
tout étonné du fuccès de fa recommandation 5 eft-ce
qu iis le recevront ? ils le reçurent. Us en furent hon-
.leux, ex. le directeur qui faifoit la cérémonie de la
réception , Barbier d’Auqourt, eut. foin de lui faire
entendre qu ,1 avoit dû les fuffrages de l’académie'à
la feule recommandation de Monfieur ; le fucceffeur
de Mauroy, l’abbé de Louvois, dit auffi à l’académie :
vous l avici reçu d'un prince à qui les csurs des
franco,s ne pouvaient rien refufer. L’abbé Jallemant,
qui repondoit a l’abbé de Louvois , borne de même
, tout le mérité de l’abbé 7V/?« de Mauroy à des
qualités morales ; ainfi , la mémoire de Monfieur
relta chargée; de ce mauvais choix; mais l’exaâe
T rite eu quil ne 1 avoit ni déliré ni efpéré ; qu’il
avoit^cru remplir un devoir de maître de maifon
qu il s en etoit rapporté à l’académie du foin de remplir
1« lien , qui etoit d’élire te plus digne , mais que la
prompte iervttude dés académiciens alla au-devant
des chaînes , qu’on ne fongeoif pas même à leur
onner ; ce fut une mépriie & une lourde méprife,
tarie degre de déférence que des élefleurs libres peu-
venr devoir a des tollicitations qui fuppofent toujours
les taftrages engagés an plus digne. Ce qu’il y a d’alfez
remarquable , c’eft que Racine & Boileau même
trempèrent, dit-on, dans le complot ( car c’en fut un )
de 1 élection de l'abbé de Mauroy, c’eft qu’il
isagiuoit dexclure FonteneUe, ennemi de Racine, à
W m de, Corneille , fon oncle, & de Boileau , à
caule qu il n’admiroit pas affez les anciens tels font
les excès- où les: pallions & les préventions précipitent
jes plus grands hommes.
X ’aMié Tejlu de Betval avoit de l’efbrit , &
pailoitdans fon temps pour avoir quelque talent; il
avoit prêche avec fuccès à. la cour ; fes vers chrétiens
ont de la douceur & de la facilité, mais point de
poefie. On a de lui des noëls, dans l'un dëfquels fe
prouvent c.es petits vers antithétiques :;
L ’Eternel a pris naiffonce £
JL impaiïihie eft tourmenté ,.
Le verbe ëft dans Je fiJence
Et Je foleil. fans clarté.
Oui reffemblent beaucoup ï la première ftrophe de
«hymne : jhupete pentes.
Fit Deus Hojïia-.y.
Se .fponte legi legi fer obligat,
Orbis redemptor nunc. redemptus ,,
Seque piat fine, làbe Mater.
^ e'^ c®n(^ dbbë'Tejlu etoit dévore- dé l’ambition
eetre eveque ; mais Louis XIV déclara qu’il ne le
trouvoit pas affez homme de bien pour conduire lés
autres. Sire , répondit madame d’Hudicourt qui
o icitoitpour lui f i l attend, pour le devenir, que, vous
l.aye% fait évêque.,
Son ambition n’etant point fatisfaite, il étoit rongé
Videurs y maladie, d autant plus a fjr eu fedifoit-un
philofophe vaporeux, ( l’abbé Mongault) ou'elte fais
voir tous les objets tels qu'ils font. Le marquis de Saint
Auiaire , taçcefteur de l’abbé Tellu à l’académie r in-
lmue qu il abufoit de la facilité de parler, aux dé-
pensdes droits naturels de la convcrfction ; il domiV
non fur-tout à l’hôtel de Richelieu, & dans la fociété
de madame de Montefpan & de fes foeurs : c’étoit
lui qui difojt que madame de Montefpan parioit
» comme une perfonne qui lit ; madame de Thianges ,
» comme une perfonne d’efprit qui rêve , & madame
57 Abbeffe de FôntevrauJt, comme une perfonne qui-
» parle. ,■ ;
Madame de Sévigné parle pîufieurs fois & affez
avantageufement de cet abbé Tejlu.
Nous avons parlé à l’article Lamoignon , du refus
fou d’une place à. l’académie Françoife , d’après des
conjonctures particulières par M. le préfident de
Lamoignon * fils du premier Préfident, & père du
chancelier. On n’a jamais fu parfaitement les raifons
a? Ce re^US * ^ on *es %nore nl®me dans fa famille.
Meffieurs de Lamoignon ont feulement fur cette af-
£aire des lettres affez cùrieufes de Tourreil , alors
directeur de 1 academie ; de l’abbé de Choify, chan?
celier ; de Regnier Defmarais, ftcretaire ;. de Defo
préaux , & fur-tout de l’abbé Tejlu. Il en réfulte que
Tourreil ,. Regnier Defmarais & l ’abbé Boileau-
avaient répondu à l’académie que M." de Lamoignon
accepter oit, quoiqu’il eût toujours dit qu’il avoit des
raifons. effentielles pour refufor cet honneur.
On voit par les lettres de ces académiciens,. que
Tourreil & l’abbé Tejlù tous deux.amis de la maifon:
de Lamoignon, étoient fort ennemis entre eux. L’abbé
Tejlu , qui avoit long-temps défiré que M. dé
Lamoignon, fût de l’académie,. ne le defiroit pas dans
çette occafion ,. foit qu’il s’intéreffiât pour l’abbé de
Chaulieu qu’un, grand parti, vouloit exclure , foit par
d autres, raifons-for lefquelles on ne trouve rien dans
; les lettres^mais il y engage fortement M. de Lamoignon
à peruiter dans fon refus il trouve fort, mauvais que
, dans là lettre dexculè a l’academie , M. de Lamoignon
. c°nferve des ménagemens pour ceux qui avoient répondu
qu'il accepteroit, & qui par là,, dit-il ,1 ’avoient
compromis ; il n’oublie rien, pour irriter contre eux
M. de Lamoignon. Tourreil,.de fon.côté.-, fit contre
l’abbé Tejlu , au fujet de ce refus.de M. de Lamoignon,
une epigramme dans laquelle, après avoir peint l’abbé
Tejlu comme un énergumène intrigant, portrait que.
ceux- qui avoient connu l’abbé Tejlu , difoient être
fort^ reffemblant, & qui paroît juftifié par les lettrés
de 1 abbe * il fuppolè que M. de Lamoignon difoàt
a l’abbé:,
: Tirez*-moi dé fouci ;
cette A c a d ém ie ..,.., en êtez - vous auffk?
< æ *1 ^U'S 5 mc* ’ fans doute & j’y régente en maître.
Suffit, dit Lamoignon, je n’en veux donc plus être..
TETE-PLATE , (TTijll et Amérique. ) nom français
qui répond a celui (xbmagnas , dans la langue du
■ roti j, & à celui de, çamberasdans, la langue du
Bréfil. Les peuples qui habitent le long de la rivière
des Amazones , ont la bifarre coutume de preffer
entre deux planches , le front des enfans qui viennent
de naître, & de leur procurer l’étrange figure applatie
qui en réfulte , pour les faire mieux reffembler , difent-
ils, à la pleine lune. Le plus difficile à comprendre ,
c’efl: qu’il n’en réfulte pas des dérangemens confidéra-
Jbles dans l’organe du cerveau. ( D . J. )
T ête-ronde , ( Hijl. d Angle t. ) fobriquet qu’on
donna fous Charles I. en 1641 au parti du peuple,
qui vouloit exclure les évêques de la chambre haute.
Les apprentis de pîufieurs métiers qui coururent
cette année dans Londres & dans Weftrnunfter , en
criant , point d*évêques , portoient alors leurs cheveux
coupés en rond. La reine voyant dans la foule
de ces apprentis, un nommé Barnadiflon, fe mit à
dire ,oh , la belle tête-ronde ! Telle eft l’origine du
nom de tête-ronde qui fut. donné aux parlementaires
de la chambre baffe , comme le nom de cavalier
fut donné aux partifans du roi. Ces deux fobriquets
durèrent jnlquau rétabliffement de Charles I I , qu’ils
furent changés peu-à-peu , en ceux de Torys &
LWhigs. ( D. J )
TETRICUS , ( Hijl. Rom. ) ( Publius Pefurius )
eft au nombre de ces empereurs qu’on appelle tyrans,
parce que l’empire ne leur eft pas refté. Sous l’empire
du foible Gallien au trpifième fiècle, il s’éleva une
foule de ces tyrans. Une femme, nommée Viélorine ou
jViétoire, ( Aurélia Viêlorina )h éroïne de ce temps, ne
pouvant prendre l’empire pour elle-même, eut le crédit
de le donner plus d’une fois, & pour refter le plus près
qu’il étoit poffible de la couronne Impériale , elle prit
le titre à’Augujla. Les légions à la tête defquelles elle fe
mit avec courage, & auxquelles ellefut infpirer la plus
grande confiance, lui donnèrent un titre dont elle
dût être encore plus flatée ; elles i’appelloient la mère
■ des armées / elle fit élire empereur Viéforin y fon
fils, qui la laiffa régner mais cet empereur , allez
peu digne & de là. mère & de l’empire, ayant été
tué par un mari dont il avoit féduit la femme,
•Vi&orine fe hâta de foire proclamer empereur Lucius
Aurelius Viéforinus, fils unique de fon fils, & qui
l’auroit encore bien mieux laiffé régner , mais cette
proclamation s’étant faite fans le confentement de
Farmée, les légions quï prétendoient avoir le droit
èxclulîf de nommer Tes empereurs , regardèrent celui-
ci comme un intrus & le maffaçrèrent : Viélorine
ne fe rebuta pas. N’ayant plus dans fa fomille de fantôme
a placer fur le trône, elle chercha parmi les étrangers
ceux dont elle crut que la pareffe ou la feconnoif-
farice la'fferoit le plus volontiers le pouvoir fuprême
entre fes mains;, elle fit d’abord nommer Lucius Aurelius
Marius, fourfciffeur de profeffion , qui fut tué, deux
jours apres fon éleêlion, par un foldat qui avoit'été
apprenti dans fa boutique , & qui le perça d’une
épée forgée par Marius lui-même :
Non hos queefitum munus in ufius,
Alors YiÛorine » à. force d’intrigues ÿ parvint a
faire décorer de la pourpre Impériale le fénateur
Tetncus , à qui le jeune Tetricus , fon fils , fut
affocié. Ils' furent proclamés à Bordeaux en 2,68 , &C
ils régnèrent principalement dans les Gaules , car
fous Gallien, l’empire fut prefque toujours démembré.
Ce prince, content de régner fur l’Italie, abandon-
noit les provinces à la cupidité des. divers tyrans
qui s’y rendoient les plus forts. Si Viâorine avoit
cru trouver dans Tetricus un homme dont-l’indolente
complaifance la laiiïeroit régner fous un nom d’emprunt
, elle l’avoit mal connu ; Tetricus fut un empereur
& un empereur très—adfif : il fournit entièrement;
les Gaules , il conquit une partie de l’Efpagne , ii
remporta pîufieurs viéloires fur les peuples du Nord ,
qui cherchoient à s’établir dans les terres de l’empire,
La ville d’Autun s’étant révoltée contre lui , il la
réduifit après un fiège mémorable ; il forvécut à
Gallien & à Claude IL Lorfqu’Aurélien/ut-parvenu
à l’empire, il céda d’autant plus aifément à la for.-
tune de ce vaillant empereur, qu’il étoit bien ennuyé
de l’être. En effet, efclave fur le trône où on l’avoit
élevé malgré lui, fatigué par des féditions continuelles,
il n'avoit pas- même la liberté de rentrer dans la
condition privée, il falloir qu’il conferyât une'autorité
toujours bravée par ceux qui la lui avoient donnée;
indigné enfin de cette tyrannie infopportable, il implora
contre lui-même le fecours d’Aürélien ,il leconda
focrétement les fuccès de ce vainqueur en paroiffant
le combattreil lui écrivoit ce que Paiinure dit à
Enée dans les enfers:
Fripe me his, inviolé, malisi
Aurélien l’exauça & le vainquit par pitié. II viola'
toutes les bienféances par ^ vanité qu’il eut de menet'
en triomphe ce Tetricus, un romain , un fénateur,’
unperfonnage confulaire, qui s’étoit fournis volontaire-!
ment à; lui comme à un ami, comme à un libérateur.
Ce moment paffé, Aurélien en ufa humainement
& généreufoment avec Tetricus & fon fils ; non-
feulement il rendit au père la dignité fénatoriaîe y
mais il lui donna une forte d’autorité foü'veralne fus*
la Lucanie & fes dépendances y en lui difant qu’i l
étoit plus beau <Je gouverner un canton de l’Italie , que
de régner dans la Gaule. II prenoit plaifir à lui pro^
diguer les diftinâions ,■ l’appelloit fon collègue , lui
donnoit quelquefois le titre d’empereur. Il combla
auffi- d’honneurs Tetricus■ le fils. Ils liabitoient dans
Rpme une très-belle nîaifon , où ils firent peindre
leur „aventure en mofaïque. On y voyoit Aurélien
leur donnant la robe Prétexte, qui étoit alors l’habillement
des fénateurs , & recevant d’eux les ornemens
de la dignité Impériale. L’ouvrage achevé , ils invitèrent
Aurélien à voir cette- peinture. Ils furent affez
fàges pour renoncer fans regret à leurs grandeurs
paffées, & pour trouver leur bonheur dans une vie
sûre & tranquille.
T E T Z E L , ( Jean ) {Hijl. du Lutheran. ) Do-'
minicain, inquiüteur de la fo i, avoit été chargé psr
l’ordre teutonique, de publier vers le commenc-emen^