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»> venus en France au fer vice du roi, contre l’empereur
>> Charles-Quint, qui avoit fondé la domination des
» Médicis à Florence. 11 ne faut point oublier que
» le même Philippe Stro^fi, à l’entrée de fbn tefta—
« ment , 'témoigne avec beaucoup de confiance,
» d’efpérer de la mifericorde de dieu le pardon de fa
» mort, puifqu’il la fouffrcit en homme d’honneur
» pour le fbutien de fe liberté, après la perte de
î> laquelle il croyoit qu’une perfonne libre avoit le
» congé de mourir. Mais les loix de l’évangile font
» contraires à cette croyance , & la nouvelle Rome
»» appelledéfefpoir ce que l’ancienne sppelloit grandeur
» de courage. Elle éxcomunie aujourd’hui ce qu’elle
» eût autrefois déifié.
On trouva dans fa chambre un écrit, qui indi-
quoit qu’un des motifs qui le déterminèrent à fe tuer,
fut la crainte des aveux que les douleurs de la queftion
pourroient lui arracher , &. du danger où il pourroit
expoferfes amis. «Bel exemple des miferes- humaines,
s’écrie le baron de Fourquevaux , & du peu de
» certitude des chofes du monde ! Philippe Strcqfi,
» qui fort peu de mois auparavant étoit l’un des
» hommes d’Italie des plus eftimés & honorés, non
w feulement pour fes richeffes , qui pour un Citoyen
» étoient démefurées , ni pour l’antiquité de fa race
3> qui avoit honorablement continué depuis plufieurs
» centaines d’années , mais auffi par fbn agréable
j> /converfàtion, pour fa magnificence & libéralité,
» peur fa doélrine, & pour la pratique & connoif-
» fance qu’il avoit des chofes du monde, eft contraint
»> de devenir captif en la ville qu’il a voulu con-
» ferver libre, & de mourir.de fes propres mains
*» pour éviter la cruauté de celles de fes ingrats ci-
» toyens.»
Il laiffa plufieurs enfans ; entr’autres :
Léon , chevalier’ de Malthe, prieur de Capoue
& général des galères de France , qui acquit beaucoup
de gloire par fès exploits fur mer , & qui fut
tué en combattant pour la France au fïège du château
de Pfombino en 1554. Brantôme dit que ce
fut près de là au fiège de Scarlino , qu’il appelle
Efcarling.
Pierre, maréchal de France , deftiné d’abord à
l’état eccléfiafiique, mais que fbn goût & fes talens ,
quoique malheureux quelquefois , appelaient à la pro-
fefîion des armes. Il fervit d’abord en Italie fous le
comte Guy Rangon en 1536, & ne contribua pas
peu à faire lever aux Impériaux le fiège de Turin.
L’année fuivante le 2, Août , ïl fut défait près d’un
lieu nommé Montemarlo, par ce même Cofme de
Médicis, vainqueur de fon père, mais il n’eut pas ,
comme fon père, le malheur de tomber dans les
fers du grand duc. Il paffa en France, & au renouvellement
de la guerre entre Charles - Quint &
François I , fufpendue en 1538 par la trêve de Nice,
il fe trouva en 1543 , au fiège de Luxembourg ,
où on lui donna la direélion d’une batterie importante.
Il avoit amené avec lui de Tofcane , une
compagnie de trois cens foldats d’élite, ou plutôt
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un corps de trois cens officiers armés de corcelets
dorés, & dont chacun avoit réellement fervi en
qualité d’officier. Leur fer vice reflembloit à celui de
nos dragons ; tantôt montés fur des chevaux d’une
viteffe extrême, ils accômpagnoient les coureurs de
l’armée , tantôt ils combàttoienf à pied , par - tout
également aéiifs & intrépdes'; ils fe rangeoient en
bataille d’eux-mêmes, fans fergent qui les commandât,
& avec un ordre & une promptitude admirables.
Au mois de Juin 1544, il fut battu par le prince
de Sulmone. 11 fervit dans l’expédition navale de
13*45 > f°us l’Amiral d’Annebaut. 11 eut dans le règne
fuivant le commandement d’une armée que Henri II.
envoyoit en Italie au fecours des fiens ; il eut d’abord
quelque avantage fur divers généraux Italiens, mais
il perdit le 2 Août 1554, la bataille de Marciano
contre le marquis de Marignan, & il y fut dan-
gereufement bleffé. Il eut la même année le bâton
de maréchal de France, fa défaite n’ ayant pu effacer
la mémoire ni affoiblir le mérite de tant de
fervices. En 1557, il fit quelques expéditions heu-
reufes autour de Rome, repri t le port d’Oflie, fournit
d’autres places. Etant revenu en France , il fervit
au fiège de Calais au mois de Janvier 1558 , pui$
au fiège de Thionville où il fut tué d’un coup de
moufquet le 20 Juin , en allant reconnoître un endroit
où il vouloit dreffer une batterie. 11 avoit auffi
époufé une Médicis.
Brantôme qui Ta voit vu , dit que c'étoit un bel
homme de corps & de vifege, plus furieux pourtant
que doux. Il parle beaucoup de fon goût pour
la leéiure , de fon amour pour les fciences, du parti
qu’il tîroit à. la guerre, de fes connoiffances hiftoriques,
il parle de fa bibliothèque, de fbn cabinet de curioutés,
de fa falle d’armes, ou l’on voyoit des modèles de
toutes les armures, foit antiques, foit étrangères. Il
avoit, félon Brantôme , traduit en Grec les commentaires
de Cefar , & les favants parmi lefquels
Brantôme nomme Ronfard & Durant, partaient avec
éloge de cette traduâion ; il y avoit ajouté des instructions
pour les gens de guerre. Du Bellay a fait
fon épitaphe en vers latins. Le duc de Guife avoit
en lui la plus grande confiance. Une note de la dernière
édition de Brantôme , nous apprend que le ma-j
réchal paffoit pour Athée.
Philippe II. du nom , fils du maréchal de Stroçfi
fut auffi un capitaine d’une grande réputation, Il
naquit à Venife en 154 1, fut amené en France à
l’âge de fept ans, & fut élevé en qualité d’enfant
d’honneur auprès de François II. alors dauphin.
Etant fort jeune encore & entendant parler dès guerres
qui fe faifoient en Piémont fous le maréchal de Briffac,
il fe dérobe, dit Brantôme , avec deux chevaux
feulement & fon arquebufe de Milan à l’arçon de fa
Celle , s’y erf alla non fans avoir dérobé quelque
baffin, « coupe & aiguière d’argent à madame la
» Maréchale fa mère ; ce qu’ayant fu M. le Maréchal
» fon gère & le fujet pour quoi il l’avoit fait, dit
» que fi c’eûj été pour autre choie que pour cela*
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l) qui étoit honorable & glorieux, & pour voir de
» la guerre qu’il l’eût pendu, mais qu’il lui pardonnoit
» & lui pardonneroit quand il en pourroit prendre
n davantage,-mais que cefûtpour un fi valeureux fujet.»
Us ne firent qu’en rire enfemble uand ils fe revirent.
Philippe fe trouva dans lai uite avec le Maréchal
fon père au fiège de Calais en 1558, & à
celui de Guines en 1560. Il alla fervir en EcofTe,
dans les guerres civiles , il fut bleffé d’un coup d’ar-
quebufe à la prife de Blois, fervit au fiège de Rouen;
fe diftingua aux batailles de St. Denis & de Jarnac ,
fut fait priforinier par les Huguenots au combat de la
Roche-Abeille, fe fignala encore à la bataille de
Montcontour, puis au fiège de la Rochelle en 1573.
Ce fut dans le cours de ces guerres qu’il commit
pour le maintien de la difeipline une aéfon bien
cruelle; des courtifanes infeébient les armées, Strotfi
qui commandoit un corps de troupes contre les Huguenots
, voulut préferver fon camp d’un tel poifon ;
n’ayant pu y réulîir , parce qu’il étoit mal obéi fur
ce point par fes foldats, il fit jetter dans la rivière
au pont de C é , huit cent de ces Malheureufes, fans
etre touché de leurs cris & de leur défefpoir , fpeélacle
affreux, & qui penfa faire révolter l’armée. Stro^i
paffoit cependant pour un homme doux & indulgent,
mais telle étoit la férocité où les moeurs étoient parvenues
par la continuité de la guerre & l’habitude
du carnage.
Strotfi fut fait colonel général de l’Infanterie
Françonè après la mort de d’Andelot en 1560, & reçut
l’ordre du feint Efprit à fbn inffitution, le premier,
janvier 1579. Ce fut lui , dit Brantôme, qui arma
fi bièn l’Infanterie , &. qui lui porta ' la façon &
tufage des belles arquebufes de calibre.
Après la mort de dom Sébaftien , Roi de Portugal,
Catherine de Médicis , qui favoit combien fon alliance
avec, la maifbn de France avoit paru difproportionnée,
voulut faire voir que la maifbn de Médicis pouvoit
de fon chef ; prétendre à des trônes; elle fe mit au
nombre des concurrens, à la faveur d’une généalogie
tres-fùfpe&e ; mais pour lui donner plus de force,
elle acheta les droits du prieur de Crato, qui étoient
les plus appatens & que la nation Portugaife avoit
confecres ; on parut donc s’armer pour le roi que
le Portugal même, avoit adopté en le proclamant. La
France envoya une flotte contre l’Efpagne, dont le
roi, Philippe II , avoit envahi le Portugal ; cette flotte 1
fut commandée par Philippe Stroqfi, qui, auffi grand
admirateur de la gloire que Léon Street, fbn oncle,
avoit acquife fur mer, qu’il étoit ardent détraéleur
de celle que le Maréchal Stros^i, fon père , avoit
acquife fur terre , voulut après avoir, à ce qu’il
croyoit, effacé celui-ci, égaler l’autre encore s’il étoit
poffible. La flotte Efpagnole , commandée par le marquis
de.Ste.-Croix, vint à fa rencontre, le combat
s engagea près des Isles Açores, les François furent
vaincus ; Siro^l bleffé , fut pris & préfenté au
jnarquis de Ste.-Croix , qui déshonorant fa viéloire,
le fit tuer devait lui à coups de hallebarde & jetter
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dans la mer le 16 juillet 1582 : il envoya au fup-
pliee tous les prifonniers, parftii lefquels on comptoit
quatre- vingt gentilshommes, &. ces malheureux s’étant
confeffés à un Prêrre François, il fit pendre encore
ce prêtre api ès eux. Le prieur de Crato , qui étoit
de l’expédition de Str e et, eut beaucoup de peine à
regagner la France.
Nous trouvons divers Stro^i, diffingués dans les
lettres , tous ïiorentins ou du moins Italiens , &.'qui
étoient vraifemblablement de la maifbn de Stroççi.
i°. Quiric ou Kiriac Stro^i, noble Florentin, fils
de Zacharie Strofti , né le 22 avril 1504 près de
Florence ,mort à Pifel’an 1565 , profeffeuren langue
Grecque & en philofcphie à Florence, à Bologne,
à Pife. Il ajouta deux livres à ceux d’Ariftote fur la
république. Il tradu.fit en latin les Aromates de Saint-
Clément d’Aléxandrie.
2°. Laurence Stro^i fe fbeur, feligieufe Dominicaine,'
née le 6 mars 15 14 , morte le 10 feptembre 1591 »
étoit aura très-fevante , & même dans les langues,
elle compofa un livre d’Hymnes & d’Odes latines
fur toutes les fêtes de l’année.
3°. Jules Strofti, mort avant 1637 , auteur delà
Venetla cedificata ou de l’origine de la ville de Venife ,
poème èftimé en Italie.
40. Nicolas StrGtfi, auffi poète Florentin , auteur
de poëfies eflimées, les Sylves du Parnafje, di ver fes
Idylles, deux tragédies , David de Trébiçonde, le
Conradin d'Allemagne. Né le 3 novembre 1590,.
mort le 17 janvier 165.4.
5°* Thomas Stro^l, Jéfuite, auteur d’un poème
latin fur la manière de faire le chocolat, de cocho-
latis opificio ; auteur auffi de quelques ouvrages de
controverfe & de dévotion. Il vivoit dans le dix-
feptième fiècle.
S TRU V E , ( BurchardGotthlieb )(Hi(l.litt. mod.)
profeffeur .en droit à Jéne, ainfi que Geofge-Adam ,
fon père , eft connu comme hiftorien & publicifte;'
on a de lui Antiquit.it.um Romanarum Syntagma ;
Syntagma Juris Publïcï , ( fon père avoit fait Syntagma
Juris_ Civilis ) Syntagma hiflorioe germanicce.
Une hiftoire d’Allemagne en Allemand. Hiflona
Mifnenfis , mort en 1738 ; fon père étoit mort en
1691..
STRUYS ( Jean ) ( Hifl. litt. mod, ) Hollandois
célèbre par fes voyages en Mcfcovie, en Tartarie
en Perfe , aux Indes , &c. , depuis 1647 jufqu’en
1673. Nous en avons les relations qui ne furent rédigées
qu’apiès fe mort.
S TU A R T , ( Hifl Britanniq. ) ce nom de Stuart
ou Stewart ,' fignifie Sénéc/uil, & il eft devenu celui
de la maifon royale d’Ecoffè, ( qui fut auffi une
des maffons royales d’Angleterre ) parce que la dignité
de fenechal d’Ecoftè , étoit héréditaire dans cette
maifon avant qu’elle fût parvenue au trône d’Eccffe.
Elle ^ etoit depuis long-temps en pofteffion de cette
dignité de fenechal dEccffe, lorfbu’au milieu des