
4*2 V A R
il etoit vraifemblablement de la même famille que
le confui , comme l’indique la réunion des noms
de Terentius & de Varro. Il étoit né l’an 636
de la fondation de Rome , précifément l’année
feculaire du confulat de Varron & de la bataille
de Cannes. Sa carrière fut longue, il vécut juf-
qu a l ’an 716 , & mourut âgé de quatre-vingt-dix
ans, quelques - uns difent de cent ans , ayant
eu le malheur de voir près d’ un fiècle de guerres
civiles, depuis le commencement de Marius, juf-
qu à la 'réunion de l ’empire romain fous Augufte.
C ’efl au milieu de ces troubles que Varron cu tiva
paifîblemeut les lettres , & devint le plus grau 1
des philologues ; il nous apprend lui-même qu’il
a voit compofé près de cinq cens volumes fur
differentes matières. Il nous en refte deux : le
traité de la langue la in e , adreffé à Cicéron, &
le traité de la vie ruftique , de re rufticâ. Ce
dernier a été traduit en François, par M. Saboureux
de la Bonnette, & fait le fécond vo unie de
fon économie rurale. C ’eft par Cicéion & par
fà nt Auguftin, que nous connoifïons le plu;, le
le favoir immenfe de Varron. 11 parent que fon
plus grand ouvrage é.oit celui des antiquités romaines
en quarante & un livres. Saint Auguftin
nous en a confervé le plan. Le même (aine Auguftin
célèbre la fc.ence de Varron, en divers endroits
de fes ouvrages , fur-tout dans f i cité de Dieu , :
fava nr ouvrage au AT, digne de Varron } & qui j
faifoit les délices de Charlemagne. « Varron ,
d it-il, a tant lu , qu’on ne conçoit pas quM ait
pu trouver le tems d’écrire, & il a tant écrit, qu’on
Ée conçoit pas qu’il ait pu trouver le tems de
lire ». Vdrro tam multa legit, ut aliquid e: feribere
vacajfe miremur y tam multa fer ipfit, qy.am multa
vix quemquam legere potu'rjfe cfedamus. De civit.
D e i , lit). 6. cap. 2. C ’eft qu’il a beaucoup vécu &
qu’il a toujours travaillé , & que d-ns l s tems
malheureux _, ce travail continuel eft encore la
plus douce confol at on* comme l ’occupation la plus
vertueufe d’un citoyen.
C iccron, en s* dr. fiant à Varron lui-même,
fait un bel éloge de fes antiquités romaines. Nous
étions, lui dit il , comme étrangers , comme
égarés dans notre propre vi e ; vous nous avez,
p ur ainfî dire , ramené- chez nous , vous nous
avez appr s qui nous étio s , & où t ous étions.
.Nos zn nofirà urbe peregrinantes errantefque tan-
quam hofpites , tui libri quafi domum reduxerunt 3
ut pojfemus aliquando qui & ubi ejfèmus agnofeere.
Arademv queft. ub. 1. n. 9 . Ce beau mot : tui
libri quafi domum reduxerunt, rappelle un autre mot
p:us beau encore, & un plus bel éloge d’un grmd
homme par =11 autre gr.nd .homme, de Montef-
quieu , pa Voltaire. Le genre humain avoit perdu
fis titres3 Montefquiéu les a retrouvés. -Pu:(Tene
tant d ingrars écolier, de <es deux grands hommes,
p:on er alf z dans leur ecole pour s appercevoir
gue le difeipie n’eft pas au-defius du maître I
v A R
Saint Auguftin remarque avec goût, que Cicéron
en louant dans Varron un elpric pénétrant & un
favoir profond, 11’y loue pas de même l’élégance3
1 éloquence & le talent d’écrire 5 il avoue que ces
derniers talens ne font pas chez Varron, au même
degré que les premiers 5 en un mot, que Varron
eft un favant, & qu’il fauc bomer-ià fon éloge.
Cum Marco Varrone ,. homine 3 inquit , omnium
facile acutijfimo , & fine ullà. dubitation dociijfimo y
non ait 3 eloquentijfimo vel facundijfimo y quoniarh
reverà in hâc facultate multum impar eft. .
Mais ce qui doit encore redoubler l ’étonnement
que tant de produéhons de Varron peuvent: :n pirer^
c eft que 1 auteur 11’a point été somme nos lkvans
modernes , un homine entièrement renfermé dans
fon cabinet ; tout romain éroit homme public.
larron fut guerrier , citoyen, homme d’éiat, il
Pr;t une a fiez grande part aux a H aires publiques ,
& fous ce point de vue il me rite encore d’etre
connu. On dit qu’il renouvela un projet que
Pyrrhus avoit eu autrefois , projet qui a de la
grandeur , & qui en a trop fans doute , celui
d’unr par un. pont l ’Epire avec l ’Italie, vis-avis
l’ancienne Hydruntum , Oci ante. 11 fervit fous
Pompée, daos^ la guerre des pirates, & fervit
avec grande diftinâ on fans doute, puilqu’il reçut
de Pompee , I9. couronne navale, honneur très-
rate chez les romains.
Le meme Varron, édle curule avec Caïug
Murena veis ffjg de Rome 692 , fit t anfporter
de Lacédémone a Rome , un morceau précieux de
peintuie à frefquei on fut également lui pris a Rome
où ce morceau devint le plus bel ornement de la
place publique , & de la beauté de cet e peintuie
& de ce qu’elle avoit pu être tranfportée faine 9c
ertière. Il avoit fallu pour cela prendre les plus
grandes précautions, ailujettir dans des.chaflis.de
! Lois, le mur iur lequel étoit cette peinture, éfc»
L’an 7^3 de Rome, dans le cours de la guerre
ovile entre Céfar & Pompée, celui-ci avoit pour
li menaiv-général, en Efpagne , outre Afanius
& Petreius, un Marcus Varron, qui pourroit être
le lavant Varron, lequel avoit déjà fervi fous lui
dans la guèr e des pirates. L e commandement
part culierde Marcus Varron étoit dans la Lufitanie.
Lorfque Céfar parut dans cette province d’Efpagne
où il avoit exercé la quefture, qu’il avoir depuis
gouvernée en qualité de piopréceur, & qui en
conféquence lui étoit affe&ionnée depuis long-tems,
tout le pays fe déclara pour lui j une des deujç
légions que Varron commandoit, & qui avoit été
levée dans cette même province , quitta Varron
pour^ fe retirer à Hifpalis ( Séville ) place qui
tenoit pour Céfar, Varron fe voyant hors d’état
de Jui réfifter , prit fon parti, il remit aux
lieutenans de Céfar là légion qui Jui reftoit encore
il alla en fuite trpuvcr Céfjw lui-même à
V A R
Cordoue, lui remit ce qu’il avoit] d’argent entre
les mains, avec fes vaifieaux & leurs provifions.
L ’an de Rome 70p, dans le tems des proferip-
tions du fécond triumvirat, le favant Varron fut
proferit comme ayant été ami de Pompée. D’ailleurs
Antoine s’ étoit déjà emparé d’une paitie de fes^biens
du vivant même de Céfàr,1 il eût fallu; les lui rendre,
on trouva plus fimple de le profcriie. Varron avoit
beaucoup d'amis; d'ailleurs il avoit fa gloire, & fi la
gloire fait beaucoup d’ennemis fecrets, elle fait quelquefois
des ami; publics ; on fe disputa l’honneur de
donnerun afyle à un homme tel que Varron, il donna
la préférence à Fufius Calenüs, & rie-craignit
point de confier Ion fort à un ami confiant de
Céfar & d’Antoine. Ca'enus fut fidèle aux droits
de l ’hofpitalité comme à ceux de l’amitié- & fentit
tout le prix de la confiance de Varron , il le reçut
& le cacha dans une inaifon de campagne, où ce
lavant homme s’occupant de fes travaux dans une
fècurité parfaite, voyoit fôuvent Caenus arriver
avec Antoine fon ami, qui étoit bien éloigné de
penfer qu’un proferit de ce nom & de cette importance
fut .fi près de lui logé fous un même
toit. Quand le danger fut paffé il reparut , fa
bibliothèque avoit été pillée, ce fut le feul dommage
qu’îl eût à fouffiir de cette profeription. Il
eft vrai que fa perte d’une bibliothèque eft irréparable
pour un homme de le tres. Pollion, cet
ami des lettres, fi dignement chanté par Virgile &
par Horace, & qui eut la gloire d’avoir le premier
confacré aux lettres une bibliothèque publique ,
Pollion plaça dans ce monument les ftatues des
plus favans perfonnages de l ’antiquité. Varron fut
le feul contemporain , le feui homme vivant auquel
il fit cet honneur, comme dans la fuite le maréchal
de Villars fut le feul héros vivant, chanté dans
la Henriade , & M. de FonteneiLe le Lui
homme de lettres vivant, célébré dans le fiecle de
Louis X IV .
3. Varron, dit le gaulois .(Terentius Varro )
qui parcît encore avoir été de la même famille.
étoit un poète latin, vivant du tems de Jules-Céfar;
par conféquent pendant une partie de la longue
vie du favant Varron. On l’appelloitlegûü/o/j, parce
qu’il étoit né dans les Gaules, à Atace fur la
rivière d’Aude , dans la province de Narbonne.
11 eft auteur d’un poème de bello fequanico , &
il avoit tra !uit en veis latins !e poème des Argonautes
3 d’Apollonius de Rfiode'. Il refte de lui
quelques fragmens dans JLc corpus poëtarum.
V A R T IA S , f. m. ( Hiß moi. ) ce font des
bramines ou prêt-es n liens » qui ont embraffé la
vie monaftique ou cén bitique. Ils vivent en communauté
fous un g ' é n ra' , un provincial & fous
d autres fupérieurs choifis d’entr’eux.
Ils font voeu de pauvreté, de chafteté & d’o-
Déiffance'j & ils Tobfervent avec la dernière ri-
V A S
güeur. Ils ne vivent qne d-aumônes qu’ils envoient
recueillir par les plus jeunes d’entr’eux , & 11c
mangent qu’une fois par jour. Ils changent de couvent
tous les tro s mois. Ils paflent par-un noviciat
plus ou mo;ns long , fuivant la volonté
dès fupcrieurs. Leur regie leur interdit la vengeance
& ils pouffent la patence jufqu’à fe Jaifïcr
battre fans-marquer de reffentimênt. Il ne leur
eft point permis d’envifager une femme. Ils n’ont
d’autre habillement qu’un morceau d’étoffe qui
couvre les parties naturelles, & qu’ils font revenir
par-delfus la tête ; ils ne peuvent réferver pour
le lendemain les aumônes qu’on leur donne. Ils
ne font point de;feu dans leurs çouyess, de peur
de détruiré quelqu’infeéte. Ils couchent à terre
tous enfembie dans un même iiéu. Il ne leur
eft point permis de quitter leur ordre après qu’ils
ont fait leurs voeux: mais on les en chaffe lorsqu'ils
ont violé celui de chafteté. Les vartias ,
fuiyant Thevenot, ont plus de dix mille couvens
dans l ’Indoftan , dont quelques- uns furpafient les
autres en auftérités. Quelques-uns de ces cérobites
ne rendent aucun hommage aux idoles ; ils croient
qu’il fuffit d’adorer l’être fuprême en efprit , &
ils font exempts de toutes les fuperftitions indiennes.
Il y a aufiï des rel’gieufes dans les Indes, qui
ne le cèdent point aux vartias pour les auftérités.
Voye% T h e v e n o t , Voyage des Indes,.( A . R. )
VARUS ( Quintilius ) (Jtifi. rom. ) voyer Far-'
ticle Q u in t il iu s & l’article A lfenus V a r u s .
V A SCO N CE L LO S , (Michel) fjhift. de Portugal)
partugais, créature du comte duc . d’Olivarès ,
premier miniftre de Philippe IV , roi d’Efpagne.
Les rois d’Efpagne, depuis l’ufurpatLon de Philippe II,
règnoient paisiblement en Portugal, ils y avoient
des vicerois. Cet état étoit cenfé. gouverné alors
par la vice reine Marguerite de Savoie, du ch elle
de Mantoue ; Vafconcellos étoit fon fecrétaire
d’état, mais c’écoit lui qui . avoit le fecret du
gouvernement efpagnol, & qui recevoit direclc*
ment les ordres du miniftre Oiivarès; on n’aveit
nuhe confiance dans la vice reine , parce qu'elle
méritoit toute confiance, par les avis pleins d’humanité
, de juftice & de bonne politique qu’elle
donnoit, de ménager le peuple portugais, pour
qu’il regret ât moins fes maîtres légitimes ; 'Vafconcellos,
qui, en bon . efeiave ne donnoit que
des confeils. de tyran , avoir Lui toute la confiance
y ce fut aufli fur lui que tomba toute la
Colère des conjures qui' fecouèrënt L joug de 1 Efpagne
& qui nvrent la ma Ton de Bragance fur le
trône de Portugal le 1 décembre 1.640. Ils s’emparèrent
du palais, entrèrent dans la chambre de
Vafconcellos , qu’ils eurent d’abord de la peine
à trouver , le malheureux avoit pris p«Jr afile
une armoire pratiquée dans l ’épaiiîeur d’un mur,