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verfes cours de l’Europe, & même dans l’Angleterre ,
fa patrie ; mais il y éprouva un grand défagrément :
il y vit arriver un autre Ambaüadeur Perfen, qui
fe prétendit feul envoyé par l’Empereur de Perfe,
& qui traita Shirley d’impofteur. Jacques I , qui re-
gnoit alors en Angleterre, ne Tachant qui des deux
etoit le véritable ambaffadeur , prit le parti de les
renvoyer tous deux en Perfe , fous la conduite de
Dodmer Cotton, auquel il donna le titre de fon ambaffadeur
aupiès de Schah-Abas. L’impofteur s’era-
poifonna en route, ce qui juftifioit Shirley ; mais
il vouloit une fatisfaâion authentique qui le juftifiât
avec éclat dans fon pays ; il ne put l’obtenir, on
ne fait pas pourquoi, & il en mourut de chagrin
le 2,3 juillet 1627.
SHOKANADEN, f. m. ( Hijl. mod. Superflu. )
divinité adorée dans le royaume de Maduré , fur
la cote de Coromandel, & qui a un temple très-
fomptueux à Maduré, capitale du pays. Dans les
jours de folemnité , on porte ce dieu fur un char
d’une grandeur ff prodigieufe, qu’il faut , dit-on ,
quatre mille hommes pour le traîner. L’ idole, pendant
la proceffion, eft fervie par plus de quatre
cent prêtres qui font portés fur la même voiture,
fous laquelle quelques Indiens fe font écrafer par
dévotion. ( A . R . )
SHUDDERERS ou CHUDERERS , f. m. ( Hift.
mod. ) c’eft ainfi que l’on nomme dans la partie
orientale du Malabare les prêtres du fécond ordre ,
c’tft-à-dire, inférieurs aux bramines , qui font la
fon dion de deffervir les temples ou pagodes de la
tribu des Indiens idolâtres , appellés shudderi, qui
eft celle des marchands ou banians. Il né leur eft
point permis de lire le vedam ou livre de la loi ,
mais ils enfeignent à leur tribu -le shafler, qui eft î e
commentaire du vedam. Ils ont le privilège de porter
au col la figure obfcene , appellée lingam.
( A . R . )
SHUCFORD, ( Samuel ) ( Ht fl. lut. mod. )
Chanoine de Cantorbery, chapelain du ro# d’Angleterre
, eft auteur d’une hifioire du monde , facrée
& projane , pour feryir d imrodudion à celle de Pri-
deaux, & d’un autre ouvrage qui , dans fon intention
, rentroit dans celui-là, & qui a pour titre :
la création & ’la chute de l’homme : mort en 1754.
SIAKA , RELIGION DE , ( Hifl.mod.fuperflitïon. )
cette religion qui s’eft établie au Japon, a pour fondateur
Siaka ou Xaca -, qui eft auffi nommé Budfdo ,
& fa religion Bndfdoiflne. On croit que le buds ou
le flaka des Janonois , eft le même que le fo'é des
Chinois, & que le vif..ou, le budn ou putça des
Indiens, le fommonacodum des Siamois ; car il paroît
certain que cette religion eft venue origi: aire ment
des Indes au japon, ou l’on profeffoir auparavant
la feule religion du fintos. Les Buds-
doïftes dirent que Siaka naquit environ dou e cent
ans avant Vere chrétienne : que fon père étoit un
•roi ; jftfe fon fils quitta le palais de fon père, abandonna
fa femme Sc fon fils, pour embraffer une vie
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pénitente & foîitaire , & pour fe livrer à la C0ft3
templation des chofes céleftes. Le fruit de fes méditations
fut de pénétrer la profondeur des myftères
les plus fublimes, tels que la nature du ciel & de
•l’enfer ; l’état des âmes après la mort ; leur tranf-
migration ; le chemin de l’éternelle félicité , & beaucoup
d’autres chofes fort au-deffus de la portée du
commun des hommes. Siaka eut un grand nombre
de difciples ; fe Tentant proche de fa fin, il déclara
que pendant toute 1a vie , il avoit enveloppé la vérité
fous le voile des métaphores , & qu*il étoit enfin
temps de leur révéler un important myftère. I l ny
a , leur dit-il, rien de réel dans le monde, que le
néant & le vuide : défi le premier principe de toutes
chofes ; ne cherche[ rien au-delà , 6* ne mettes point
ailleurs votre confiance. Après cet aveu impie , Siaka
mourut à l’âge de foixante-dix-neuf ans ; fes difciples
diviferent en conféquence fa loi en deux parties ;
l’une extérieure, que Ton enfeigne au peuple : l’autre
intérieure, que l’on ne communique qu’à un petit
nombre de profélites. Cette dernière confifte à établir
le vuide & le néant , pour le principe & la
fin de toutes chofes. Ils prétendent que les élémens,
les hommes , & généralement toutes les créatures
font formées de ce vuide, & y rentrent après un
certain temps par la dlffolution des parties ; qu’ainfi
il n’y a qu’une feule lubftance dans l’univers , laquelle
fe dîverfifie dans- les êtres particuliers, & reçoit
pour un temps différentes modifications, quoi-
qu’au fond elle (bit toujours la même : à-peu-près
comme l'eau eft toujours effentiellement de l’eau »
quoiqu’elle prenne la figure de la neige , de la pluie t
de la grêle ou de la glace.
Quant à la religion extérieure du budfdoifme r
les principaux points de fe doârine font, i°. que
les âmes des hommes & des animaux font immortelles
; qu’elles font originairement de la mêmefubf-
tance, & qu’elles ne diffèrent que félon les différens
corps quelles animent. i°. Que les âmes des. hommes
féparées du corps font récompenfées ou punies dans
n./e autre vie. 30. Que le féjôur des bienheureux
$!appeife gokurakf ; les hommes y jouiffent d’un
bonheur proportionné à leur mérite. Amida eft le
chef de ces demeures céleftes; ce n’eft que par fe
médiation que Ion peut obtenir la rémiffion de fes
péchés, & une place dans le ciel , ce qui fait
qu’Amida eft l’objet du culte des feélateurs.de Siaka.
4°. Cette religion admet un lieu appellé dfigokf, où
les méchans font tourmentés fuivant le nombre &. la
qualité de leurs crimes. Jemma eft le juge fouverain
de ces lieux ; il a devant lui un grand miroir, dans
lequel il voit tous les crimes des réprouvés. Leurs
tournions ne durent qu’un certain temps , au bout
duquel les âmes ma-heureufes font renvoyées dans
le monde pour animer les corps des animaux impurs,
dont les vices s’accordent avec ceux dont ces âmes
s’é'oient fouiüées ; de ces corps , elfes paffent foc-
ceffivemem dans ceux des animaux plus nobles, jufqu’à
ce qu’elles puiffent rentrer dans des corps humains,
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elles peuvent mériter ou démériter fui* nouveaux
frais.
5°- La loi de Siaka défend de tuer aucunes
créatures vivantes , de voler, de commettte l’adultère
, de mentir, de faire ufage de liqueurs fortes.
Cette loi preferit, outre cela, des devoirs très-gênans,
& une mortification continuelle du corps & de l’efprit.
Les bonzes ou moines de cette religion puniffent avec
la derniere févérité , & de la manière la plus
cruelle, les moindres fautes de ceux qui font fournis
à leur direction ; ces moines font de deux efpèces ,
les uns appellés genguis, & les autres appellés goguis.
Ils mènent une vie extraordinairement pénitente,
& leur figure a quelque chofe de hideux : le peuple
les croit des feints, & n’ofe réfifter à leurs ordres,
quelques barbares qu’ils puiffent être , & lors même
que leur exécution doit être fui vie de la mort* Ces
bonzes font paffer les pèlerins qui vifitent les temples
de Siaka, par les épreuves les plus cruelles ,
pour les forcer de confeffer leurs crimes avant
que de les admettre à rendre leurs hommages à ce
dieu.
Cette religion a fes martyrs, qui fe donnent une
mort volontaire, dans la vue de fe rendre agréables
à leurs dieux. On vo it, le long des cotes de la mer,
des barques remplies de fanatiques, qui, après s’être
attaché une pierre au col, fe précipitent dans le
fond de la mer. D ’autres fe renferment dans des cavernes
qu’ils font murer, & s’y laiflent mourir de
faim. D’autres fe précipitent dans les abymes brûlans
des volcans. Quelques-uns fe font écrafer fous les
roues des chariots fur lefquels on porte en proceffion
Amida & les autres dieux de leur religion ;
ces fcènes fe renouvellent chaque jour, & les prétendus
martyrs deviennent eux-mêmes les objets de la
vénération & du culte du peuple.
Il y a plufieurs fêtes folemnelles que célèbrent les
Ifedateurs de la religion de Siaka. La principale eft
celle que l’on appelle la fête de f homme. L’on y porte
en proceffion la ftatue du dieu Siaka for un brancard
, celle de fa maîtreffe paroît enfuite ; cette der*
tiiere rencontre comme par hafard la ftatue de fe
femme légitime : alors ceux qui portent celle-ci fe
«mettent à courir de côté ôc d’autre, & tâchent d’exprimer
par leurs aérions le chagrin que la rencontre
d’une rivale préférée caufe à cette époufe infortunée
; ce chagrin fe communique au peuple, qui communément
fe met à fondre en larmes. On s’approche
confofément des brancards comme pour prendre
arti entre le dieu , fa femme & fe maîtreffe , & au
out de quelque temps, chacun fe retire paifible-
ment chez foi, après avoir remis les divinités dans
leurs temples. Ces idolâtres ont une autre fête fin-
guliere, qui fembîe faite pour décider , les armes à
la main, la préféance que méritent les dieux. Des
cavaliers armes de pied en cap, échauffés par l’ivreffe,
portent fur le dos les dieux dont chacun d’eux s’eft
fait le champion ; ils fe livrent des combats qui ne
font rien moins que des jeux, Sc le champ de ba-
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taille finit par fe couvrir de morts ; cette fê e fort
de pretexte à ceux qui ont à venger des injures per-
fonnelles, & fouvent la caufe des dieux feit place à
l’aoimofité des hommes.
La religion de Siaka a un fouverain pontife, ap*
pellé Siako , des évêques que l’on nomme tundes ,
& des moines ou bonzes appellé xenxus & xodoxins,0
( A . R .)
SIAKO ou X A C O , ( ITtfl. mod. ) c’eft le nom
que l’on donne au Japon au fouverain pontife du
Budsdoïfme , ou de la religion de Siaka. II. eft regardé
par ceux de la feéle comme le vicaire du grand
Budsdo ou Siaka. Voyez P article qui précédé. Le
fîako a un pouvoir abfolu for tous les miniftres de
fe religion ; c’eft lui qui confecre les tundes , dont la
dignité répond à celle de nos évêques, mais ils font
nommés par le cubo ou empereur fécülier. Il eft le
chef fuprême de tous les ordres monaftiques du Budsdoïfme
; il décide toutes les queftiöns qui s’élèvent
au fojet des livres facrés, & fes jugemens font regardés
comme infaillibles. Le fiako a , mivant le P. Char-
levoix, le droit de, canonifer les feints, & de leur
décerner un culte religieux. On lui attribue le pouvoir
d’abréger les peines du purgatoire , &même celui
de tirer les âmes de l’enfer pour les placer en
paradis. ( A . R. )
SIARE, f. m. ( terme de relation ) nom que les
habitans des îles Maldives donnent à un lieu qui eft
confacré au roi des vents. Il n’y a prefque aucune
de leurs îles où ils n’ayent un. fiare , dans lequel
ceux qui font échappés de quelque danger fur mer ,
vont faire leurs offrandes. Ces offrandes confident
en de petits bateaux chargés de fleurs & d’herbes
odoriférantes. On brûle ces herbes & ces fleurs à
l’honneur du roi des vents, & on jette les petits bateaux
dans-la mer après y avoir mis le feu. Tous
leurs navires font dédiés au roi des vents & de la
mei. ( D. J. )
SIBILET, ( Thomas ) ( Hifi, litt« mod. ) Parifien,
poète du feizième fiècie, auteur d’un art poétique
françois. On a de lui auffi une traduâion de f Iphigénie
d’Euripide en vers, de différentes mefores. Mort
en 1589.
SIBILOT, ( Hifl’ de Fr. ) Fou de la cour de
Henri III, & le feul fou d’alors qui ne fut pas fu-
nefte à l’état. Son nom étoit paffé en proverbe. Pour
fignifier un fou ; on difoit un Sibilot , comme Boi-,
leau appelle Alexandre , ce fougueux Langely.
SIBYLLINS , Livres , (Hifl. rom.) anciens riv-es
d’oracles &. de prédiérions extrêmement accrédités
chez les Romains. Ils furent apportés à Tarquin le
Superbe , ou , félon Pline, à Tarquin l’ancien ,
par une vieille myftérieufe qui difparut comme une
ombre ; on la crut ftbylle elle-même. On affembla
les augures, on enferma les livres dans le temple de
Jupiter au capitole ; on créa des pontifes pôur les garder
; on ne douta point que les deftinées de Rome
n’y fuffent écrites. Ces liyres prophétiques périreaç