
< Madame de Sévigné mena pour la première fois
fa fille à la cour, en 1663 ; cell.-ci joua divers rcles
dans les fêtes de 1663 & 1664, & Benferade fit des
vers pour elle. En 1664 , dans le ballet des amours
déguifés, elle repréfentoit un amour déguifé en
nymphe de la mer, Benferade relève galamment à
ion ordinaire tous les traits de'reflemblance qu’il ap-
perçoit entre l’amour & la jeune Sévigné, & il finit
ainfi :
Enfin, qui fit l’un a fait l’autre,
Et jufques à fa mère,elle eft comme la vôtre.
Dans une autre pièce il dit avec un peu trop de
recherche Si avec un badinage qni n’eft pas par-tout
d’un goût excellent, en parlant de Mademoifelle de
Sévigné :
Elle verroit mourir le plus fidèle amant
Faute de l’aflifter d’un regard feulement ,
Injufte procédé , fotte façon défaire
Que la pucclle tient de Madame la mère.
Il ajoute, en parlant de celle-ci :
Se laffant auflï peu d’être belle que fage.
Madame de Sévigné difoit que fa fille a voit été ion
préfcrvatif contre Famcur;« s’il cft ainfi, dit-elle, je
» vous fuis trop obligée & je ne puis trop aimer
n l’amitié que j’ai pour vous. » Meilleurs de Port-
Royal trouvoient de l’idolâtrie dans cette tendreffe
paffionnée d’une mère. Vous êtes une jolie payennne ,
lui difoient-ils, moitié en la flattant, moitié en la
grondant.
Mademoifelle de Sévigné, fut mariée le 29 janvier
1669, à François de Caftelane, Adhémar deMonteil,
comte de Grignan. ( Voyez Monted. )
Madame de Sévigné, en mariant fa fille à ua homme
de la cour, efpéroit paffer fa vie avec elle, le fort
en difpofa autrement, le fervice du .roi appella &
retint M. de Grignan en Provence1, la confolation de
Madame de Sévigné fut tantôt d’attirer fa fille à Paris,
tantôt de l’aller chercher au fond de la Provence:
en lifantfeslettres,le le&eur défireroit qu’elles enflent
toujours été féparées. Le dernier voyage de Madame
de Sévigné à Grignan fut vers la fin du mois de mai
1694, elle n’en revint pas ; elle y fut préfente au
mariage du marquis de Grignan fon petit-fils avec
Mademoifelle dé Saint-Amant. Vers le milieu de
l’année 1695 , Madame de Grignan eut une longue
maladie qui fit mourir fa mère d’inquiétude & de
fatigue. Elle tomba malade elle-même le 6 avril 1696,
d’une fièvre continue , qui l’emporta le quatorzième
jour.
L’éditeur de fes lettres ne croit point que , comme
quelques-uns l’ont dit, la mère mourut brouillée avec
la fille. « Il n’y eut tout au plus, dit-il, dans le cours
» de leur v ie ., que quelques légers nuages que la feule
* tendreffe avoit formés, & quel autre fujet de plainte
)) pouvoit donc avoir Madame de Grignan contre
» fa mère ?
Quid enirn mfi fe quererctur amatam ?
Dans des lettres fiiuffement attribuées à une com*
temporaine qui paroît jaloufe de la réputation de la
mère Si de la fille, Si qui prend platfir à leur donner du
ridicule , on insiste plaiiamment fur les inconvénients
ds cette vive Si inquiète tendreffe, &. on dit ce qu'ont
dû dire dans le temps les gens frivoles & mal intentionnés.
Oncroiroit ces lettres écrites par Madame
de Marans ou par Madame de Lude, fe aies ennemies
de Madame de Sévigné & de Madame de Grignan
que les le très de Madame de Sévigné nous faffènt
connoître. L’auteur a fait quelque temps illufion. Il
falioit du talent pour le rendre ainfi propres, les
idées, les fentiments, fur-tout les intérêts d’un fiècle
où on n’a pas vécu, & d’une fociété qu’on n’a point
connue. Ces lettres ont été publiées en 1685, fous
le titre de lettres de Madame la comteffe de. L . .. à
M. le comte de R . . . . Madame de la Fayette y eft
aufli maltraitée.
SEVIN, ( François, ) ( Hijl. Lin. mod. ) de l’académie
des Idcripiions Si Belles-Lettres, garde des
manufcrits de la bibliothèque du roi, étoit fils d’un
doûeur en médecine, de la faculté de Montpellier.
Il naquit le 18 mai 1682, à Villeneuve-ie-Rci,
en Bourgogne, 011 fon père exerçoit fon art. Il fit
connoiffance Si forma une étro’ts liaifon avec M.
Fourmont, à la communauté des trente-trois à Paris :
ils étudioient enfemble le grec Si l’hébreu, pendant
que les autres écoliers ou dormoient ou étudidient
ce jargon fcholaffique qu’on prenoit alors pour de la
philolôphie & de la théologie. Ces études furent continuées
hors du collège & leurs fruits bientôt portés
dans l’ académie des Infcriptions & Belles-Lettres, où
M. l’abbé Sevin entra en qualité d’élève en 17 1 1 , puis
devint affccié en 1714, & penfionnaire en 1726.
Voilà prefque toute la vie de M. l’abbé Sevin ; l’évènement
le plus confidérable de cette vie, fut le voyage
littéraire qu’il fit dans le levant, pan ordre du roi avec
M. l’abbé Fourmont, (Michel) frère puîné de ce
favant Fourmont fon ami Si fon compagnon d’études.
V o ’ci quels furent & la caufe & l’objet de ce voyage,
Mehemet Effendi, ambaffadeur de la Porte en France
en 1721 , & Zaïd Aga, fon fils, qui l’a voit fuivi dans
cette ambaffade, y avoient porte le goût des lettres
qu’ils reportèrent à Conftantinople, plus éclairé <5ç
bien augmenté par les merveilles littéraires de tout
genre qu’ils avoient vues en France. On vit en confé-
quenee, en 172.6, une imprimerie établie à Constantinople
fous la proteéf on du grand-vizir Si l’autorité
du fultan. En 172.7, ce même Zaïd Aga, fils de Mehemet
Effendi, Si que nous avons vu en Ï742, ambaffadeur
en France comme fon père, écrivit à M. l’abbé
Bignon que s’il fe trouvoit à Conftantinople quelque
favant , quelque académicien François, il pourroit
être introduit dans la bibliothèque du graiid-feigneur ,
qu’on croyoit être celle des anciens empereurs grecs
conservée
ceonferVée par le commandement exprès de Mahbtffet '11 lotfque le conquérant avoit pris Conftantinople. 1
t/efpérance de trouver des manufcrits grecs confi-
dérab’es, engagea le roi à nommer, au mois de juillet
*728, M. l’abbé Sevin. Si M. l’abbé Fourmont pour
cette recherche. Ils partirent avec nôtre ambaiiadeur
■ à la Porte ,s M. le marquis- de'Villeneuve. Ce voyage
■ occupe' les années' 1729 Si 1730. On en trouve la
relation dans le lèptième terne Ou recuetl'de l acaderme
des Belhs Lettres, pages 334 & fusantes. Le fruit
■ de ce voyage fut que M. l’abbé Sevih apporta plus
de fiz cent manufcr.tS' chôifis, fans ceux que fes
cor refpondances procurèrent depuis. 'Le roi nomma
VM. YibbktSevift'z l’abbaye dé la Frenâdo , qu’il remit
■ moyennant une penfion ; il'avo.t refufe précédemment
•un canon'tarde Sens , qui l’aurôit éloigné de fes études
favorites.'Le recueil de l’académie "eft plein de fes
‘mémoires , parmi lefquels on dftaigue fes recherches
fur l’hiftoire d’Affyne , dé'Lydie, de Carie, fur les
'rois de Pergame' 6c ceux de Birhynie ; iïtr la vie &
les' Ouvrages de Juba le jeune, roi de Mauritanie^,
■‘d’Hécatée de Milst, de Nicolas de Damas, d’Evhè-
mère , de Cillifthène, de Tyrtée , a’Archiloque , de
Panoetius , de Thrafille, de Philille, de* Jérrne' de
*Cardie , d’Athénodot e , de .Ch&ron de Lamplaque,
de Théophane.
M. l’abbé Sevin fut fait garde ’des manufcrits de
k bibliothèque du Roi après M. l’abbé de Targni,
mort le 3 mai 17.37. Il mourut le 12 mars 1741.
Il pouffoit loin la fimplicité littéraire, l’oubli des
' foihs de la ' vie Si l’ind ïTérence pour tout' ce .qui
* n’étoit pas • l’étude de Itu-même , dit l’hfftor ien * de
l’académie,: il ‘ffauroit jamais fongé à avoir du linge ,.
un habit , il fà.loit l’en avertir , i’en preffer i le plus ;
'■ sûr était de le lui faire faire.
SEXTUS-EMPYRIGUS ; . ( Hijl Liuanc.) air.fi
6 (fictifenvoye^mol cinq mille écus , ou mille me f arts
de , Sic. Après avoir reçu les aumônes des âmes
dévotes , le moine mendiant va lau e le meme métier
'••nommé, parce qu’il-étoit de 11 feète des Empyriques
1 parmi les médecins , étoit de la fecte des Pyrrhomer.s
parmi les-, philofophes; il nous alaiffé des inilitutions
pyrrhoniennes, qui ont été traduites en françois par
un écrivain nommé Huart ; il a laiffé un ouvrage
contre les mathématiciens, peut-être par l'éloignement
naturel qu’un Pyrrhonien doit avoir pour dos gens
qui procèdent toujours par détnouftrations. Fabrieius •
nous a donné en grec Si en latin, la meilleure
-édition de Sextus-Empyricus : celui-ci vivoit fous
"l’empire d’Antonin Pie, & fut, dit-on-, un des inf-
• jitut.ins de Marc-Àurèle.
SEYAH, f. m. ( Hijl. mod. ) êfpâces de moines
^tuics ; ds ont des n.onafières, mais lorsqu’ils en font
une fois for.is, fs .n’y rentrent plus, & paffeilt le
refte de leur vie ù-courir-de coté Si d’autre & à
{are les vagabonds!":En leur donnant, leur congé,
leurs fupéjjcurs les taxent -à une femme d’argent, ou
à une certaine quantité de provifions qu’ils font
obligés d’envoyer -.au couvent, faute de quoi !’e>.nc*e
leur en cil fermée. Lorff iu’un Scyah arrive dans une
ville,,'il v'a au marché ou du. 13 la fai! e qui efl aup.ès
dû la grande molquée ; là il crie dé toute fa force ,
dans un autre endroit,, & 'vit toujours errant
jufqu’à ce qu’il ait amaffé la fonime à laquelle il a ete
taxé. Il y a chez les Indiens & dans les états du grand-
mogol une. grande quantité de ces piefux faineans.,
qui viennent fouvent infefter les étaîs-du- grand-fei-
gneur , ‘à qui ils font'fi fort ù'charge, qu’un vifir
fit -dire au-grand-mogol qui avoit fait des offres de
ferviee au fultan , que la. plus grande fav.ur que f i
jfiajejié"Indienne pût faire à fon maître , étoit d empêcher
que les nligieux mendions de fes états n e;.-
trajfent f . r ceux de fa hauteße. ' C antémir ,
HiJ% Ottomane. {A. R!.)
_ SEYMÀR-Ba SS Y , f. m. ( Hijl. Turq. ) pre-
| mier lieutenant des j millau es ; il commande en particulier
ceux qu’on appt Me - feymenys* Lcrfque'l’aga
marche en^oampagne-, il prend le titre de lbn lieutenant
-à Conftantinople, il peut mettre fon 'propre
cachet’ for les .ordres qu’il donne: enfin, il a lg
maniment de toutes les affaires des janiffaiies. Duloir.
( D. J^)
SEYMOUR, ( Hijl. j Anglet, ) dès Îe'len'dèmain
de l’exécution d’Annede Boüfen, fîeni i V i l l epouia
Jeanne Seymour qui àvôit enlevé à la première ie
coeur de ce terrible_ïhari.' Cette nouvelle femme ni
fut pas plus héiïr-eufe: ce fut aux dépens -de fa v;e
qu’elle’donna un -fis à Henri Vf 11 , Si xe fut'fon tnaii
qui diéia fon 'arrêt. Les chirurgiens donnèrent du*
on , à Henri le choix de fauv..ria mère '011 Tentant,
• no-pouvant les faüver l’un âê. l'autre. Je trouverai, du- ■
i l , ajfe^dautres femmes , ÙL il dit.vrai', tant le trône
j a de charmes ! Le fils de Jeanne Slymour lut le : oi
Edo uard V I qui fuccé.da i miKediatementü Henri V LL
Le duc de Sommerfet, faîne dès Seymour s , frères
de Jeanne, fut proteét.ur du royaume pendant U
minorité du roi fon neveu -, ce qui concentroît dans
la perfonne de Sofhmerfet toute l’autorité de la
régenc-:. Thô'mas Seymour, fon frère; c;ui avoit épouvé
Càherine Parr, veuve de Hemi V III, étoit gra *d
amiral. La. méfintelligeftçe fe mit entre les deux
hères •&'parvint .à un tel excès que le ; protedleur lit
faire le procès à l’amiralr, qui eut ia tête tranchée fur
des accuiations affez frivoles. Somnierfet eut le me.ne
fort à fon tour & le méritoit encore mains, fi ce n.iè
par fon injuftice , & fa cruauté envers fon frère. D.s
payfans que la nöbleffe opprimoit, s’étoient révoltés,
Sommerfet après les avoir vaincus, 'es traitoit avec
indulgence. Ce fut un,des crimes qu’on lui imputa-
La Nobleffe , qn’un efprit tyrannique rendoit mpi t-
cable à l’égard de ■ ces malheureux , trouva mauvais
qu’il défendît contre elle lcS droits de l’huinanue.
j O.i lui fit encore un grand crime d’avoir propolc
j de prévenir toute conteftation avec la France-,
j reftuuant Boulogne moyennant une femme dont oiï
j conviendroit ,& ceux qui lui en firent un crinie-iiea*
dirent Boulogne peu-de temps après,. pour-une ibtiufo
[ trés-mcdi'.'u..
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