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«ncme par la voie des armes, fans épargner leier ni
te feu contre les maifons , les terres fit les perfonnes
mêmes de fes ennemis. Pour remédier à ces deforme5
, les eveques & les barons, premièrement en
France, puis dans les autres royaumes, firent un décret
par lequel on mettoit abfolument à couvert de
ces violences les églifes, les clercs ou eccléfiaftiques
fcculiérsg les religieux & leurs monaftères, les femmes
, les marchands', les laboureurs fit les moulins;
ce qu’on comprit fous le nom de paix. A l'égard de
toutes autres peifonncs, on défendit d’agir cffenfi-
▼ ement depuis le mercredi au foir jufqu’au lundi ma-
t.n, par le refpefl particulier,' difoit-on ; qu’on de-
voit a ces jours que Jefus-Chrift a confàcrés par les
derniers my fier es de la vie, & . c’eft ce qu’on appella
treye. On déclara excommuniés les violateurs de l’un
ou l’autre de ces décrets, & l’on arrêta enluite qu’ils
feroient bannis ou; punis de mort, félon la qualité
des violences ^ qu’ils auroient commlfes, Divers conciles
approuvèrent ces réfolinions, & entr’autres celui
de Clermont ea Auvergne tenu en 1095 , qui, aux
quatre jours de la femaine affrétés à la treve, ajouta
tout le temps de lavent jusqu’après l’oclave de l’épi-
phanie , celui qui eft compris entre la feptuagéfïme
&. 1 oéfave de pâques , & celui qui commence aux
rogations & finit à l’o&ave de la pentecute ; ce qui
joint aux autres jours prefcrira peur la treve dans les
autres failons , faifoit plus de la-moitié de l’année. Il j
eff éronnant que les évêques qui avoient intimidé les I
peuples par le motif de la religion , peur les engager à
fufpendre leur vengeance pendant la moitié de cha-
Que femaine & des intervalles affez confidérables de
l’année, ne puffern en obtenir la même choie ni pour
là femaine ni pour l’année entière , & il ne l’eft pas
moins- qùe les peuples coiffent tolérée & même per-
m'.fe à certains jours une vengeance qu’ils n’ofoient
pjendre dans d’autres. Ce qu’ff y a de certain , c’eft
que .l’üfage de ces petites guerres .qui défoloient toutes
les provinces du royaume, dura ùüqu’au temps de
Philippe-îe-beL (A , R . )
T REVIÉS ( Bernard de ) Bemardus de Tribus vils )
ÇHifl. b*' mod.) chanoine de Maguelone âudouzième -
fiècle, eft l’auteur du ? Oman de Pierre de Provence fie
ide la belle Maguelone, imprimé près de trois fiècles
après, en 1490.
TRÉVILLE ou TROISVILLE. ( Henri-Jofeph de
Peyre , comte de) ( Hifi,mod.) Le comte de Tréviïle , . 61s d’un Capitaine- Lieutenant des Moufquetaires ,
avoit été élevé avec Louis XIV , avoit fervi cornette
dans la première compagnie des Mousquetaires , puis
colonel d’infanterie. Il avoit eu le gouvernement du
comté de Foix : il avoit reçu deux coups de feu dans
Pexpéditïon de'Candiè en »669. Frappé dé la mort de'
la célèbre Madame Henriette-Anne d’Angleterre , à
laquelle il étoit fort attaché , il, quitta, le monde , &
/enfevelit dans la'retraite. Il fut l’ami ,de Port - Royal,
Sx de tous ces illuftres Janféniftes du rè^ne de Louis
XIV. Il croit leur difciple , leur confeil fit leur-juge. -
Qp luireprochoit da parler trop bien. Mort en 1708.
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TRÉVIRS, capitaux , ( Hiß. rom. ) trium vin ou
treviri capitales ; étoient trois magiftrats romains d’un
bien moindre rang que les trévirs ou triumvirs monétaires.
Ils étoient chargés de veiller à la garde des
prifonniers, & de préfider aux fupplices capitaux.
Ils jugeoient aufti des délits & crimes des el'claves
fugitifs, & des gens fans aveu*. Ils furent établis fous
le confulat de Curiüs Dentatus, peu de tems après
qu’il eut triomphé des Gaulois. Ils avoient fous leurs
ordres huit Wéleurs qui faifoient les executions pref-
crites, comme il parôît par ce difeours de Scfie dans
l’Amphitrion. « Que deviendrai-je à préfent ? les tn-
» v/rs pourroient bien m’envoyer en prifon , d’où je
” ne ferois tiré demain que pour être fjft:gé , fans
» avoir meme la liberté ni de plaider ma caufe, ni
» de réclamer la protedion de mon maître. 11 «’y au-
» roit perfonne qui doutât que j’ai bien mérité cette
» punition ; & que .je ferois affez malheureux pour
» effuyer les coups de leurs eftafïers, qui battroient
» fur mon pauvre corps comme fur une enclume »..
Cicéron fait allufion à ces fortes de lieutenants criminels
de Rome, en badinant plaifàmment fur le jeu
de mots, dans une de fes lettres à Trébatius , qui'
fuivoit alors Céfar dans fes guerres contre les Trévirs,
une des plus fières fie des plus vaillantes nations de
la Gaule » Je vous avertis, lui dit-il, de ne vous pas
» trouver fur le chemin de ces Trévirs, car j’enténs
» dire qu'ils font capitaux ; fie je défirerois fort qu’ils
* foffent plutôt fabricateurs d’or & d’argent ».
( d . / . ) m m
- T révirs , monétaires, ( Hiß. Rom. ) les fûrinten-
dans de la monnoie de la république & empire romain
, étoient appellés trévirs, tr ev ir i ou tr ium v iri
m o n e ta le s , parçe qu’ils furent au nombre de trois
jufqu’a Jules-CéEr, qui en créa quatre. Gceron fut
un des quatre diretdeurs de la monnoie , car nous
avons encore une médaille exiftante de ce grand
homme, où il eft nommé i i i j vir; mais nous parlerons
plus au long de ces magiftrats prépofes à la fabrication
des monnoies, au mot T riumvirs monéta
ire s. ( D . J . )
TREUVÉ ( Simon-Michel ) ( Hiß. lit. med. ) de
U congrégation de la doârine chrétienne , grand Jan-
fénifte , aumônier de la ducheffe de Lefdiguières y
appelîé par M. Boffuet à Meaux , pour y être théologal
, fut chaffé de ce diocëfè par le cardinal de Bifly ,
! vraifemblablement parce qu’il etoit Janféniftb ; mais
on en allégua, dans le temps, une autre raifon ; on
prétendit,avoir découvert qu’il étoit de la feéle des
Flagellanç, fit qu’il mettoit en pratique les principes
: de, fa feâe à l’égard des religieufes , fes penitentes.
Morfen 1730. On a de lui des livres concernant la
; direûion , & une vie de M. Duhamel, curé de Saint-
Merry.,
TR I3 0 NIEN, ( Hiß. Rom. ) fameux jurifconfulte ^
■ fut? employé pari Juftinien à mettre en ordre le droit
Romain.. Il vivbit vers le milieu du ftxième fiècle.
! TRIBOULET , ( Hiß. de Fr. ) fou cé'èbre du
’ roiFrançois I , qui méritoit de n’avoir point de foux
!& de prendre des amufemens plus nobles. Le feul mot
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véritablement remarquable qu’on cite de T ri boulet, eft
celui qu’il dit au fujet du paffage de Charles-Quint par
la France en ! 539. Il avoit des tablettes, qu'il appelr
loit le journal des foux ; il y avoit écrit le nom de
l’empereur, plus fou que lui, difbit-il, d’ofer paffer
par la France : que diras-tu donc , lui dit François I
fi je le laijfe pajjér ? Alors, fire , f effacerai [on nom,
& je mettrai le vôtre à la place. Le mot eft plaifant &
hardi : pour jug.r s’il eft jufte * il faut examiner fi
François I pouvoir, fans fe déshonorer, fans fe perdre,
fans foulever contre lui toute l’Europe, fie attirer fur
fa tête la vengeance de tous les rois , arrêter dans
fes états un prince qui n’y paffoit que fur la foi des
traités, qui en cela donnoit à fbn rival une marque de
confiance affez noble , fie qui n’avoit pour toute dé-
fenfe que cette confiance même, l’état de foibleffe. où
il fe préfentoit en France , la génerofité de François 1,
ou plutôt fa juftice & fon intérêt bien entendu.
Dans les contes de Bonaventure des Perriers, la
féconde nouvelle concerne trois foux de François I ,
nemmés Caillette , Triboulet fie Polite , fie la 98e.
roule toute entière fur Triboulet. Ces trois hommes,
tels que des Perriers les repréfonte , étoient plutôt
des idiots que dos foux. Des Perriers, valet de chambre
de la reine de Navarre , étoit fon amufeur à gages,
comme ces trois hommes l’étcient de François I.
Peut-être envioit-il leurs fuccès ; car il dit que Triboulet
étoit plus heureux que fdge : il finit par être plus
fou qu’eux, puifqu’il fe tua dans un accès de phré.é-
fie : mais s’il lés a peints au naturel, quel amufement
ces malheureux pouvoient-ils procurer à François I ?
L’auteur du mot fur le paffage de Charlos-Quint par la
Franc,e , peut-il être reconnu dans un imbécil'e qui
condamne fon cheval à aller à pied pour avoir peté
devant le ro i, qui vend ce cheval pour avoir du
foin, fit ce foin pour avoir une étrille j qui, ayant
fuivi le roi à vêpres à la Sainte-Chapelle , fit voyant
qu’à un filence général avoit fuccédé un grand fracas
de mufique, anffirôt que le célébrant eut entonné :
Deus, in adjutoriurn, ôte., va charger de coups ce
célébrant, parce que, difoit-il, c étoit de lui qu’ci oit
venue toute la noife, 6» qu avant qu’il eût lâché ces deux
mots latins , tout le monde étoit tranquille.
Triboulet avoit été fou de Louis XII avant de
l’être de François I ; c’étoit un effet de fucceftion :
voici fon portrait fait par Jean Marot, père de Clément
;
Triboulet fut un, fou de la tête écorné :
Aufti fage à trente ans que le jour qu’il fut né.
Petit front fic gros yeux , nez grand, taillé à vote ;
( voûte )
Eftomach plat fit long, haut dos à porter hotte ;
Chacun contrefaifoit, chanta, danfa , prêcha , •
Et d e tçut fi plaifant, qu’ onc homme ne fâcha.
TRIBUNAL secret de W estphalie, ( Hifl.
mod.j c’eft le nom d'un tribusal allez femblable à celui
de l’inquifition , qui fut, dit-on , établi en Weftpha-
lie par l’empereur Charlenuagne, fie parie pape Léon
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III. pour forcef les Saxons payens à fe convertir au
chriftianifme. On a une description da ce tribunal
faite par plufieurs auteurs fie hiftoriens, ainfi que l’ordre
fiL les ftatuts des affeffeurs de ce tribunal, appellés
vry graves, fry graves, comtes libres , ou échevins
du faim 6* feçret tribunal de Wcfiphalie.
Une fuperftition cruelle, aidée d’une politique
barbare, autorifa pendant long-temps les jugemens
dandeftins de ces . redoutables tribunaux, qui rem-
pliffoient l’Allemagne de délateurs, d’efpions , d’af-
leffeurs fie d’exécute.uis de leurs après ténébreux ;
les. juges de Weftphalie ufurpèrent une autorité
femblable à celle que s’eft arrogée depuis, le tribunal
odieux que l’Efpagne, l’Italie fit le Portugal révèreilt
encore fous le titre de f oint office. Tl partît en effet
'que c’eft fur le modèle âütribunalfecret de Wejlphalit
que la cour de Rome a formé celui da l’inquifition
fi favorable à les préventions^ fie à l’abrutiflement des
peuples, & fi contraire aux maximes de la vraie religion
fit de l’humanité.
Quoi qu’il en foit, ccs deux tribunaux furent toujours
également propres à anéantir la liberté des citoyens,
en les mettant à la merci d’une autorité fè-
crette qui puniffoit des crimes qu’il fut toujours facile
d’imputer à tous ceux qu’on voulut perdre. En
effet, le tribunal fecret connoiffoit également de tous
les crimes fie même de tons les péchés, puifqu’à la
lifte des cas qui étoient fpécialement de fa compétence
on joignoit toutes les traufgrefîions du deca'o-
gue fit des loix de l’Eglrfe , la violation du carême ,
fi*c. Son autorité s’étendoit fur tous les ordres de l’état
; les électeurs , les princes , les évêques mêmes y
furent foum s , Ôc ne poùvoient en êir.e exemptés que
parle pape fie l’empereur; Par la fuite néanmoins ks
eccléfiaftiques fie les femmes furent fouflraits de fa
jurifdiôHcn ■ cet établiffemént'fut protégé par les empereurs
, à qui il fut fans doute utiie pour perdre
ceux qui avoient le malheur de leur déplaire. L’cm-
\ pereur Sigümcnd y préfida une fois, il fut alors
garni de mille a (fe fleurs ou échevim ; Charles IV en
fut tirer un très-grand parti, & les bourreaux du tribunal
fecret eulknt empêché la dépofition de l’affreux
Wenceilas, s’il 11e les tût ind'fpofés en divulguant
leur fecret. La fuperfti.ion ne fert les tyrans que lorf-
qu’ils confentent à lui être fidèles.
Pour fe faire une idée de ce tribunal , il fuffit de
voir ce qu’en a dit Æneas Sylvius en parlant de ceux
qui le compofoient de fon temps, il dit qu’.ls ont ( f i er
eto s ritus ) & arcana quezdam injlitula3 quibus male-
fatiores judicmt, & nondam repertus efl qui vel pretio
vil tnetu revelaverit ; ipforum quoque fiabinorutn major
pars occulta efl, qui per provincias difiurrentes, cru ni-
nofos notant, & ïnferentes judicip accu fiant, probant que^.
ut eis mos efl. Damnati libro infa ibuntur, & juniorï -
bus feabinis commit titur execuùo, «Ils ont des u fage s
» fecrets fie des formalités cachées pour juger les
» malfaiteurs, fie il ne s’eft encore trouvé perfonne
» à qui la crainte ou l’argent aient fa t révéler lé fe-
» cret; la plûpart des échevins de ce tribunal font
» inconnus^ en parcourant Us provinces, f e pim