
Un autre Wicquefort, ( Joachim de) chevalier
de l’ordre de Saint-Michel, réfîdcnt du landgrave
de HeiTe auprès des états généraux des Provinces-
Unics , eft connu par fa correlpondancc avec G-afpar
Barlée, publiée à Amftefdam en 1^96,
W 1ER , ( Jean ) dit Pifcinarius ( hiß. litt, mod.)
médecin du duc de Clèves, né en 4 515 , à Grave
fur la meufe » dans le duché de Brabant, voyagea
en divers pays, nommément en Afrique. 11 eut le
mérite, au feizième fiècle > de ne pas croire aux
loiciers&aux fortilèges, St de configner fa croyance
lur ce point dans un traité exprès deprsfiigiis &
incantationibus 5 mais comme il falloir payer un
tribut aux erreurs du temps, il n'a pas la même
incrédulité fur d’autres articles qui ne font pas
plus dignes de foi. On- dit qu’il étoit ■ d’un tempérament
fi robafte , qu’il lui artivoit fouvent , fans
en être feulement incommodé, de palier trois 911
quatre jours fans boire ni manger. Mort subitement
en i ; j8 , à Teklembourg.
WIG G ER S, (Jean) ( Hiß. litt. mod. ) profef-
feur de philofophie & de théologie à Louvain, à
Liège., à Arras , eft auteur de commentaires latins
, en 4 vol. in-fbi, fur la fomme de faint Thomas.
Ces théologiens à commertaires & à in-folio
pc font plus guères |üs, & nous n’en parlons quelquefois
que parce qu’ils ont eu dans leur temps quelque
célébrité, & que pour marquer les révolutions ar-
ilvées dans la littérature. Né à Dieft en 15 7 1 , mort
en 1659.
W ÎGH S , ( Hiß. mod.) nom donné en Angleterre
au parti oppofé à celui des Tocys.
L ’origine du nom des Wighs & des Torys,
quoique peu ancienne, eft rrès-obfcure : fi dans
la naiflànce d’un parti on a fait peu d’attention à
quelque aventure commune , où a que'que circonfiance
frivole , qui a fervi à les nommer , envain
ce parti devenu fameux par les fuites , excitera-
t-il la curiofité des favans, pour trouver la véritable
raifon du nom qu’on lui a donné 5 ils formeront
mille conjectures St fc tourmenteront fans fuecès
pour en découvrir l’étimologie , au moins pourront
ils rarement fe flatter de l’avoir faifie au jufte,
C ’eft ainfi qu’on appelle en France les càlvioiftee
huguenots^ fans qu’on puiffe décider sûrement d’où
yient ce nom.
wigh eft un mot écoflois , & félon quelques-uns ,
il eft auffi en ufage en Irlande, pour fîgnifiçr du
petit-lait. Tory eft un autre mot irlandois . qui veut
dire brigand St voleur de g rand chemin.
Pendant que le dac d’Yorck , frère du roi Charles
II , s’étoit réfugié en Eco (Te , ce pays fut agité par
deux parti?, dont l’untenoit ppur te duc, Tautre
pour le roi. Lcspanifans du duc, étant Jes plus
forts, perfécutoier.t leurs *dveif.ires, & les obli-
geoient fouvent à fe retii cr dans les montagnes
& dans les forets, où il ne vivoient que de la it,
ce qui fut caufe que les premièis les appclievenc
par dérifion , Wigh ou mangeur* de lait. Ces fugitifs
donnèrent à leuis pcrfécuteurs , le nom de
torys ou de brigands. Suivant cette co; jéctmre les
noms de torys St de jp-iglts, fero.ent venus d’Ecolïe
avec le duc d'Yorck. .
D’autes en donnent une étymologie qui remonte
plus haut. Ils d.lent que durant les troubles qui
causèrent la mort tragique du roi Charles, les par-
tifans ,dc ce prince éto ent nommés cavaliers -, &
ceux du parlement rounds-heads, têtes rondes j
parce qn’ils fortoiert des. cheveux extrêirement
courts* Or , con me les ennemis du tpi l'accusèrent
de favorifer la rébeillion d’ Irlande , qui éclata dans
ce temps-là , /les parlementaires changèient le nom
de cavaliers en celui.de torys, qu’on avo c donné
aux brigands d’Irande. Et récip oquement les cavaliers
ou parç.fans du ro i, donne:eut aux parle-?
mentaires , parce qu’ils étolent figues avec les écof-
fois, le nom de wighs, qui eft celui d une
efpèce de fanatiques d’Ecofle , qui vivent en pHne
campagne , St qui ne fe nou'iflent communément
que dé lait. Dijfcrt. de Rapin Thoiras , fur les wighs
& les torys , imprimée à la Haye en 17x7.
M. Burnet prétend que le nom de wigh, eft
dtrivé du mot écoflois wiggham, qui (en foi même
ne lignifie rien , St n’eft qu’un cri dont les charretiers
écoflois fe fervent pour animer leurs chevaux ;
que ce nom fut donné pour la première fois aux
presbytérien? d’écofle en 1648}, lorfque le çoi
Cha-.lès I , étant d jà prifonnier entre les mains
du pa iement, ils prirent les armes, àttaquèrei t
les royaliftps, & s’emparèrent enfin du pouvoir
fupréme 5 que le parti du - roi donna alors le nom
de wighs aux presbytériens écoflois, parce que la
plupart n’étoient que des payfans & des charretiers 5
que dans la fuite , ce nom devint commuu à tout le
parti, & que i’ufage s’en établit aufli en Angleterre
A ce que nous avons déjà dit des wighs, fous
le mot torys, nous ajouterons que les principes
des wighs font: que les fujets doivent toute forte
de refpect & d’obé fiance à leur? fupérieurs, tant
que ceux-ci obfervent les conditions tacites ou
exprefles fous lefquelles on leur a remis la fou-
veraine autorité. Que fi un prince prétendoit gou«j
verner defpotiquement la confcience, la vie &
les biens de fes lujets, St qu’il violât pour cet effet
des loix fondamentales, il fçrôit du devoir des
fujets, tant pour leur propre confcrvation, q»c
ppur célle de leurs defeendans , de refufer l’obéif-
fance que l’on exige d’eux, St de prendre les me-
fures les plus convenables pour faire qu’à l’avenir ,
ils ne pulfeçt être gouvernés^ que félon leurs loix. Il
n’eft
n’eft pas difficile de fentir que cés principes’ interprétés
iuivant les circonfiances, par ceu£ qui l’es
foutiennent, anéantiroient le pouvoir du roi d’Angleterre
j St que ce font ceux qui ont conduit fur
l ’échafaud l’infortuné Charles I.
Quoique les Wighs foient extrêmement oppofés
au parti de Ja cour, cependant» foit ménagement,
foit autre vue de politique , la cour ne laifle pas
que de les employer , & de les mettre fouvent
dans les plus hautes places. Sous Guillaume I I I , &
les premières années de la reine Anne, le minif-
tere étoit Wigh, il devint tout-à-coup tory fur la
fin du règne de cette princefle ; mats des que
Georges I , fut monté fur le trône, les Wighs reprirent
l'avantage. ( A . R .)
WIGNEROD , ou V IG N E R O D , ou VIGNE-
ROT. ( Hiji. de Fr. ) Les Wignerod font d’origine
britannique ; (ils font venus s’établir en France lous
le règne de Chades V IL Voici ce aueFlechier,
de l’aveu de cette famille, & fur des mémoires
fournis par elle , dit de fon origine-dans l’oraifon
funèbre de la duchelfe d’Aiguillon :
« Vous favez, meilleurs, St -c’eft allez, que la
noble maifon de Wignerod, originaire d Angleterre,
établie en France fous le règne de Charles V I I ,
s'efi élevée au rang qu’elle y tient par une longue
fucceflion dè vertus , & a mérité , par de fignalées
victoires remportées fur terre & lur mer , de perpétuels
accroiflemens d’honneur St de gloire. »
Jean de Wignerod, feigneur de Pont-Courlay,
mort avant i f 06 , eft le premier qu’on voit figurer
en France dans leur généalogie.
Le plus célèbre que l’on rencontre enfuite , eft
René de Wignerod, feigneur de Pont-Courlai ,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, mort
en 16xf. Il avoit époufé , par contrat du 28 août
1605 , Franqoife Dupleflïs, loeur du cardinal de
Richelieu , veuve de Jean - Baptifte de Beauvau ,,
marquis de Pimpean & des Roches, St fille aînée de
François, feigneur de Richelieu, chevalier des ordres
du roi, grand prévôt de l ’hôtel, & capitaine
des gardes-du-corps. René de Wignerod étoit .petit-
fils de Jean.
Il eut pour fils François de Wignerod, marquis
de Pont-Courlay , -gouverneur du Havre-de-Grace,
créé en 1633 chevalier du faint-efprit; il fe diftingua
en 1634 au liège de la Mothe en Lorraine; U fut
fa it, en 1635, général des galères; il remporta
une vi&oire célèbre fur la flotte ■ d’Efpagne , près
de Gènes, le premier Icptembre 1638, & mit en
fuite quinze galères clpagnolcs. Il mourut à Paris le
t 3.6 janvier 1646, âgé de 37 ans.
Il eut pour feeur Marie - Madeleine Wignerod y
c’eft la fameufe duchelfe d’Aiguillon, -fi puiflante
Hijioire, Tome K.
fur l’efprft du cardinal de Richelieu fon ondé» Eli*
étoit dame d’atours de la reine. Le cardinal, alors
évêque de Luçon, en faifmt !e traité d’Angers, en
1620,.entre Louis XIII & Marie de Médicis , là
mère, ftipula pour article |fc||| le mariage de fa
nièce avec Antoine du Roure, feigneur de Coni-
balet, neveu, du favori ( de Luynes ), ;Elle perdit en
1630 les places & fa faveur à la cour de la reine ,
par une fuite de la difgrace où tomba le cardinal
auprès de cette princefle, ou, fi l ’on veut, de la
difgrace où tomba cette princelfe auprès du cardinal.
Ce.ui-ci fu.t toujours occupé du loin d’élever la
nièce ; il voulut la marier au comte de Soiflôns ,
lorfqu’elle fut reliée veuve, fans enfans, de Com-
baler. Le comte de SoilTons, toujours fier St tou-
jou#s ennemi du miniftre, rejetta cette alliance avec
■ beaucoup de hauteur. Richelieu tenta pour lors de
la marier dans la maifon de Lorraine. Tous ces
projets ayant manqué, il voulut qu’elle fût honorée
& puiflante par elle-meme , & quelle ne dût qu’à
lui feul fon élévation. Il fit ériger en fa faveur, en
1638, Aiguillon en duché-pairie, avec cette claufc
fingulière : pour en jouir par ladite dame, fes héritiers
& fucceffeurs , tant mâles que femelles , tels
quelle voudra ckoifir. Elle exerça ce droit Singulier
dans toute fon étendue. Par fon teftament fait en
1674 , elle appela d’abord au duché d’Aiguillon
Marie-Thérèfè de Wignerod, fa nièce, fiPe de
ce François de Wignerod, général des galères, dont
il vient d’être parlé. Celle ci mourut religieufe en
1704. La première duchefle d’AiguilIon , Marie-
Madeleine, avoit en même-temps fubftitué à Marie-
Thérèfe fon petit-neveu Louis , marquis de Richelieu
', dont le fils, le comte d’Agenois, a été déclaré
duc d’Aiguillon par arrêt du parlement de 1731,
cootradiâoire avec tous les pairs de France* C ’eft le
père du feu duc _d’A iguillon, père de celui d’aujourd’hui.
La première duchefle d’Aiguillon mourut le 17
avril 167 ç. Depuis la mort du cardinal de Richelieu,
elle s’étoit infenfiblement détachée de toute idée
d’ambition ; élit avoit fini par fe mettre fous la di-
re&ion du bienheureux Vincent de Paul ; elle féconda
les pieux & utiles établiflemens de ce faint
homme, elle y engagea fa fortune , elle n’épargna
rien, ni pour foulager l'humanitélôulfrante, ni pour
ramener au lein de Péglife romaine les proteftans &
leurs minières. Fondations d’hôpitaux, rachats d’ef-
claves, millions entretenues, (oit en France, (oit
dans les pays étrangers, voilà quelle fu tl’occupatica
du refte de fa vie & l’emploi de fes riçhelTes.
Le frère de la fécondé duchefle d’Aiguillon 9
( Marie-Thérèfe ) nommé Armand-Jean , fut fubf-
titué-par le cardinal de Richelieu, fon grand oncle,
au nom & armes du Plelfe-Richeiieu; il a formé la
branche des ducs de Richelieu , branche aînée de la
famille des Wignerod. Il fut i’aieul du feu maréchal
de Richelieu*
N n o u