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le feul amufement-& àpeu-près la principale occupation
des princes, dans un temps ou les charmes de 5a focieté étoient peu connus, ôc.oû les beaux arts.
Croient peu d’objets dignes attention. Un taureau
làuvage , que TJiéodebert attendoit un épieu à la main ,
& que. fes veneurs pouffoient-de fon coté , rompit
une forte branche d’arbre , qui vint frapper rudement
Théodebert à la tête ; le prince mourut, des fuites de
c e coup en £48» G*eft ainfi du moins qu’Agathias
«conte fa mort; d’autres, auteurs le font mourir de
maladie; cette maladie, que quelques-uns-qualifient
de maladie de langueur, peut, avoir eu pour caufe
l ’accidenfgdoijt parle Agathias.
Les Chroniqueurs l’ont beaucoup vanté , parce
iju’il a beaucoup fait la guerre ,, cè qu’ils eftiment
le plus après les donations faites aux égtifes ; car ,
ces Chroniqueurs étoient des moines. Quelques-uns
lui ont même donné le.furnom de prince; utile, il
ne fut utile à. perfonne, pas même à lui ; il ne fut
point utile à fes peuples , car il les accabla d’impôts,.
& ils s’en vengèrent lur fon minifbe Parthénius.
C Voyeç cet -article. )
On cite de Théodebert un mot remarquable. Il
avoit prêté aux habitans de Verdun, à la prière de
leur évêque , une fbmme dont ils avoient befoin :
lorfqu’au bout d’un certain temps l’évêque rapporta
cette fbmme, Théodebert refufa de la reprendre :
» Nous fommes trop -heureux , dit-il à. l’évêque
*y vous de m’avoir, procuré Tocçafion de faire. du
» bien, & moi, de ne l’avoir pas laiffé échapper,
îîe mot eft beau ; quant à, l’aélipn , pour juger filelle
mérite d’être louée ^il faudroit en lavoir mieux les
«irconftances. Si .ce don.fut pris fur les épargnes-de
Théodebert, on peut lç Louer ; s’il ne fit que prendre
&r fon peuple pour donner à une partie de ce
même peuple, comme en ufent tant de princes à
l ’égard de leurs. courtifans, cette aéfion. eft. loin de
mériter aucune louange.
Théodebert s’étoit montré l’efclave de fès paffions;.,
îl, avoit répudié Wifigarde , fa. femme , fille de
Wachon, roi des Lombards , pour époufèr Deuterie,
dame de Cabrières qui avoit fon mari., que
Théodebert fut forcé*de répudier auffi .dans la fuite;
mas Théadebalde, né de Deuterie, ôi, par. con-
féquent bâtard, adultérin , fuccèda fans difficulté- à
Théodebert^, & fes grands-oncles, .qui -.avoient eflàyé
de dépouiller Théodebert, prince légitime, ne tenté- -
rent pas la même chofe à l’égard de Théodefealde. .
Gefoi-ci mourut, fans avoir rien fait que d’envoyer ou
de la]fTer aller deux-, armées Françoifes périr., en .;
Italie.
THEODEBERT IL ( Théodoric. & leur. race. )
( H ïf. de Fr. ) Childebert, fils de Sigebert , . roi
d’Auftrafie , étjde Brunehaut, mouruten 595-3 lorf- •
qulil feoeblpit vouloir gouverner fans fa, mère. Fai- -
Igube fa femme, qui. eût pu avoir la tutelle de fès _
enfans^& en exclure Brunehaut , mourut auffi prefqu’en -
même-temps. On a dit qu’ils étoient morts, de poifon , •
^ foupçonué Frédégonde ^maispkis- encore
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Brunehaut elle-même, qui n’avoit plus que cè moyen-
de conferver l’autorité.
Théodebert & Théodoric petits-fils de Brunehaut^
partagèrent les états de Childebert leur père, & de
Contran: leur oncle. Théodebert eut l’Auftrafie ,,
Théoderic- la. Bourgogne. Brunehaut gouvernoit ces
deux royaumes fous le nom de fes deux petits-fils ;
mais elle demeuroit en Auftrafie , à la cour de
Théodebert, l’àîné de ces deux princes, ou elle
pourfuivoit ^ le cours de fes violences.. Tous les
grands de ce pays fe foulevant a la fois contr’elle ,.
obligèrent fon petit-fils de 1 abandonner : cette' révolution
fut univerfëlle. Brunehaut, honteufement chaffée
d’Auftrafie , & conduite fur- la frontière, ou on la
laifla feule , fut rencontrée dans la campagne d’Arcis-
fur-Aube par un homme, à qui elle fe fit connoître ,
& qu’elle pria de la mener vers Théodoric, fon autre
petit-fils. Cet homme obéit, .& eut depuis , pour ré-
compenfel’évêché d’Auxerre...
Brunehaut fut très-bien reçue de Théodoric. Elle -
eut bientôt l’âdrefte de fe rendre auffi guiffante en-,
Bourgogne qu’elle l’avoit été en Auftrafie ; mais elle
y fut auffi injufte, auffi déréglée dans fà conduite.
Pours’affurer un empire éternel fur l’ efprit & furies
états de Théodoric , elle s’attacha.toujours à.le rendre
incapable de gouverner» Elle eut foin de l’environner
de concubines' de filles infâmes ; elle l’empêcha •
toujours de prendre une femme légitime,„qui eut pu .
. devenir pour elle, une rivale de crédit & d’autorité.
Pour l’àpprivoifer plus aifément avecle vice, ..elle lui .
en donna, l’exemple ; elle fe proftituoit aux jeunes .
gens, de la cour ; fa puiffence fuppléant, pour les,*
attirer y » ce que l’âge avoit pu.lui ôter d’âgrémens..
Les enfans de Childebert . depuis .; qu’ils -étoient
montésr-fur le trône , avoient prefque toujours été en
guerre contre Clotaire leur coufin, fils : de Chiipéric
ÔL de Frédégcmde & qui eft le roi Clotaire II.
• (Toyeç-fon article. ) Ils firent la paix avec Clotaire, ,
. pour fe détruire.Pün l’autre.,
Ils y étoient excités par Brunehaut, qulne pou voit?
pardonner à Théodebert l’affront qu’il lui avoit fait, de .
confentir à fon expulfion de l’Auftrafie, Ellé ne ceffoit,
d’animer Théodoric contre lui : » Que ne demandez->
» vous à. Théodebert, difbitrclie, les tréforj de votre
” père , dont il s’eft emparé ? Vous favez qu’il n’eft -,
» point votre frère , & que c’eft. le fils d’uu jardr—
n- nier jv Théodoric fentoit fa cupidité s’enflammer
par ce difcours; la guerre efbréfolue. Les armées étant -
en ;Préfence » - & prêtes d’en venir aux mains, les
chefs de l’armée de Théodoric eurent horreur de'
voir une ayeule animer fes petits-fils à s’égorger l’un ■
l’autre : ils obligèrent ces frères de faire la paix ; mais
Brunehaut ne put fouffrir qu’elle durât long-temps. 11$
reprirent les armes; (609.) le fort fut favorable à
Théodoric.- II. défit Théodebert• dans, deux grandes
batailles; l’une, auprès d’Andelau ; l’autre,à Tolbiac ,
( 6 i i . ) dans l’endroit même où Cldyis avoit vaincu,
les Allemands. Théodoric pourfuivit Théodebert juf- •
qu.’àiCologne. Le malheureux 'Théodebert y fut pris j,,.
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.& périt, ;.ou par la main de Théodoric -, ou par 'Celle
des habitans de Cologne , qui ne purent éviter qu’à ce
prix le ravage de leurs terres.
Un trait paroît peindre Théodebert. Il avoit époufé,
fans doute par quelqu’intrigue de Brunehaut fon ayeule-,
une Bilicnilde., qui avoit-été efelaye de Brunehaut. Il
s’en dégoûta, &. devint amoureux d’une autre femme,
nommée Teudichilde., qu’il voulut époufer. Il pou-
voit, ou répudier la première, ou avoir deux femmes
à la fois, comme plufieurs rois de fa race ; le barbare
aima mieux poignarder Bilichilde de fa main.
A la mort de Théodebert, les fils qu’il laiffoit-, tous
■ dans l’enfance, furent égorgés, ou de la main de
Théodoric, ou de la propre main de Brunehaut. Un
d’entr’eux , à peine forti des eaux du baptême , eut la
tête écrafée contre une pierre.
Théodoric devint amoureux d’une fille de Théode-
ibert, qui étoit fa .prifonnière , & voulut l’époufèr.
Brunehaut, qui ne vouloit point fouffrir qu’il fe'mariât,
lui repréfenta, pour l’en détourner , qu’il ne lui -étoit
•pas permis d’époufer fa nièce, quoiqu’elle-même elle
eût époufé fon neveu, du moins de neveu de fon
mari , Mérbué’e ; fils de Chiipéric & dfe la reine
.Audouère. Théodoric , déteftant alors les crimes que
Brunehaut lui avoit fait commettre , s’écria , plein
d ’indignation : Méchante femme, l'horreur de Dieu &
.des hommes , ne m avois-tu pas dit qu’il n’étoit pas mon
Jfrère ? Tu mas donc rendu fratricide ? Alors mettant
fêpée à la main, il l’auroit percée , fi on ne l’ eût
dérobée à fà fureur.
La mort de Théodoric fuivit dé près cet emportement
; on croit qu’il Fut empoifonné par Brunehaut,
parce qu’il commençoit à la connoître.
Elle cfpéroit régner encore en Auftrafie & en
Bourgogne, fous'le nom de fes arrières petits-fils,
•enfans de Théodoric : ils étoient au nombre de quatre;
tous nés de concubines.,
Mais l’exemple de Thierry, fils aîné de Clovis,
qui avoit eu fa part du royaume de fon père, quoiqu’il
fût né d’une concubine , -& beaucoup d’autres
exemples pareils, leur étoient favorables. Ces quatre
enfans fe nommoient Sigebert, Childebert, Corbe,
Mérouée. Brunehaut deitinoit l’Auftrafie à Sigebert
l’aîné, âgé de douze ans, & la Bourgogne à Childebert
, âgé de dix. Mais les feigneurs Auftrafiens
& Bourguignons, las du joug de Brunehaut, traitèrent
avec Clotaire ; & Brunehaut ayant voulu tenter le
fort des armes, fon année, au lieu de combattre,
livra les princes à Clotaire. Childebert fèul échappa :
■ >on n’a jamais fu ce qu’il étoit devenu.
A l’égard de fes frères, l’opinion commune eft
que Clotaire fit périr Sigebert & Corbe, & n’épargna
que Mérouée, parce qu’il l’avoit tenu fur les fonts.
Brunehaut fut prife, & menée à Clotaire.
Auftrafiens, Bourgv^gp^ns, Neuftriens, tous les
François étoient afïevnblé$ autour de Clotaire, qui
leur1 demanda juftice des crimes de cette femme ;
.oubliant tous ceux de Frédégonde, fa propre mère.
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Sur l’aCcüfation de Clotaire-, tctis les Franço s
décrièrent, d’une voix commune, que Brunehaut
■ méritoit les plus rigoureux tourmens. Ce fut-là fort
arrêt-: il fut exécute. Elle fut livrée, pendant trois
jours, aux tortures ; promenés enfoite dans tout le camp
fur un chameau-; enfin, attaché à la queue d’un cheval
fougueux, ou, félon quelques auteurs, tirée à quatre
•dievaux. Ses reftes, fanglans & déchirés, furent jette»
au feu. , /
Ainfi fut traitée, à près de quatre-vingts ans , uné
reine , fille Sc mère de tant de rois'; mais auffi une
femme meurtrière, & empoifonneufe de fes propres
enfans-: on Ta comparée à Jéfàbel & à fa fille Athaliej
On prétend qu’elle ne défefpéroit pas de féduire Clo-J
taire, qui-, pour l’engager à fè remettre en fa puif-
fance-, lui avoit fait parler de mariage. On ajoitfe J
qu’elle parut devant Clotaire pompeufement pa ée
comme Jéfabd devant Jéhu, & avec le même fuccis^
Son fupplice fut affreux, fi l’on confidère fon rang
fon sèxe & fon âge. Il fut jufte, fi Ton confidère fes
crimes. ( Voyé\ l’article Bocage, relativement aux:
apologiftes de Brunehaut, & aux foibles raifons qu’fis
ont alléguées en fà faveur. )
THEODORA. ( Hijl. mod. ) Plufieurs femmes dé
ce nom font reftées célèbres, fur-tout -dans l’hiftoire
de l’empire Grec.
i°. La femme de l’empereur Juftiitien. C ’étoft uné
fille de baffe naiffance, & qui s’étoit proftituée publia
quement à Alexandrie & à Confeantinople. Juftiniert
ne l’ignoroit pas; car en étant devenu paffionnémertt
amoureux, il obtint de F empereur Jüftin , dit le
Bouvierfon oncle, la révocation de la loi qui défen»
doit à un fénateur d’époufer une femme de mauvaife
vie. Quelle .fut la conduite de cette femme fur le
trône ? Procope, dans fes Anecdotes, en fait une pein^-
ture affreufe ; mais il l’avoit louée dans fon Rifloire\
Elle mourut vers 4’an 565.
20. T heodora Defpuna, femme de l’empereut-
Théophi'-e. Cet empereur s’étoit marié comme Racine ^
d’après l’écriture-, le raconte d’Afïuérus.
Dans fes nombreux états il fallut donc chercher
Quelque nouvel objet qui l’en pût détacher.
De l’Inde à l’Hellefpont fes efc!aves coururent ;
Les filles de 1 Egypte à Sufe comparurent ;
Celles même du Parthe, & du Scythe indompté }
Y briguèrent le fceptre offert à la beauté»
Theodora, née dans la Paphlagonie, d’un tribun'
militaire, fut FEfther de cet AfTuérus. Elle fit monter,
avec elle , toutes les vertus fur le trône. Reliée veuve
en 842, elle gouverna quinze ans avec la plus grande
fageffe, pendant la minorité de Michel ion fils, ÔC
lorfque ce fils ingrat, dont elle combattait les paffions ,
l’eût reléguée , en 857 , dans un monaftère, il trouva
dans le tréfor royal des fommes confidé ables, amaf->
fées par l’économie de fa mère. Elle vécut & mourut
faintement dans fe retrace ; les Grecs célèbrent fe ffeç
le 11 Février«
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