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& le duc de SàVoye rentra en vainqueur dans fes
états.
En 170*7 le duc de Savoye & le prince Eugène
lèvent à leur tour le liège de Toulon , que le mar
quis de Goèsbriant défendit vaillamment contre
çiix.
En 1708 le duc de Villars, commandant du côté
de la Savoye , força le 11 août la ville de Sezane
à la vue du duc. Celui-ci prit ie fort d’Exile,
celui de-la Péroufe, celui de Feneftrelle. L'empereur
donne au duc de Savoye rinveftiture du
Montferrat , & dépouillé de tout deux ans auparavant
3 voilà 1 fes états accrus d’un duché important.
En 1709', & les années fuivantes, les hoftilîtés
furent peu animées du côté de la Savoye. Le duc
s’occupoit plus alors de négociations que de guerre j 31 cherchoit à faire comprendre le Vigev.anafque dans 3 aconceffion que l’empereur lui avoit faire du
Montferrat & de fes dépendances. L’empereur
Jofeph fit traîner cette négociation jufqu’à fa mort,
qui arriva le 17 avril 1711 , & qui changea tout 3e lÿftème de l’Europe. Toutes les vues le tournèrent
vers la paix, qui fut conclue en 1713 à
Utrecht. Par le traité entre la France & la Savoye
les alipe-s fervirent de limites aux deux états., &
le duc de Savoye gagna le titre réel de roi, objet
de tous fês voeux , l’Efpagne lui céda la,Sicile,
ê c la France reconnut & confirma cette céffion ,
atnfi que toutes lès autres qui lui avoient été faites
ou auxquelles il prétèndoir. 11 alla prendre pof-
ièftiôn dè (on nouveau royaume à Palerme , il y
fut proclamé roiTe 1 i octobre, & couronné avec
la reine de Sicile fa femme le 24 décembre.
. En 1718 l’empereur Charles VI fit avec lui
L'échange de ce royaume de Sicile contre celui
de Sardaigne qu’il lui donna 5 Vidor en fut mis
eu- poffeffion le 8 août 1720. Satisfait dans fa
gloire & dans Ton ambition , il ci ut être defabufé
de tout > naturellement inquiet & adif, il crut aimer
le repos, il abdiqua le 8 lèptembre 1730 &
royaume & duché ; mais dans la fuite la comteffe
de Sa’nt^Sfebaftren , ou la marquife de Spigno fa
femme, qui le gouvernoit & qui auroit voulu gouverner
avec lui l’état, voulut, dit-on , l’engager
à remonter fur le trône, il n’étoic plus tems ; on
s’étoit accoutumé au ? gouvernement de Charles
Emmanuéi Viétor fon fils ; la prétention du père
fut regardée comme un projet d’ufurpatîon ; le
eonfêil de Charles Emmanuel Vidor fe crut réduit
à la cruelle néceffité d’attenter à la liberté du
roi ‘Vidor fous le nom & fous l’autorité de fon
fils. Cet-ade pour le moins rigoureux fut mêlé de
eirconftances affreufes ; il fallut arracher le vieux
r©i, non fans, beaucoup de violence , des bras de fa
femme, avec laquelle il étôit couché, & dont on
crdÿoit fur-tout avoir intérêt de^le • féparer. Le
miniftre qui confeilla ce dangereux- trifte. coup
v 1 c
d’etat , peut-être pour conferver l'autorité qu’il
rifquoit de perdre , fi Vidor eût de nouveau gouverné,
k comte d’Orméa, fut difgracié dans la
fuite, & il eft à croire que le repentir de Charles
Emmanuel Vidor , qui fut d’ailleurs un bon &
grand ro i, n’eut pas une part médiocre à cette
dilgrace. Le prélat qui prononça en France l’orai-
fon funèbre de Charles Emmanuel Vidor , oncle de
notre roi Louis X V , défîgne ainfi, plutôt qu’il ne
rapporte le fatal évènement de la détention du roi
Vidor.
« A la fuite de ce brillant fpedacle ( I’abdt-»:
cation folemnelle de Victor-Amédée ) quelle trîfr-e
■ révolution vient fe préfemèr à nos efprits ! Non ,
| je ne troublerai point la cendre augufte de Vidor-
Amédée $ je relpederai la mémoire d’un grand
homme, à qui cinquante années de travaux & d exploits
ont acquis le droit d’ impoltr filence à la pof
térité fur un inftant d’erreur j je refpederai l’ayeul
de mon roi, le père de mon héros : & j’entends
. Charles Emmanuel lui-même qui, de la région des
: morts j me crie : je te défends de faire un reproche
à la mémoire facrée de mon père. »
Mais n‘eût-il pas fallu plutôt entendre ViStor-
Amédée lui-même crier à l’orateur : « Je te dé-
fends de faire un reproche a la mémoire de mon
fils ? Le fils en effet paroît ici bien plus encore
dans le cas du reproche que le père j mais fuiyons
Fôratèur , qui fait parler le père : « garde-toi
même de rappeller, ni les coiVfeils qui forcèrent
ma réfîftance, ni les voeux d'un peuple effrayé ,
auxquels je me crus obligé de déférer : dis quel
fut toujours mon refpeét pour l ’auteur de mes
jours, pour fes volontés, pour fes principes, pour
toute fon adminiftration : parle, (i tu veux, de ma
douleur qui dura autant que ma vie ; mais ne la
réveille pas après ma mort. Je vous obéis, grand
prince I je me tais fur l ’intarifTable fujet de vos
larmes, &c. »
Si cette douleur de Charles Emmanuel fut en
effet aufïi vraie qu’elle auroit dû l ’être , il femble
que l’orateur n’auroit pas dû lui faire dire ;
« parle , fi tu veux , mais, parle , je te Pordonne,
de ma douleur &c. m
Ce fut le 8 oftobre 1731 qu’arriva cette trifi'e
aventure ; ce fut au château de Rivoles i puis a
celui de Montcallier que Victor-Amédée fut rcrehii
prifonnier par fon fils, & ce fut là qu’il mourut
toujours prifonnier de fon fils , le 10 novembre
1 7 ^ .
V IC TO R IN , ( Marcus Piauvonius Vidor inus )
( hift. Rom.) tyran, c’eft-à-dire un de ces empereurs
à qui l ’empire n’eft pas refié , fut affocié à l’empire
, l ’an 26y , par Pofthume , tyran des Gaules.
Un greffier nommé Atticius, dont il avoit enlevé
la femme y le fit affaffiner à Cologne, en. 278.
v 1 D
Le jeune Viel or in fl fon 6.1$ , qu’il avoit aufïi affocié
à l’empire , fut aflaffiné peu de tems après.
Ils périrent tous deux du vivant de Vtâorina
(Aurélia) mère de l ’une, ayeulë de l’autre, plus
éélébre que tous deux, même comme guerrière ,
& que les foldats appeiloient la mère dès armées.
L ’empereur Gallien n’eut point, d’ennemi plus
redoutable.
Après, la mort de fon fils & de fon petit-fils ,
il „fcmbloit quelle fut fans intérêt pour nuire à
Gallien, elle eut celui de continuer à faire des
empereurs ; elle fit donner la pourpre à Marius ,
puis au fénateur Tetrrcus.. Elle furvécut peu à la
nomination de ce> prince, ce qui' a répandu fur
lui un foupçon d’ingratitude, que tous les hifiorieris
ne confirment pas.
V lCTO R IU S , ( Pierre ) ( hift. litt, mod'.)'1 en
italien Vettori^ un des reflaurateurs des lettres
en Italie, profeffeur en morale & en éloquence à
Florence, nommé par Côme de Médicis, qui de
plus .l’employa dabs plufieursamhaffades. Il -vécut
comblé de biens & d’honneurs, jtrfqu’à 187 ans, &
mourut en 1585:. On a de lui des commentaires I
& des-notesreritiques fut A-riftote, Cicéron, Catön,
Varron , Célumelle- j fur le traité de Pélooution ,
de Démétrius de Phaière. Il eft aufïi l’auteur d’un
traité de la. culturè des oliviers y écrit en tofean,
& qu’on trouve avec l ’ouvrage de D a v a n z a x ifu r
la vigne.
ViCTORius ou de V ictortis , eft aufti le nom
de deux favans médecins ‘italiens , naorts' dans le
feiziëme fîècle, & dont on a quelques ouvrages
de médecine, ii....
V ID A , (Marc-Jérome) (hift. litt, mod.) évêque
d’Albe , ’ tfur • le ; Tanaro , grand : poète latin, ’ des
quinzième^ & !feizième fièclësy futt protégé tpar lés
papes Médicis^ Leon X & Glénxent V i l, Saqioétiqüe
fur-tout célèbre. :M. l ’abbé Batteux l’a jointe
à celle d’Ariftote, d’Horace & de Boileau , fous
le titre des quatre poétiques. On a de lui .d’autres
.poèmes , fur les vers à foie , fur le jeu des échecs,
une chriftiadey & d'autres ouvrages en proie. : Né
à Crénione , en 1470 , mort en 15 6:6-, à 9 6 -ans..
VID AME , f. m. ( Hiß. mod. ) vice dominus feu
Lvice ;domnus , eft: celui, qui repréfente & tient la
” place de l ’évêque ; il a été ainfi appelle, parce que
F évêque- croit appellé par excellence dominus ,
ou par cQmtraétion domnus, & qu’en vieux fraiïçois
dame ou dôme fignifioic aufïi monfigur...
Là fonâîbn * des vidâmes étoit d’exercer laljuf-
fice temporelle des éyêques , de forte que les v idâmes
Croient à leur égard ià^peuJprès ce que les
vicomtes croient à l ’égard des comtes, avec cette
différence néanmoins que . (‘dus un me41e comte il
v i d vas-;
y avoit plufieurs vicomtes , & que ceux-ci n’a-
v'oient pas la plénitude de l’adminiftration de là
juftice , aü lieu que dans chaque évêché il^ n’y a
qu’un feul v id a m e , lequel tient en fief la juft-icc
temporelle de ifévêque , & qu’il a la haute 9
moyenne & baffe juftice.
Mais comme les vicomtes, de fimplefrofficiers
qu’ils étoient, fe firent feigneurs , les v id â m e s
changèrent auffi leur office en fief relevant de leur
évêque.
En effet on ne Connoît point de v id am e en-
France qui ne îeleve de quelque évêque, ou qui
ne fort annexé & réuni au temporel d’un évêché-^
comme le v id a m e de Beauvais appellé préfemement
le v id a m e d e G e rbe 'royy qui a été réuni à l’évêché
de Beauvais.'1 *
11 eft même à remarquer que la plupart des v i*
d am e s o n t pris leur nom des villes épifcopales,
quoique leurs feigt) eu ries en foient fouveiit fort
éloigrtéeè , tels que les v id â m e s de Rheims , vd’A-
miens, du Man-s’, ' de Chartres , & autres, V o ÿ e £
Ducanèe au mot' a d v ô c a t i 3 les r e c h e r c h e s de Pâft
quier, Lûyfe-au -des f e ig ü é u r i e s . ( A * ) , -
VID EL-, (Louis) '( h i f t . U t t . m o d . ) Tecretaire
du duc de Lefdiguières, puis du duc de Créquy ,
puis du ,maréchal d.e l’Hôpital j né à Briançon ,
en -16^8' ,' mort èn 1675 éffiàureùr d’ùne hiftoiie
du du c de Le fd igulères y d’une hiftoirè1 du.'che v aiier
Bayard. &. d’un roman intitulé•• M ê la n t e s . .
VIDOMNE , L ni.- ( f f i if t l d e G e n è v e ) titre 8C
dignité que poftedoit un feigneur dans la ville de
Genève ; fes fondions répondoient à celles des
vidâmes1 de Francei Les- v id b tn n e s de Genève
avoient été inftitüés« pour défen'âré les biëns temporels
de l ’églife; & dé ’î évêque. Les - comtes de
Savoie , après avoir tenté fans -fueLè# routes fortes
de moyens pour fe rendre fouverains du Genevois,
prirent le parti d’aehetdr le v id o m n a t de la ré»,
publique. Amédée V en traita avec Guillaume de
Conflans qui en étoit évêque , & il fit exercer
cette jurifdiétion par un lieutenant qui femommoit
v id om n e . Enfin les Genevois , tyrannifés par ks
: ducs de Savoie & par leur propre évêque Pierre
de la Beaume, formèrent des confeils dans^leur
viile à l’imit'âtiàii dès -cantons-'‘de''Berne; &'dé Fribourg
, avec lefquels ils avoient fait alliance le
7 novembre 151p. L’un de ces confeils, qui érc.it
celui dès deux-cens , réfulût d’établm à perpétuité
une nouvelle cOur dè juftic-e ", ilTa compdfa^'d’iiii
lieuteiiant & 'dejIquatre ^âfïelféü'rs qu’on à depuis
nommé quë -eè^t/ibünkï tïtît lieù
de ’celui de- v id om n e } dobt-Je‘nôm êc l’office feroi-t
aboli pour toujours. Ce projet a été-fi ;.Fieh éxé-'
j cuté, que depuis ce tems-là on n’a plus entendu
1 parier de v id om n e à Genève. (i>. J . ) ’ -