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Succédé dans la dignité dé chancelier à Etienne d’A-
ügre I , il eut pour fucceffeur dans la même place
Etienne d’Aligne fécond, dis du premier.
6°. Louis Seguier, doyen de Notre-Dame de Paris,
fils de Pierre 1, & frère de Pierre II , articks i ;r
& 3e ci-deflus, fut envoyé -en 1597 à Rome , auprès
du pape- Clément V l î i , avec le duc de Nevers
& Claude d’Angennes , évêque du Mans , pour la
réconciliation d’Henri IV avec le St. Siège. Il mourut
le 9 feptçmbre 1610. Il avoit refuie l’évêché de
Laon.
7°. Louis XIV. fut baptifé par -Dominique Séguier,
évêque de Meaux, frère du chancelier Seguier , qui
avoit été précédemment confeiller au parlement ,
Doyen de Notre-Dame , puis évêque d’Auxerre. Né
en 1593. Mort le 16 mai 1659.
Une autre ancienne famille de Séguier , originaire
du Quercy , a eu des fénéchaux du Quercy, des
char.eel ers d’Armagnac , des préfidents à mortier au
parlement de Toulonfe.
Seguier , ( Jean-François ) , ( Hifl. Lut. mod. )
dit de Nifmes , parce qu’il en étoit. Une médaille
«TÂgrippa, en bronze, tombée* entre les mains de
M. Séguier , âgé alors de dix ans, fit de lui un anti-
qua:re. De ce moment, on le voit intrépide & infatigable
, bravant tout , facrifiant tout, toujours prêt
à iè fecrifier lui-même pour l’objet de fon goût, tantôt
descendre dans un puits, au péril de là v ie , 8t y
paffer une nuit entière , pour fe procurer quelques
«iédailks romaines, échappées à toutes les recherches ;
tantôt tomber malade de douleur de n’avoir pu payer
«ne médaillé qu’il jugeoit précieufe, mais dont le prix
demandé étek, quoique médiocre, trop au-deffus de
fa portée. Son goût dominant fut, félon l’ufage, contrarié
par fon père , qui lui deftinoit la charge de confeiller
au préfidiaî de Nîmes, ÔL qui en conféquence
se lui perméttoit d’autre étude que celle de la jurif-
pruder.ee. M. Séguier prit un parti mitoyen entré la
révolte & l’obéiffance aveugle ; il foivit fes goûts, &
se négligea point la juriljîrudence. Il fit des colLétions
de ' médailles, il apprit à fond la botanique, autre
fcience qui avoit pour lui beaucoup d’attraits ; 51
fut antiquaire & naturalise, parce- que la nature l’a-,
voit voulu , mais il eut auffi les connoiffances d’un ju-
rüconlulte, parce que fes parens le vouloient. Il apprit
par coeur les quatre livres des inftitutes de Juftinien,
& il ne Igs oublia jamais.
En 1732 , le marquis Maffei vint à Nîmes, pour
' examiner ks antiquités que cette ville renferme ; il vit
le jeune Séguier ; il vit de quel amour il étok enflammé
comme txi pour les lettres & les belles connoiffances.
C’étoit l’homme qu’il cherchait depuis long-temps ; il
le demande à fon père, il l’obtient, il en fait le com-
1 pagnon de fes voyages , de fes études, de fa gloire.
M. le marquis Maffei & M. Séguier travailloient à
taffembîcr en un feul corps les inferiptions recueillies
par divers antiquaires, & auxquelles ils en auroient
ajouté un grand nombre, lorfque là icolleélton de Mu-
ratori oaruf en 1739. Alors M. Séguier fe tourna principalement
vers la botanique fie Huüçire naturelle. U
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publia en 1746 fa Bibliotkeca BptaniçdJ- efû .1745 fej
Planta Vcronchfes.
« Il avoit confervé dans l’âge mur , dit'l’bftorieij
» des inferiptions & belles-lettres, la même intrépidité
» qu’il avoit montrée pour les fciences dans fa jeunefie.
» Ayant trouvé dans les environs de Vérone une efpècç I
» dé champignon qu’il n’avoit pas encore vue, il ofa j
» en .goûter pour en conncître les propriétés, & tomba
» prelqu’auflitôt privé de fentiment. Ç ’en étoit fait de I
».fa vie, fi des payfannes accourues à ion Tecours , ne 1
» lui enflent fait avaler de l’huile d’une lampe qui bri'r
» loir devant une madone, &, qui avoit dans le pays
» la réputation de guérir les maux les plus incurables.
» On ne pouvoit heureufement lui adminiftrer un meil-
» leur lemède. Cette huile graffe & rance eut débarrafl'é
» dans un inftant fon eftomach,-du fatal champignon,
» & fa guérifon toute naturelle fut ajoutée à la longue
» lifte des miracles opérés par cette lampe mery.eil-
» feufe ».
Le« habitants des montagnes du Vincentin voulurent
le brûler comme forcier; il fut emprifonné à Volterre
comme un voleur, parce qu’il cherchoit à enlever pendant
la nuit une pétrification qu’il avoit remarquée,
dans la partie antique des murailles de la ville.
Le fait fuivant efl un trait de caraélère bien marqué
dans un genre bien rare. M. Séguier vifitoit avec le
marquis Maffei un cab'net d’antiquités ,en Allemagne ;
on leur montra un monument fur lequel étoient gravées
quelques lettres grecques que perfonne n’avoit pu
encore interpréter ; le marquis Maffei avoua qu’il ri’en
devinait pas le fens, & demanda du (temps pour y réfléchir.
« M. Séguier , dans un premier mouvement,
» laiffa échapper quelques .mots qui firent penfer qu’il
» /avoir ce que ces lettres fignifioient, & il le /avoir
.» réellement ; maisilfe retint auflàtôt, & ce fut en vain
» qu’on le preffa-d’en dire fon avis. Il aima mieux qu’on
» crût qu’il s’étoit avancé témérairement, que de pa-
» roître /avoir quelque chofe que fon -maître igno-
» roit ».
Il paffa vingt ans avec lui dans la plus douce union ;
il le perdit en 175 5, &. revint chercher au fein. de fa
famille & de fes anciens amis les confolations dont
il avoit befoin.
Ce fut peu de temps après fon retour » Nîmes,
qu’il retrouva linfeription de la màifon quarrée. Peÿrefc
& d’autres antiquaires à voient efpéré cette decouverte;
mais le marquis Mafi&i qui, en 1733 , avoit examiné
ce monument, avoit prononcé que la découverte étoit
impoflible. M. Séguier, qui ne fe permettoit jamais
d’être plus habile que fon maître ; avoit adopté la même
opinion, & s’y étoit confirmé de plus en plus par fes
propres obfervations; cependant l’académie des belles-
lettres s’occupa de cet objet en 1737. M. l’abbé Bar-*
thelemi, qui, en paffant à Nîmes, avoit reconnu plu-
fieurs lettres du bas de l’édifice , étoit pei fondé qu’on
pourroit reftituer l’infcription à la faveur d’un defïin
figuré, où les trous irrégulièrement femés fur l’entablement
, feroient placés dans leur exaéle correfpondance.
Un autre académicien (feu M. Ménard) ( Voy. l’ait.
Ménard, N°. IV. ) en écrivit aux magjftrate de Nfinas;
S E G
[ fis firent cbnftrùîre un échafaud, M. Séguier y môrtta,
f & par'utie fuite d’opérations & de combinaifons feru-
•ôüleufement exaétes', il parvint, contre fon attente,
i a reftituer l’infcription entière. On fut enfin-Ce qiron
avoit ignoré jufqu’alors , ce que c etoit que la maifon
quarrée: ce n’étoit ni un capitole, ni une maifon consulaire
, ni un prétoire, ni un m onument de la recon-
noiflance d*Adrien pourPlotine, femme de Trajan,a
laquelle il clevoit fon adoption , &c. comme on 1 avoit
: conjeéluré ; c’étoit un temple éleve en 1 honneur des
Céfars Caïus & Lucius, petits-fils d’Augufte.Ceft ce
I que "démôùïra M. Ségüier dans une d lîertation qui
pif-ut en 1759» K II -femble que fa fortune littéraire
» fût, on qùelque'fortâ, attachée à la famille d Agrippa ;
» une médaillé de cet illuftre Romain lui^ in(p>ra le
» goût de l’antiquité ; le temple confacre a fes fils
» eft dévenu un monument de fe gloire x>.
i; Il fut nommé en 1.772 , affocié libre régnicôle de
| l’Académie des inferiptions & belles - lettres ; l’aca-
tdémie de Nîmes , dont il étoit le bienfaiteur & un
[ des principaux ornemens, & à laquelle il avoit donné
fon cabinet d’hiftoîre naturelle, fe bibliothèque & fon
f recùèil d’antiquités & de médailles, le nomma par ac-
[ clamation fon'protecteur, après la mort de M. de Bec-
I déliévre, évêque de Nîmes. M. Séguier a peu joui de
|ce titre faftueux de proteélîur , fi contrariant avec fa
Ifimplicité modefte. Il mourut le premier feptembre
(1784, dans fa quatre-vingt-unième année.
| S E G U IN ( Jofeph ) ( Hiß. Litt. Mad. ) Avocat,
[•né a la Gotat, mort en 1694 , auteur des antiquités de
: la ville1 d’Arles.'
r ] SÉGUR , ( Hiß. de Fr. ) Une femme de ce nom ,
I Olympe de Ségar, fe diftingua par fon courage & par
I fe tendreffe pour fon mari, le marquis de Belcier , fils
f du premier préfident du parlement de Bordeaux. Le
[ marquis , étant prifonnier au château Trompette,
[ elle lui fit prendre fes habits, prit les fiens , & le délivra-
en reftant en: otage à fe place. L’hiftoire ,tant ancienne
I que moderne , fournit quelques autres exemples, mais
f peu communs, d’une pareille aétion.
: Un évêque de ce nom fe diftingua par une aélion
■ peut-être encore plus fingulière , mais dont on a jugé
• aiverfemënt, c’eft l’évêque de Saint-Papou!, Jean-.
Gharles de Ségur. Il avoit été oratorien &. appellant.
■ La faveur où étoit fe famille fous la régence, lui ayant
inlpiré quelque ambition, il avoit quitté l’oratoire,
* révoqué fon appel, avoit eu l’abbaye de Vermand, &
;■ après avoir été grand-vicaire de M. de Saint-Albin,
l (filsdurégent, & alors évêque de Laon, depuis arche*
! vêque de Cambrai ) il fut fait évêque de Saint-Papoul.
Il eut enfuite des remords fur fon entrée dans l’épifeo-
pat, fruit de la révocation de fon appel ; il fe démit
[.de fon évêché, fe condamna entièrement à la retraite
& à l’obfcurité, après avoir 'dit fes motifs &
s’être accufé publiquement dans une inftruélion pafto-
! raie. Les moliniftes n’ont voulu voir en lui qu’un apof-
I tat & un relaps ; les Janféniftes y ont voulu voir un
feint plein de grandeur & de courage, fie fur-tout plein
s e J fer
die l’efprit de la primitive, églife. Né à Paris en 1693»
mort aufli à Paris en 174®.
Il y a préfentement ( en 1789 ) quarante-deux ans
paffés que M. le maréchal de Ségur d’aujourd’hui, mi-
niftre d’état, & ci-devant fecrétaire d’état de la guerre,
cruellement bleffé aux batailles de Raucoux & de
Lavffelt, a été célébré par M. de Voltaire dans ces
vers:
Anges des ejeux, puiftances immortelles.
Mettez. Ségur à l’ombre de vos ailes ;
Déjà Raucoux vit déchirer fon flanc:
Ayez pitié de ccfâge'fi tendre ;
Né vérféz pas lé refte dé ce fang
Que pour Louis il brûlé dé répandre.
SÉJAN, ( Ælius ) ( Hiß. Rom. ) Son nom eft
devenu proverbe pour déftgner les min:rires ambitieux
& corrompus qui abufent de leur pouvoir , &
oui finiffent par en être les vi&imes. Il étoit né à
Volfinies enTofcane ; Seïus Strabon, fon père, étoit
chevalier Romain. On accufoit Séjan de s’êtreprofti-
tué dans fe jeuneffe au voluptueux Apicius. Seïus Strabon'étoit
préfet, du prétoire, & Séjan, fon fils, lui
fut affocié dans cette place, dont il augmenta con-
fidérablement la puiflànce. Il gouverna long - temps
fens bornes &L fens partage le foupçonneux & jaloux
Tibère , en nourrifTant en lui fes foupçons & fe
jaloufie contre tout le monde, fur-tout-contre la propre
famille de Tibère & de Germanicus, qu’il pa-
roît avoir eu le projet de détruire pour s’élever par
dégrés jufqu’au trône, ( voycg, les articles Drusus y
-& D rusus 6 , Julie, fille de Drufus , L iville ,
NÉRons ) , vous y trouverez la lifte d’une partie- de fes
crimes ; fes infinuations ne contribuèrent pas-peu au
parti que prit Tibère de fe retirer dans Pille de Ca-
prée ; il efpéroit. que cet empereur, en s’éloignant
de Rome &. des affaires, lui- laifferoit une autorité
plus entière , & que le fénât & le peuple Romain ,
accoutumés à ne voir & à ne connoître que lui ,
feroient naturellement difpofes à lé donner pour fuc-
ceffeur à Tibère : celui-ci ouvrit enfin les yeux & fut
effrayé de la puiffance qu’il avoit lui-même donnée à
foa favori, il crut devoir l’attaquer avec précaution*
mais enfin ,
Sitôt qu’il veut nous perdre, un coap d’oeil nous détruit.
La difgrace rapide àç Séjan fut encore pins étonnante
que fon élévation ; l’une & l’autre furent également
funeftes à Rome, Deum ira in rem Romanam , cùjus
pan exiùo viggùt eectditque ; . ce n’eft pas qu’il fût malheureux
d’être délivré d’un tyran criminel , tel que
: Séjan , mais la perfécütion allumée contre tous'fes
ennemis pendant fe fa v e u r fe tourna depuis fe dif-
gr-ace contre fes parens & fes amis, ou plut it ceux
de ia fortune, & ceux-ci étoient en grand nombre :
Et tombent avec eux d’une chute commune
Tous ceux que leur fortune
Faifoit leurs ferviteurs.
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