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reine a Angleterre: paffa en Fi ance. Cette reîné ,
( IiabeUe de France ) étoit fille de Phiiippo-!e*-Bel
&. foeur de Charles le-Bel, qui regnoit alors. Son
^r.etexte » Pcur ce voyage, étoit d’achever la réconciliation
de fbn mari & de l'on frère ,* maisfon motif
véritable eteit bien different : elle venoit au con-
tialre armer fbn frère contre fon mari ; elle vçnoit
demander du fecouri contre les Spenfers qui ne cef-
foient de l’outrager. Tant qu’Ifabelle avoit été innocente
| elle n’avoit ofé rifquer une pareille démarche ;
mais devenue coupable à l'exemple de fon mari ,
enuardie par les pafiions , excitée par les intérêts
cl un amant, elle oiu tout. Le désordre entraîne le
oefordre & femble l’exeufer. Edouard ne pou voit
pafier de mignons , Ifabeile fe permit des amans ,
& comme lui elle choifit bien. Roger de Mortemer,
d une famille originaire de Normandie, qui la goù-
vernoit alors comme Spenfer gouvernoit le Roi ,
croit- le plus bel homme d’Angleterre &. le plus
Jpirituel.
Les Spenfers perfeeufèrent tant Mortemer , qu’ils
craignoient encore plus qu’Ifabelie, que ce malheureux
, toujours menacé de la mort, fut réduit à chercher
un afjle en France. Cette retraite & la guerre
alors, fubfiffante entre la France & l’Angleterre ,
furent encore pour les Spenfers une cecafion de per-
fecuter Ifabeile. On lui flippofa des intelligences avec
la /rance, & fous ce prétexte | Edouard la dépouilla
jdc comte de Cornouaille « dont elle jouiflbit en vertu
de 1 ufage établi alors en France & en Angleterre ,
de donner aux reines des domaines particuliers pour 1 ehtreîcën de leur mai ion. Après l’avoir ainfi atta-
diiee dans fes inclinations & dans fa fortune, on eut
1 indifcrérion de l’envoyer en France, & de lui confier
les interets de l’état. Charles le Bel exigeoit
qu Edouard vint lui rendre hommage en perfonne,
ce qu’il n avoit pas fait encore. Ce voyage d’Edouard
en France , étoit ce qui embarraffoit le plus les
Spenfers ; ils ne pouvoient fe réfoudre à l’y laiffer
a11er fans eux , & ils n’ofbient, en Accompagnant,
s expofer a pacoître devant le frère de leur reine,.
On imagina donc de la faire palier en France, dans
i efperance qu’elie trouveroit quelque expédient pour
difpenfer le roi fbn mari,. du voyage. Elle porta tout
fon rcffentiment au tribunal du roi fon frère. Ses
premiers mots furent des plaintes contre un mari
injufrê & des minift.es infolents. « Le noble roi.
” Charles qui la yoyoit , dit Froifïard lamenter
» & p’orer , fut touché de compaftion, & lui dit:
» Bell, foeur, cppaife^ - vous , car foi que je dois à
» Dieu & à Monfeigneur Saint Thnis,. je y pour-
» volai de remède.
Mais 9 iorique l’affaire eut été mûrement exam née
dans le çonfeii, on fit une réponfe très-fage ; On dit
an roi qu’il faîloit permettre en ■. feeret à la reine
d’Angleterre de fe faire des amis & de lever des
troupes en France, que le roi pouvoit même l’aider,
ditFroiflard , couvertement Jor & <£argent , qui eji le
métal de quoi on acquiert l’amour des gentilshommes & ]
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des pauvres (ouldoyars ; mais que et émouvoir guerre
pour un tel f i j e t 3 ce rt étoit pas chofe qui appartenait.
Le roi fit rendre cette réponfe tout coyemcnt à fa
foeur, qui parut s’en contenter, & qui voulut avoir
rempli aux yeux du public , l’objet apparent de fon
voyage. Elle fit donc conclure un traité entre les
deux nations ; mais Charles le Bel ne .vouloit toujours
point difpenfer Edouard de l’hommage qu’il
devoit rendre en perfonne ,* nous avons dit les rai-
fons qu avoient les Spenfers d’empêcher ce voyage,
lubelle fecondoit leurs vues par des vues differentes :
elle n’avoit pas plus d’empreffement de voir Edouard
en France qifils n’en avoient de l’y envoyer. Les>
Spenfers trouvèrent un expédient par lequel on peut
juger de la fidélité de ces miniftres. Ils proposèrent
au roi de céder au jeune Edouard , fon fils , la
Guyenne & léPonthieu, afin qu’il fût feul vaffal du
roi de France. Edouard II approuva fort cet expédient
: il fit partir fon fils , & refta en Angleterre,
liabelje reftoit aufii en France, où elle étoit réunie
avec Mortemer fon amant. Charles la voyoit rarement,
la traitoit froidement, lui parloit peu , mais
ne la renvoyait point. Edouard , qui ne devoit
que trop tôt la revoir, la redemandoit hautement,
on iie voit pas pourquoi. Il avoit une fi belle oc-
cafion de diminuer la propre honte , & de jouir
de toute fa ^liberté en reliant féparé d’elle ! Ifabeile
répondit quelle ne rentreroit dans l’Angleterre, que
quand les Spenfers en fer oient chaffés pour toujours..
Dès lors elle eut le peuple Anglois pour ami.
Les Spenfers couroient à leur perte par la violence
avec laquelle ils pouffoient cette affaire. Iis firent,
condamner comme ennemis de Tétât la reine d’Angleterre
& fon fils, ils firent déclarer la guerre à
la France, fans fonger que c’étoit le moyen d’engager
Charles le Bel à prendre ouveitement le parti
de fa foeur ; mais ce prince, confultant plus l’honneur
que les Spenfers ne confultoient la prudence ,
refufa conftamment fba fêcours à une foeur qu’il en
jugeoit indigne par fa conduite , & fe contenta, de
lui donner un afyl'e. Ni les armes ni les intrigues de
l’Angleterre ne purent obtenir qu’il renvoyât Ifabeile ;
mais a la fin le Pape, à la folii citation des Spenfers
parla & menaça ; alors Charles fit dire à Ifabeile :
qu elle vw.dat hâtivement de fon royaume 3 ou qu illa
feroit vuider a honte. 11 fit plus ; gagné, dit-on , par 1 argent de l’Angleterre, il défendit à tout François
d accompagner Kabelle fi elle retournoit dans ce
royaume, & d’embraffer fa querelle. 11 paroît que les'
enatmes de cette princeffe lui avoient procuré bien
des partifans tant en France qu’en Angleterre. Le
comte de Kent, aufli mécontent du gouvernement
d Edouard i l , fon frère , & "des Spenfers , que la reine
elle-meme , eîoit venu la joindre en France ; Robert
d Artois, fon coufin ; Jean , frère du comte de Hay-
naulf, a merent pour elle , ilsjurèrent de là replacer
fur le trône d’Angleterre , démettre tous fes ennemis
a fes pieds ; auff.-tôt qu’elle eut débarqué dans
un port de la province de Suffolck, elle fut jointe
par Henri de JUuicaftre } frère r ou félon le P, d’O*^
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Vins , fils <lu malheureux Thomas , cette M e
Vilme des Sp'njcrs. L’armée de.la reine groffiffoit
I chSue pas. Edouard & les Spenfers abandonnes,
s’enferment dans Briftol, fans amis, fans troupes ,
fans argent. Ifabeile les y affiege. Le roi & le jeune
Spenf r prennent la fuite ; le père refte dans Br.ftol
pour le défendre. La garmfon fe , foulève S Sptn/er
le père eft pris , traîné fur un bahut. dans les rues
de Briftol, pendu , éventré , décapité tms enquar-
tiersh quatre-vingt-dix ans. Le roi & le jeune Spenfer
voulaient fe fauver par mer fur un petit batiment;
ils font pris. Spenfer le fils fut traité comme fon pere,
avec des circonftances d’atrocité encore plus horribles
; il fouffrit de plus la mutilation fut pendu
comme Aman , ( car on affefla celte reffemblanee )
à un gibet de cinquante pieds de haut ; un demies
complices fat pendu au même gibet , a dix pieds,
au-deffous. Il Æbit fon fupphce a Hereford , le 29
novembre 13 2.6.
La ruine des Spenfers entraîna celle d’Edouard I I ,
oui fat dépolé, puis cruellement affafhné en pnfon.
Sa mort fut vengée dans la faite par celle de Mortemer
& par la captivité d lfabelle.
Sous le règne de Charles VI en France, & de Richard
Il en Angleterre, vivoit & guerroyoït un
Spenser, évêque de Nonvick, P. élat belliqueuxconnu
pour avoir été' le chef d’une crodade publ.ee en
Angleterre, par le pape Urbain V I , contre les
Cfémentins fes adverfaires, au commencement du
grand -fchifme d’Occident; Spenfer, de peur de manquer
d’ennemis, fit la guerre & aux Clementins &
auxUrbaniftes indiftin&ment ; il fit une descente
en Flandre, quoique le comte de Flandre fat Ur-
banifte , mais il étoit fous la protection de la b rance,
& la France & T Angleterre - étoient toujours ennemies
& rivales ; Spenfer prit Gravelines & quelques
autres places., battit un corps de douze mille hom-
mes. mit le fiège devant Ypres. Ce fut la le terme
de fes conquêtes. Le Roi vint lui-même a fa rencontre
lui fit lever le fiège, reprit Bergues que les
Anglois avoient abandonné, les enveloppa eux-memes
daiîs Bourbourg, oh il les auroit pris a d.fcrenon,
fi ■ duc de Bretagne, leur ami feeret, ne leur eut
obtenu par fa médiation une capitulation honorable
& un retour libre en Angleterre,
i SPENCER ( Edmond ) (Hijl. lltt. moi. ), poète
anglois, agréable à la reine Elifabeth & au comte
d’Essex qui le comblèrent de prelens. Pendant la ma-
ladie dont il mourut en 1/98 , Je comte d’Essex
luienvbyavingt livres fterling, il le refufa: remper-
ter cct argent, dit i l , je n aurais pas le temps de le
dépenser. On lui fit cette épitaphe , qui prouve dans
quelle eftime fes poëfies étoient en. Angleterre,
Angl.cn, te vivo, vixit plauftque poèfîs 3
5 P I iji
en 1630» mort en 1693 , a écrit fur -les loix des
Hébreux & fur d’autres fu jets ; l’autre (Guillaume )
de Cambridge, a donné une bonne édition grecque
& latine du traité d’Origène contre Celfe.
SPENER ( Jacques Charles ) , (Hiß. litt. modi)
hiftorien Allemand, auteur du Notitid Germania:
antique: , & de YHiftoria germanica univerfaits &prag-
matica.
SPERON ou SPERONI ( HIß. litt. moi. ) Padouan,
écrivain du feizieme fiècle, auteur de dialogues italiens
qui ont été traduits en français, d’une tragédie
de Canace, & de quelques autres ouvrages. Il interprétoit
d’une manière aflez-plaifante le chiffre romain
gravé far la porte du palais du pape, & qui mar-
quoit l'époque de fa cor.ftïuébon. Le pape étoit Leon
X ,' le chiffre M. CCC. LX. Voici l’interprération
Multi cx-ci Cardinales creavcrunt Leonem decimttm.
SPEUSIPPE fHifi. anc.), neveu, difciple &fa(>
ceffeur de Platon, mais non pas fon imitateur, avoit
été chaflé de la maifon paternelle pour fes dérègle-
mens ; celle de fan oncle lui feivit d’afyle' ; Platon
le traitoit aaec une indulgenc3 dont on étoit étonné.
Aitendra [’événement, difoit-il à ceux qui la lui
reprochoient, & croyez que quand il aura yu par
l’exemple de ce qui fe paffe ic i, la différence qu’H
y a entre le vice & la vertu, il ne lui fera plu»
poflible de retourner au vice; en effet il le corrigea
de fes inclinations- vicieufcs, & il fit de plus
fervir l’enjouem-nt & les grâces de ce jeu^e-homme
à corriger les moeurs un peu auftères du vertueux
Dion.
Après la mort de Platon, Speufippc tint pendant
huit ans i’école de ce phïlofophe ; fes infirmités précoces,
fruit des défordres de fa jeuneffe, l'obligèrent
de remettre cette école a Xenocrate. I l. fat fidèle
à la doôrine de fon oncle, mais il n’ eut pas
fes vertus, fa douceur , fa tempérance & fon désin-
téreff. ment. Il exigea un falaire de fes difciples , ce
qui étoit contraire à la pratique & aux principes
de Platon. Il vivoit vers l’an 347 avant Jélus- ■
Chrift.
SPIFAME, (Jacques Paül)(Ffÿ. deJFr.)La deftinée
de cet homme fat fabuliere. D’abord sonfeiller au
Parlement, puis préfident aux enque es, maitte des
requêtes & confeiller d’Etat, il remplit une autre
carrière dans l’églife ; il fat chanoine de Pans chancelier
de l’univeifité . aptes en avoir é;é refleur ,
abbé de Saint-Paul far Vannes, diccèfe de Sens ,
grand-vicaire de Rheims, fous le cardinal Charles
d- Lorraine ,& enfin évêque de Nevèrs. I! quitta
depuis fa religion & fon mêché pour une femme ;
& a'!a chercher un afyle à Genève ou Calvin la
fit mir.iftre. Toujours utile à tous les corps où il
fat admis, & à tous les partis qu’il embraffa, magîf-
irat, il aft'ura l’induit au Parlement, comme nous
l’expliquerons tout-à-l’heure ; évêque ; il fe difiingua
dans l’Eglife & aux états aff; mb’.és à Pans en 1557;
miniftre proteftant, d négocia, en 1561 à la diète d»..
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Spencer ou Spenser eft encore le nom de deux
favaus Anglois, dont Tua C Jean) doyen ü L ly , ne