
» les caractères de Céfar & de Caton forcent un
« fi beau contraire , nous tentons que le fond du
”, caractère de Céfar eft la bonté ; qu’avec tes anvs
» & tes ennemis, avec les cliens & tes domeftiques,
» avec les malheureux & les coupables, fa bonté,
»> fous différentes formes , eft toujours la même.
v Nous tentons de l’autre côté, que le jufte Caton
« nous inspire plus de vénération, que d?amour &
» de confiance. Il femble que la juftice eft plus ana-
»> logue à la nature de Dieu , & l’indulgence à
» celle de l’homme. L’être qui n*a pas befoin de
» pardon, peut traiter chacun félon tes mérites:
» mais nous, dont les meilleures aélions ne veulent
” pas être examinées à la rigueur , nous ne faurions
» ê:re trop doux, trop compatiffants, trop prompts
» à pardonner à nos femblables.»
Hélas î tous les mortels ont befoin de clémence,
a dit M. de Voltaire dans Olympie. Comme ce
trait de fentiment eft raifonné dans Addiflon ! Quelle
profondeur de philofbphie dans ce feul mot !
<1 11 femble que la juftice eft plus analogue à la
» nature de Dieu, & l’indulgence à celle de l’homme!
G’eft une idée-mère & applicable à tout.
M. de Voltaire a aufli très-bien rendu ce con-
trafte des caractères de Céfar & de Caton , dont
parle M. AddifLn , & que Sallufte avoit rendu fi
ienfible : Caton, dans Rome fauvée, tonne contre
les Clodius & les autres envieux de la gloire de
Cicéron. Céfar l’interrompt :
Caton, que faites-vous, & quel affreux langage ?
Toujours votre vertu s’exprime avec outrage ;
Vous révoltez les coeurs , au lieu de les gagner.
C a t o n .
Sur des coeurs corrompus vous cherchez à régner.
Richard Stèele étoit né à Dublin , mais de pa-
rens Anglois ; il porta d’abord les armes , & les
quitta enliiïte , poiir fe livrer entièrement aux lettres.
Il mourut en 1729. On a de lu i , outre tes journaux
, plufieurs comédies , telles que le Convoi Funèbre
, le Man tendre ; les Amans Menteurs ; les
Amans convaincus intérieurement de leurs flammes mutuelles.
STEENSTURE I , ( HiJl. de Suède ) adminiftrà-
teur en Si-èJe; au milieu des troubles qui agitèrent
la Suède , fous le règne de Charles Canutfon ,
Steenflure fut proclamé adminiftrateur par un
parti puiffant l’an 1471* L’autorité attachée à
ce titre n’étoit bornés que par l’ambition de celui
qui en étoit revêtu , ou par l’indocilité du peuple.
Steenflure auroit defiré peut-être de régner fous le
npm de roi ; mais Charles lui- confeilla de contèr-
yer le titre jnodefte d’adminiftraieur, pour donnér
moins d’ombrage à la nobleffe , & s’emparer plus
sûrement du pouvoir fuprême auquel il afpiroit. Charles,
avant fa mort, arrivée le 31 Mai 1470 , dé-
figna Steenflure pour fon focceffeur , une partie de
la nat'on appreuva ce choix. La Dalécarfiè fit éclater
fur-tout pour l’adminiftrateur un zèle à l’épreuve
des événements ; une partie de la nobleffe avoit euv
braffé la défenfe de Chriftiern I , roi de Dane-
marck qui prétendoit à la couronne , en vertu de
l’union de Calmar,Steenflure marcha contre lui, remporta
une viéloire, & te vit du moins un moment maître
de la Suède. Chriftiern mourut en 1481 , on tint
à Calmar une aflemblée des députés des trois’ royaumes
, pour rétablir dans cette ville même le fyf-
tême politique qui y avoit pris naiflance ; Jean, fils
de Chriftiern fut proclamé ; Steenflure eut l’art de
lui impofer des conditions qu’il favoit bien que ce
prince ne remplirait pas. Ainfi fon ambition ne
manqua point de prétextes pour l’écarter du trô.ie
de Suède. Si Steenflure n’avoit eu que des étrangers
pour ennemis, il eût rencontré peu d’obfticles dans
le cours de fes profpérités ; mais au fein de la
Suède Yvar-Axelfon , aufli ambitieux, mais moins
habile, formoit des cabales , & s’efforçoit d’arracher
à fon concurrent l’autorité que le peuple lui
avoit confiée. La plus grande partie du peuple te
déclara hautement pour Steenflure , & Yvar s’enfuit
dans le Gothland , il y régna en brigand ,
exerça la piraterie, & acheva de mériter la haine
de fa nation ; il eut ladâcheté de céder cette Ifle
au roi Jean, qui nomma un autre gouverneur mal*
gré la parole qu’il lui avoit donnée, & le fit traîner
en Danemarck où il mourut dans l’indigence :
le roi Jean, qui commençoit à ternir combien il
étoit difficile de réduire l’adminiftrateur par la voie
des armes, effaya de lë vaincre par les bienfaits.
Mais celui-ci fe défioit des carefles du prince Danois,
& d’une main il acceptoit fes préfents , de l’autre
il fignoit avec la république de Lubec un traité de
ligue contre le Danemarck. Les Enfles , animés
par le Roi Jean , caufoient dans la Finlande les
plus affreux ravages ; Suante Nilfon commandoit
l’armée dans cette province, Steenflure eut avec lui
une querelle très-vive; il fe vengea en calomniant Suante
Nilfon ; il l’accufa de lâcheté ; celui-ci te défendit
avec tant d’ éloquence, que le fénat indgné contre
l adminiftrateur, le dépola l’an 1497. La nobleffe &
le clergé , jaloux de la grandeur de Steenflure applaudirent
à fa chûte ; mais le peuple l’adoroit, & vint
lui offrir fon fang. Ce ramas de troupes mal disciplinées
ne fervit qu’à accélérer fa décadence ; après
avoir perdu plufieurs batailles , il fe vit contraint
de céder la Suède au roi de Danemarck , qui lui
laiffa la Finlande, les deux Bothnies , & quelques
autres domaines.
On régla qu’il ne rendroit aucun compte de fon
adminiftration, 8t cette ordonnance faite pour étouffer
les murmures de l'envie , rend peut-être fon définté-
reffement un peu fufpe<ft. Jean le nomma Maréchal
de fa cour , dès qu’il fut couronné roi de Suède ;
quelque belle que fut cette dignité , après le rôle
que Steenflure avoit joué dans fa patrie , c’étoit
moins un honneur pour lui qu’une humilation véritable
;
ritàbte ; il tiè tarda pas à échauffer les efprits , &
à rendre le roi Jean odieux au peuple ; ce fut ,en
I | | | que la Conjuration éclata : l’infraCfion du traité
de Calmar en étoit le prétexte. Steenflure fut reçu
triomphant dans Stockholm , & rejetca avec hauteur
les prqpofiâons de pa'x que le roi lui fit offrir.
La r;ine étb't renfermée dans le château , Steenflure
s’empara de cette p'ac.: ; mais il manqua à fa parafe ,
&. fie jetter là prihceffe dans un couvent. Bientôt
après il lui rendit la liberté ; il mourut au m.lieu
de tes profpérités l’an 1503. Si Steenflure n’a voit pas
calomnié Suante Nilfon , s’il n’ayoit pas violé une
capitula:ion, & fait fervir quelquefois à tes deffeins
des/moyens que l’honneur défavoue, on ne verrait
en lui qu’un citoyen armé pour la défenfe de fa
patrie , & qui cherchoit à détruire un traité utile
au roi feul , &. funeftè aux trois nations. 11 la.fTa
trop entrevoir l’ambition dont il étoit dévoré. Il re-
fufa 1e titre de roi que le peuple lui offrait, mais
il en corffçrva l’autorité que le fénat vouloit enlever.
11 féduifit le peuple , s’en fie aimer en l’opprimant,
Faffervit en criant liberté , & fut le Cromwel de
la Suède. Du refte fàvant dans te guerre comme
dans les négociations , capable de créer de bonnes
li-ix alors même qu’il les violoit ; tpi , miniftre ,
magiftrat , général tout enfembk , il eut tous les
talc-ns des grands hommes, mais il n’en eut pas les
vertus. ( M, d e Sa cy. ) •
STEEN ST U R EU , adminiftrateur en Suède.Il étoit
fils de Suante Nilfon-Sture , & fut élu après fa
mort fan '1513 , pour gouverneur de la Suède au
inueu des difeordes civiles qui là déchiraient. Chris-
tiern II venoit de monter fur 1e trône de Danemarck,
& prétendoit monter fur celui de Suède , en réta-
b'iffant l’union de Calmar. La cour de Rome, vendue
à ce prince, excommunia, l’adminîftrateur & fes
partifans , pour avoir défendu la liberté de leur patrie
; Guftave Trolle-, archevêque d’Upfal , attifa
mieux encore le feu des guerres civiles , ouvrit au
roi de Danemarçk l’entrée de la Suède , malgré une
trêve conclue avec ce prince par Steenflure. L’ad
miniftrateur remporta d’abord quelques avantages fuites
Danois ; il marcha au fècours de Stockholm ,
afliégée par Chriftiern , &. fut vainqueur dans un
combat. Cette viéloire fût fuivie d’un traité qu’il
viola auffi-tôt quM fut figné. Trolle avoit confpiré
contre la patrie. Steenflure le fit dépoter , la cour
de Rome -^excommunia tous les Suédois pour avoir
puni un traître , & les condamna à payer une
amende'de cent mille ducats. L’an 152.0, Chriftiern
parut dans la Gothie occidentale , à la tête d’une
armée , l’adminiftrateur marcha contre lui ; mais fes
teeret & .étoient vendus à Chriftiern. Il fut contraint
de fuir, il te bleffa fur la glace , & mourut de fa
bleffure. {M'■ d e Sa cy. )
STEINBOCK ,( ,Magnus) {Hifl. d Suède)_Feld-
Maréchal de Suède, un des plus habiles généraux
de Charles X I I , fut fait Gouverneur de Cracovie,
lot-fque Çharte-, XII eut pris cette place en 1702,
Hiflaire» Tome V,
I u St.inbock ayant puï dire qu’on avoit caché des 1 » tréfors dans les tombeaux clés rois de Pologne ,
I n qui font à Cracovie , dans l’eghfe de 'Saint-N:-
I » colas , les fit ouvrir; on n’y trouva que des or-
B » nemens d’or &c d’argent , qui appartenoient aux
n églifes : on e* prit une partie , Si Charles XII
j> envoya même un calice d’or à une eglife de Suède ,
» ce qui, du M. de Voltaire, auroit foulevé contre
n lui fes Polonois catholiques , fi quelque ciiofe avoit
j> pu prévaloir contre la terreur de lès armes.»
Après la bataille "de Pultava , &■ pendant la pri-
fon de Charles X I I , le c.unte de Steinbock fouiint
quelque temps l’honneur de armes Suédoifes. A la
tête de huit/ mille hommes d’anciennes troupes , &
de douze mllle.de nouvelles indicés, la plupart payfans
Suédois,, vêtus de leurs faraux de toile , ayant à
leur ceinture des piftolets attachés avec d.s cordes,
il fe trouva le 10 Mars 1710 en préfence des Danois
, à trois lieues d’Helfimbourg. Les payfans de*
mandèrent à grands cris la bataille le jour même
j Je leur arrivée ; « Steinbock profita de cette dis— I* n pofition des efprits, qui, dans un jour de batatilè ,
» vaut autant que la difciplide militaire ; on atta-
» qua fes Danois ; & c’eft là qu’on vit ce dont il
| j? n’y a peut être pas deux exemples dej plus, des
I n milices toutes nouvelles égaler , dans 1e premier
! y* combat, l’intrépidité des vieux corps Deux 1 é-
j » gimens de ces payfans. armés à la ;hâte , taif-
! j? lèrent en pièces le régiment des gardes du roi de 1 « Danemarck, dont il ne refta que dix hommes, j*
I Steinbock ne put fecourir Stade que fes ennemis
| bombardèrent & réduifirent- prefque en cendres ,
| mais les ayant atteints dans 1e duché de Mecke’bourg,
! près d’un lieu nommé Gadebush , il remporta 2 encore une victoire compiette, le- 20 Décembre
y 1712.
§ Ce fut lui qui, la nuit du 9 Janvier 1713, brida
I cruellement la ville d’Alténa , difant aux généraux
â ennemis qui lui en faifoient des reproches, que les
§ flambeaux qui venoient'de mettre Aliéna en cen-
1 dres, étoient les repréfailies des boulets rouges, par
| qui Stade avoit été confumée.
| Steinbock perdit par les détails, ce qu’il avoit gagné
B par des actions' fignalées , & après divers- pedti
I échecs, étant entré dans Tonningue, & s’y voyant
I bloqué par le Çzar , fe roi de Danemarck & le 1 roi de Pruffe,' il fut obligé de fe rendre prifonnier 9 avec fes troupes,le 17 Mars 1 7 1 3 ,au roi de Da-
J nemarck, qui le traita d’abord avec plus de conii-
! dération que l’incendiaire d’Aliéna ne de voit natu-
| Tellement en attendre', & fe laiffa libre dans Co-
I penhague sur fa parole ; mais ayant temé de s’écfiap-
§ per , il fut arrêté , convaincu d’avoir manqué à
§ îa parole ; alors il fut étroitement reflerré , il fut .
i l réduit à demander grâce au roi de Danemarck, qui 2 voulut bien la lui ac:ordér. Aufli fmvère que va<l-
! lant , il eut le courage de délapprouver le détra-
! neinent.da roi de' Pologne , ce n’étoit pas fa re fa 2 • cour à Charles, XII. Les mémoires du comte de