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T àidcigar
De mi vida la und parte
San lâs 'dos he dè quedar.
Et ce n’eft point ainfi que parle la nature,
dit à ce fujet M. de Voltaire, d’après le Mifanthrope •
pu’s il ajoute une réflexion fine , pleine de lëntimem &.
dégoût.' , 1
» Par quel art cependant, dit il, ces verstouehent-ils ?
» N’cfl-ce point que la moitié de ma vie à mis üautre au
» tombeau, porte dans famé une idée attcndrifl’ante, qui
33 fubfifte encore malgré les vers qui (uivent ? »
Les exemples'-de concttti que nous venons de citer,
& quelques autres i'emblables, que, le Ta fie prélente,
& dont on ne trouveroit pas la moindre
trace dans Virgile, font, fans doute, ce qui fonde
la critique de Boileau &. du P. Bouhcurs , que M.
de Voltaire paroît confirmer. Voilà pour les faux
brilians.
Quant à la magie, elle eft le principal reffort du
merveilleux dans la Jérufalem délivrée, & elle y remplace
l’intervention des- dieux, fi ordinaire , & toujours
fi froide dans les poèmes épiques. Mais on
peut dire de cette magie :
L ’effet en eft trop beau pour en blâmer la caufe.
La Forêt enchantée j. le Palais & les Jardins d’Ar-
mide, ont fourni aux arts des fujets, & au public
des fpeéîacles intéreflans.
Virgile ayoit imité Homère, fur-tout dans les détails.
11 nous femble qu’on n’a pas allez dit combien
le T.ijfe a imité Virgile. •
Quant au plan du poème , il paroît conçu d’après
celui de l'Iliade , non-feulement par la multitude des
Combats généraux & particuliers ; non - feulement
parce que.dans l’un de ces poèmes on afliège Troie,
dans l’autre, Jérufalem ; mais fur tout parce que dans
tous les deux le mécontentement & l’indocilité aux
ordres du général, tiennent long-temps le héros principal
dans l'inaâion , ce qui doffne aux héros fecon-
daires le moyen de paroître avec éclat & avec
avantage. La colère feule retient Achille immobile
dans fes vaiffeaux ; le jeune Renaud eft enchaîné par
la volupté, ce qui eft pour le moins auflï moral.
Quant aux détails , c’eft Virgile fur-tout que le
Tafie s’attache à imiter ; & comme Virgile lui-même
a fouvent imité Homère,- il arrive quelquefois que
le TaJJe les im te tous deux.
On verra fans doute avec plaifir la manière du
Taffè-, rapprochée de celle de Virgile dans plu-
fieurs de ces imitations:
Nox erai, & placidum carpebant fejfa foporem
Corpora per terras, fylvceque 6* fceva quierant
Æquora, cum medio volvunturfidera lapfu
Curn tacet omnis ager , pecudes pictoeque volucres,
Quceque lacus lat'e liquidos , que:que afpèra dumis
Rura tenentr fomno pofitee Jub nottçfileriti
T A S ( Lcnibant curas & corda oblita laborurn,
At non infilix animi Pheenijfa : r.eque unquam
Solvitur in fomnos, oculijve aut petfore noétern
Accipit.
Era la notte allor ch'alto rïpofo
Han ronde e i venu, e parta muto il tnondo ,
Gli animai lajfi, e quel 0116*1 mare ondofo,
O dè liqüidi laghi albsrga il fondo,
E chi f i giace.in tana , o in rnandra afcofo ,
E i pjntï Auge!h, nell oblio giocondo
Sotto il filenfio de* fecreti orrori
Sopian gli ajfarini e raddolciano i cori.
Ma n t l campo fedel, ne L Franco Duca
Si aifcioglie dal jonno , o almcn s’accheta.
” La nuit règnoit fur l’univers ; l’onde & les vents
» etoiefit; parfaitement calmes, toute la nature pa-
” roiffoit en filence : les animaux fatigués , les ha-
» b tans d-:s mers & des lacs ; les hôtes des. antres ,
” des forêts ou des bergeries , les oifeaux de toute
» efpèce oublioient dans un doux repos & dans le
»i filence d’une fec: ète horreur , leurs travaux, leurs
» peines, & calmoient leurs inquiétudes.-
» Mais, ni Gçdefroy ni les chrétiens ne goûtent
» le repos & ne fe livrent au femmeii:.
Centauri in foribus fabulant fcylloeque biformes j|
Et cenii :mgeminus Briareus, ac bellua Lcr n ce
Horrendum Jlridens , flammisque armaià chimcera i
Gorgones , harpyioeque & forma tricorporis umbree.
Qui mille immonde Arpie vedrefii e mille
Centauri, e Sphingi, e pallide Gorgoni y
Moite e moite latrar voraci Scille,
E fifehiar Idre, e fibilar Pitoni ,
E vomitar Chim.ere atre faville ,
E Polifemi orrtndi , e Geriôni,
E in nuovi Mo fr i , e non piu intefî 6 v if i, ■
Diverfi afpetti in un confufi, e rnifi. .
v Là, on voit des milliers de harpies.immondes
» des milliers de Centaures, de Sphinx _& de pâ'es
n Gorgones ; nombre de Scylles dévorantes qui
” aboient, des hydres qui foufflentx & des/ pythons
m qui fiflent ; des Cnimères qui vomiflent des torrens
” d’une noire fumée, des Polyphêmes_ effrayans
» des Gérions , mille mor.ftres nouveaux inconnus,
” ignorés , de formes différentes, mêlés & confondus
» tous enfemble.
Dans cet exemple le Tajfe a feulement chargé
le même tableau d’un plus grand nombre d’objets;
O quam te memorem , virgo ! riamque haud tibi vultus
Mortalis', nec vox hùmim m fonat. O Dea certa, . . .
Sis felix , nofrumque levés quacumquc laborem.
Donna , fe pur tal nome a te conyienfî •
Çhe non fomigli tu coja terrena
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• Fà ch’ io fappta chi fei ; fà çà'io hoti errï
h\iïonor.::tl, \ e s'e'ragion, vi atterri.
» Madame, fi je dois vous appeller de ce nom,
v car vous ne reflëmblez en rien à une mortelle. . . . *.
» àppxenez-moi qui vous êtes ; faites que je ne me
» trompe pas dans les hommages que je vous rends;
» permettez que. je me profterne à vos' pieds.
Sed mihi vel tellus optem prias itr.a dehifeat,
V d Pater omnipotens adtgat me fulmine ad umbras ,
3P a lient es umbras Erebi no&mque profundàm,
Ante, pudor ; quam te violo aut tua jura refolvo.
AJn che fiamma dal Cielo anfi in me feenda ,
. Santa onefà ch’ io le tue leggi offenda.
v O fainte pudeur , que la foudre m’écrafe, plutôt
n que jamais je viole tes loix î
Gratior & pulchro veniens in corpore virtusi
La. . . . virtute.................
Che in f i bd co/po più car a veriia.
» La valeur que rehauflent les grâces de Renaud.
Foi fan & heee olim meminijfe juvabit. . . . . .
Durate, 6* yofir-.et rebus fervate Jecundïs.
Tcflo un difia che rimembrar vi giove
Gli feorf ajfanni, e feiorre-i voti a Dio.
Or durate magnanimi, e voi fleffi
Serbate-, prego , ai profperi fuccffi,
i> Un ' jour viendra que vous aimerez à vous rap-
•» peller les dangers que vous aurez courus pour
» acquitter vos voeux; maintenant ranimez tout votre-
» courage , & rtfervez-vous , je vous conjurepour
m des fuccès heureux.
Multa geme'ns. . . . quos ami fit inultus amores•
Et tentât fefe, atquc irafci in comua difeit,
Arboris obnixus trunco, ventofque lacejft
Ifiibus, & fparfâ ad pugnam pro tuait a rend.
Non altramente il tauro , ove lirriti
Gelofo amor con fiimcli pungenti
Onibilmente mugge, è co muggiti
Gli fp'.rti in fe rïfveglia, è Vire ardentè
E’ I co, no âgu^fi ai tronchi :• e par qu inviti
Çon vani colpi alla bàtaglia i vend :
Sparge col pie I arer.a , el’fuo rivale
Da Ijinge ffida a giterra afpra e mortale.
» Ainfi, un taureau , que les fureurs d’un amour
» jaloux irritent , mugit horriblement ; par fes mugiffe-r
» mens, il reveille fon courage & fes bouillans
n. tranfports.;-il aiguife fes cornes contre les troncs
n des arbres. ; il femble , par d’inutiles coups, défier-
» les vents au combat : il lance le fable avec, les
» pieds ; & de loin il appelle & provoque fon rival
à une guerre fonglante ot mortelle»
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O mihi proett rites référât f i Jupiter annos,
Qualis exam , cum primam acictn Prtznefte fub ipfa
St ravi, feuterumque incendi viftor acervos ,
Et Regem hâc Herilum dextrâ f ib tartaran.ifi, &c.
Oh fofsio pur fu i mio vigor degli anni / . , « • •
E quale alljra fui quandb al confp et to
Di tutta la G:rmama\ alla gran corte
Del f condo Corraio, upetfi il petto
A l feroce Leopoldo, e l pofi à morte.
» Ah ! fi j’étois encore dans la vigueur de mon
■ n jeune âge ! ......... ou fi j’étois encore tel que je
» fus, quand , aux yeux de toute l’Allemagne, à la
» cour brillante de Conrad I I , je perçai la poitrine
» du farouche Léopold, & lui donnai la mort!
Avidispbi fubdita flamma medullisy
‘ Vcre magis ( quia vere calor redit ojfibus ) illx.^
Ore own s verfee in çephyrum fiant rupibus altis ,
Exceptantque lev es auras , & feepe Ji e ullis
Conjugiis , vuito gradate ^ mir^bde diêlu. )
Talora
Vavida madre del guerricro armento,
Quando Palma (légion che ninnamora ,
Ne! cor U infiiga il natural talen‘0 ,
Volta I’aperta btcca in contra Cora
Raccoglie i femi del fe condo vento :
E dè tepidi fiati ( 6 maraviglia ! )
Cupid amenta" ella concepe, e figlia.
» Quelquefois quand le printemps ramène les amours
» & excite dans les coeurs des de firs naturels, la
n cavale, animée d’une fureur nouvelle , préfente a
» l’air fa bouche béante , reçoit l’halçine féconde des
» vents , & par un miracle de nature , conçoit &
» devient mère , en refpirant ces fouffles animés.
Quam multa in fylvis autumni frigore primo
Lapfa cadunt fo lia , aut ad terrain gurgite ab alto
Qu in miilt ce glomerantur aves , ubi jrigidus annus,;
Trans pontum fugat , & terris immitdt apricis.
Non pajfa il mar d'augei f i grande fluolo,
Quando ai foli piu tepidi s’accoglis :
N tanta vede mai l’Aütunno al fuoh
Cader, co’ primi freddi, aride foglie.
» Jamais une fi grande troupe d’oifeaux' n’a traverfé
» les mers pour chercher de plus douces contrées;
» jamais,- aux premiers froids de l’automne, on n’a
n vu tomber fur la terre tant de feuilles defiechées#
V ’rx ea fatus erat, cum circumfuja repente
Scindit p nubes , & in cethera purgat apertumi
Cio difie app en a, e immantinente il vélo
Della nube, che Jh fa è lor eCintorno >
Si finde , e pürga nell’ aperto Cielo.
v A peine a - t - il parlé , foudain le nuage