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l*abbé Virement raccompagna , lorsqu'il alla ,
prendre pofieflïonde fon royaume. Le roi d’Efpagfte
voulant le fixer en Efpagne, lut dft'roît unepenfion
de huit mille durais & l’afchevêclfé de Burgos,
il refufa tbüt & revint en France'. Le duc d’Orléans
le ndmroa fous-précepteur de’Louis XV, mais il
^he ’put' jamais le faire conferîtir;à redëVoir aucun
bénéfice, il àVoit fait v<jeu de n’accepter aucun
bien iPéglife, tant qu’il aureit 'd’üill'éürs:de:quoi
Vivre pl'rie •’Voulut pas même follicitër une place
;à Pacadériiie -françoife , place qu'bn s^cdoutume
“trop aifémenc à regarder comme düe aux inftitu-
'tèurs dés ‘refis. Si elle étoic dûe, elle cefferoit
d’êtfe défirâble 5 il 'fàüt, pour être flàtteufe,'qu’cite
Ibit une grâce, ou'plutôt une juftice perlbrtnelle.
L’abbé Vittement quitta la doür en J 8c riioü-
~nit dans fa patrie en 1731. Il eîl auteur de plusieurs
ouvrages théologiques & polémiques , dont
aucun n’a eu d’éclat. Il a réfuté Spinofa. M. Coffra
lui a fait une épitaphe qui eft peut-être fon
titre le 'plus flatteur, & qui mérite de trouver
•place ici :
' E RÏ Ce 'd I U M "M. J O ANN IS V I T T EM l'W T,
RROPROECEP T O R I S RE G II.
H I C J A C E T
V ir orhni virtutum de ioUrinegénere èxccllens
Joannes V i r t em en t,presbyter Suejfîonenfis.
Dormant obfeuro loco natus
Generis kumilitatem ingentifplendare ilhiftravit.
Tranflatus ftatim a puero Parïfios ,
In collegio Dormano * Bellovdco
Alteram quafi patriàm naclus eft.
lb i inter Burfarios adfcriptus t
Inddftriâ date , nragtftrâ pdilpertate
Studiis quant acriter tam féliciter incubuît.
M.0X ibidem . philofophiam docu.it
M'agna ciïtn Celebritate.
E veil us ad fupremum univerfitatis regimen ,
Sub finem reftoratâs
A magnifico meritorum eftimatore
Ludov ico magno t
Regioram nepôtum inftitiitioni le&tor adjunct us eft :
Quo toto tempore,
Quamvis in ipfâ aulâ lucem fugitaret,
Régi tarnen , principibus , omnibus aulicis
ln amore & pretio fu it.
Sec ut us in Hifpaniam alumnum Regem
Philippum quintum , -
V IT
Ebdem 'p o j te à , qiianquam in v ito cqncedentet -
Pr iv a tb s a p u d Lutetium lare s la ïu s rep e tili.
In d e .poft a liq u o t -annos revocatus in p a la tium t
Iriftituertée LudOvici X V in fa n t U
Admotus :eft p ro p receptor.
P e rfinHïis au gu f t o mimere
I n deftderdtdfn diîi' fo lltù d id e tn ré ifo la b it,
U n i Deo vucarc ccrtus. .
Oblaéa non f tm e l opima bénéficia
C ô n f iàn ie rré cu fav it,
Opum fplendide contemptor
_ N i f t quas in p au p e r es erogàret.
D iu tu rn o s morbi & ferieUutis angores
Legendoy p rec ando, meditando le n iit ,*
' IHus dèftderio revifende p a tr i e , *
DormaAi in gràviorem morbum in cid it /
Ib iq u e p a r titu s egemsac p refe rtim p o pularibus fu is
' Que fu p e re rah t opes
I n amate f tn u p a u p e r ta tis , quod optabat , ipfe
Conquicvit
Die jt Augufti, an. 1731, Ætatis 77.
VITZILIPUTZLI, f. m. (hift. mod. fuperftit. )
C’étoit le nom que les mexicains donnoiènt à leur
principale idole, ou au feigneur tout-puiflant de
l'univers : c’étoit le dieu de la guerre. On le rt-
préfentoit fous une figure humaine affife fur une
boule d’azur, pofée fur un brancard , de chaque
coin duquel fbrtoit un ferpent de bois. Ce dieu
avoit le fïont peint en bleu ; une bande de là
même couleur lui pafloit1 par-deflus le nez y 'ic
alléit dlurve o teille-à l'autre. Sa tête'étoit couverte
d’une couronne de-plumes élevées dont la pointe
étoit dorée ; iLportoit dans fa main gauche une
rondacbe fur laquelle étoieoc cinq pommes de pîn
& quatre fié-hes que les mexicains croyoiènt avoir
été envoyées du ciel. Dans la main droite il tendit
un ferpent bleu. Les premiers elpagnol* appelaient
Ce dieu Huchilobos, faute de pouvoir prononcer
fdri nom. Les mexicains 'appelloient Icin
ifcntple teutcalli : ce qui fîgnifie la mai fon de dieu.
Ce temple étoit-d’une richelfe extraordinaire ; on
y montoit par cent quatorze degrés, qui condui-
foient â une plate*-forme , au-deflus d: laquelle
étaient deux chapelles : l’une dédiée à V itr ili-
p u t^li, & l’autre au dieu T la lo ck , qui parfageoit
avec lui les hommages & les facrifices. Devant ces
chapelles étoit une pierre veite haute de cinq
pieds, taillée en dos-d’âne , fur laquelle on plaçoit
les victimes humaines, pour leur fendte l’eflomac
& leur arracher le coeur, que I on offroit tout fu«
m^nt à oes dj^ux fanguinaires 3 cette pierre s’appel-
V 1 v
lojt qudtlxicali. On céiébrot plufieùrs fêtes en
l'honneur de ce dieu Lpaïna. ( A . R } .
VIVE-DIEU , ( hift» de Fr. ) ce fut le cri de
guerre dans la fameufe bataille d’ivry, gagnée par
Henri IV. Voici comme Etienne Pafqqier le raconte
dans fa lettre écrite à M, de Sainte-Marthe,
rom. I L pag. 667. « Le roi voyant lois fes affaires
en mauvais termes, commença en peu de paroles
à exhorter les fiens j 6c quelques-uns faifant contenance
de fuir : tournez vifage ( leur dit-il ) , afin
que fi ne voulez .combattre , pour le moins me
voyez mourir. Sur cette parole lui & les fîens
ayant un vive-Dieu, en la bou.che pour Je mot du
guet , il broche fôn cheval des éperons, & entre
dans la-mêlée arec telle générofité , que fes ennemis
ne firent plus que conniller. » ( D: J. )
ViyÊS , ( Hift. rnod.) c’efl le nom d’un page J
du roi dç Navarre , Henri d’Albr-t, lequel dpnna
une grande marque d’attachement & de zèle à ce
roi. Henri d’Albr'et avoit été fait prifonuiei à la
bataille de Pavie , ainfi que Frajiçois I. Peicaire,
qui l’avoit pris, le tenpit enfermé dans le château
de Pavic , & réfuta , dit-on , cent, mille, é.cys que
Henri lui offroit pour fa rançon. La filpHté de
Pefcaire menaçoit le roi de Navarre d’un fi.niflre
avenir. La raifon dé>at. fource d’injuflices. 8c de
cruautés, fembloit défendre à l’empereur ! e mettre
en liberté uo prince dont fon ayeul avoit ufurpé
la couronne. Le roi de Navarre prit d’autres me-
lyres pour fortir dé captivité , il epirompit deux
de fe garjeis qui favori'ète.nt un firâtagême , concerté
e.’tre lui & Vives fon page. Olui-ci entra
le matin dans li cha i;bre du loi de Navarre po.u.r
l’habiller ; le r->i prie les h ibits d.e V iv e s , qui fe
mie au lit à fa place. Le roi, a’nfî déguifé , pafla
au trave s du corps de girde fans.êtr- reconnu,
il trouva des chevaux hors du château & prie précipitamment
la route de Piémont. Vives ^ pour donner
plus de t-ms àf(pn maît>e, feignit d’abo.rd de
dormir quand on entra dans la chairrBre, puis il
prétexta une maladie & tint toujours fes rideaux
fermés juiqu’au foir. Enfin Pinquictuie fit violence
au refj eét ; le capitaine de la garde entra , ouvrit
les rideaux & reconnut V iv e s , Gy lui fit g;ace,
car après tout il ayoit fait fo». devoir, & il y amoit
eu de la lâcheté à. le puniç.
Le P. Daniel dit, d'après la préface de la vie
dn maréchal de Gaffion * que ce fut Jean de Gaf-
fion , Bifaycul du maréchal, qui procura la liberté
au roi de Navarre ; le fait paroît même confiant
par le témoignage de du B. liai. Il paroît que Jean
deGaflion fut choifi, par les .états dé Béarn., pour
traiter de li rançon du toi de Navarre j>6c que ,
n’yant pîi convenir de tien avec les généraux ou
lçs nûnifties de l’empertur., i! eipploya, foji argent
& celui des ét?îs à cpriiempre les. garder, qui
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facilitèrent Pévafion du roi de Navarre. Mais les
deux récits fe concilient, Gaflion aura tout difpofé
par fon argent & fes intrigues ; & le ftratagêine
de Vives aura fervi au moment de l'exécution.
ViVjès , ( Jean Louis) (h ift , litt. mod. ) né à
Valence en Efpagne en 1491 , enfeigna les belles-
lettres à Louvain. U paflâ en Angleterre & enfeigna
le latin à la prineefle Maiie, fille de Henri VJIX ,
& q»i fut depuis la reine Marie. Henri & fa première
femme Catherine d'Anagon pier oient eux-
mêmes tant de goût à fes leçon , qu’ils qui.toient
leur cour Sc alloient exprès jufqu’a Oxford pour
les entendre. Tout changea dans la fuite, Catherine
& fa fille tombèrent dans la difgiace , Henri
n’eur plus d’amis ou d’ennemis que ceux qui approuvaient
ou qui improuvoient fon divorce avec
Catherine.; Vives fut de ces derniers, il parla,
il écr vit contie le divorce ; il fut mis en prifon ,
il y refla fix mo s , dès qu’il eut recouvré fa liber-,
té , il retourna en Efpagne , s’y maria, vécut tranquille
au fein des lettres , & mourut à Bruges en
1^40. Il étoic ami d Erafme & de Budée, & quoique
inférieur a iüm en taf nt , a 1 autre en érudition ,
on le mettoit à-peu-près fur la même ligne. On
a de lui fur la cité de Dieu de faint Auguflin ,
des commentaires , dont quelques endroits furenc
cenfurés par les dodeurs de Louvain , un traité de
la décadence des arts 8i des fejences , un traite de
la religion. Ses oeuvres ont été recueillies en deux
volumes in-folio.
VIVIANI , ( Vincent., Vincenzio ) ( Hift. litt,
mod.') de l’académie des fciences de’Pars , gentilhomme
Florentin., difçiple de Gftlilée & fidère toute
la vie à ce ticr.e par reconnoilf^nce, & par vanité
peut-être , naquit à Florence le p ayril \ 6 i.z. Galilée
qui, dans fa vieillellè , avoit perdu, félon fa.
propre expred'iça , ces ycu# qui aboient découvert
un nouveau, c ie l, prenoit'piaihr à fpimcr des jeunes,
gens qui lui tenoi-nt Leu. dè eps veux qu'il avoir'
perdus; il prit chez, lui, ,eii j [éc adopta, en]
quelque forte M. V .viani. Celui-ci avoit alors
dix.-fept ans, il pafla,, trois an^ y.vec fon nwîvre,
depuis dix-fept jufqu’à vingt, que la mpit de Gaji-
lce les fépara.
j Non - feulement M. Viviani profita beaucoup
fous un tel maître , mais il prit pour lui une ten-
dreife vive & une efpè.ce de pjflian. Par-tout il fe;
nomme le difciple & le.d.ernier difciple.de Galilée ;
; jamais il 11« iiut fon nom à un ouvrage, fans l’yc^
compagner de ce titre ; jamais il 11e manque une
!oeçafion de parler de Galilée, jappais il ht le..
noipme fans lui rendre un hprjimage. Les grynd^
! ouvrages qui , avec de fréquentes & de longye^
; interruptions occupèrent toute la vie de M. V i-
vïani , font fes divinations fyr Ariftée & fur Apol-
! lonius de Peige en Pamphiliè , anciens géomètres,
dont.lç premier vivoit environ trois-ceut ans avant