
Meflala, de Lollius, de Mécénat , d’Augufie même;
de l'autre 9 lié d amitié avec Virgile, avec Varius,
avec Tibulle , avec Plotius, avec Valgius, en un
mot j avec tout ce que Rome avoit d’efptits fins
& délicats, il n eft pas étonnant qu'il eut pris dans
le commerce de ces hommes aimables , cette
pobtefie, ce goût fin & délicat qui fe fait fentir
dans fes écrits. Voilà ce qu’on peut appeller une
culture fuiv;e , & telle qu’il la faut pour acquérir
le caradcre à urbanité. Quelque borne éducation
que l’on ait eue , pour peu que I on celle
de cultiver fon efprit & fes moeurs par d^s réflexions
& par le commerce des honnêtes gens de la
ville & de la cour, on retombe bientôt dans la
* groflîéreté.
Il y a une efpèce d*urbanité qui eft affc&ée
a la raillerie j elle n’eft guère lufceptible de
préceptes .* c’eft un talent qui naît avec nous ,
& il faut y etre formé par la nature même. Parmi
les romains on ne cite qu’un Graflus , qui avec
un talent finguHer pour la fine pla-fantêrie ait
fu garder toutes les bienféances qui doivent lac.
compagne:.
V u rb a n ité outre les perfedions dont on a parlé,
demande encoie un fond d’honnêteté qui ne Ce trouve
que dans les perfonnes heu reniement nées. Entre
les défauts qui lui font oppofés , le principal eft
une envie m .’r .uée de faire paraître ce ca adére
a urbanité, parce que cette afFedctkn même ia
détruit.
Pour me recueillir en peu de paro’es , je crois
que la borne édtica ion perfe dion née par l’u l'age
du grand monde , un -goût fin , une érudition
fleurie, le commerce des ftvans, l’étude des lettres
, la pureté du langage , une prononcia’Ln
délicate , un raifonnement exad , des man ères
nobles , un air honnête, & un gefte propre co'nf-
t tuoient tous les caractères de Vurbanité romaine.
C O . J . )
UR C E üS CODRUS ( Antoine ) ( Hifi. mod.)
lavant ou plutôt homme d’efprit du quinzième
Cède. On dir que ce fur-nom de Codais lui vint
d’une réponfe qu’il fit au prince de Forly , qui
fe recommandait a lu i , en fe fervant de ces ex-
P-e fiions là. Les affaires vont bien, répondit Urce us
voila Jupiter qui fe recommande a Codrus, fl paroît
que le Codrus auquel il fai'oit allufion , étoit ce
Codrus 3 poète latin dont parle Juvénal :
Nil hàbuit Codrus , quis etüm negat ? & tamen illud
Perdidit infelix toiutn nihïl.
Sa pauvreté étoit paflee en proverbe : Cod'o pau-
perior, ( Voye? 1 article C o d r u s . ) On dit que
depuis cette réponfe au prince de Forly, Urceus
garda toujours le nom de Codrus. Il étoit né en
1446 à Rubkra , fille du territoire de Reggio ;
il enfè gna les-" belles, lettres a F o r lî, puis k‘
Bologne. On l’accuioit d'un mélange d’irréligion
& de fuperftition qui n’eft que trop ordinaire.
On a de lui i° . des harangues. i° . Un
recueil de poéfîes latines , fylves , églogu.es , fa-
tîres, épigrammrs. 11 mourut à Bologne en r s00'.
On mit fur fon tombeau pour toute épi t;a} h e , ces
deux mots : Codrus eram.
UR É E , (O liv ie r ) en latin Uredi u s , hifiorien;
& jurifconfulte des Pays-Bas , mort en 164z , eft
au'eur des ouvrages fuivans : la généalogie des,
comtes de Flandre , les fceaux ues comtes de
Flandre , hiftoire de Flandre.
URFÉ , ( d’ ) ( H fi. de Fr. & hiß. litt. mod. ).
ancienne & illuftre maifon du Forez. On y di(-
tingue,
i ° . Guichard , feigneur d'Urfé, baiiü de Forez ,
fénéchai de Quercy, qui fe distingua au fîège de
Sourbourg en 1383 , & fut afiaflîné l ’an 1418,
par fes domefliques dans fon château d’ Urfé ,
avre pre'que toute fa famille , nommément avec
Jean d'Urfé fon petit fils , & la femme de ce
dernh r.
2°. Pie» re d'Urfé ^ fécond du nom, fut dif-
gracié de Louis X I , parce qu’il étoit attaché au
roi Chai les V i l (on père, il alla fervir chez les
Turcs fous Selim I I , & revenu en France , il
s’atta ha au parti des ducs de Guyenne , de Bourgogne
& de Bretagne. Après la mort de Louis X I ,
il fut rappellé à la cour par Charles VIII , qui
le fit grand écuyer. Il mourut le 10 oétobre
1508.
30. Claude fon fils fut ambalfodeur de France
au concile de Trente & a Rome , & gouverneur
du dauphin & des enfans de France.
40. Thomas A'Urfê , fe ig 'eur d’Entragues, eut
encore le malheur d’êcre afiaflîné dans fon château
d Entragues.
5°. Les deux hommes les plus célèbres de ce
nom , font les deux frères , qui tous deux épousèrent
Diane de Ghâteau-Morand. L ’ainé nommé
Anne, & le fécond beaucoup plus connu encore,
Honoré d’ Urfé , auteur de Yaftrée. O11 a beaucoup
dit & beaucoup dû que T 'aflrée efl un monument
de l'amour d’Honoré d'Urfé pour la belle
Château-Morand , que c'eft-e’le qui efl Afirée &
qu’Honoré d'Urfé efl Céladon ; mais ce'te idée
fondée fur le témoignage de M. Huet & de quelques
autres favans, efl entièrement détruire dans
un article qui fe trouve au commencement du
cinquième volume des nouveaux mémoires d’histoire
, de critique 8c de littérature de M. l’abbé
d’Artigny ; il en réfulte qne c’étoit Anne d'Urfé
qui avoit été amoureux de mademoiselle de Château
Morand , & qui avoit compofé pour elle
dans un voyage qu’il avoit fair en Italie av.inc
fon mariage, ia Diane çn 140 fonnets. Son mar;
age
rîage que l ’on croit être de l ’année I 774 etl b'en
certainement antérieur à l ’année 1577. Or Honore
d'Urfé né U i l février 1767 n’avolt que ro .ans
en r 577 , & n’en auroit eu que fept en 1574.
Il ne pouvoit donc guères -avoir été, comme le
fuppofe M. Huet, amoureux & aimé de made-
moifelle de Château-Morand , avant le mariage
de celle-ci avec Anne d'U:fé, frère aîné d’Honoré.
Anne d'Urfé St mademoifelle de Château Morand
habitèrent enfemble 11 ans, & leur mariage fut
caffé pour caufe d’impuiflance e m 756. Anne em-
brafla l’ état ecciéfîaftique ; mat il fe paila encore
trois ou quatre ans entre cette réparation & le
mariage de mademoifebe de Chateau-Morand ; ce
qui ne prouve pas un grand empteflement^ pour
cette union. Audi tient-on d'Honoré d'Urfé^ lui-
même, que l’inciination n eut aucune parc a fon
mariage , & qu’il n’eut pour motif que le delïr
d’affurer à la maifon d'Urfé les biens de la maifon
de Château-Morand. Il l ’avoit dit lui-même à
M. Huet qui avoit mieux aimé en croire une
tradiiion romanefque , fondée peut-être fur ce
qu’on avoit confondu ia Diane d Anne dé Urfe,
faite véritablement en l’honneur de Diane de
Château-Morand avec YAftrée d’Honoré. _ L ’union
d’Honoré & de Diane fut pleine de dégoûts &
de défagrémens. Honore delîroit des enfant, Diane
accouchoit tous les ans. de mo es informes. La
mal-propreté de Diane , touiours environnée de
grands chiens qui caufoïent dans la chambre &
même dans fon lit une infeftion & -une faleté
iofupportables, éloigna & dégoûta Honoré, il fe
retira en Piémont , s y établit 8c mourut a Ville-
franche en l« t j . M. d’ Urfé n’avoir fait imprimer
quelcs trois premières parties de 1 Aßree. Baro qui
avoit été fon fecrétaire & fon conSdent infinie,
& qui fut de l’académie ftançoife , fit imprimer
apres la mort de d'Urfé, la quatrième partie, &
en ajouta une cinquième , compofée d’après les mémoires
d’Honoré. Outre l'Aflrée, on a encore de
d'Urfé , la Sylvanire , fable boccagère de M.
Honoré d'Urfé. Il avoi" suffi entrepris le poëme
de la Savoy finde , ou hiftoire de Savoie en vers
héroïques franqois , dont quelques-uns ont été imprimées
dans des recueils. Des rerres de la ma Ion
impériale de Lafca'is, fonc échues par fucceffion
à la maifon d'Urfé , fous la condi ion qu’il y
auroit toujours quelqu’un de cette maifon qui
porteront le nom de 'Lafcar.s. Nous ignorons fi
Diane de Château Morand dans tout l’éclat de
fa jeunefle & de fa beauté , à jamais pu être plus
belle que la dernière d' Urfé , qui a porté ce nom
de Lifcaris & pour qui M. de For f-nelle, âgé de
près de cent ans, a compofé ce madrigal, fous
la forme d’une efpèce d’énrgme.
Mon nom eft grec , non pas tiré du grec par force ,
Par le recours d’une favante entorfe ;
Mais grec, purement grèc, 6c tel que Calàubon,
Lés d eux Scaîigers & Saumaife
Jîiftoire, Tome V ,
Epris d’amour pour moi, fe feroîent pâmés d’aife,
En foupirant pour ce beau nom.
S’il m’eût manqué, réduite à me fournir en France,
J’en avois fous ma main un autre allez heureux,
Qui des fiécles naiflàns retraçoit l’innocence,
Les plus tendres liens , les plus aimables jeux,
Charmes qui de nos jours s’en vont ert décadence.
Au défaut des deux noms , il me feroit refté
Une figure.fi parfaite,
Que je pouvois en toute fureté,
Etre Mathurine ou Colette.
U R IE f hift.facr.^) Koye£ Bethsa.b£e.
U RN A , ( fylefure romaine ) roefure de capacité
chez les romains , qui conteno’t la moitié de
l ’amphore j Columelle parle de vignobles dont
le jugerum donnoit fîx cents urnes de ce vin qui
reviendroit en mefure fèche à environ cinquante
boifleaux par arpent. ( O . J .) .
URSEREN-THAL. , ( Hifl. mod. j en françois
le val dJUlferen ; vallée de Suifle, au canton d’Uri.
C ’eft un petic pays de trois lieues de longueur,
& d’une lieue de large, fans aucun arbre. Il y a
dans cette vallée trois grandes routes j favoir *
celle d’Italie par le mont S. Gothard , celle du
Voilais par le mont de la Fourche , & celle des
Grifons par le mont de Tavefch, Les habitans de
ce v a l , font les defeendans des anciens Lépon-
tiens , qui étoienc comptés entre les peuples de
la Rhétie , c’eft-à-dire, des Grifons. L’êvêque de
Coire a la Jurifdidion fpirituelle de la vallée
d'Urferên ; quant au temporel , les habitans de
cette ville font regardés comme membres de la ligue
grife , 8c comme faifant partie des jufiiciables
de l’Abbé de Difentis. ( D . J. ).
On trouve dans Gruter une ancienne infcriptïon
avec' le nom de cette ville : Refp. XJrfonenfium.
Natalis, qualifié presbyter de civitate Urfonenfium ,
fouferivit au premier concile d’Arles. Le nom moderne
de cette ville eft Offuiia Mariana , /. ƒƒƒ.
hifi. c. ij. ( D. J. ).
URCISIN ou U R S IN , ( H fi. eccléf. ) antipape,
élu par fa fadion en 384-, fut le concurrent
du pape Damafc.
URSINS , ( des ) ( Jouvenel ou Juvcnal ) ( Hifi.
de Fr. ) famille qui a produit de grands hommes,
entre autres Jean Jouvenel, eonfeiiler au châtelet
en 1380, prévôt des marchand' en 1388 ; dans
cette place il rendit à la ville des fervices dont elle ne
crut pouvoir s'acquitter envers lui qu'en lui donnant
l ’hôtel des Urfins. On dit que de là vient aux Jotih.
venel ce nom des Urfins. On dit même qu’à cette
occafion ils prirentles armes de la maifi>n des Urfins.
Jean Jouvenel fut avocat du loi au parlement en
14^4, chancelier de Louis, dauphin, duc d’Aquitaine
en 1413 , Charles V U le fit préfident au parler