
quelques uns ont été publiés depuis, n’avoit été
deftiné à i’imprelfion. Pour a Hurer le bien, M. de
Vauban s'ad relie à celui qui peut le faite, c’cft
pour rinftru&ion du roi qu’il écrit ; il confie à
fa feule bonté, l'intérêt de J’étac ; il croit qu’avoir
montré lé bien à ce monarque , c’eft l’avoir fait.
C ’cft toujours en fujet relpe&ueux & zélé qu’il
eft citoyen , il veut que le bien fe fullc, & ii veut
fur-tout que fon maître en ait l’honneur, il ne
niet pas même entre fon p uple , & lui , cette
opinion publique aujoui d’hui fi puiflante, & qui
ce l ’eft pas encore aflez. Admirons Vauban fans
condamner ceux qui, remplis des mêmes vues ,
relieraient au defl'ous de tant de délicatcflc & de
modeftie.
«« Vauban devenoit, dit M. de Fontcneîle , le
débiteur particulier de quiconque avoit obligé le
public. Tout homme utile à l’état trouvoit en lui
un appui lïïr & un ardent folliciteur ; il épuifoit
pour les autres , ce droit de demander qu’il n’exerçoic
jamais pour lui-même, & c’eft à lui fur-tout qae
Louis X IV auroit pu dire ce qu'il a dit à Bon-
Temps : Demanderez-vous toujours pour les autres ?
La grâce que vous Jollicitez , je la refufe a votre
protégé , & je la donne à votre fils^
Il avoit mille moyens ingénieux & délicats de
partager fa fortune avec les militaires ruinés au
iervice, ou maltraités d’ailleurs par le fort: N'efi-
i l pas jufte ^ difoit-il, que je leur rejlitue ce que
je reçois de trop de la bonté du roi.
Vauban ne connoiflant de grandeur & de dignité
que de fervir & d’être utile, refufa long-tcros
d’èttc élève aux honneurs fuprêmes de la guerre :
Sire j difoit-il à Louis X IV , fi j'a i mérité quel- J
q ic chofe, ne m'ôte% pas ma recompenfe , laifife^-
moi vous fervir. Il prévoyoit que par une de ces
contradictions qui gouvernent le monde, un grade
de plus , c’eft-à-dire une obligation de plus d'employer
tous fes talens au fcrvice de la patrie ,
condamnerait fes païens à l’inadfcion, & qu’il y
auroit des fcrvices & des fnccès qu’on trouverait
au-deflous de fa dignité. Il n’eut pas la fatif.<ftion
de s'être trompé $ après qu’il eut enfin confenti
d’être fait maréchal de France , il demanda de fervir
comme ingénieur fous la Feuillade au fiège de
Turin : je laijferai, dit-il, le bâton de maréchul
a la porte, & j e le reprendrai quand nous ferons
dans la place. C ’eft ainfi que Scipion , vainqueur
d’Annibal, avoit voulu fervir fous fon frère encore
fans gloire & fins expérience ; c’cft ainfi que
Bouflîers, plus généreux- encore , combattit à Mal-
plaquet, fous Viilars fon cadet dans le commandement.
Ch amillart , beau-père de la Feuillade , fit rejetter J
l’offre de Vauban, pour qup fon gendre eut fcul
l’honneur de la prile de Turin, qu’on croyoit
avoir afluréeà force de dépenfes , & pour laquelle on
avoit efpéré pouvoir fe paffer de talens. L ’événement
répondit à de telles vues 5 des ordres de Ver&illcs , 1
enchaînant. la valeur des françois dans leur camp
devant Turin, ce camp fut forcé, Turin délivré,
& les françois chaffés de l’Italie.
Tous les courtifans fe vantoient d’aimer Louis XIV,
Vauban ne fe vantoit de rien , mais il l’aimoit
véritablement. Son relpcél & fon amour pour ce
grand roi alloient jufqu’à ne foupçonner aucune
injuftice dans aucune de fes guerres , *il les attribuait
toujours à lajiloufîc , aux mauvaises intentions
des ennemis. Horace délirait que les illufions
de Xamour s’étendiflent jufqu’à l’amitié, qu’une
heureufe erreur noùs fermât Ls yeux fur les dé-
f îuts d’un ami, comme fur ceux d’une inaitrefïè ,
6c que cette erreur s'appelât vertu. On pourrait
étendre ce voeu jufqu’à l’amour de la patrie & du
prince. Plut à Dieu que dans les monarchies , un
bandeau patriotique pût nous dérober ainfi les
torts & les défauts des fouverains , & ne nous
iaifler voir que leurs vertus 6c leurs bienfaits.
La foule des courtifans fe partage entre Colbert
& Louvois , 6c les amis de l’un font les ennemis
de 1 autre j Vauban n’eft ni leur ami ni leur ennemi,
il refpe&e en eux, deux grands miniftres, & tâche
de les réunir pour le bien public ; il ne voit point
les cabales, les intrigues, le choc des petits intérêts
, il ne voit que le bien public, & marche
droit vers ce but à travers tous les obftacles 5 une
confîdération univerfellc eft le prix de cette conduite
; Colbert ne fait rien fans -confulcer Vauban.
Louvois qui traverfoic Turcnnc , qui protégeoit ,
mais qui humilioit Catinat, qui opprimoit Luxembourg
, honore Vauban 6c défère à fes avi6.
Les plus intimes amis de Vauban étoient Catinc t
& Féuélon, ces trois hommes admirables unifToient
leurs talens 8c leurs lumières pour l’inftruétion des
mairres du monde, & le bonheur de la fociété.
Ils formoie t comme un triumvirat de gloire & de
bienfaifance , digne d’expier ces triumvirats de fane
6c de fureur qui fouillent l’hiftoire romaine 6c l’hiL-
tdirc de France.
Un citoyen moins connu , mais occupé comme
c.ux 4 * bien Public » Bois-guillebert mérita auflï
1 amitié de Vauban ; cette Jiaifon & des ouvrages
du même genre lui ont fait attribuer le livre de
la dime-royale , c’eft une erreur ; cét ouvrage eft
véritablement de M. de Vauban fous le nom
duquel il a été imprimé ; on en trouva dans les papiers
de M. de Vauban , plufieurs copies corrigéest-de fa
main. On a. prétendu que le projet étoit impraticable}
mais qui pourra fe rendre le témoignage
d avoir plus médité que Vauban fu r ie bien qu’on
peut faire ?
On citoit le .fuffrage de M. de Vauban , comme
un titre à l’eftime publique.
De fa vertu , Vauban même fait cas,
dit Roufléau.
Un dernier trait particulier de fon cara&ère, (
c’eft un genre de courage qui manquoit a prefque
tous les héros de fon tems, celui de dire la vérité j
Vauban'étoit courageux à VeifailLs comme dans
les camps : « il avoit pour la vérité, dit Fontenelle,
une paillon prefque imprudente & incapable de
ménagement. « Ce noble devoir de dire la vérité
aux rois fembleroit être le droit & la récompenfe
naturelle de ceux qui ont bien fervi l’état 5 mais
tel a prodigué fon fang dans les combats, qui jamais
à la Cour 11’a ofé rifquer de déplaire.
Vauban né le 1 mai i t f jj , d’une bonne famille
du Nivernois , qui pofledoit depuis plus de 150 ans,
la feigneurie de Vauban , mourut le jomars 1707,
VAUCANSON , ( hift. des fciences & des arts )
machinifte fi connu par fes phénomènes de mfoha-
lîique , dont il fuffic de rappeller ici les principaux
, tels que le Auteur automate , le canatd
mangeant 6c digérant , le joueur de tambourin
jouant une vingtaine d’airs ; des moulins pour la
l'oie, des tours à la tirer , 6cc. Quelques - uacs
de fe-5 inventions économiques forent eejetcécs,
foit par efpric de routine, foit par la crainte de
rendre inutiles une foule de bras. Cet homme
finguliei étoit né à Lyon, vers le commencement
de ce fiècle, il mourut en 1785. Il étoit
de l’académie des fciences.
Le hardi Vaucanfon , rival de Promcthéc ,
Sembloit, de la nature imitant les raiforts,
Prendre le feu des Cieux pour animer les corps-.
V oltaire.
V À U C E L , (L ou:s Paul du) ( hifi. litt.mod.j
Auteur janfénifte , qui fervo t de fécrétairc au célèbre
évêque d’Aleth, Pavillon j il étoit d’ailieurs chanoine
f6c théologal de la cathédrale d’Aleth. La >art qu’il avoit eue par fes écrits à l'affaire de
a régale , le fit exiler à Saint - Pourçain en Auvergne.
En 1681 il palTa en H.llande, auprès
de M. Arnould, 3c celui-ci l'envoya faire les affaires
des janfeniftes, à Rome , où fe trouvoit
de cerns eu tems des papes q ui leur étoient favorables.
L’abbé du Vaucel mourut à M.ieftricht en 171$.
Outre ceux de ces ouvrages qui ont paru fous
le nom de .l'évêque d’Aleth j on a de lui un traité
de la régalé, qu’on a traduit en italien & eu latin,
le des coniidératicns fur la doéhine de Molinos ,
c’eit-àr-dirc fur le quiétiime.
V AU D ÉM O N T , ( voyez L orraine ).
V AUG E LA S , (Claude) ( hifi. litt. mod. ) fon
jttom de fa m lie éroit Favre, en laàn Faber. Son
père Anti ine Fabre, né à Bourg en Brefle,
en «J57 , mort en 1^x4, éroit aulfi un homme
diftingué par Ion mérite, cétoit un junfconfultc
très-favant, comme le prouvent dix volumes in-foli#
de fes oeuvres. Il avoit été füccelfivement juge-
mage de Brefle , préfident du génévois pour M. le
duc de Nemours, premier préfident du fénat de Chambéry
, 8c gouverneur de Savoie. Il refufa, par attachement
pour le duc de Savoie , la premièie prélî-
dence du parlement de Touloufc, que Louis XIII
lui offrit. Ce fu; lui qui négocia le mariage de madame
Chriftine de France , (oeur de ce prince, avec
le prince de Piémont, Viétor-AméJée. Outre fes
ouvrages de droit, on a de lui une trag die, intitulée
: les Gordiens ou 1’-ambition.
Claude , feigoeur de Vaugelas, fon fils, étoit
né aulfi à Bourg en Brefle. Il vint de bonne heure à
la cour de France , où il fut gentilhomme ordinaire
, & depuischambdlrn de Gafton duc d’Orléans,
au fervice duquel il fe ruina, l ’ayant fuivi à fes
dépens dans coures fes courfes hors du royaume.
Louis XIII lui avoit donné , en 1619 , une p nfion
de deux mille livres , cette penfion qui avoit celle
d’être payée à caufe du malheur des.tems, elle
fut rétablie par le cardinal de Richelieu qui
comptoit principalement fur Vaugelas, pour le
trava-1 du di&ionnairc de l’académie françoife ; ce
fut à certe occafion que le cardinal dit à Vaugelas
: vous n oublierez pas, du moins , dans le dictionnaire
, le mot depenfion , & que Vaugelas répondit,
non , Monfeigneur , & encore moins celui de recon-
noijfance. Il étudia toute fa vir la langue frànçoUe , 3c il en étoit devenu i’ arb.tre , fon autorité faifoit loi.
Elle a , d’une infolence à nulle autre pareille t
Après trente leçons, infulté mon oreille
Par l’impropriété d’un mot lauvage & bas ,
Qu’en termes décififs condamne Vaugelas«..
IL eft vrai que l’on fue à fouffric fes difeours ,
Elle y met Vaugelas en pièces tous les jours....
Qu’importe qu'elle manque aux loix de Vaugelas,
PoarYuqu’à la cuifinc clic ne manque pa« 1....
Vaugelas n’apprend poi .t à bien faire un potage..
Et voilà qu’on la chaffe avec un grand fraca*
A caufc qu’elle manque à parier Vaugelas.
Il travailla tiente ans à la traduction de Quinte-
Curce, qui parut en 1^47 , 6c qui pafle p.mr le
premier l.v»e f ançois écrit correétemenr : on remarque
qu’elle contient peu . d’expcclfions & de
tours qui aient vieilli. Elle fut long-tems le dé-
fefpoir de tous les écrivains} Balzac d.f -»t que
l'Alexandre de Quin e-Curce, étoit invincible , 6c
que celui de Vaugelas étoit inimitable. On rroit
aujourd'hui , fans témérité , ref aire cette traduction,
& q uelques écciva ns modernes l’ont tenté.
Il en eft de même des remarques f r la la ngue fran-
\ çoife du même Vaugelas , auxquelles on a joint
1 d’autres remarquas ou coi fi iuati'es, c-u contraires ,
J de Tjioibü Corneille , K de «jati^ucs aut.es. Ce