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cérémonies cruelles & fupeiftitieufis qui fe pratiquent I
aux .• funérailles des rois & des grands du pays. Elles
cor.fiftent a enterrer avec le mort plufieurs desoffi- i
ciers^c .des efclaves qui font fervi pendant fa vie ,
& à immoler fur Ion tombeau un certain nombre de
yiélimés humaines , proportionné au rang que la
perfonne décédée cccüpoit dans le monde ; après
que ces malheureux- ont été égorgés, & ont arrofé
lâ terre dé leur fang, les afllftans dévorent leur chair.
Les miffionnaires européens ont eu beaucoup depeinë
a-déraciner cette -coutume abominable dans- les pays
où ils ont prêché i’évangüe, (A . R.)
TOMBEAU de Pallas , ( H)fl Rom. ) Nos lecteurs
connoifient bien Pal las, affranchi de l’empereur
Claude ; il eut la plus grande autorité fous le règne
dh ce prince,. H avoit e:é d’abord efclave d’Antonia
bellesfoeur de Tibère ; c’éft lui qui porta la lettre où !
ehe donnoit^ay s a l’empereur de la coifoiration de
S'ejàn. Il engagea Claude a époufer Agrippine fi 'nièce,
a adopter Néron, & à le défigner fon fucceffeur. La |
haute fortune à laquelle il .parvint, le rendit lï infolent,
qu’il ne partait à lès efclaves que par lignes. Agrippine
acheta fis férvices, & , de concert avec eile , Claude
mouiu't. Quoique Néron dût la couronne à Pâllas ,
il fe dégoûta de lui, le difgracia , & fipt ans après
le fit périr fecretement peur hériter de fes biens;
mais il laifîa fubfifter lé tombent de cet orgueilleux I
affranchi.
■
Ce tombeau magnifique étoit fur le chemin de Ti- I
bur, a un mille de la ville , avec une inferiptiongra- i
vée diffus, & ordonnée.;par un décret du fenat, fous 1
l’empire de Claude. Pline le jeune bous a confervé' l
feul entre tant d’écrivains, cette infcripttah & . ce j
décret,‘dans une de fes lettres, qui m’a paru trop
intereffante a tous égards , pour n’èn pas orner c.t j
©ùvrage. Voici ce qu’il écrit à Montanus, lettre 6.
/. F U I .
L’inscription que j’aî remarquée fur le tombeau de
Palias * eft . conçûe en. ces termes :
“ Pour récçmpenfer fon attachement & fa’ fidé- ?
»' lité envers Tes patrons, lé fénat lui i décerné lès
v marquas de diftinâion dont jouiffem les 'préteurs,
»'avec quinze millions de feft:rces, ( quinze cent
» mille livres de notre monnoie ) il s’èft contenté
» du Cul honneur ». Cela me fit croire, continue Pline,
que le décret même ne pouvoir - qu’être curieux, à
voir. .Je Tai découvert. Il eft fi ample & fi flatteur,
què .cette fuperbe .& iflfolente épitaphe me. parut
modefte & humble.
Que nos plus illuftres romains viennent, je ne'dis
pas ceux des fièdes plus éloignés, les Africains, les
jNumantins , les Achaï -ues : mais ceux de ces. derniers
temps , les Mariüs ,les Sylla , les Pompée, je ne veux
pas ddçèndre plus bas ; qu’ils viennent aujourd’hui
faire comparai fon avec Palias. Tousvies éloges qu’on
leur a donnés , fe trouveront fort au-deffogs de ceux
qu’il a reçus. Appellerai-je raideurs ou malheureux
les- auteurs d’un tel décret ? Je les nommerois railleurs ,
fi la plaifamerie convenoit i la gravité du fénat. Il faut
1 donc les reconnoître malheureux.
Mais perforine le peüt-.l être jamais, jufqu’au point
d’être forcé à de pareilles indignités ? Ç’étoit peut-ê.re
ambition & pafiion de s’avancer. Seroit-il poffible
qu’il y eût quelqu’un affez fou pour defirer de s’avancer
aux dépéris de fon propre honneur, & dei celui de la
républieue, dans ùne ville où l’avantage de la première-«
place , étoît de pouvoir donner les premières louanges
à -Palias ? Je nè dis rien de cé qu’on offre les hon-;
‘ neurs , Jes prérogatives de la préture à Palias , à un
efclave j ce font des efclaves qui les offrent. Je ne-
relève point qu’ils font d’avis, que Ton ne doit pas
feulement exhorter , mais même contraindre Palias à
; porter les anneaux d’or. Il eût été contre la majéfte
i du fénat, qu’un homme revêtu des©memens de préteur-
eût porté des anneaux de fer.. Ce ne font-là que des
bagatelles qui ne méritent pas qu’on s’y arrête.'.
Voici des faits bien plus dignes d’attention. « Le
» fénat pour Palias ( & le palais où il s’affemble n’a
» point été depuis pur fié ) : pour Palias, le fénat re-
» mercie l’empereur de ce que ce prince a fait un
»' éloge magnifique de fon affranchi, &. a bien voü-
yy lu permettre au fénat de combler un tel homme
» d’honneurs ». Que pou voit-il arriver de plus glorieux
au-férat , que de ne paroître pas ingrat envers
Palias? On ajoute dans ce décret; « qu’afin
» que Palias , à qui chacun en par.iculier reconnoît
v» avoir les dernières obligations , puiffe recevoir les
. » jnftes récompenfes de fes travaux , & de fa fi-
-»’ délité. . . . »
Na croiriez-vous pas qu’il a reculé les frontières
de l’empire , ou fauve.les armées de l’état. On continue...
« Le fénat & le peuple rcmain ne pouvant
» trouver une plus agréable occafion d’exercer leurs
» libéralités, qu’en les répandant fur.un fi fidèle ÔC
» fi defintéreffé gardien des finances du prince,»
Voilà où le bornoient alors tous les defirs du fénat,
& toute la ]o e du peuple ; voilà Toccafion la plus
précietife d:ouvrir le tréfor public I II faut tëépüifir
pour enrichir Palias !
Ce qui fuit n’eff guère moins remarquable : « que
» le fénat ordonnoit qu’on tireroit de l’épargne i <j
» millions de fefteces ,( quinze cent mille livres J
» pour les donner à cet homme; & que plus il avoit
» Tarne élevée au-deffus de la paflion de .s’enrichir ,
» plus il falloit redoubler fes inflances auprès du
» père commun, pour en obtenir qu’il .obligeât.
» Palias de déférer au fénat.,» Il ne manquoif plus
en effet que de traiter au nom du public avec Palias,
que de le fupplier de,, céder aux erapreffemens du fénat,
que d’interpofer la médiation de l’empereur,
pour furmoritet cette infolente modération pour
faire enforte que. Palias ne dédaignât pas quinze millions
de fefteree-s ! Il les dédaigna pourtant. C ’étoit
le. feul- parti .qu’il pouvoit prendre par rapport à de
fi grandes fouîmes. Il y avoit bjen plus d’orgueil à
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le$ refufer qua les accepter. Le fénat Cependant
femble fe,plaindre de. ce refus, & le comble en même
temps d’éloges en ces termes:
» Mais l’empereur & le père commun ayant voulu ,
» à la prière de Palias, que le fénat lui remît l’obli-
» gation de fatisfaire à cette partie du décret, qui
» lui ordonnoit de prendre dans le tréfor public
» quinze millions de fefterces, le fénat déclare, que
» c’eft avec beaucoup de plaifir & de juftice:, quen-
» tre les honneurs qu’il avoit commencé de décer-
» ner à Palias, il avoit mêlé cette femme-pour con-
» noître fon zèle & fa fidélité; que cependant le fé-'
» nat, pour marquer fa foumiflîon aux ordres de
» l’empereur, à qui il ne croyoit pas permis de ré-
» fifter en rien , obéiffoit ».
Imaginez-vous Palias qui s’oppofe à un décret du
fé iàt , qui modère lui-même fis propres honneurs ,
qui reïufe quinze millions de fefterces ? comme fi c’étoit
trop , & qui accepte les marques de la dignité
des préteurs, comme fi c’étoit moins. Repréfentez-
vous l’empereur, qui à la face du fénat, obéit aux
prières, ou plutôt aux conmmandements de fon affranchi;
car un affranchi qui, dans le fénat, fe donne la
liberté de prier fon patron, lui commande. Figurez-
vous le fénat, qui, jufqu’à l’extrémité, déclare qu’il
a commencé avec autant de plaifir que de juftice, à
décerner cette fomme, ÔC de tels honneurs à Palias ;
& qu’il perfifteroit encore , s’il n’étoit obligé de fi
foumettre aux volontés du prince, qu’il n’eft permis
de contredire en aucune chofe. Ainfi donc, pour ne
point forcer Pallàs de prendre quinze millions de
fefterces dans le tréfor public, on a eu befoin de fa
modération & de Tobéiffànce dg fénat, qui n’auroit
pas obéi, s’il lüb eût été p?rmis de réfiftet en rien
aux volontés de l’empereur î
Vous croyez être à la fin ; attendez, & écoutez
le meilleur C’eft pourquoi, comme il eft très-
» avantageux de mettre au jour les faveurs dont le
» prince a honoré & récomp^nfé ceux; qui le niéri-
« toient : & particulièrement dans les lieux où. Ton
» peut engagea à l’imitation les perfonnes chaigées
» du foin de fis affaires;■ .& que l’éclatante fidélité
w .& probité de Palias, font1 les modèles les plus pro-
» près à exciter une honnête émulation , il a été ré-
» fo!u que le difoours prononcé dans le fénat par
n l’empereur le 28 Janvier dernier, &. le décret du
» fénat à ce fujet, feroient gravés fur une table d’ai-
» rain, qui fera appliquée près de laftatue qui repre-
» fente Jules -Céfar en habit de guerre.
On a compté pour peu que le fénat eût été témoin
de ces honteufes baffeffes. On a choifi le lieu le plus
expofé pour les mettre devant les yeux des hommes
de ce fiède , & des fiècles futurs. On a pris
foin de graver fur Tairain tous les honneurs d’un in.
folent efilave , ceux même qu’il avoit refufés; mais
qu’autant qu’il dépendoit des auteurs dû décret, il
avoit poffédés.
On a écrit dans les regiftres publics, pour en con-
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ferver à jamais le fouvenir, qu’on lui a voit déféré les
marques de dift nélion que portent les préteurs ,
comme^on y ccri.voit autrefo s les anciens traités
d’ailtunce, les ioix facrées. Tant l’empereur , le fénat,
Palias lui-même, eut montré de. . . (je ne faiVque
dire), qu’ils fimblent s’être empreffés d’étaler à la
vue de l’univers, Palias fon infolence , l’empereur
fà foiblefi'e, le fénat fa m'sère.
Eff-iî poffible que le fénat n’ait pas eu de honte de
chercher dès prétextes à fon infamie ? La belle , l’admirable
raifon que l’envie d’exciter une noble émulation
dans les efprits, par l’exemple des grandes récompenfes
dont étoit comblé Palias. Voyez par-là
dans quel aviliffement tomboient les honneurs , je dis
ceux même que Paîlas ne refufoit pas. On trouvôit
pourtant des perfonnes' de riaiffance qui -défiroient ,
qui rcçherchoient avec ardeur, ce qu’ils voyoierit
être accordé à un affranchi, être promis à des efclaves.
Que j’ai de joie de n’être point né dans ces temps,
qui me font rougir comme fi j’y avois vécu !
Cette lettre de Pline nous offre' tout à-!a-fois un
exemple des plus fingul ers de la ftupidité d’on prince
, de la baffëffe- d’un fénat, & de Torguëïl d’un
efclave. ' Cette épitaphe nous apprend encore combien
il y a de momerie & d’impertinence dans lés
infcriplions proftituées à des infâmes & à des malheureux
, car il n’y a guère eu d’infame plus grand
que ce Palias. Il eft vrai d’un autre côté que, quand
le caprice de la fortune éleve fi haut de tels miférà-
b!es , elle ne fait que les expofer davantage à la rifée
pub’ique. (D . ƒ.)
T om b e au x des Péruviens , .( H}fl. du Pérou ) La
defeription des tombeaux qu’a voient les anciens habi-
tans du pérou, n’eft pas moins curieufe que celle: de
la plûpart des autres peuples. Ces tombeaux bâtis fur
le bord delà mer, étoient les uns ronds, les au.res
quarrés ; d’autres en quarrés longs. Les corps renfermés
dans ces tombeaux, étoient diverfement pefés î
les uns debout appuyés contre les muraill es, les aurrev
affis vers le fond fur des pierres;, d’autres'couchés
de leur long fur des claies compofées de rofeaux.
Dans quelques-uns on trouyoit des familles entières
, & des gens de tout âge ; & dans d’autres lé feul
mari & fort époùfe. Tous ces corps étoient révêtus
de robes fans manches, d’une étoffe de laine fine ,
rayées de différentes couleurs ; & les mains des morts
étoient liées avec une efpèce de courroie. Il y avoit
dans quelques-uns de ces tombeaux de petits pots
remplis d’une poudre rouge ; & d’autres étoient pleins
de farine de maïs. Voilà ce qu’en rapporte le P.
Feuillée.
Le P. Plumier étant dans la vallée de d’Y lo , y vît
une vafte plaine remplie de tombeaux, creufés dans la
terre, femblables aux fépulcres; ma curiofité, dit-il•,
me porta à voir leur conflruélion. J’entrai dans un,
par uri efcalier de deux marches hautes & larges cha*
çune de quatre pieds, & faifant un quarré long d’environ
fipt pieds. Le tombeau étoit bâti de pierre 9&ns