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SOLEISEL, (Jacques de)*(Hifl. litt. mod. ) getl-
Fhomme du Forez, né en 16 1 7 , mort en 1600 ,
eft auteur du parfait maréchal, & on difoit qu’il au-
roit encore mieux fait le parfait honnête homme.
SOLIGNAC , (Pierre Jofeph de la Pimpie\,
chevalier de ) ( Hifl. litt. mod. ) s’attacha au roi de
Pologne Staniilas, le fuivit en Lorraine, & fut fe
crétaire pei pétuel de l’académie de Nancy. On a de
lui une hiftoire de Pologne, un éloge hiftorique du
roi Staniilas & d’autres éloges. 11 étoit né à Montpellier
en 1687. Il mourut en 1773.
SOLIMAN , ( Hifl. de Turcs ) c’efl le nom de
trois empereurs Turcs.
1®. Soliman I fils de ce Bajazet vaincu par
Tamerlan , ( Voye% Bajazet) à la bataille d’An-
cyre en 1402, échappa aux dangers de cette bataille,
& fut proclamé empereur par les troupes reliées en
Europe. Il releva l’empire Ottoman , il en reconquit
une partie du vivant même de Tamerlan.
Détrôné en 1410 par fon fi ère Mufa, il alloit implorer
la proteéfion de Fempereur des Grecs, lorf-'
qu’ il fut tué dans un village entré Conffantinople &
Ândrinople.
2°. Soliman 11 fils de Selim I , fut fe plus
grand des empereurs Turcs après Mahomet IL II
recula de plus en- plus les bornes de fon empire
vers l’Occident, il renverfa ces dèux boulevards de
la chrétienté, ces deux écueils de-la puiffance Ottomane
, Belgrade, & Rhodes , où il avoit trouvé
des ennemis dignes de fon courage. CTefl de lui que
Racine a dit t
Nul n’éleva fi haut Ta grandeur Ottomane......
Soliman jpuiffoit d’une pleine puiffance ,.
L’Egypte ramenée à fon obéiflance ,
Rhodes, des Ottomans ce redoutable écueil,
De tous fés défenfeurs devenu le cercueil ,
Du Danube affervi les rives défolées ,
De l’empire Perfân les' bernes reculées ,
Dans leurs climats brûlans les Africains domptés.
Fatfûient taire les loix devant {es volontés.. .
Il fùccéda en iyao , à Selîm j prit Belgrade en
1521 , Rhodes en 1522. En 1526 , il entra en
Hongrie , à la tête de cent-cinquante mille hommes.
, Louis , roi de Hongrie & de Bohême de la
maifbn de Jagellon , Louis qui avoit époufé Marie,.
fbeur de Charles Quint & de Ferdinand , & dont
Ferdinand avoit époufé la fbeur Anne Jagellon ,
Louis livra la. bataille à Soliman II dans les plaines
de Mohacs, près dès bords du Danube la perdit,
& fut fubmergé dans des marais. Le Sultan conquit
en £<52.9- & 1530, toute la baffe Hongrie,, en
. garda les principales places , Cinq églifes , Bude ,
A ’be-royale , Strigpnie , Altembourg, & pourfui-
vant fes conquêtes le long du Danube , alla mettre
le fiige devant Vienne ; mais il fut obligé de
k lever avec perte de foixante mille hommes. Il
s o t
Jura, ën partant, de revenir bien-tôt avec fln api
pareil plus terrible ; il effeélua cette menace en
1532 ; il reparut devant Vienne avec une armée
de trois cents mille chevaux fans compter l’infanterie s
L’empereur lui en oppofa une d’environ deux
cent^mill - hommes. Ces armements épouvantables
ne fervirent qu’à donner à l’europe un fpeélacle fin-
gulier. Soliman arriva trop tard en Hongrie. Il avoit
publié qu’il alloit marcher direélement à l’empereur,
fe mefurer avec lui dans une bataille , & décider
de la deflinée des deux empires ; il ravagea quelques
terres , fe montra & fe retira, fl fembla
craindre l’empereur, qui le craignoit encore plus,
en faifant pourtant bonne contenance. Comme les
Turcs fe retirèrent, on publia qu’on les avoit vaincus
, & Soliman , de fon côté ,. fit fon entrée triomphante
dans Conftantinople , pour avoir , difoit-il
empêché l’empereur de conquérir la Hongrie.
Ce fut avec Soliman II. que François I. fe ligua
contre la Maifbn d’Autriche, devenue plus redoutable
au refie de la chrétienté que l’empire Ottoman.
En conféquence de ce traité , le Corfaire
Barberouffe , devenu le grand Amiral de cet empire
, fit en 1537 , une defeente dans le royaume de
Naple, prit Caftro près de Tarente, courut jufqu’à
Brindes, toujours ravageant & faifant du butin &
des elclaves , & Soliman remporta près d’Effek en.
Hongrie, fur le roi des. Romains Ferdinand I u n e
viéloire fignalée , où l’on prétend que la perte
deo Turcs ne paffa pas deuze ou treize cent hommes, &
que celle des Impériaux fut de vingt-quatre mille
hommes refiés fur la place , fans compter cinq
mille prifomiiers que firent les Turcs.
Pendant que Soliman , fe préparant à cette expédia
tion. , raffembloit fes troupes dans l’Albanie , un
chef de voleurs, nommé Damien, entreprit d’aller
l’afTaffiner dans fa tente au milieu de fon armée 'r
il monta fur un arbre pour obfèrver le coup, il fut
apperçu, on l'arrêta ; il pouvoït alléguer un prétexte,,
il confeffa la vérité, Soliman le fit dévorer par une
bête féroce ; il paroît qu’on n’accuia ni Charles--
quint ni Ferdinand d’avoir fait agir cet aflàflïn.
Mais on accula & même on convainquit Charles»
quint d’avoir fait affafliner les embaffadéurs Rincon
& Frégofè, que François I ënvoyoit, l’un à Constantinople,
l’autre à Venife. Delà naquit la guerre
de 1542 , dans laquelle Soliman fecourut encore la
France fbn alliée. Barberouffe fit avec le comte
d’Enghien ,, en x543 , le fiège de Nice. On prit la
ville , on leva le fiège du château..
Les avantages de Soliman fur les Perles , font de
Tan 15.34;, ceux qu’il remporta en Egypte font du
commencement de fon règne. Il fe rendit maître de
l’Iffe de Chio en 1566. il mourut la même année
1566., le 30 août, au fiège de Sigeth en Hongrie,
place qui fe rendit quatre jours après fa mort. Cet
Empereur eût été trop grand s’il ç% été moins- defe
pQtique ôc moins eruefe
s o l
JSimiùm vobis Romana propago£
Tita potens , fuperi, propria hoec f l donit fuijfent.
. Ce Soliman jetta les yeux fur Roxelane. ( Voyei
l’article R oxelane.)
30. Soliman I I I , fils d’Ibrahim , placé fur le trône ;
en 1687, après la dépofition de Mahomet IV , s’en-;
dormit fur ce même trône, dont la gloire fut cependant
foutenue par le vifif Mahomet -Coprogîi , qui
prit Belgrade d’affaut, rétablit les affaires des turcs
en Hongrie , & fut tué d’un coup de canon a la s
bataille de Salankemen , le 19 août 1691« ( Voye{
l’article C oprogli » vers la fin. )
SOLIN, ( Caius Julius Solinus ) ( Hifl. lu t.
ttne. ) ancien philologue, qui alaiffé une defeription
de la terre. On ne fait pas précifément le temps où
il viybit. Il y a fur cette époque diverfes opinions.
Cet auteur eft ci;é par Saint-Jérôme, il vivoitdonc
.avant la fin du quatrième fiècle. Son ouvrage efl
un extrait de divers auteurs, & particulièrement de
Pline le Naturalifle.
' SOLIS, C Antoine de ) ( Hifl’. litt. mod. ) Poè'te
efpagnol, auteur de comédies, de poëfiès fugitives,,
eft bien plus connu par fon hifloire de la conquête
du Mexique , qui a été traduite en François par
Gitri de la Guette. 11 étoit fecrétaire du roi d’Efpagne
Philippe IV. Il étoit né à Alcala de Her arez, en
1610. Il mourut en 1686.
SOLON , {Hifl. anc.) célébré légiffateur'd*Athènes,
étoit d’ailleurs un des feptfages delà Grèce. C ’étoit
en effet un dé ces hommes fages & doux, qui lavent
fe concilier l’affeélion , l’eftime & la vénération de
tous leurs concitoyens. 11 s’étoit fur-tout attaché à
la partie de la philofophie qui regarde l’art de gouverner
, & il avoit profondément réfléchi fur cet
art. Il étoit aufli brave guerrier que bon politique.
Son efprit de' modération & de douceur l'indiquoit
à fa République , comme le point de réunion des
différens .partis qui la divifoient alors. Les habitans
fe partageoient fur la nature du gouvernement, d’après
la nature du terrein qu’ils habitoient. Les montagnards
toujours & par-tout plus enclins à la liberté, tenoient
pour le gouvernement populaire , les habitans de la
plaine pour l’oligarchie , ceux de la côte maritime ,
défiroient un gouvernement mêlé d’ariftoeratie & dé
démoera.ie. Les pauvres demandoient un nouveau
-partage des terrés, reffource qui ne peut avoir lieu
que dans de très-petits états , - plus femblables à unè
famille qua un empire , encore cette reffource ne
doit-elle y être tentée qu’à l’extrémité , & que dans
dés cas fort rares ,, où plutôt elle ne doit jamais
être tentée , étant contraire à la propriété & à la
juftice. Le partage eft cenfé avoir été fait originairement.
C’efl au travail, à I’induftrie , au commercej,
aux convention^ des hommes à transférer & à varier
les propriétés. D’un autre cô 'é , Ls riches devenus;
■ créanciers des pauvres , les traitoient avec une dureté j
qui avoit fouvent pouffé ces derniers à- la révolte,.
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Solon n’avoit.prîs part ni à la dureté .des riches ni
à la révolte des pauvres. H fut nommé Archonte,
on le chargea.de concilier tous ces divers intérêts;
agréable à tous , aux riches comme -riche lui-même ,
aux pauvres comme homme de bien, tous le prirent
pour arbitre & pour légiflateur. 11 eut pu fe faire
R oi, s’il eut voulu & fes amis l’y inyitoient ; il
réfifta eonftamment à leurs inftances.
Il n’alla point jufqu’à propofer le partage des terres;
il n’ofa défobliger les' riches à ce point, mais une
loi expreffé déclara quittes tous les débiteurs & libres
tous ceux que leurs dettes avoient forcés à fe vendre
eux-mêmes. La dernière partie de cette difpofition ,
( celle qui affranchiffoit les débiteurs efclaves ) etoit
jufte & conforme à l’humanité ; celle qui annulloif
les dettes étoit évidemment inique.
Solon eut encore te malheur d’être trahi dans cette
opération par ceux de fes amis auxquels il en confia
le feeret,- pour qu’ils l’aidaffent de leurs con-
feils; ceux-ci fachantce qui alloit arriver, s’emprefsè-
rent d’emprunter fecrétement de fortes fommes avec
lefquelles ils firent de grandes acquifitions en fonds^
de terre ; ces acquifitions leur refterent, & la loi qui
furvint annulla leurs dettes. Une telle infidélité méritoit
qu’au moins oh privât du bénéfice de cette loi ceux
qui en avoient ufé ainfi j c étoient des banqueroutiers
frauduleux. On crut Solon cornphce de leur fourberie ,
quoiqu’il n’y eût aucune part. C’êtôit à lui à faire
ceffer ce foupçon,en dénonçant lui-même les traîtres,
puifqu’il les connoiffoit.
On eft étonné qu’un homme aufli impartial que
nous avons repréfenté Solon , ait flétri l’impartialité
par la loi qui obligeoit à prendre un parti dans les
diffenftons civiles , & qui déclaroitles neutres infâmes ,
les dépouilloit de tous leurs biens , & les condamnoit
au banniffement perpétuel. Les partifans de cette loi
encore injufle ,-difent qu’il vonloit par-là punir l’indifférence
& l’infenfibiùté aux maux de la patrie. Ils
ajoutent une autre r*ifonfort ingénieufe , mais un peu
tirée. Il avoir ob^fvé , difent-ils, que les riches, les
puiffants , les ftges même & les gens de bien, étoient
les plus réfe'vés à s’expofer aux fuites runeftes des
troubles civils , Toit parce qu’ ils avoient le plus à
perdre t foit parce que le zèle feul du bien public eft
un r^ff°rt naturellement moins aélif & moins puiffant
qu- la pâffion qui anime les faÔHeux. Or , fi- fes
gens bien intentionnés & intéreffés jufqu’à un certain
point à . la bonne caufe , prenoient le parti de la
neutralité par la crainte de l’événement, cette efpèce
de défertion pouvoit donner trop d’avantage aux
méchans , & faire triompher l’audace & la violence.
Mais n’eft-il pas à craindre qu’en forçant ainfi tout
le monde à fe déclarer, on ne fortifie, aufli le mauvais
parti par l’acceffion , i°. des irréfoius qui fe détermineront
au hafard & par la feule néceflité de fe
déterminer; 2e. des gens timides qui fe détermineront
même contre leur confidence , en faveur du parti
qui leur paroitra le plus fort. Cette loi n’eft-elle pas
: propre d’ailleurs I entretenir f » enfîamsîef les