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à l’églife pour appaifer fa colere. Après avoir con-
iacré l'es aim:s aux progrès de la religion dans les
contrées du nord encore idolâtres, Sucnon les tourna
contre Canut, gagna fur lui trois batailles célèbres;
Canut s’enfuit à la cour de l’empereur , dont il fe
confefl'a erre le vaffal afin d’intérefier l’ambition de
ce monarque à le placer fur lè trône de Danemarck.
L’empereur attira Suenon 6c Waldemar à fa ccur
l ’an 1153 , fous le prétexte féduifant dunaccommodement.
Mais il les força de fe reconnoître valfaux de
l’empire comme Canut l’avoit fait. Quel que fût le
roi de Danemarck , peu importoit à Frédéric pourvu
qu’il lui rendît hommage. Les princes réclamèrent
bientôt contre un traité que la force leur avoit arraché
; Suenon de retour en Danemarck , fit avec
Caniit une paix firrulée qu’il viola prefque aufîitôt.
.Waldemar indigné de fa perfidie > abandonna fon
parti 6c fe jetta dans celui de Canut. Suenon voulut
faire arrêter Waldemar , mais il ne trouva point de
foldats allez hardis ou aflez médians pour olèr porter
leurs mains fur un prince fl généreux & fi brave.
La guerre fe ralluma , Suenon vaincu alla mendier
des lècours chez les peuples volfins, fe fit reconncître
par ces mêmes nations qu’il avoit opprimées au nom
d’un Dieu de paix , 6c trouva aflez de force pour
recouvrer une'-partie de fes états ; mais il fallut en
céder Sa plus belle moitié pour conferver le refie.
Le royaume fut partagé -, & Waldemar fut l’arbitre
du partage. Le fombre 6c perfide Suenon réfolut
d’aflâfîiner deux concurrens qu’il n’avoit pu vaincre.
Les miniflres de fa vengeance égorgèrent Canut ;
mais l’intrépide Waldemar fe fit jour à travers les
afïallans , leva une armée , 8c préfenta la bataille
à Suenon qui périt dans la déroute de fon armée l’an
1157. C’étoit un de ces rois que le ciel donne dans
fa colère , cruel par penchant, commettant quelquefois
par plaifir des crimes dont il n’attendoit aucun
fruit ; fans reçpnnoiflance pour fes amis , fans refped
pour les loix. Son nom devint fi odieux qu’après lui
aucun roi de' Danemarck ne voulut le porter. ( M,
DE SACY. )
SUERCHER I , ( Hifl. de Suede. ) roi de Suède,
fut le premier qui fit bâtir des monaflères dans la
Suedë 8c les peupla de moines étrangers. La Suede,
long-temps barbare , lui fut long-temps gré de cette
inflitution. Suer cher avoit pour Jean fon fils cette
tendreffe aveugle dont les effets reffemblent fi fort
à ceux de la haine. Son indulgence plongea le jeune
prince dans les plus infâmes débauches ; il viola la
femme & la foeur d’un feigneur Danois : une guerre
fanglante fut la fuite de ce crime. Jean, périt en
brave fcélérat, 8c Suercher fut affafliné l’an 1144.
C ’étoit un prince bon , maisfoible, qui ne fut gouverner
ni fes états, ni fa famille, ni lui-même. ( M.
d e Sa c y .
Suercher II , roi de Suede. Il étoit fils de
Charles Suercherfon. Cette famille fut cruellement
perfécutée pàr Canut Ericfon. Cependant Suercher
lui fuccèdavers l’an 1192. , 6c fut contraint de dé-
figner pour fon fucceflèur Eric, fils de Canut. Mais
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il .ne le laifla quelque temps tranquille dans fa retraite
que pour lui porter des coups plus sûrs. Tous
les defeendans de Canut furent maflacrés : Eric feul
échappa au carnage ; les Uplandois fe foulevèrent en
fa faveur ; le feu de la révolte fe communiqua bientôt
à toute la Suede ; Suercher vaincu s’enfuit en
"Gothie , il reparut à la tête d'une armée Danoife
8c eut le même fort ; fon courage ne l’abandonna
point; rien ne lui fembîoit digne de lui que le trône,
la viéloire ou la mort. Il vint près du même champ
de bataille en préfenter une fécondé à fon ennemi :
mais il fut tué combattant au premier rang, comme
tous les anciens rois du Nord. Ce fut le 17 juillet
de l’an 12,10, que fa mort aflùra la couronne de
Suede à Eric Canuîfon. ( M. de S acy. )
SUETONE , ( Hifl. Rom. ) l’hifloire Romaine
offre deux hommes célèbres de ce nom :
L’un eft Caïüs Suetonius Paulinus , général
fous Caligula , 8c fous Néron , Othon 8c Vitellius ;
gouverneur de Numidie, fous le premier de cas
empereurs , l’an 40 de J. C. il vainquit les Maures ,
conquit leur pays jufqu’au-delà du Mont Atlas , 8c
pénétra beaucoup plus avant dans l’Afrique qu’aucun
général Romain ne l’avoit fait avant lui. Il donna
lui-même une relation de cette guerre.
Sous l’empire de Néron, le même Suetonius Paulinus fit
la guerre dans les royaumesBritanniques.il réduifit rifle
de Mona ou d’Anglefèy ; le fpeélacle fingulier des
femmes de l’Ifle , échevelées, vêtues en Furies, fe-
couant des torches enflammées, "répétant avec fureur
les chants fbperftitieux qu’entonnoient leurs Druydes
8c les cris de guerre que poufloient léurs foldats ,
ce fpeélacle l’étonna fans l’arrêter , il brûla les Druydes
dans le feu qu’ils avoient préparé pour d’autres victimes
humaines. N’aura-t-on jamais que des cruautés à
oppofer à des cruautés ?
Quelques Centui ions Romains avoient fait un -outrage
fanglant à Boadicea ou Bondicea, reine des
Iceni ou Iceniens, peuple delà Bretagne (Angleterre)
femme d’un grand courage ; ils l’avoient traitée en
efolave , l’avoient fait fouetter par leurs efclaves ,
avoient déshonoré fes filles 8c défefpéré fes fujets par
d’affreufes extorfions. Les Icéniens révoltés, s’affem-
blent au nombre de cent vjngt mille hommes, chaf-
fent le gouverneur Romain qu’on leur avoit donné ,
égorgent ou livrent à divers fupplices jufqu’a foixante
& dix mille Romains.
Suetonius Paulinus, auquel il ne manqua dans cette
occafion que de combattre pour une cäufe plus jufte
dans fon origine, accourut avec dix mille hommes
feulement à Londres, ville qui fe diflinguoit dès-
s loi s par fon commerce ; il attaque avec ik foible .
troupe la nombreufè armée dés Icéniens. Bondicea
étoit elle^même à la tête de f è s troupes , elle alloit
de rang en rang , animant fes foldats 8c ne refpi-
rant que la vengeance ; elle combattit en héros &
fes fujets imitèrent fa valeur, ma s que peuvent &
la valeur 8c le nombre fans la difcipîine i Les Ro-
ptajns avoient 4 cet égard uop d’avantage pour n’être
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pas vainqueurs. Il périt dans cette occafion quatre
vingt mille Bretons. Les chariots dont ils avoient environné
leur camp , leur ayant fermé le chemin de
la retraite , Bondicea , qui n’avoit voulu vivre que
pour fe venger , voyant fa vengeance manquée ,
s’empoifonna de défefpoir.
Suetonius fut conful fous l’empire du même Néron ,
lan 66 de J. C. Il contribua beaucoup à mettre
Othon ïiir le ti ône, 6e. il finit par le trahir , du
moins il eut la lâcheté de s’en vanter à Vitellius,
6e de dire qu’il avoit perdu exprès cette bataille dé-
cifive de Bebriacum , entre Crémone 6e Vérone ,
après laquelle Othon fe tua fi courageufement. Quelle
différence de ce généreux dévouement d'Othon 6e
de cet aveu .de Suetone, également honteux s’il étoit
fincère 6e s’il étoit faux ! La gloire de celui-ci en
«fl: reflée flétrie,
L’autre Suetone eft fur-tout connu par fon hifloîre
des douze premiers empereurs Romains. Il fe nom-
moit Caius Suetonius Tranquillus, il étoit fils de Suetonius
Lenis , Tribun légionaire , qui fe trouva aufli
à la bataille de Bebriacum ", dont Süetone a écrit les
principales circonftances d’après le récit qu’il en avoit
entendu faire à fon père. C’efl d’après lui par exemple
qu’il, rapporte l’anecdote fuivante, qui donne une
aflez grande* idée du dévouement des foldats pour
Othon. Il avoit été unanimement décidé qu’O.hon ne
fe trôuvefoit point à la bataille, afin que fi l’événement
n’étoit pas heureux , fon parti ne reflât pas fans
refîource. Othon attendoit impatiemment dans un
lieu sûr des nouvelles du combat, il fut long-temps
f&ns en apprendre , parce que les uns ne voulant
point de quartier 8c les autres n’en faifant point,
perfonne ne pouvoit parvenir jufqua lui. Un feul
foldat échappé du combat vint enfin l’inftruire, pour
qu’il ne fut pas forpris , 8c qu’il eût le temps de
ménager fes reflources. Les amis ou les courtifans
qui environnoient Othon, voulant ou paioifîant vouloir
douter du défaftre que ce foldat annonçoit, 6c
infirmant qu’il n’aliéguqit une défaite que pour ex-
eufer fa fuite, le foldat,'fans daigner répondre à un
pareil^ reproche , tira fen épée , le perça le coeur 6c
tomba mort aux pieds d’Othon ,• cette preuve énergique
de fidélité ne contribua pas peu à la réfolution
que prit Othon de périr pour ménager le fang précieux
que fes intérêts faifoient répandre.
L’hiftorieri Suetone vivoit fous l’empire de Trajan
6c fous celui d’Adrien ; une amitié tendre l’uniflbit
avec Pline le -jeune , qui en fait l’éloge dans fes
lettres.
SUEUR , ( le ) ( Hifl. litt. mod. ) fans compter le
célébré Euftache le Sueur , qu’ il faut abandonner
au département des arts; il y a quelques hommes
connus de: ce nom §
' i°. Nicolas le Sueur, ( Sudorius ) Préfident au
Parlement de Paris, aflafliné par des voleürs en 1594,
a traduit Pindare en vers latins, 6c cette traduaion
a été eflimée,
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2°. Jean le Sueur , Miniftre proteflant , p; fleur
de la Ferté-fous-Jou^re en Brie, au dix-feptjème
fiècle , auteur d’une hiltoire de l’églife 6c de l’Empire
, aflez eflimée aufli.
3°.-Thomas le Sueur, Minime à Rome, de l’académie
des felences de Paris, mort en 1770, fit
avec fon inféparable ami le P. Jacquier, un bon
commentaire fur les principes dé Newton , un traité
du calcul intégral, fans qu’on ait jamais pu fdvoir
quelle part chacun d’eux avoit à ces deux ouvrages ;
amitié füpérieure à l’amour de la gloire 6c plus t Aimable
que le talent même.
SUFFETIUS, ( voyez M e t i u s . )
SUFFOLCK , ( voyez Poole ( la )ou Folus ;
voyez aufli- Brandon. )
SUFFREN, (Jean) ( Hifl. litt. mod. ) Jéfuite ,
confefleur de Marie de Medicis, 6c qui par elle le.
fut aufli de Louis XIII fon fils, employoit fon mi-
niflère 6c-fon' crédit, à rapprocher ces deux coeurs,
que le cardinal de Richelieu s’étudioit à éloigner i’im
de l’autre. «Le cardinal le fit renvoyer , mais le P.
Suflren refta toujours attaché à la reine mère, 6c il
mourut à Fleflingue en 1641 , en paflant avec elle
de Londres à Cologne, où elle alloit chercher un
afyle , & où elle mourut de faim l’année fuivante.
Il eft l’auteur d’une année chrétienne , qui a éîé
abrégée par le P. Frizon.
SUGÉR , ( Hifl. de Fr. ) Abbé de Saint Denis ’
Miniftre 6c Régent du Royaume de France , fous les
rois Louis le Gros 6c Louis le Jeune ; le premier
de ces princes élevé à Saint-Denis, y avoit connu
l’Abbé Suger : devenu roi, il s’çoeprefla de 1\ mployer
dans les affaires ; on croit allez généralement que
l’Abbé Suger eut beaucoup de part à l’établiffement
des communes ; on lui tient compte peur le moins
d’une partie du bien qui s’efl fait fous ce règne, 6c
de tout le mal qui ne s’efl: pas fait fous le règne de
Louis le Jeune. Lorfque ce dernier eût réduit en
cendres la ville de Vitry en Perthcis, 6c brûlé impitoyablement
une foule innocente dans une églife ,
où elle, s’étoit réfugiée comme dans un afylè inviolable
; Saint Berna; d , pour appaifer les remords de
Louis, lui propofa une expédition dans la terre faiiite,
jugeant que pour expier le mal fait aux chrétiens ,
il falloir en aller faire aux Mufulmans ; l’Abbé Suger,
s’élevant au-deflùs dè. fon fiècle, crut qu’on n’expioit
le crime qu’en le réparant ; il confeilla au roi de refter
chez lui, d’adoucir par des bienfaits le mal qu’il
avoit fait auxhabitans de Vitry, 6c de faire oublier
au refte de la terre par une adminiftration douce &
fage la fureur d’un moment. Cette politique fl fimple
le trouva trop fublime pour Louis le Jeune. par la
raiîon même qu’elle étoit fimple- ; le confeil de
Bernard prévalut, il propofoit une chofe extraordinaire.
Lorfque l’averfion réciproque de Louis le Jeune
6c d’Elécnore d’Aquitaine, eut perfuadé au roi que
fon honneur 6c fa confcience exigoient la féparaûon