
leur, pardonner ; fon armée n’y confent pas,- Si fe
révolte, parce qu’on veut l’empêcher cle combattre;
Clotaire eft infulté par les propres foldats , & forcé
de les mener au combat ; cette ardeur indocile des
François & le déffpoir des taxons changentla fortune
; ceux-ci remportent laviCioire la plus complexe;
les François font réduits à demander & à recevoir
la paix , en fob'ffant les mêmes conditions auxquelles
les Saxons s’étoient fournis, &. qui avoient été t ejettées.
Les Saxons accompagnèrent les Lombards à la
ccnqueie.de l’IïaUe : à leur retour, ils firent une irruption
en Provence , cîi ils furent battus par le Pa#ice
Mummol, Général du Roi Gontran , & le plus grand
homme de guerre de ce temps. Les Saxons alors redevinrent
tributaires; Dagobert les affranchit de ce
tribut, à condition qu’ils défendroient la frontière contre
les autres nations Germaniques, condition qu’ils
remplirent mal : loin qu’ils réprimaflent les autres, il
fallut les réprimer eux-mêmes; battus cinq fois par
Charles Martel, &. deux fois par Pépin , ilsn’étoienr
rien moins que domptés.
Les Saxons fe divifoient en Oftphaliens, quihabi-
toient .fur la rive. orientale du Vézer ; Weflphaliens ,
placés plus près du Rhin ; Àngrivariens , fitués entre
les deux, premiers, vers les bords de la mer ; Nortel-
feins , placés au nord deTEibe du côté des Danois
ou Normands ; Trans-Elbins , nom- fous lequel on
comprenoit ind ftin&ement tous les Saxons placés au-
delà de l’Elbe , en s’éloignant davantage du Dane-
marcK &. de la Mer.
Les Saxons unis aux Frifons , fbrmoient un état
deux fois''plus vafte que la France Germanique,
& ils çuffent aifément repouffé les François jufqu’au-
delà du Rhin, s’ils euffent eu comme eux l’avantage
d’être réunis fous un feul Chef, au lieud’être divifés
en une multitude de cantons , tous dépendants &
difficiles à réunir pour la caüfe commune, qui élifoient
pour la guerre un ou plufieurs Généraux mal obéis,
parce que leur pouvoir devoit ceffer à la paix. Cette
mauvaife conftitution de la S.axe , jointe à l’afoendant
que la France, fous Charlemagne, avoit fur tous les
peuples , & que Charlemagne avoit perfonnellement
for tous les hommes, explique les vi&oires continuelles
que ce Prince ne ceffa , pendant trente - trois
ans, de remporter fur les Saxons.
Prefque aucun des vaftes domaines que poffédoient
autrefois les Saxons, n’a retenu le nom de Saxe,
excepté, cette foible portion qui porte aujourd’hui le
nom de baffe Saxe, & qui, par une autre Angularité
, de tous les pays qui portent aujourd’hui ce
nom de Saxe, eft le feul qui ait appartenu aux Saxons.
Les Allemands au contraire , qui n’occupoient
qu’une petite contrée de la Germanie, & qui n’éga-
lçient pas à beaucoup près la puiffance des Saxons,
ont eu l’honneur de donner leur nom à la Germanie
entière.
Charlemagne, avec toute fa puiffance, tenta vai-
nemgBt & de foumettre les Saxons & de les convertir?
1Toujours vaincus , ils ctoient toujours indomp-
ables ; il ht .mille fois de leur pays un vafte défert, |
mais les Saxons y reparoiffoient toujours en forces
& toujours plus animés par leurs pertes. Quand Char-
1 lemagne était en deçà de l’Elbe , on fe rëvoltpit au-
delà ; quand il pàffoit l’Elbe, la révolte étoit fur les
bords du Véfer., Enfin ce. né fut qu’en 804 que
Charlemagne parvint à couper entièrement la racine
de ces guerres , par une tranfplantation générale des
Saxons, exécutée fous lès. yeux par fon armée Victor
ieufe, dont toute la puiffance & toute la violence
fuffifoient à peine pour arracher ces malheureux à
une Patrie qu’ils aimoient d’autant plus, qu’ils la re-
gardoient comme le feul véritable àfyle de la liberté ;
les marais finies vers l'embouchure de l’Elbè, leur
étoient principalement chers par l’inacceffibilité qui
les y avoit défendus fi long-temps. La Flandré & le
Brabant étoient alors prefque entièrement couverts
de forêts j dix mille familles Saxonnes y furent tranf-
plantées, & furènt employées à les défricher ; ouvrage
doublement utile , & pour rendre cés contrées ha-;
bitables, & pour dompter les Saxons par lé trayail.
On prétend cependant que le cara&ère dominant
des^-Saxons , leur amour pour l’indépendance & pour,
la liberté, infpirés par eux aux naturels du pays , fut
dans la fuite le principe de tant de révoltes des
Flamands contre leurs Souverains ; & c’étoit un proverbe
commun, du temps de Philippe-le-Bel & de
Philippe de Valois. „ que Charlemagne , en mêlant
les Saxons avec les Flamands , dun diable en-avoit
fait deux. Eh ! Pourquoi vouloir affer vir un peuple
libre ? Pourquoi exterminer ou tranfplanter un peuple ,
pour conquérir un défert au-delà duquel on retrouve
encore la guerre -& la haine î
Louis le débonnaire, A inférieur en tout à Charle-.
magne, eut pourtant fur lui l’avantage dans fa conduite
à l’égard des Saxons. Il jugea que fon Père
les avoit traités avec trop de rigueur , il adoucit leur
fort, il les déchargea d’uné grande partie dés impôts 'y
il leur permit de vivre félon leurs loix; & ces peu-.,
pies généreux , pénétrés de reconnoiffance , fe piquèrent.
envers lui. d’ùne fidélité inviolable, que toutes
les viCloires & toute la puiffance de Charlemagne
n’avoient pu obtenir d’eux. Non ,. les hommes ne
connoiffent pas affez lé pouvoir de la bienfaifance.
Saxe ( Maifon de ) ( Hifi. mod. ) La prétention
de la maifon de Saxe , eft de defcendre du fameux
Vitikind , rival de gloire de Charlemagne, & qui-
défendit A long-temps contre lui lés Saxons ses compatriotes
; ( Voyeç l’articleJVitikind ou W itikind.)
On diftingue dans cette maifon : i°, La Succeffion Chronologique
des anciens EleCleurs àeSaxe, dont le premier
( Bernard duc d’Angrie ) mourut en 988 , & le
dernier, Albert 111, mourut en 1422 ; &. la fuite des
Electeurs de Saxe que l’on nomme Saxe moderne ,
laquelle commence à Frédéric le Belliqueux, mort
le 4 Janvier 1428. Il eut pour fils Frédéric II ,
dit le Pacifique, né en 14 1 2 ,, mort en 1464 ; &
ici commence ; 20. la diftindion des deux fameufes
branches Emejline &. Alberùne , ayant pour tiges
l’une Ernêft , l’autre Albert le courageux, tous deux
fils de Frédéric le Pacifique,
Erneft
Ërfleft éft pour fils Frédéric le &age ] fie lé 17 ]
janvier 1463, Ce fut à lui que les EleCleurs déférèrent
unanimement la Couronne Impériale en 15 ’
à la mort de l’Empereur Maximilien I ; ce fut lui
qui s’en montra le plus digne en la'refùfant ; ce fu t .
lui qui prononça entre ces deux illuftres concurrens
Charles d’Autriche & François-1 , & qui détermina
les EleCleurs en-faveur de Charles; il fut un des premiers
& des plus refpe&ables Protecteurs de Luther ,
( Voyei l’article Luther. ) Il mourut le 5 Mai
1525. ;■ ./ ; -
Son frère Jean qui lui fuccèda, & fon neveu Jean
Frédéric, dit le Magnanime, fils de Jean, continuèrent
d’être les Chefs du parti Proteftant ; Jean-
Frédéric le fut de la ligue de Smalcalde , formée contre
ce même Charles-Quint, qui avoit dû l’empire à la
modération de Frédéric le Sage ; Charles-Quint
écrafe le parti Proteftant à la bataille de Mulberg,
livrée le 14 Avril 1547 ; il fait prifonnier l’EleCteur
de Saxe, le prive de fon éledorat, le fait condamner
à mort &. le retient en prifon; iltranfporte l’éledorat,
de la branche Erneftine -à la branche Albertine, il
le donne au Prince Maurice , petit fils d’Albert le
courageux, frère d’Erneft , & tige de la branche
Albertine\ &. fils de Henri le pieux , qui avoit introduit
le Luthéranifme dans ses états. Maurice étoit'
auffi Luthérien; mais, comme malgré ..l’intérêt de
religion , il avoit fuivi le parti de l’Empereur , &
qu’il avoit été fort utile à ce Prince, il reçut l’électorat
pour prix de fes fervices, & confentk à en
dépouiller fon coufin. Dans la fuite, ce même Maurice,
..moins fenfible âir don que l’Empereur lui avoit fait
de l’éledorat de Saxe, qu’à l’outrage qu’il lui faifoit
en retenant prifonnier le Landgrave de Heffe , fon
beau-père, pris aaffi .après la bataille de Mulberg,
raffembla fecrétement les princes mécontens de l’Empereur
, les Luthériens mécontens du réglement pro-
vifoire qu’avoit fait l’Empereur , & qui efl connu
fous le nom de Xinterïm ; il traita auffi avec le Roi
de France Henri II ; l’orage éclata fans s’être annoncé.
L ’Empereur prefque fùrpris dans Infpruck , fut obligé
d’en fortir précipitamment aux flambeaux, & en une
nuit l’Empereur & le Roi des Romains fon frère ,
fe virent chaffés de l’Allemagne, fans avoir fu feulement
qu’ils y euffent des ennemis ; le Landgrave de
Heffe & l’Eledeur de Saxe Jean. Frédéric furent
délivrés ; mais ce dernier ne recouvra point fon
éledorat, & ,Maurice étant mort le 11 juillet 1553 ,
des .bleffures qu’il avoit reçues dans un combat,
l’Eledorat paffa au frère de Maurice, nommé Augufte,
dont la poftérité le polsède encore aujourd’hui. Jean
Frédéric II du nom, Duc de Saxe G+tha, fils de
ce Jean Frédéric I , dépouillé de fon éledorat par
Charles-Quint, s’attira plus fortement encore que fon
père, la haine de ce formidable Empereur ; il fut mis au
ban de l’empire, & Augufte , fon coufin, fut chargé
de l’exécution de ce décret, à laquelle il avoit intérêt,
puifqu iljouiffoit del’éledorat. Auffi, ce décret ne
fut que trop bien exécuté ; Jean Frédéric I I , battu
& fait prifonnier, mourut eh prifon au bout de
Ujfioire. Tome Vt
vîflgt-huît affë, le 9 mai 1595, La branché Albertmô
triompha. La branche Erneffine avoit produit line
multitude d’autres branches. Nous remarquerons: y
Dans celle de Saxe-Altenbourg, éteinte en 1672;
Frédéric tué à vingt-Ax ans, au combat d’Hanovre,
le 24 odobre 1625. ;
Dans celle de Saxe-lVeimar , un autre Frederd
tué fous le commandement du Comte de Mansfeld
à un combat de Fleurus , le 19 a°ût 1622*
Et le fameux Bernard , . duc de Saxe-Weimar ;
l’ami, le compagnon , le fucceffeur , &'le vengeur
du Roi de Suède Guftave-Adolphe, dans le commandement
de ces armées , qui firent trembler l’empire
& la maifon d’Autriche. Elève de Guftave,
le duc de S axe-Weimar, eut Turenne pour élève.
Telfe forma Turenne au grand art de la guerre ,l
' Près d’üri autre Saxon la terreur de la terre :
Quand la luftice & Mars fous un autre Louis,
Frappbient l’Aigle d’Autriche & relevoientles LiSf
( Poèm, de Fontenoi. )
Le héros Saxon mourut le 8 Juillet 1639 > ^
trente cinq ans ; le Roi de Suède étoit mort à trente
huit, ' •'
Dans la branche de Saxe-Eifenach ; Frédenc2
Augufte , mort le 31 feptembre 1684 , dans fà
vingt-unième année , d’une bleffure reçue au ftege
de Bude. .
Dans la branche de Saxe-Gotha, Jean-Guillaume ,
meftre de camp & adjudant général dans l’armée de
Guillaume III, Roi d’Angleterre , puis Major-general
! de l’armée Impériale, fous le Prince de Bade , tué.
au fiège de Toulon, le 15 août 17 16.
Et Erneft, duc de Saxe-Hildebourg, qui fe fignala
aux batailles de Fleurus & de Leuze, où il étoit au.
fervice des Etats-généraux.
C’eft de la branche Albertine électorale qu’étoient
les deux Rois de Pologne, éleâeurs de Saxe , du
nom de Frédéric-Augufte, rivaux heureux de Sïaniflas
Leczinski.
Et notre illuftre Maréchal-Comte de Saxe, étoit
fils naturel du premier de ces Rois , & frère du
fécond. Maurice, Comte de Saxe^ naquit à Dresde
Je 19 oCtobre 1696. 11 fut l’unique fruit des amours
d’Augufte I I , Eleâeur de Saxe , qui fut élu Roi de
Pologne,l’année fuivante(le 27 juin i 6'97),& d’Au fore,
Comteffe de Konigfmarck. On fe rappelle le portrait
que M. de-Voltaire a fait de cette femme célébré ,
dans rhiftoire de Charles X I I , .& les vers qu’elle avoit
compofés à la louange de ce Conquérant,
Ce fut contre ces mêmes François qu’il devoit
commander un jour avec tant de gloire , quel
Comte de Saxe fit ses premières armes en 1708 ^
au fiège de Lille. Le Roi de pologne, fon père, fer-
-voit en qualité de volontaire dans l’armée des alliés :
le Comte de Saxe n’avcit alors que douze ans. Augufte
le confia au Comte de Schullembourg , à ce même
général, qui, en 1704 , avoit fait devant Charle?..