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-eux con'.mocîîîés^que refiifort la nature; des rafiaux
travailles-a grands frais., conduifent Peau des montagnes
dans des'baffins çkftinés à la recevoir ; des
" jai'dins , des bofcjuets , des grottes pratiquées dans 'les
rochers, pour fo mettre à l’abri -des chaleurs ex-
•celitves cf un climat brûlant-, rendent ces folitudes charmantes.
Les batimens confident en des portiques pavés de
grandes pierres quarrées & polies , en des faües, en
des pavillons qui terminent les angles des cours, &
qui communiquent par de longues galeries ornées de
ilatues ck pierre, & quelquefois de bronze ; les toits
•de ces édifices brillent par la beauté de leurs briques",
couvertes de vernis jaune & verd, & font enrichis
•aux extrémités, de dragons en laillie de meme couleur.
Il n y a guères de ces pagodes oh fon ne voye unê
grande tour ifolee , qui || termine en dôme z on y
•monte par un efcalier qui règne tout autour ; au
milieu du dôme eft d’ordinaire un temple de figure
-quarree; ia voûté eft fouvent ornée de mofaïque, &
les murailles font revêtues de figures de pierres en
relief, qui reprefentent .des animaux & des monstres.
Telle eft la forme de la plupart des pagodes, -qui
font plus ou moins grandes, filon la dévotion & les
moyens de ceux qui ont contribuée lesvcoiïftruire4
I eft la .demeure .des bonzes , ou des prêtres des-ido-
les, qui mettent en oeuvre mille fuperçheries pour
forprmdre la crédulité des peuples, qu’on voit venir
de fort loin en pèlerinage à ces temples confacrés è 4a fuperftitiori; cependant, comme les Chinois, dans
le culte qu ils rendent .à leurs idoles , ri*ont pas une
coutume bien fuiyie, il arrive fouvent qu’ils refoec-
tent peu .& la divinité &i fes miniftres.
Mais le temple que les Chinois nomment le temple
laReçQnno Jfance, mérite en particulier que nous
611 /r^°ns chofo. Ce temple eft élevé fur un
mailif de brique qui forme un grand perron , entouré
® UI*f baluftrade. de marbre brut : on y monte par un
efcalier de ;dix à douze marches , qui règne tout le
long; la falle qui fort de temple, a cent pieds de
profondeur, & porte fur une petite bafe de marbre ,
haute d’un pied , laquelle, en ^débordant, Jaiffe tout-
autçur une banquette lajge de deux ; la façade eft
.ornee d une galerie, & de quelques piliers ; les toîts
( c a r folon la coutume de la Chine, fouvent il y en r
a deux, Pun qui naît de la muraillel’autre qui la
couvre ) , les toîts, dis-je ,font de tuiles vertes, lui—
-famés & vernifTées ; la charpente qui paroît en dedans
, eft chargée d’une infinité de pièces différemment
engagées les unes dans les autres , ce qui n’eft
.pas un petit ornement pour les Chinois. il eft vrai j
que cette forêt de poutres, de tirans, de pignons ,
xîe folives, qui règne fit de toutes parts , a je ne fais
.quoi de fingulier & de furprenant, parce qu’on con-
-£0ît clu y a dans ces fortes d’ouvrages, du travail
ik de la dépenfo, quoiqu’au fond çet embarras ne
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Vieiiné quê de l’ignorance des ouvriers , qui nfong
encore pu trouver cette fimplicité qu’on remarque
dans nos bâti mens européens , & qui en fait la folidité
5 & la beauté •: la falle ne prend le jour que par fos
portes j il y en a tro';s à Porient, extrêmement
grandes, par lefquelles on entre dans la fàmeufe tour
de porcelaine , •& qui fait partie de* 06 temple*
l - D . J . ) * * p
T emples des Japonois , ( ldolat, àJLtlq. ) on
doit diftinguer dans le Japon les temples des Sintoîftes
& ceux des Budfoïftes»
Les feéhteurs de la religion du Sintos appellent
leurs temples , mot qui fignifiela. demeure des âmes
immortelles, & ils nommentjiusja, la cour du mia ,
avec tous les Batimens qui en dépendent.
Leurs mi as ont beaucoup de rapport aux fana des
anciens Romains ; car généralement parlant, ce font
des monumens élevés à la mémoire des grands hommes.
Les mi as font -fitués dans les lieux les plus rians
du pays, for le meilleur terrein, & communément
au-dedans ou auprès des grandes villes. Une altéfl
| large & fpacieufe, bordée de deux rangs de cyprès
1 extrêmement hauts , conduit à la cour du temple, oh
fe trouvent quelquefois plufieurs mias; & dans ce
J cas - la l’allée dont on vient de parler mène tout droit
j aux principaux m as; la plupart font fitués dans un
j bois agréable , quelquefois fur le penchant d’une col-,
j line tapiflee de verdure , ch l’on monte par des marches
de pierre.
L entree de Pallee qui conduit au temple, eft diftin*
r ë liee grand chemin ordinaire par un portail de
| pierre ou de bois d’une ftruâure fort fimple ; deux
i piliers pofés perpendiculairement foutiennent deux
poutres m fos en travers, dont la plus haute eft , par
manière d’ornement , courbée vers ' le milieu , &
s eieve aux deux extrémités. Entre ces deux poutres
j il y a une table quarrée, qui eft ordinairement de
pierre , ou le nom du dieu à qui le mia eft çonfacré
eft écrit en caractères d’or. Quelquefois on trouve
une autre porte fa.te de la même manière, devant
. mia, ou devant la cour du temple , s’il y a
plufieurs mias dans une cour.; à quelque dlftancedu
mia, il y a un baflin de pierre plein d’eau , afin
que ceux qui vont faire, leurs dévotions puiftent s’y
laver. Tout contre le mia , il y a un grand coffre
de bois pour recevoir les aumônes.
Le mia eft un bâûment fimple , fans ornement n i
magnificence, communément quarré , fait de bois,
& dont les poutres font groffes & affez propres.
La hauteur n’excède guère celle de deux ou trois
nommes, & la largeur n’eft que de deux ou trois
braffes.il eft élevé d’ environ ufie verge &. demie au -
deffus de la terre , & foutenu par des piliers de bois.
Autour du mia il y a une petite galerie où l’on
monte par quelques degrés.
t Le frontifpice du mia eft d’une fimplicité qui
répond au refte ; il confifte en une ou deux fenêtres
grillées, qui découvrent le dedans du temple à
ceu*
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ceux qui viennent Lire leurs dévotions, afin cu’fs
fe proifement devant le lieu foc ré ; il eft toujours
fermé , & fouvent il- n’y & perfonne qui le garde.
Le tcît eft couvert de tuiles, de pierre ou de co^*
peaux de bois , & il s’avance beaucoup de chaque
c ;té pour couvrir cette efpèçe de 'galerie qui règne
•tout**autour du temple. Jt diffère de celui des autres
batimens, ên ce qu’il eft recourbé avec plus d’art,
&. compofé de plufieurs couches de poutres, qui,
s’avançant par-déffous , ont quelque choie de fort
fingulier. A la cime du tok , il y a quelquefois
une poutre plus groffe & plus forte que les autres,
pofée'en long , & à fes extrémités deux autres
poutres toutes droites, qui fe croifont.
Cette ftruéfore eft faite à l’imitation, auffi-bien
qu’en mémoire de celle du premier temple ; & quoiqu’elle
foit fort fimple, elle eft néanmoins, très-ingé-
nieufe & prefque inimitable, en ce que les poids &
la liaifon de toutes ces poutres entrelacées, lert à affermir
tout l’édifice.
Sur la porté du temple il pend une groffe cloche
plate, qui tient à une corde longue, forte & pleine
de noeuds z ceux qui viennent faire leurs dévotions
frappent la cloche , comme s’ils vouloient avertir les
d eux de leur arrivée : mais cette Coutume n’eft pas
' ancienne, & on ne la pratiquoit pas autrefois dans
la religion du Simos ; elle a été empruntée du
Badfo, ou de la religion idolâtre étrangère.
Dans le temple., on voit du papier blanc fufpendu
& coupé en petits morceaux, & par-là on veut donner
au peuple une idée de la pureté du lieu. Quelquefois
on place un grand miroir au milieu du temple
, afin que les dévots p.u ffent s’y voir & faire ré-
fléxion, que comme ils apperçoivent très-diftinélement
les taches de leur vifage dans ce miroir, de même
les taches de kur coeur les plus fecretes parodient à
découvert aux yeux des dieux immortels.
Il y a un grand nombre de ces temples, qui n’ont
aucune idole ou image du Càmi, auquel ils font confacrés;
& en général l’on, peut dire qu’ils n’ont point
d’images dans leurs temples, à moins que quelque
incident particulier„ ne les engage à y en mettre;
tels par exemple , que la grande réputation &. la
fàinteté du fculpteur , ou quelque miracle éclataat
qu’aura fait le Cami. Dans ce dernier cas, on place
dans le lieu le plus éminent du temple, vis-à* vis de
l’entrée , ou du frontifpice grillé, une châffe appellsée
fonga, c’eft-à-dire, le véritable temple, & devarit-
cette châffe les adorateurs du Cami fe prçfternent ;
l’idole y eft enfermée , & on ne l’en tire qu’à la grande
fête du Cami , qui ne fe 'célébré qu’une fois tous
les cent ans. On enferme aufli dans dette châffe des
reljques du même dieu , comme fes os ,. fes habits ,
fes épées , & les ouvrages qu'il a travaillés de fos
propres mains.
Le principal temple de chaque lieu a plufieurs chapelles
qui en dépendent , qui font ornées par-dehors
de corniches dorées. Elles font foutenues par deux
Hifoire Tome V,
t e .iyî - 5 m
bâtons pour être portées’ avec \beaucoup de pompe
à la grande fête du dieu auquel le temple, eft con-
facté.
Les ofnemens du temple font ordinairement des
dons qui ont été faits’ en , conféqüence de quelque
voeu, ou par d’autres raifons 'pieufes.
Les temples du Sintos font deflervispârdes laïque?,
qui font entretenus- ou par des legs ; ou par des fub-*
fides, ou par dés contributions charitables. Ces défi*
fer vans du temple font'fournis pour le temporel aux
juges impériaux des temples que nomme le monarque
féculier.
Quant à ce qui regarde fes temples des budfdos',
c’eft-à-dire, des fêdateurs dû pagànifme étranger
reçu au Japon, nous nous contenterons' de remar-
j quer que ces temples ne font pas moins magnifiques
que- ceux des fintoïftes. Ils font-également remarquables
par leur grandeur, par leur fituation charmante
ôe par leurs orne me ns t mais les eccléfiaftiques qui
les, deffervent, n'ont ni proceftions, ni fpeélacles publies
, & ne fe mêlent d’autre chofe que de faire leurs
' prières dans le temple aux heures marquées. Leur fe*
périeur relève d’un général qui réfid'ê à Miaco* Ce
général eft à fon tour fournis aux commiffaires de
l’empereur, qui font proteéfours & juges de tous les
temples de l’empire ; voye^ de plus grands détails dans
•Kæmpfer. J’ajouterai feulement que tous les temples
do Japon reflernblënt beaucoup aux pagodes des Chinois
; que ces temples, font extrêmement multipliés t
& que leurs prêtres font fans nombre ; pour prouver
ce dernier article , il fuffira de dire qu’on compte
dans Miaco ÔC aux environs, 3894 temples , 57093
! prêtres pOur y faire le fervice. ( J. )
T emples , ( Hijl. des Arts ) après avoir parlé des
temples en littérature, il faut terminer ce vâfte fujet
par coafidérer leur mérite <Sc leurs défauts , du coté
des beaux arts. Salomon fit coiiftruire dans la terre
promife un temple magnifique , qui fut l’ornement
& la confolation de Jérufalem. Depuis cette époque
, le peuple choifi a toujours foupiré pour la montagne
de S ion ; mais la décoration de cet édifice n’eft
pas aflez connue, pour que nous puiiftons la faire
entrer dans Thiftoire des goûts.
Oh ne fauroit remonter en ce genre avec certi f
tude, au-delà des Grecs ; l’ouvrage dogmaiieue le
plus ancien que nous ayons dans cet art, eft celui de
Vitruve, qui vivoit fous Augpfte , & qui ne dit
prefque rien dés monumens qui avoient pu précéder
ceux de la Giçce.
Les Grecs n’ornèrent jamais d’enjollvemens de
fculpuire l’intérieur de leurs temples ; les murs ëtoient
élevés perpendiculairement, & voilà tout ; l'enceinte
avoit la figure d’-un parallélogramme régulier ; lés
portes &c les frontons étoient fur les deux petits
cotés oppofés ; i! n’y avoit prefque que le foui
temple de la Vèrtu qui n’eût point de porte de
derrière.
Ces temples qui Ç dans leur fimplicité intérieure
1 pouvoient laiffer à ifefprit le recueillement qu^
Es