
risbery. Il vivoit encore en 14^3. Edouard Bif-
fæus , publia un traité de cèt auteur d e f iu d i o mi-
litari.
URBAIN, ( H l f t . e c c lé f i ) c’efl le nom de huit
papes.
i°. Le premier (ouffrit le martyre , le mai
230, fous l’émpire d’Alexandre Sévère.
2e. U r b a in II Ce nommoit Otton ou Odon
il avoit été religieux de Cluni ; il fut élu le 12
mars 1088 , après la mort du pape Vi&or III.
Ce fut lui qui tint en 1095 , le concile de Cler*
mont ou fut réfolue îa première croifade. Il mourut
à Rome , le 29 juillet 1099, On a de lui 59