
.jufqu’au bout fa fortune , Mucîen & Antonius Primas
, fes lieutenans, furent fous lui ce que Cécina
& Va ens avoient été pour V ite lliu s , avec cette
différence que celui ci ne fécon'doit pas même fis
lieutenans , & que Vefpafien dirigeoit Ls Gens.
Quand Vitellius vit qu’il falloit longer férieufe-
ment à fa défenfe, il fe contenta d’oppofer à fes
nouveaux ennemis ces mêmes Valens & Cécina,
fans trop examiner s’il avoit lieu de compter
beaucoup fur eux. Cécina 1er trahit, ménagea Pri-
finis qu’il pôuvoit écrafer & eflaya de lut livrer
les légions qu'il commandoit, elles fe fôuleyèrent
contre lui & le mirent dans les fers ; mais elles
furent défaites par Primus à la bataille de Crémone,
où l’on vit uti père & un fils, engagés dans les deux
partis contraires, combattre l’un contre l’autre fans
fe connoître , le fils tuer fon père & le recon-
noître au moment où il expifoit ; Valens fervant
Vitellius avec plus de fidelité que Cécina, mais
avec quelque lenteur , fut fait prifonnier & tué
à Urbin par ordre du vainqueur. Dans cettë guerre
on -vit un fofdat demander une récompenfe pour
avoir tué fon fi ère,
Et fa tête à la main, demander fon falaire.
Vitellius Voyant le péril approcher , offrit d'abdiquer
& convint dés conditions de fen abdication
avec Flavius Sabïnus , fiere aîné de Vtfpafîen &
préfet de Rome. Il ne yoüloit que dérober au
courroux du vainqueur une femme, digne d’un autre
mari que Vitellius , & des enfans inriocens > il
venoit de perdre une mère refpe&able par fês vertus
& pour qui l’élévattori d’un tel fils ne fut qü’unè
ïbürce de deuil & de bonne renommée, nihil
principatu filii ajjecuta 3 nifi luBum. & bonam fa -
nam. Il fortic du palais en habit de deuil, fuivi
de toute fa mafon plongée'dans la douleur &
l’accablement ; le peuple le flattoit encore , les
foldats gardoilnt un fîlence farouche, il prononça
tomme il put, en fondant en larmes & â travers
mille fanglbts, lade de fon abdication ; il préfèn-
H toit au peuple' fôn frère, fâ femme , Tes enfans,
lui demandant fa pitié pour ces infortunés ; le
peuple s’émut en fa faveur, il eut honte dë fouffrir
ce grand abaiffement de fon.empereur, on l’entoura,
ou lui ferma tout autre chemin que celui du palais,
on le força d’y retourner & de reprendre l’empire ;
lès droits du malheur l’emportèrent ici fur le ref-
fentiment du à tant de vices & de crimes. On prend
les armés contre Satin us ; il efl battu , il fe retire
au capirole , il y eft afliégé ; & le temple de Jupiter
Capitolin ciî brûlé, liittuofiffimum'foedijfimumque
facinus 3 dit Tacite , Sabinus chargé de chaînes efl
mené devant Vitellius^ qui voulut le fauver , mais-
le peuple en fureur fe jettë fur Sabïnus, le jjiet
en piècë's', lui coupe la' tête, jette fon corps aux
Gcnfonies. Dans le même teins Lucius Vitellius
fur prit & ravagea Terradne; çe retour de fortuné
dura peu , Primus force la ville de Rome , au milieu
de la fête des Saturnales ; ce contrafte de joies
folles d'un côté, de cris de rage de l’autre, de
débauches & de carnage, de voluptés & de cruautés,
cette ville qui femble être à la fois dans un
accès de fureur Si dans l'ivrefïè du plailîr, formé
dans Tacite un tableau digne d’un tel peintre.
S ava. ac deformis urbe totâ fa c iès . A lib i prAlla
.& vulnera , alibi balnea popin&que : fimul cruor Ô*
jirues corporum ; juxta feorta & fcortisfimiles: quantum
in luxuriofo otio libidinum , quidquid in acer~
bijfimâ captivitdte fceleritm : prorfus ut eamdem' civi“
tatem & furerc crederes & lafcivire,
Vitellius , pendant que les prétoriens fe faifoient
encore égorger pour lui, fort du palais par une
porte fecrète, fuivi feulement d’un cuifinier & d.un
boulanger, il fe fait porter en chaife à la maifon de
fa femme fur le mont Averttin , dans 1 intention
de fe fauver la nuit à Terracine pour fe mettre fous
la proteéliom des cohortes commandées^ par fon
frère: i’inconftance ou la crainte le ramènent au
palais , la folitude & le fîlence qu’il y trouve
l’effrayent encore plus,
Horror ubique animosfimul ipfd filentia terrent•
Tout avoit difparu jufqu’aux deux compagnons de fa
fuite, il cherche par-tout un afyle bien fecret,bien caché,
aucun ne lui paroît allez fur } enfinilvas’nfermer
dans la loge du port er qu’il bouche en dehors du mieu
qu’il put, pour n’étre pas-apperçu. Cependant on
encre dans le palais ouvert & abandonne , on ne voit
rien, on n’enténd tien , mais une recherche plus
ëxafte fait décoùvrir le malheureux Vitellius | il
efl arraché de fa honteufe retrate par Julnis Plact-
dus , tribun d’uiie cohorte ; on lui lie les mains
derrière le dos , on lui met une corde au cou, ou
déchire fes habits, on le traîne vers les Gémonies,
le peuple lui jettoit du fumier &'de la boue , lui
reprochoit fa 'gourmandise & fon yvrognerie dont
les marques éclâtoient fur fon vifage, dans fa
taille & dans fon maintien ; on ne le plaignoit
plus, l'ignominiede fa lâcheté étouffoit toute com-
paffion. VinctÀ poft tergum manus y laniata vefte
foedum fpectaculum ducébatur , multis inerepanti-
bus , riullo illacrymatité : defermitas exitus mife-
ricordiam abfiulerat. On lui reprochoit fur- rout l’em-
brafement du Capitole &la fuperflition qui ferme
le coeur à toute pitié, entroit pour beaucoup dans
ce reproche. On fut bien plus cruel à fon égard
qu’il n’avoit eu la foibleffe de le devenir a I é^gard
de fes ennemis ; on prit un plailîr barbare a lui
déchiqueter tous' les membres , à lui faire fentir
toutes les horreurs d’une mort lente. On fit à fon
cadavre lesîmêmes outrages qu’on lui avoit faits
de fon vivant , c’eft le plailîr du peuplé de tous les
pays & de tous les' rems, il fat traîné avec un croc
dans’ ïe Tibre, fa tête fut portée par toute la ville
au bout d’une lance. Il reçut cependant les honneurs
de la fépulture par les foins de Galeria, fa
vertueufe veuVe : cette femme ne s’étoic jamais
Jaiffie éblouit,pat les fauffes grandeurs de fon,
ri, & lorfque Vitellius ofa donner a.lon Ws Je
nom de Germatucus , ces grands noms, dit-elle
jnodeflement, ne nous conviennent poipt, je lais
bien que je n’ai mis au monde que Vitellius:
Elle eut la douleur de voir immolet cet enfant
innocent, Vitellius avoit épargné la famille dO-
thon & avoit voulu lauv.er le frere de Vefpauen.
La mort du fils de Vitellius fut l’ouvrage de Mu-
cien , homme plein de talens, mais de vices, il
laiila vivre cependant la fille de V ite lliu s , & Vef
pafien plus humain prit foin de la matier convenablement
& lui donna une riche dot.
Lucius Vitellius ue tenta aucune 'réfifiance , il
fe remit avec fes cohortes à la diferetion du vain-j
queur, il n’en fut pas moins mis à mort ; il n’y eut
de traces de grandeur que dans ces foldats deLuciu^
V ite lliu s , qui, menés comme en triomphe dans le^
rues de Rome, fouffrirént avec un fier mépris & les
infultes d’un peuple infenfé que quelques-uns mem^
réprimèrent au prix de leur vie, & les horreurs
•d’une indigne prifon & celles d’une plus indigne
' morr. Tacite fait jefp.eâer dans leur malheur ces
braves & fideles foldats, & leurs ennemis mêmes
admirèrent leur courage.
E t miles infelicin a rm a , hdud minus i rd quam
metu abjecit. Longus deditorum ordô 3 fe p tu s a rm a tis
p e r urbem in c e f it. Nemo fu p p lic i v u ltu , f e d tfifies
& truces 6* adverfum p ld u fu s de lafcividtti inful-
. ta n t i s v u lg i immobiles*. P d u co s • erumpere aufos
circumjeâli, prejfcre : cete/i in euftodiam co n d iti :
n ih il quifquàm lo cu tu s indignum , & .q uanquam in te r
ad v e rfa y f a l v â v i r tu ti s f am a ,
I VITRÉ , ( Antoine ) ( H i ß . l i t t . mod.. ) impri-
I meur célèbre e Paris. C’eft lui qui a impnmé la
polyglotte de le Jay. On lui a reprochéavoi'X
détruit les beaux caractères des langues orientales
qui avoient fervi à rimpreftîon de cette bible,
pour ôter les moyens d’imprimer à Paris , après fa
mort, aucun livye en ces langues. Chevillier le
dit formellement dansfon origine de 1 imprimerie,
& il. cite un libraire de ïfarrs qui dans une hiftoire
•^de l’imprimerie & de la.iibraitie , rapporte le fait
. avec autant d’affurance que s il en avoit été le
'témoin.' M. de Guignes a pleinement vengé la
mémoire de V i t ré , il a retrouve à 1 imprimerie
.royale çes poinçons & ces matrices <ju on accufoit
çetj imprimeur d’avoir détruits. ,Sà juftification ne
pouvait ê-tre plus coqiplette. On peut la voir dans
l’estai, hiftorique fur l’origine des caractères orientaux
VITERBE, f voye^ Annius de & Godefroi de)
aux articles Annius, 5ç Godefroy, Gilles dê Viterbe
droit, comme eux,;un favant, quiavoit ,j>ri? ce
nom de Viterie du lieu de fa nailfance. .11 émit de
l'ordre des hennîtes de faint Auguftio , il en fut
fait général en i 5,07 * puis cardinal. II fit l'ouverture
du concile de Lattten en i jn fous le pape
Jules II. Il fut employé par Léon X.. en beaucoup
d’affaires conlidétables. 11 mourut a Rome en 153t.
lailfant des ouvrages & faerés & profanes, & en
.vers & en profe. 'Don Martine , dans fa grande
collefiton d'anciens monumens, a donné plufieurs
lettres de Gilles de K/rcrie, qui font de quelque
importance pour rhifto:ré de fon terris.
VITIGÈS , roi Goth d’Italie . vaincu par Beiiq
. fa're au (ixième fiède. :
VITIKIND , ( v o yti WITIKIND. )
V1T1ZA , roi dcsVi<igdlhs d’Efpagne , régna ,
& régna mal pendant neuf ans, depuis yoi.jufjuVn
. 710. ,11 avoir regné cinq autres années avec Egica
fen père. .
de l’imprimerie royale , &c.. par M. de
Guignes, placé à la tête du premier volume des
notices des man,ufcrits de la bibliothèque du roi,
pages 34. & fui vantes. On eftime beaucoup encore
le corps de droit , & la bible latine, de V itre .
S o n défaut eft de ne pas diftinguer l'a confonde
d’avec, la voyelle dans les lettres J & V . Il mourut
' en 1674 imprimeur du clergé.
VITRUVE , ( M. VitruviusPollio ) ( H i f i. l i t t ,
rom. ) fi célèbre par fon - traité d’architefture,
dédié à Augufte , n’eft connu que par cet ouvrage ;
on fait feulement qu’il étoit ne^a Formies. Perrault
a traduit en françois ce traité , dont il y a auffi
une verfîon italienne avec les commentaires d^i
marquis Galliani.
VITRY, | v o y e i H ôpital. )
VITTEMENT,- (Jean) ( H i ß . l i t t . m o d .) étoit
d’une famille pbfcure de Douma 11s en Champagne,
il naquit en 1^55, fit fes etudes au collège de
Beauvais à Paris , où-il remplit bientôt fine cha<re
de philofüphie. Ami de Mefïieurs Rallin & Coftin
& célébré.pir eux, fon mérire franchie le» limites
de l’univerfité , il fut' choifi pour enfeigner la phi-
lofophie à l’àbbé de LoUVois , fils de ce grand Si
puiffant miniftre dont la mémoire infpire plus de
refpeâ que d’amour. Etant refteur de 1 univerfite ,
il complimenta Louis XIV fur la paix de RifVick ,
& foie qu’il eût des avantages extérieurs remarquables
, foit qu’en effet fa harangue fut d’un mérite
diftingué , on attire que Louis XIV dir : jam a is
harangue n i orateur, ne m o n t f a i t t a n t de p la if ir .
Il prouva en eftèt dès la. même année 1 69 -7 qu’il
avoit été ïènfible au mérite de 1 abbé Vittement ,
il le nomma fdiis-précepteur des ducs d’Anjou &
de Berry , fes petits-fils ; il eft même étonnant que
le collège de Beauvais, l’amitié des janfénifles Si
par confisquent la haine des jéfü.tes , ne Payent
pas . arrêté für ce choix ; il avoit fans doute été
préparé par l'influence des Je Tellier-Louvois.
Le duc d’Anjou étant devenu roi d’Efpagne,