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caraftère dur & fier de Trivulce, la fupérioriré
choquante qu’il affeéta fur fes égaux, la protection
imprudente qu’il accorda aux Guelphes & qu’il
pouffa jufqu’à perfécuter les Gibelins, concoururent
avec d’autres caüfes à ébranler la nouvelle
domination & à favorifer le rappel de Ludovic ;
les peuples qui le haïffbient moins que Trivulce ,
le reçurent avec joie. Trivulce fortit de Milan ,
furieux & humilié. Il reprit toute fa gloire à la
bataille d’Aignadel en 150p. Il en reperdit une
partie à la bataille de Novare( 1513 ) , à là perte i
de laquelle il contribua, dit-on , par fa mauvaife
conduite; mais ilfe furpaffa lui-même fous François
I en 1515 , 1®. au paffage des Alpes , où
avec des peines incroyables il parvint à faire guin-
der le canon par le haut des montagnes z°. à la
bataille de Marignan , cette même année ; nul autre
généraL n’avoit eu fi (ouvent les armes à la
înain & n’avoit vu rant de combats, il difoit que
tous ces combats n’avoient été que des jeux d’en,
fans 3 mais que la bataille de Marignan étoit-un
combat de Géans, Il avoit vu pafler dans différentes
mains le gouvernement du Milanès; il étoit
en 1518 dans celles du maréchal de Lautrec ; le
marechal'de Trivulce paroiffbitfe contenter de vivre
à Milan en citoyen preique indépendant ; mais
ce rang de gouverneur qu’il avoit eu autrefois &
qu’il regret toit fans doute; cette magn'ficence royale J
qu’il fe plaifoit à étaler parmi fes concitoyens, la
confidération que fes fervices, fes talens, fes ver
tus lui avoient acquife & que fon luxe rendoit plus !
éclatante, bleffereiù les yeux inquiets de Lautrec.
T'rivulce étoit à la tête des Guelphes , & cette
qualité de. chef d’ un parti encore affez puiffant,
lui do nu oit un crédit qui pouvoit quelquefois balancer
l’autorité du gouverneur. Lautrec entreprit
de détruire ce rival de puissance qu’il ne falloit
que laifler mouiir. Ses lettres le peignirent à la
cour comme un chef .de faéïieux, comme un Lu-
jet mal fournis dont la fiëre indépendance cho-
quoit trop ouvertement l’autorité du roi. Ori lui
fit un crime d’avoir accepté pour lui & pour toute
fa famille un droit de bourg.oifîe parmi les Suiffes.
IlVouloir, difoic-.on, fe fortifier contre fon prince
de l’upp.ui de cette nation. On s’en prit aufli à
lui de ce que fou frère & fes neveux s'étoient
engagés -au.ffrvice des Vénitiens. Tous ces chefs
ffaceufarion. groflis par la comtefle de Château-
briant, feeur de Lautrec & maîtreffe de François I ,
înfpirèrem au roi contre Trivulce de fortes préventions.
Trivulce étoit prompt ', fier & fenfible ; il apprend
qu’on le noircît dans l ’efprit de fon maître,
il paît en. pofle , il tiaverfe à quatre-vingt ans au
milieu de lhyver les. glaces & les neiges- des Alpes.
Pendant fon abfence , .Lauirec fait arrêter à
Yigevano la veuve & les enfans du comte de
Mufoco fon. fils ; cependant Trivulce arrive à la
cour pour fc jufiifier, ne croyant pas qu’un regard
de la comtefle de Château -brïaftt put effacer
quarante années de fervice. On refufe de le
voir & dé l ’entendre. Ce malheureux & refpeéâable
vieillard, outré de défefpoir, fe fait porter en cliaifc
dans un endroit où le roi devoit pafler. Dès qu’il-
l ’apperçut il s’écria : fire 3 daigne^ accorder ua moment
d'audience a Un homme qui s'eft trouvé en
dix-huit batailles rangées pour le fervice de vos
prédécejfeurs & pour le vôtre ! le roi furpris jette
un coup-d'oeil , reconnoît Trivulce, détourne la
tête & paffe fans répondre. Ce trait de mépris
perce le coeur de Trivulce, la fièvre le faifît, le
dépit & la douleur le confument ,,il rentre chez
lui & fe met au lit pour n’en plus relever.
Le roi n’étoit pas fait pour la cruauté , il ne
tarda pas à fentir qu’un accueil fi dur n’avoit pas-
dû être le prix de tant de fervices > il envoya
vifiter Trivulce & lui fit faire quelques exeufes :
Je fuis bien fenfible aux bontés Shi roi, répondît Trivulce
., mais je l'ai trop été a fes ' rigueurs, I l n'y
a plus de remède. Il mourut lai fiant à.François!
le regret éternel d’avoir caufé la mort d’un de_fes-
meilleurs ff jets. Il fut enterré au bourg de Châ-j
très, (aujourd’hui Arpajon ) fous Montlhery, ou
il avoit trouvé la cour & où il étoit mort , on
grava fur fa tombe une épitaphe qui exprimoit (on
caractère a&ir.
Hic quiefeit qui nunqitam qùievit.
Ici repofe qui ne fe repofa jamais.
Cette aventure mit dans le coeur des mflanoîs
des difpofiuons fâcheufes à l’égard du gouverneur *
à l’égard du- roi même & de la nation Françoife;
fur-tout lorfqu'on vit la mort du malheureux Trivulce
, procurer le bâton de maréchal à Thomas
de Foix , dit Lefcun, frère du maréchal de Lau-
treq...
Un tel caradèie donne une grande idée de fran-
chife. Louis XII au commencement de fon règne,
l’ayant confulté fur fon projet de conquérir le Mi-
lanès, Trivulce ne lui donna qu’un avis en trois
mots qui n'étoient que le même mot :fire\ pour
rêvffir dans une telle entreprife y trois chofes font
nécejfaires : 1°. de l’argent •, 20. l'argent, i f . de l'argent,
On à beaucoup décrit le foipptueux fèftiîi
que Trivulce ‘donna en ij'07. à Louis XII à Milan.
Il s’y trouva îzcfo dames , cha'cune avoit un
écuyer tranchant pour la fervit. Cent foixante
maîtres d’hôtel md on noient Je feflin, portant chacun
à la main un bâton couveit de velours bleu ,
féroé de fleurs dè lys d’or. Le roi fut fervi en
vaîflelle d’or, les autres convives en vaiflelîe d’ar-
gént- , toute neuve, route aux armes du maréchal.
La fal:le avoit été faite tout exprès pour
ce feflin , qui fut précédé d’un grand bal. La preffe
y fut fi grande , que la p’ace manquant absolument
pour darifer, le roi impatient prit la halle-
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barde d’un de fes girdes, & fit lui même ranger
tout le mondé en irappant à droite & à.gauche,
ce qui ne convetipit gu ères , ce femble, ni à fa
dignité ni au caraébère du bon Louis XII.
2°. Théodore T r i v u l c e , cou fin germain de Jean-
Jacques , remplaça l’Alviane dans le commandement
des armées vénitiennes , & comme les vénitiens
étoient alors nos allies., il fit- la guerre
pour les intérêts communs de la France & de Ve-
rtife. L’empereur Maximilien ayant fait en 1 j 16
une irruption dans le Milanès, comme il n’avoit
jamais d’argent, fes fuiflès menaçoient de 1 abandonner
& de prendre parti pour la France ; à ces;
mots l'empereur frappé comme d’un coup de foudre
, fe rappel? Ludovic Sforce , l’oncle de la
femme, livré aux françois-par les fuiffes : il répond
en tremblant qu’il ira le fo:r au quartier
des fuiffes pour les payer, & il fe réfugie dans le
quartier de fes allemands. T r iv u l c e augmente fa
crainte par un ftratagême , il écrit aux capitaines
fuiffes de l’armée impériale une lettre qui annon-
çoit une faufle inrelligence & un prétendu complot
contre l’empereur. La lettre ayant été interceptée
comme il le voffoit, Maximilien ne doute
p'us que fa perce ne foït jurée, il envoie aux
fuiffes feizè mille écus & leur en promet beaucoup
davantage., feulement pour les1 atnufer, en
même tems il fuppofe qu’on doit Itli payer dans
la ville de Trente une lettre de change de quatre
vingt m'iile écus ; il y court en porte, mais
cette let re de change n’etoit qu’un prétexte, & ce
voyage n’etoin qu’une fuite ; il ne revint point ,
les fuiffes fe débandèrent , les allemands le retirèrent.
Avant de fervir les vénitiens 9 T r iv u l c e le s avoit
combattus dans la guerre que Louis XII leur avoit
fifre affez mal-à-propos en exécution de la ligué
de Cambray ; il s’étoit diftingué à la bataille d Ai- fnadel en iyo9 & à celle de Ravenne en 1512..
l fut fait maréchal de France le 23 mars iÇiô,
à la place du maréchal de Chabanes. Lorfqu’en
1528 la dïfed'on d André Doria fit perdre Gênes
à la France , T r i v u l c e £e retira dars le château
qu’il défendit vaillamment, & s’il eût pu recevoir
trois mille hommes d infanterie qu’il deman-
doit , il promettent avec ce lecours de reprendre,
la place , mais tous les é vénemens étant contraires ;
il fe vit forcé de rendre le château qui fut à l’inf-
tant rafé, car Gênes devenoit un état libre, Théodore
T r iv u l c e mourut en 1531 à Lyon, dont il
étoit gouverneur.
3°.'-Alexandre T r iv u l c e , neveu du maréchal
( Jean Jacques ) , voyez fa mort à l’article G u i -
Ichardin,
4°. La maifon T r iv u l c e a donné à l’églife un
grand nombre de cardinaux attachés les uns à la
France, les autres à l’Efpagné , tous perfonnages
d’un, mérite diftingué.
T R I 363
TRIUMVIR de la bçp.umque j ( h i f i . r o m . )
l’un des trois chefs qui gouvernèrent abfol urne n t
la république de Rome ce ri’étoit pas un ma-
gi.ftrat, mais l’ufuxpatcur dune magiffrature fouve-
raine. Rome vit naître deux fois cette ufûrpation,
Céfar , Pompée & Craffus , furent les premiers
t r iu m v i r s qui pai tagèrent entr’eux legouvernement,
& c’eft ce qu’on appelle le premier t r ium v ir a t .
Oébavius , Antoine & LépÂdjJS , fhrèr.t les féconds
t r ium v ir s r St la république finit par dégéné.er en
monarchie ; mais nous tacherons de ne. rien laifler
à défirerfur ces deux grandes révolutions de Rome,
au m o t T riumvirat. ( D. J. ), .
TRIUMVIRS d e s c o l o n i e s , { h i f i . r om ) t r iu m -
v ir i, c o lo n is , d ed u x en d s , , maglibrars pjépofés pour
établir des colonies.
Ces fortes de magiftrats fe créoient dans une
affemblée du peuple par tribut : routes les fois que
les romains envoyoient des colonies dans les pays
qu’ils avoient fournis, pour maintenir les peuples
dans l’bbéiflance & les empêcher de fecouer le joug-;
on choififfoit des magiftrats qu’on appelloit ou d u um -
v i r s j ou t r i u m v i r s , ou d e c em v i r s , félon le nombre
dont ils étoient compofés. Quand par une ordonnance
du peuple, ou par un décret du fénat,
on avoit déterminé la colonie & fait le choix de
ceux qui la dévoient remplir, on chargeoit les tr ium v
i r s de la conduire : c’étoit à eux de l’établir, de
faire. le département des terres qui lut étoient
adjugées & d’affigner à chacun ce qu’on lui don-
noit en propre à cultiver ; après cela, ils traçoienc
avec une charrue les limites du terrein dont
ils avoient fait le partage. On voit des monu-
mens de cette inftitution fur les médailles, où l’éta-
blifl'ement des colonies eft marqué -par une charrue
attelée de boeufs. ( D , J . )
T riumvirs d e n u i t , ( h i f i . r om . ) t r iu m v i r i n o c -
tu r n i ; c’étount de bas officiers prépofés pour la
police de fa nuit. Augufle'voulant s’affermir fur le
trône, s’appliqua.à rétablir l’ordre & la sûreté de
la ville de Rome, où il y avoit eu autrefois des
t r iu m v i r s , dont l’emploi écoit dè maintenir le
•repos public pendant la nuit, & de veiller aux
incendies ; c’eft par cette dernière raifon qu’ils
furent appellés t r iu m v i r i n o U u m i j mais comme il
étoit difficile que ces officiers puflënt fuffire à ces
deux chofes , Augufte créa fept cohortes , dont
il en établit une pour veiller dans deux quartiers
de Rome , & leur donna un chef qu’il appella
p r& fe t tu s v ig ï lu m , dignité mentionnée dank plu-
fieuis inferiptions anciennes , qui ont été rapportées
par Panvinius , d e c i v i t a t e R om a n d . (D . J . j
T riumvirs MONfiTaires , te rm e d e m o n n o ie s
d e s R om a in s , officiers , direâeurs ou furintendans ,
prépofés chez les Romains à la fabrique des mon-*
■ noies, Z z z