
<5yS W I T ,
dn duc de Gafcogne , & hontcufement par fon fup-
plîce, Witikind revient du Danemark, il parie'
à les compatriores , & bientôt toute la Saxe eft
en aimes ; ils adoprent fa haîne, ils refoirent la
vengeance, ils rougi fient de leur efelavage &c de
leur çhrifiianifnieforcé, ils relèvent leurs idoles,
ils renverfent les forts mal défendus & trop peu
nombreux que Charlemagne avo.t crus fuffifi-ns
pour les contenir; iis reprennent tout le pays fi tué
entre le Vefer & le Rhin.
Les {axons ne fongeoient plus qu'à terminer la
campagne , ils pafloient à gué la petite rivière,
sommée l’EJer, près d’un village nommé Lihéfi >
prés des confins de-la Hcfiê, lorfque les françois,
qu’ils cmy oient fort éloignés, parure»'t & les a t taquèrent
au milieu mêmede la rivière. U ne partie.des
Taxons fr.t noyée , le ref.e taillé en pièces ou mis
en fuite. L ’année fuivant- , G bar . t magne eu p.r-
fonne pwigna cont e Witikind une grande bataille,
dans un lieu appelé Bucholr, fur les bords de la
Lippe; Witikind fut obligé de retourner dans fon
afyle auprès de fon ami Sigéfroi, &. les fa .tons
eurent recours de nouveau à la clémence du vainqueur
; cette clémence fut de les obliger, fous peine
de mort, à recevoir le baptême.
Après avoir pafFé dans leur pays toute l’année
7,79 > & une partie de l’année 78 0 , à consommer
l ’ouvrage de ce qu’il appel oit leur converfion ,
Charlemagne s'éloigna & Witikind revint. Witikind
gouvernolt les (axons par l éloqucnce & par Ta-
«*oür , Charlemagne par la force & par la terreur.
En 78.2, la Saxe fe révolta de nouveau; Charlemagne
occupé ailleurs, y envoya deux armées
qpi devo:ent fe concerter dans leurs opérations &
qui ne fe concertèrent point, parce que les chefs I
étoiect divirés. Witikind reconnut d'abord , & à 1
une attaaue faite mal à propos & à la manière J
dont elle fut faite , qu’il avoit affaire à des hommes >
im p ru de ns : profitant habilement de leurs-fautes", J
& déployant contre eux ce génie qui n'ttoit ter- |
3 a (Fi que par celui de Charlemagne, il jemporca i
la victoire la plut complctte ; les françois furent |
mis en déroure & taillés en pièces , après .avoir»
perdu tous leurs plus braves capitales. Cette ba- >
tail c nv'morable , &s où Witikind acquit tant de
gloire j fe livra au pied du Mont-Sinrai, prps du
\?cfer.
Charlemagne ne voulut confier qu’à lui-même
Je foin de fa vengeance; il accourt dans la Saxe :
2 fa vue, les Taxons oublièrent leur viéfoae, ils
fé fentirent vaincus & demandèrent grâce ; Witikind
prit la fuite, & les Taxons, parce qu'il étoîc ab-
fcr.t, 11 acculèrent que lui de leur révolte ; mais
Charlemagne ir ité vouloir des victimes préfentes;
il fe fit remettre quatre mille cinq cènts des principaux
d'entçe eux , & de ceux qu’i l jugea les plus
coupables ? & il les fit tous décapiter. Les Taxons
W 1 T
déformés entouraient l’échafaud, & étoient entourés
eux-mêmes par lès .françois en armes. Leurs regards
furent fouillés de cet affreux fpedacle , qui réu-
nifibic l’appareil d’un . fupplice , &' l’horreur d'un
mafîaete public j ils furent obligés de renfermer
dans le fond de leur coeur la rage & la douleur
donc ils étoient pénétrés.
Aveqglé par les préjugés du temps » Charlemagne,
tandis qu’il flétriffoit par cette infâme cruauté, la
gloire déjà fi équivoque de (es conquêtes, n.e dou-
toit pas que cette horrible exécution ne lui répondît
pour toujours de la fidélité des Taxons ;
il ne tint qu’à lui de reconnoîcre toute Tinefficar
cité de la violence. Jamais les Taxons n avoien.t
été fi turbuiens, fi ennemis du chrifiianifme & de
la France, fi dévoues à Witikind. Ce chef infortuné
du parti le meilleur , revint ,eii 783 , leur
demander comment ils avoient pu (bu.téiûr la vue
du fupplice de leurs compatriotes, de leurs frères ,
de leurs complices , s’ils ctoient coupablesj comment
ils n’avoent pas renverfé, l’échafaud , égorgé les
bourreaux , & fi la vie étoit un fi grand bien qu’elle
méritât d’être rachetée par un tel opprobre ? Leur
réponfe fut de le fuivre, & de fe précipiter de
nouveau avec lui dans'le péril & dans la mort.
Albion , un des principaux chefs des Taxons, digne
lieutenant de Witikind, comme lui plein de talens,
de valeur & de relloutces, comme lui ennemi des
françois & de la fervitpde, affocia fon nom ai|
grand nom de ce généreux défenf ur de là 1 bercé .;
I ils fiiccombèrenc tous deux fous Charlemagne , &
: ils furent plus grands que lui. En 784 & 78y ;
; les Taxons perdirent contre ce prince deux grandes
batailles, mais chaque fois iis dilputèrént la victoire,
& leur difefpoir enfanta auffi-tôt des armées
nouvelles; ils en perdirent contre Charles,
l'aîné des fils légitimes de Charlemagne , âgé alors
• de douze ans , une troifième, 'après laquelle ils
ne reparurent plus en bataille rangée.
Mais ils ne fe fournirent point. A la guerre de
pi ai e , ils fwbftituèrent une guerre de montagnes;
is le di’pe foient par pelotons, que W t ik in d &
Albion raliembloient quelquefois, & qui tenoient
coh'inuell ment les françois ’en a 11 arme. Charlc-
magi e employa plufieurs' années a lés chercher,
à les pourfiiivre dans leurs retraites inaecefiables,
a courir partout fur leurs tracés * à jetter parmi
eux des femenr.es de difeorde, à profiter de lajaloufie,
que la gloire -’e W i t i k in d & d’Albion infpifoit aux
autres chefs pour attirer ccux-ci dans fon parti ;
ma s-enfin n’écoutant ' plus que la générofité qui
lui étoit naturelle., & qui donne toujours de meilleurs
Jèon'eiis que la politique, il sfodreffa dipec-
tèment à fes illuffres ennemis, W i t ik in d 1-8c ALbîon ;
il entreprit dé changer leurs coeurs 8ç de déformer
leur haîne pat des procédés nobles , de traiter avec
eux comme un grand homme traite avec de braves
gens qu’ il a eu là gloire de vaincre ; il leur pcow
I T
dïgua ce s égards & ces honneurs qui peuvent feuls
flatter les grandes âmes; il leur fie fentirjes dou>-
ceurs de la vie civile , les charmes de la paix ,
la fainteté du chriftianifme qui tend à, faire de
tous les hommes un peuple de frères ; enfin Witikind
& Albion (entirent qu’i's dévoient fe confier à
Charlemagne , & ce prince ayant été rappelé en
France par quelques affaires > ils vinrent,, en 786-,
le trouver au milieu de fes états à Attigny-fiir-
Aîne,, où ils reçurent le baptême , ainfî qu’une
foule de Taxons qu'ils raenoiènt à leur fuite » ils
donnèrent à tous l’exemple d’embraïïer fiocèrement
le chriftianifme, 8c d’y reffer conftamment attachés.
Divers auteurs mettent Witikind au rang des
(vints. On raconte que ce prince, après fa converfion,
étant retourné en Saxe., encore imparfaitement
infiruit de nos myftères, mais plein d’un
defir ardent de s’en inffruire miéux, il lui vint
dâris l’elprit , comnfoe par infpiratîon , de fe dé-
guifer en mendiant pour venir inconnu à la cour
de Charlemagne , & y examiner à (on ziCe les
cérémonies de l’églifè pendant là femaine faintc,
& la femaine de pâquésj il fut reconnu & conduit
au ro i, qui, furpris de ce tnaveftifiement, lui
en demanda la raifon ; Witikind la lui dit : le
roi alors l’interrogea fur les obfervations qu’il a.voit
faites à la faveur de fon déguifement. Witikind,
après avoir paru très-édifié du pieux recueillement
de Charlemagne, & de la manière dont ii l ’avoit
vu entrer dans l’efprit des diffère ns myficres ,
ajouta : « Mais .ce qui m’a le plus étonné , a été
» de voir que tous ceux qui approchoient d’une
» certaine tâble placée au milieu du temple , reee-
»■ voient dans la bouche, dés mains .du prêtre, un
» bel enfant, que, j’ai vu difiinélement fou» ire aux
» uns avec tendreflê, & s’approcher des autres avec
» une répugnance marquée. Expliquez-moi ce que ~
9» c’eû que cet enfant. Charlemagne, plein d-’ad- ;
>* miracion, s’écria « : que vous êtes heureux d’a-
» yoir vu ce que ni moi ni nos prêtres même
»? .n’avons encore mérité de voir ».
Qü’Albért Cràntz , à la fin du quinzième fiècle
<5U ait commencement du feiziemè, ait rapporté
ce trait dans fa métropole faxbnne , du hifioire
qc'cléfiafiiqùé de la Saxe , d’après quelque légende
dVi temps ou quelque vieille tradicipu faxonne,
il n’y a rien là d’étonnant ; mais on peut étire' fur-
prls‘ de voir .lés auteurs v de. l’iùfioire de J’églife
gallicane, qui fé piqué ne de critique , redire là
tnêmje chofe fur fà parole , àu milieu du dix-hwi-
fièfne fiècle, fans témoigner le moindre doute,
IjTioîqüe fa réponfe même dé Charlemagne Toit propre
à en faire naître.
Witikind 8c (Albion fe piquèren t tou -ours dans
la fuite de feoonder lesifoino dc'Cbàtlemàgne!poûr:
la c.bf>yerfion- des Taxons. Witikind Ifut tué vers- l’an
7910 , par- Géfold , duc de Suabe; Qiiefq'ucs gêné a-1
logifies font defceiidre de Witikind la twilienie1
ra/e de nos rois. ;
W I T 6^9
'WITIKIND, WITUKIND ou WITEKINDE ,
efl: auflfi le nom d'un bén 'diûin de l ’abbaye de
Corbie fur le Vefer, qui vivoit au dixième fiècle,
des ouvrages duquel il ne nous reffe que l’hiffoire
des Othons , publiée par Meibomius , fous ce
titre : annales de geftis Otkonum, dans le recueil
des hifforiens d’Allemagne.
^ITS'ÈM , ( Nicolas ) ( Hiß. litt. mod. ) (avant
h'ollandois du dix-feptlèmé fiècle , s’enrichit par le
commerce, fe diftingua dans la magifilature d’ AmG
terdam , & fe fit un nom dans les letties par un
favant traité fur 1‘arckitefture navale des anciens.
.
WITSIUS, ( Herman ) ( Hiß. litt. mod. ) (ayant
proteftant, né à Enckuyfen dans la Nort-Hoilandê
en 1626, profeffeur de théologie à FranekCr , à
Utrecht , à Leyde , mourut dans cette dernière
ville en 1708. Il efl auteur des ouvrages fuivans ;
Hifioria hietofolymitana. Egyptiaca & Decaphylon ,
cum Diatribâ de Legione fulminatriee Chrißianorum.
Il réfute dans cet .ouvrage Spencer & Mar^ham ,
en ce qu’ils ont prétendu que les juifs ont emprunté
des égyptiens leurs loix & leurs cérémonies,
On a encore de Witßus3M.ifcelhneorumfacrorum libri
duo. Maletemata Leydenfia , tous ouvrages favans;
5 W IT T É N A G ÉM O T , f. m. ( Hiß. d’Angi. )
c’étoit le parlement des anciens Taxons, (êlon Guillaume
de Malmesbury , & Je favant Cambden. Lê
Witténa-gémot étoitl’alTemblée générale du fénat ât
du peuple. Le chevalier Spelman l’appelle le con-
feil général da clergé & du peuple, commune con-
cilium terni cleri quam popul't. C’étoit dans ceue
afiemblée que réfidoit la fouveraine auto viré de
faite, d’abroger , d’interprêter les loix , & généralement
de régler tout ce qui avoit tappo t a la
(ùreté & au bien de Tétât. Dans le witténa-gémot
qui fe tint à Calcuth , il fut ordonné 'par l ’archerév
que, les évêques, les abbés, les ducs du pays &
populo terre, , que les rois feroient élus par les prêtres
6 les anciens du peuple : ut reges à facerdotibus ,
& Jeniorifus populi eligantur ; ce fut par eux, que
QÂa, Iha . gf autres furent déclarés rois. Alfred
rlconnoit dans fon teftament, qii’ii tient d’eux Ta'
couronne, quam> dit-il, Deus & principes cum
fehioribus pôpitli , mifericorditer & benigne dede-
rant. Edgar fut élu par le peuple, en fuite dépofé ,
& finalement rétabli dans Fa (fi: mblée générale de
tôùre la nation, qu’en nommoit le witténa-gémot.
( D\ J. )
W IT T fCHIUS , ( Chrifiophe ) ( Hiß. litf.mod.f
favant aliettiànd , profcfFcur de mrthcniâtiques .
puis de théologie à Herborn, à Dtfisbourg , à Ni-
mègue , à -Leyde , a écrit contre !Spjno'îa% il a
GÎiêrché à concilier les principes phïlolcphiq’. es
dé Defc'àrtes avec la théologie, dans, un ouvrage
imituié : confenfus veritatis. Il itoir cniciiiateué
O o o 0 2