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Joit promptement j la journée ne pouvoït être Çue
Rumpit &ferpens hcr infiitutum,
Si per oblimum, Jimilis fag'ttcç
Terruit taannds.
Plaignons les fcibleffes des gra/ids hommes, & ne
prenons point plaifir à les confidérer. Celui-ci étoit ,
trop grand^ pour n’être pas perfécuté , il le fut. Ses j
torts, ou Padrefle de lès ennemis, lui attirèrent une
cifgrace > & firent fupprimer fes penlions. L’empe-
?6U ® ^ ™ia ^ans ^es états a Prague , &
• dédommagea magnifiquement de tout ce qu’il
perdoit. Ticho mourut dans ce nouvel afyle , en
* rétenrion d’urine, que le refpeâ ou la
timidité lui fit gagner à la table d’un grand, d’où
il n ofa le lever pour aller fatisfaire un befoin. Ses
principaux ouvrages font : Progymnafmata aflronomiæ
injtauratoe ; De mundi eztherci recentioribus phenome-
tus j Epijlolarurn aftronomicarum liber.
■ a de Sophie B-raht la fceur une épître eu vers
latins &- elle paffoit pour exceller dans la poëfie.
TIEN ou T YEN. £ m. (Hift. mod. Relig. ) Ce
mot lignifie en langue chinoife le ciel. Les lettrés
Chinois défignent fous ce nom l'Etre fuprêmecréateur
& confervateur de funivers. Les Chinois de la
meme fe&e des lettres, défignent encore la divinité
tous le ïioni de ckam-ti ou chang-ù , ce qui fi unifie
fouverain ou empereur. Ces dénominations donnèrent
lieu à de grandes contefiations entre les millionnaires
jefuites & les mandarins qui font de la fecïe des
lettrés. Les premiers ne voulurent jamais admettre
le nom de tien , que les lettrés donnoient à la divinité
, parce qu’ils les accufoient d’athéiime, ou du
moins de rendre un culte d’idolâtrie au ciel matériel
& vifible. Il s vouloient que l’on donnât à Dieu le
nom de tien-tchu, feigneur du ciel. L’empereur
Canghi, dans la vue de calmer les foupçons & les
fcrupules des millionnaires , qu’il aimoit , donna un
édit ou déclaration folemnelîe, qu’il fit publier dans
tout fon empire, par laquelle il faifoit connoître que
ce net oit point au ciel matériel que Ion offrait des
lacrifices, & a qui l*on adreffoit fes voeux ; que
cetoit uniquement au fouverain maître des eieux à
qui l’on rendoit un culte d’adoration, & que par
lr ncm de^ cluing-ù, on ne prérendoit déügner que
.Etre fupreme. I empereur, non content de cette
déclaration, la fit foufcrire & confirmer par un grand
nombre des mandarins les plus diftingués de l’empire,
& par les plus habiles d’entre les lettrés. Ils furent
très-furpris d’apprendre que les Européens les euffent
Soupçonnés d’adorer un être inanimé & matériel,
tel que le ciel vifible ; ils déclarèrent donc , de la
manière la plus authentique , que par le mot tyen ,
amfi que par celui de chang-ti, ils entendoient lé
Seigneur fuprême du ciel, le principe de toutes
-chofes, le difpenfateur de tous les biens, dont la
providence, l’omaifcience, & la bonté, nous don- I
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fleflt tout cè que mous poffédons. Par une fatalifê
incompréhenfible. des déclarations fi formelles n’ont
jama's pu rafiurer les confidences timorées des mit*
fionnai.es; ils crurent que l’empereur &. les lettrés
ne s’ç:oient expliqués de cette façon, que par une
condefcendance & par une fbibleflè à laquelle rien ne
pouvoir pounant le? obliger : ils^peififtèrent à les
îbupçonner d’athéifine & d’idolâtrie , quel qu’incompatible
que la choie paroiffe ; ÔL ils refusèrent
conftammenr de fe forvir des mots de tyen & de
chang-ti, pour défigner l’Etre fuprême, aimant mieux
fe perfuader que lès léttrés ne croyoient point intérieurement
ce qu’ils profeffoient de boucne , & les
acculant de quelques reftriâions mentales nui, comme
on fait, ont été autorifées en Europe par quelques
théologiens connus des millionnaires. C Voyez l’hiftoire
de la Chine du R. P. du Halde. ( A. RJ).
TIENSU , fi f. ( terme de relation. ) idole des
peuples du Tonquin, dont parle Tavernier. Ils révèrent
la Tienfu, dit-il , comme la patrone des arts *
1 ils l’adorent, lui font des facrifices, afin qu’elle
donne de l’elprit, du jugement & de la. mémoire à
leurs enfans.
TIERS-ÉTAT, (H iß . de Fr.) troifîème' membre
qui formoit, avec l’églife & la noblefie, les
états du royaume de France, nommés Etats-Généraux,
dont les derniers fe tinrent à Paris en 1614«
Le Tiers Etat étoit compofé des bourgeois notables
,x députés des villes, pour rep refont er te peuple
dans 1 affemolée. ( V Etats , Hiß. anc. 6* mod. )
On. a épuifé dans cet article tout ce qui concerne
ce fujet ; j’ajouterai feulement que , quoiqu’on penle
que Philippe-le-Bel ait convoqué le premier un®
affemblée des trois états, par des lettres du 23 Mars 13OÏ 5 cependant il y a une ordonnance de faint
Louis , datee de Saint-Gilles en 123*4, par laquelle
il par oit que le Tiers-Etat étoit confulté, quand il
etoit queftion de matières où le peuple avoit intérêt.
{D. J . )
TIFERNAS au TIPHERNAS. (Hiß. Tut. mod. J
Vers la fin du règne de Charles V I I , Lelio Gregorio % '
fur nommé Tiphemas ou Tifemas, parce qu’il étoit de
Tiferno en Italie, vint s’offrir au reéteur de l’univerfité
de Paris pour faire des leçons publiques de grec. Le
recteur ne vit en lui qu’un étranger pauvre , qui
cherchoit du pain ; à peine daigna-t-il parler de fes
offres à I’univerfité. il en parla cependant ; Tuntver*
fité y fit attention. Tifemas donna des leçons , 6c
l’univerfité lui donna des appointemens. Il avoit été
difciple d’Emmanuel Chryfoloras. ( Voyez l’ article
C hRysoloras. ) Tijernas enfeigna enfuite à Venife,
& mourut' dans cette dernière ville vers l’an 1469 ,
empoifonné, dit-on, par d’indignes rivaux, envieux
de fes fuccès : il avoit cinquante ans. Ceft l’âge où ,
jouiffant de la plénitude de fes talens & de fa gloire „
on excite le plus d’envie. On a de lui des poëfies
latines, & la traduéfion des derniers livres de
Strabon.
TIGF.LLIN ou TIGILLIN, ( Hiß, Rom. ) ( Sophçà
T l g
01U Tigellinus, ) miniftre & des débauches ,& des !
cruautés de Néron, eut, fous cet empereur, un
crédit formidable à tous les gens de bien : » ofez atta-
, «uer les vices d’uh Tigcllin , dit Jnvenal , les
« fupplicçs les plus affreux feront votre partage : »
Pons Tigéiiinum , ttcdâ luccbis in illâ
Qu a, fautes ardent qui fixa gutture fumant.
' Ce fut cet homme, vicieux & v i l, qui remplaça
le vertueux Burrhus, après fa' mort, dans la faveur
qu’il n’avoit déjà plus les dernières années de fa vie.
Le févère Gaiba lui-même, gouverné par fes trois
favoris, qui, à la vérité, n’étoient rien moins que
fevères , Titus Vinius Rufinus , Cornélius ^ Laco y
Màvianus Icelus, prit, dans un édit public , Ô£
contre le public, la défenfe de Tigellin dont le
peuple , à tous les fpe&acles, demandoit hautement,
qu’on fît un exemple : - c’étoit, difoit Galba, une
m cruauté envers un homme qui étoit fur le point de
» mourir de maladie ». Peut-être Tigellin fuppofoit-
il une maladie, pour exciter la pitié de Galba & du
peuple. Ce fut le voluptueux Othon qui, à fon ave-
neptient, fit juftice de cet homme odieux, pour
juftifier fon éledlon , & faire exeufer le meurtre d*
Galba & de Difon. Tigellin mourut l’an de J. C. 69.
TIGNONVILLE. ( Hift. de Fr. ) Le prévôt de
Paris, Tignonville, par fes perquifitions fur l’affaffinat
du duc d’Orléans, frère de Charles VI , en 1467 ,
découvrit que des affaflins s’étoient réfug és à l’hôtel
de Bourgogne, & demanda- d’être autorife à faire
des recherches dans les palais des Princes ; ce qui
força le duc de Bourgogne' d’avouer fon crime au duc
de Berri fon oncle. L’implacable duc de Bourgogne
ne l’oublia jamais. Tignonville, dans une autre occa-
fion, fut obligé, par le devoir de fa charge, de faire
arrêter deux écoliers de l’univerfité, pour vols &
affalfinats fur les grands chemins. Avant de commencer
l’infti uétion du procès, il offrit, dit-on , de
remettre les coupables à l’univerfité , qui alors répondit
fagement, que tels gens nétoient point tenus
pour leurs clercs : le prévôt les envoya au gibet. Alors
le duc de Bourgogne foùleva runiverfiié contre
Tignonville, qui, malgré l’approbation du roi, & la
proie&ion des autres princes, fut deftitué. 11 fut de
plus obligé d’aller dépendre lui-même lés corps des
deux criminels, de les baifer à la bouche., & de les
efeorter dans l’églife des Mathurins, à Paris, où ils,
furent tranlportés dans un chariot de deuil, que conduisit
l’exécuteur , revêtu d’un furplis, pour furcroît
de bizarrerie. On leur fit une épitaphe , qui fe lit
encore dans l’églife des Mathurins. Dans cette épitaphe,
monument élevé à 1 énorme puiffance de
l’univerfité , on ne forme pas le moindre doute (
fur les crimes des dèux écoliers. En effet, le. crédit
de l’univerfi é éclatoit davantage à faire refpeékr fes
écoliers, quoique coupables. Ils font représentés fur
une tombe en façon de pendus, c’eff à-dire , la corde
au col. Une lame de cuivre > pofée contre la muj
T .1 G *8* raîlleî contient cetté infeription : » Ci-deffous o-ffent
n Léger Dumouflel & Olivier Bourgeo is, jadis clercs-
» écoliers, étudians en l’univerfité. de Paris , exe-
» cutés à la juftice du roi, notre bon fire, par le
» Prévôt de Paris, l’an 1407, le vingt-fixième jour
» d’O&obre , pour certains cas à eux impotes
» (imputés) Iefquels, à la pourfuite de l’univerfite ,
» furent reftitués & amenés au parvis de Notre-Dame ,
» & rendus à l’évêque de Paris , comme clercs, oc
| aux députés de l’uniyerfité, comme fuppôts d 1-
» celle, à très-grande folemnité \ .& de-là, en ce
» lieu -ci furent amenés, pour être mis en fépulture ,
» l’an 1408 , le dix-huitième jour de Mai. En furent
» lefdits prévôt ôtfon lieutenant démis de leurs offices
» à ladite pourfuite, comme plias à plein appert par
» lettres-patentes ôt inftrumens fur ce cas : priez Dieu
» qu’il leur pardonne leurs péchés. Amen v.
Nous ignorons fi Marguerite de Tignonville, qui,
par fon mariage avec François de Prunelé, porta
le nom & la terre de Tignonville dans cette maifon
de Prunelé, étoit de la famille du prévôt de Par.s,
O11 croit que c’eft celle dont Henri IV fut fi éper-
duement amoureux , & qui eut, comme Madame
de Guercheville & Mademoifelîe de Rohan , le mérite
de lui réfifter conftamment. Il paraît que Made-
moifelle de-Tignonville, aimée de Henri IV , étoit
petite-fille de Lancetot du Monceau , feigneur de
Tignonville , premier maître-dhôtel de la reine de
Navarre, Jeanne d’Albret, mère de Henri IV , ÔC
qu’elle étoit fille de la baronne de Tignonville , gouvernante
de Catherine , princefle de Navarre , loeur
du même Henri IV. En 1576 le roï de Navarre , dit
M. de Sully, alla en Béarn , fous prétexte de voir fa
foeur, mais réellement pour fubjuguer la jeune Tignonville
, qu’il ne fubjugua point, quoiqu’il y employât
toutes les reffources d’un amant & drun roi. Made-
moîfelîe de Tignonville étoit d’une famille alliée à
Henri IV par la maifon d’Alençon , dont étoit la
femme de Lancelot du Monceau , feigneur de Tighon~
ville, ci-deffus nommé.
TIGRANE. (Hift. anc.) C ’eft le nom de divers
rois d’Arménie & de quelques autres contrées adjacentes.
Nous remarquerons feulement ici quelques-
uns des principaux.
i°. On voit d’abord un Tigrane > fils aîné d’un roi
d’Arménie, . figurer avantageufemewt dans la Cyra-
pédie. Le roi fon père avoit été en guerre avec Aftyage ,
roi des Mèdes, ayeul maternel de Cyrus ; vaincu dans
cette guerre , il avoit été affujetri à un tribut. Voyant
dans la fuite Cyaxare, roi des Mèdes , fils d’Aftyage
& oncle de Cyrus , occupé chéz lui par.d’autres ennemis
, il crut le moment favorable pour feeouer le
joug. & s’affranchir du tribut. Cyrus le furprend , fous
les apparences d’une grande chaffe qu’il dirige do
côté de l’Arménie. Le roi eft pris avec fes femmes ,
fes enfans & tout ce qu’il avoit de plus précieux. Les
détails de cette expédition , cet appareil de chaffe ,qui
cache fi aifément un appareil de guerre à un roi qui
fe fentani dans fon tort, doit être fur fes gardes J W