
de courage. N’élant encore que prince de Piémont
en i 6 ï f 3 il défendit Vetue contre le duc
de Féria fut blefte à ce fiége , qu’il t ut l’honneur
de faire lever aux Efpàgnols; il fuccéda en
1630, dans le duché de Savoye, à Charles-Emmanuel
fon père. Il commanda les armées de
France en Italie; il Eut capitaine général de la Ligue
conclue à Rivoli , le 11 juillet 1635 , entre la
France, la Savoie. & le duc de Parme. Joint au ma-
ïéchaldeOéquy, il battit, le 13 juin i 6 $ é i le marquis
de Léganés, au combat du Tefin. Il mourut le
7 oétobre 1637. Il étoit beau-frère de notre roi
Louis XIII; ayant- époufé Chrrftine de France la
fceur, fille de Henri IV. Il eut avec le fécond
Vicîor-Amédêç bn petit-fils, un trah de conformité
qui les dîftingue l’un & i’aut-re parmi les ducs
de Ssvoy-e , c’eft qu’ils portèrent tous deux le titre
de roi. Victor-Amêdée , fat le premier duc de
Savoye qui, en 1633, prit le titre de roi de Chypre
acquis depuis -long-te ms à fà maifôn. Richard
ccrür-de-Lyon , roi d’Angleterre , en allant à la
Croilade, avoir pris en palfant l’ifïe de Chypre
fur lfaac Comnéne , & en avoit cédé la- fouve-
raintté à Guy de Lufignan , pour le dédommager
de la perte du royaume de Jérufalem ; la poftérité
de Guy de Lufignan poiïeda cette ifle jufqu’en 1458.
Jean III. qui en fut le dernier pofîeffeur y laiiTa
une fille légitime nommée Charlotte , 8c un fils
bâtard nommé Jacques. Celui-ci époufa Catherine
Cornaro Vénitienne , & qui mit les Vénitiens en
pofleflïon de cette iiîe. Selim II , empereur des
•Turcs, la kur enleva en 1571.
Charlotte avoit époufé Louis de Savoye, frère
d’Àmédée IX, & oncle de Charles, duc de Savoye.
N'en ayant point d’enfarrs , elle fit donation de
fon royaume de Chypre, ou du moins celfion de
fes droits au duc de Savoye Charles , neveu de fon
mark Après l’extindion de la branche de Charles,
ces droits payèrent en collatérale dans la branche
dont étoit Viffor-Amédée , qui le premier prit ce
titre, peut-être dans l’intention de le réaÛlèr un
jour.
V ic to r -Amédée I I , qu’on appelle communément
le roi Viétorparce qu’il fut le premier duc
de Savoye qui joignit à fo n duché un royaume
réel, naquit le 14 mai 16 6 6 9 il fuccéda en 1675;,
à Charles/- Emmanuel I I f o n pète , fous la tu-
tèle de fa mère Marie-Jeanne Baptifte de Savoye-
Nemours. Oh avoit eu pour lui de bonne-heure
des vues d’agg.'andiflèment ; fa mère avoit voulu
Fur faire époufer l’infante de Portugal fa nièce ,
fille du- prince alors régent, dom Pédro , ( qui fut
depuis le roi Pierre II)-, pour tâcher de lui pro*-
cuttr la- couronne de Portugal. Les loix fondai
mentales faites à Lamégo en « J4 y, étoient contraires,
à ce projet , elles défendoieac de marier
hors du royaume les peine elfes héréditaires r & de
leur d o n n e r pour maris des- étrangersy fous peine
eux eiks d’etre privées, de, la fiicçeftiüa'j: le b u t1
de ces lo*x étoit de fe rapprocher dé Té(prit dfe
notre loi falique , par l’exclufion des étrangers ,
fans cependant donner l’exclufion aux femmes. On
négocia, & les états • consentirent à l’union pro-,
potée; ils crurent remplir l ’objet de leurs lo ir ,
en flipulant que le prince de Savoye viendroic
s’établir en Portugal, & devîendroit Portugais ; les
articles furent fignés le 14 mai 16751 , proèlamés
à Lisbonne le y feptembre fuivant ; le pape accorda
les difpénfes pour caufe de parenté ;■ 'les
fiançailles le firent à Lisbonne par procureur à
le zy mars 1681. L’année fuivante une flotte Portugaise
vint à Nice pour prendre le duc & l ’emmener
en Portugal ; mais on ne fè détermine pas
aifément à quitter des états qu’on pofsède pour
des états qu’on doit pofféder un jour ; on ufa de
délais , de prétextes , de raifons de fan té j. les
Portugais entendirent ce langage, & le- projet de
mariage fut abandonné. Le duc de Savoye époufa
le 8 mai 16 8 4 , Anne-Marie , fil'e de moniteur,
frère de Louis X IV , & dont la fceur -aînée avoit
époufé Charles II, roi d’Efpagne, Ce duc de.Savoye
fut pour nous un ennemi redoutable, un allie dangereux
& infidèle* I l commença par être notre
allié en 16S6. Avec le fêcours des François com*-
mandés par M. de Catinat, il chaffa les Vau-
dois des vallées de Luzerne, d’Angrogne, &c. où
il auroit beaucoup mieux fait de les laifler. En
1687, il devint notre ennemi ; il alla pafler le
carnaval à Venifè , où fe rendirent aufîi l’elec-
teur de Bavière & plufieurs autres princes avec
léfquels il s’engagea dans la ligue d’Ausbourg. Il
fe fl tta long-tems de tenir cet engagement fe-
eret, & il fé difpofoit â nous firrprendre mais
Louis X IV ,. inftruit de fes liaifons'i lui- déclara
la guerre le 13 juin î 6ÿo~ M, de Catinat entra
dans le Piémont, remporta le 18 août-une victoire
complecte à Stafarde, prit Saluces & Suze,
pendant qu’un autre général, M. de Saint Ruthç
réduifoit la Savoye*
En- 1651 , M. de Catinat pourfuit le cours,, de/
fës fùcces, prend Ville-fianche le z i mars, Nice
le z avril, Veillane le 30 mai , Carmagnole Le
9 juin. M. de Feuquieres rend lé chemin des
vallées libre depuis Pignerol jufqu’à Briançon
mais Bulonde leva le fîëge de Coni fur la feulé
nouvelle qu’il eut que le prince Eugène de Savoie
, fi célèbre dans la fuite ,, niarchoir au fé-
couxs de cette place ; il fut envoyé'prifonnièr dans
la- citadelle dé Pignerol. Le duc de Savoie reprit
aufli Carmagnole. En 16$i il eut encore mieux fà
revanche ; on prenoit fes places il prit les nôtres,,
il vengea fes alliés,, 8c ravagea le Dauphiné
comme on avoit ravagé le palatinat j il prit Embrun
& Gap > & tomba rfialade à la fin de la canvr
pagne, eonjonéture. qui nous fut favorable.
•En* 16 93r ce fut M.- de Catinat qui réprit fie
revanche 1. L e duc de Savoie* au commencement,
dé la;;campagne*avoit gris Sainte-Brigittey ayq^t
v i e
dlfiégé èc bombardé Pignerol, avoit Fait le blocus
de Cafal; M. de Catinat lui fit lever ces lièges
& ces blocus, par la fameufe viéloire de Marlaihe ,
remportée le 4 octobre. Le duc de Savoie ne put
garder aucune des places qu’il avoit foumifes ; on
brûla fon pays en repréfailles, difoit on des ravages
du Dauphiné, qui n’étoient eux-mêmes que
des repréfailles du ravage du palatinat ; car de
repréfailles en représailles, & de cruautés en cruautés
on va bien loin dans la route de. la barbarie.
Tottte la campagne de Turin fut délolée.
En x<^5».c , M. de Crénan rendit Cafal au ducv
de Savoie, le 11 juillet; mais cette place fut ra-
fée & refiituée au duc ;'#e Mantoue*.
• Le duc de Savoie fut celui qui s’ennuya le premier
de cette guerre de la Ligue d Au'bourg. Il tira
un/bien plus grand parti de la paix que delà guerie;
'il conclur, le 4 juillet i^ ^ fo u s le nom de neutralité
d’Italie,‘fon traité particulier avec la France.
On lui rendit tout ce qu’on lui avoit piis , meme
Pignerol, & l’on convint du mariage de la prin-
ccflé Marie-Adélaïde, fa fille aînée, avec le duc
de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. La paix
a^Vec la Say.oie fut publiée à Paris le 10 feptem-,
bre; le cpmrat de mariage fut ficné le 15. Le
duc de Savoie promit à fes alliés fes bons offices
pour leur procurer la -paix ou la neutralité , & pour*
les y engager de leur cote, il joign’t fes troupes
à celles de M. de Catinat, & entreprit avec lui
le 24 feptembre le liège de Valence.
Au commencement de la grande guerre^ de la
fucceffion d Efpagne , le duc de Savoie s’unit avec
la France , par de nouveaux liens. Il donna le
i l feptembre 1701 fa. fécondé fille en mariage
au duc d’Anjou, nouveau roi d’Efpagne. On crut
pouvoir compter fur l’attachement & la fidélité
:d‘un prince qui tenoit à la France & a lEfpagne,
par les intérêts du fang ;■ Mais V i c to r -A r n e d e e ne
connoiffoit que les intérêts politiques 3 il ofoit
avouer qa’il aimoit mieux mettre deux provinces
de plus dans fes états, que d’aflurer \e bonheur
de fes filles. On ne le connut pas d’abord, on
•crut pouvoir lui confier la défenfe de deux royau-
'mes dans lefquels fes en-fans régnoient ou étoi nt
deftinés à régner ; en conféquence il fut nommé
généraiiftïme des deux armées de France & d'Ef-
pagne , commandées , l’une par M. de Catinat,
l’autre par le prince de Vjjudemont.
Cependant le prince Eugène entre en Italie ,
gagne le combat de Carpy. le 9 juillet , fe rend
maître de tout le pays fi tué entre l’Adige & l'Adda ;
M. de Gatinat défend avec désavantages , l’en-
( trée du Mantouan & du Milanés ; il^ eft obligé
-de fe retirer à travers des échecs continuels derrière
TOglio & l’Adda. Il foupçonna le duc, de
.Savoie d’intelligence avec le prince Eugène , il
ofa le mander à la cour de France, où les grâces
les carelfes de madame la ductieffe de Bourv
1 c m.
gogne fubjüguoient déjà la vieillefTe de madame
de Maintenon , & par conféquent de Louis XIV;
on envoya 4e maréchal de Vilkroy remplacer,Ça-
tinat. Vil leroy fe fentant plus en faveur, fe c.rut
aifément plus habile,.& fe flatta d’être plus heureux
y le combat de Lhiari ne tarda pas à le détromper.
Cannat contre l’avis duquel il fut livré ,
& qui n’avoit pas éneore quitte I armée , y fit
des prodiges de .valeur ; mais 1© duc 'de. Savoie
affeéfa de s’y expofer avec un courage voifin de
la témérité , peut être pour démentir ces foüpçons
d’intelligence avec l’ennemi qu’il avoit mentes >
& qu'il ne tarda pas à juftifier.
En 1702 , .il fallut ôter a u duc dé Savoie le
commandement des armées qu il trahilïon, & le
maréchal de Catinat étant revenu eh F ra n c e &
le maréchal de Villefoy ayant été fait prifonmec
à Crémone, M. de Vendôme alla commander a
leur place en Italie.
En 1703, le duc de Savoie levant entièrement
le mafque conclut le y janvier, une ligue avec
l’empereur contre la France & c-ontrp fes deux
gendres, pour détrôner l’un des deux, Cetce défection
fut une des principales caufe s des malheurs
• de la France dans cette’ guerre. M de .Vendôme
fit arrêter & défarmer .environ trois mi le hommes
qui refloient au duc de Savoie , dans 1 armée F.an-
çoife, il battit lè général Vifcon i , qui menoît
à ce prince un fêcours de cavalece ; en même-
tems on s’empâroit de nouveau de la Savoie, onblo-
quoit Montmélian. En 1704 on prit au duc de
Savoie dans le Piémont, Suze, Pignerol , Vcrceil,
fvrée, &c. En 1705 les conquêtes des François dans
les états du duc continuèrent, on lui prit Ville-
franche, Nice, Vérue, Chivas , Soncino , Montmélian.
Le prince Eugène voulant palfer l’Adda
pour porter du fecours au duc de Savoie, attaqua
le 16 août le pont de Caflano, de-la la bataille
de ce nom où il fut b.'efie , & où le duc
de Vendôme eut un cheval tué fhüS’juL Les ennemis
fe. retirèrent, 8c le duc de Savoie ne fut
pas fecouru.
En 1706 les mêmes fuccès continuent encore*
Le maréchal de Berwick prend le 4 janvier le
château de Nice qui r ftoit à prendre ; lé 19 avril
le duc de Vendôme défait le comte de Revcntlaii
à la baraiik de Ca cinaro j Vendôme eft appelle
en Fland e , il eft remplacé p’ar le duc d Orlean^
dont la cour gêne les opérations. La Feuillade ,
gendre de Chamillard , inveft:t Tur.n lé 13 mai,
ouvre la tranchée la nuit du z au 3 juin. Ici tout
change-, le fruit de tant de travaux périt en lin
moment, la bacai le de Turin eft perdue , le duc
d Orléans blellé , le maréchal de Marfin tue , le
! liège de Turin levé, on fe retira jufqu’a Pignerol 3
& en moins de quatre heures on reperdit le Mo-
dènois,4 lé Màntouan , le Milanès , le Piémont,
le royaume 4e Naples 3 dont on étoit en poffellîon,