
des feftins qui furent prodigués dans Rome tant
que dura la fête. Le peuple la termina en allant
fermer le temple de Janus pour marque d’une paix
univerfelle ; chofe fi rare , que Rome ne r a voit
Vu que deux fois depuis fa fondation.
Depuis Augufte, l'honneur du triomphe devint
un apanage de la fouveraineté. Ceux qui eurent
quelque commandement, craignirent d’entreprendre
de trop grandes cliofes. Il fallut, dit M. de Monte
fquieu , modérer fa gloire, de façon qu’elle ne
reveillât que l'attention , & non pas la jaloufie du
prince. H fallut ne point paroîtie devant, lui avec
un éclat, que fes yeux ne poavoient fouffrir.
Quoi qu’il en foit , on peut juger par les deux
exemples que nous venons de citer, quelle étoit la
pompe du triomphe chez les Romains. I l fembie
que les guerres d’à-préfënt foient faites dans l ’obl-
ciirité j en comparaifon de toute cette gloire ancienne,
& de tout cet honneur qui rejailliflôit
autrefois fur les gens de guerre.
Nous n’avons pour exciter le courage que quelques
ordres militaires , & qu’on a encore rendu
communs à la robe & à 1 epée , quelques marques
fur les armes , & quelques hôpitaux pour les
foldats hors d’état de fervir par leur âge ou par
leurs bleffüres. Mais «anciennement les trophées
drelfés fur les champs de bataille, les oraifohs funèbres
à la louange de ceux qui avoient été tués,
les tombeaux manifiques qu’on leur élevoit , les
largelfes publiques , le nom d’empereur que les
plus grands rois ont pris dans la fuite, les triomphes
des généraux victorieux > les libéralités que
l ’on faifoit aux armées , avant que de les congédier
; toutes ces chofes enfin étoient fi grandes,
en fi grand nombre & fi brillantes , qu'elles fuffi- 1
foient pour donner du courage, & porter à la
guerre les coeurs les plus timides. Pourquoi tous ces
avantages n’ont ils point été tran frais jufqu’à nous l
Pourquoi cet appareil de gloire n’eft-il plus que dans
l ’hiftoire ? C ’eft que les honneurs du triomphe ne
conviennent qu’aux républiques qui vivent de la
guerre ; & que cette ollentation feroit dangereufe
dans une monarchie, où les rayons de la couronne
royale, abforbent tous les regards. ( Le chevalier
P E J a u c o u r t . )
TRIPLE NÉCESSITÉ , ( hiß. m o i .) Suivant
les auciennes coutumes d’Angleterre , c’étoit une
taxe dont aucune terre ne pouvoit être ^xempte ,
& qui avoit pour objet la milice ou la néceflîté
de fournir des foldats , la réparation des ponts,
& l ’entretien des châteaux ou fortereffès.
Quand les rois donnoient à l’églife des terres
qu’ils exemptoient de toute charge & de tout fer-
viee féculier , ils faifoient inférer ces trois excep*
tions dans les «lettres, après la claufe dé l ’exemption.
{ A . R. ),
TRISMÉGISTE, adj. {hiß. anc. ) fkrnojn donné
à l ’un des deux Hermès ou Meroures, rois de
Thebes en Egypte. On croit que c’eft au fécond ,
qui étoit contemporain de Moife, le premier ayant
régné vers le tems du déluge ; cependant on les
confondent allez fouvenr eu égard à la fcience ;
car les Egyptiens fe reconnoiflent redevables à l ’un
& à l’autre de plufîeurs inventions utiles. Ce mot
formé du gre- rpis, trois fois , & pXy içoçy très-grand,
exprimoit que l’Hermès , ainfî furnommé , avoic
été un grand philofophe, un grand-prétre & un
grand roi , ou qu’il avoic également approfondi
les fecrets de la nature, les riiyflères de la religion
& les refforts de la politique.
TRISSINO , ( Jean George ) ( kijh litt, mod. )
célèbre poète italien , auteur d’un poème épique
en vingt-fept chants, dont le fujet eft. l ’Italie délivrée
des goths, par Béüfaire, feus l ’empire de
Juftinien. « H'étoit avec raifon, dit M. de Voltaire,
» charmé des beautés d’Homère, & cependant
» fa grande faute eft de l’avoir imité ; il en a tout
» pris, hors le génie; il s’appuie fur Homère pour
» marcher , & tombe en voulant le fuivre , il
» cueille les fleurs du poète grec , mais elles fe
» flétriffent dans les mains de l’imitateur » j c’eft
ce que M. de Voltaire prouve par le morceau où
le Triflin imite l ’endroit d’Homère, où Junon
parée de la ceinture de Vénus , charme & féduit
Jupiter. « Le Triflin , ajoute-t-il , copie Homère
» dans le détail des deferiptions ; il eft très-exad
« à peindre les habiilemeos & les meubles de fes
» héros ; mais il ne dit pas un mot de leurs
» caradères ».
» Cependant il mérite l ’éloge d’avoir été le
. » premier moderne, en Europe , qui ait fait un
» poème épique régulier & fenfé, quoique foible,.,,
» De plus, il eft ledcul des poètes italiens, dans
» lequel il h’y ait ni jeux de mots, ni pointes , &
» cèlui de tous , qui a le moins introduit d’en-
» chanteurs & de héros enchantés , dans fes ou-
» vrages ; ce qui n’étoit pas un petit mérite ».
Il eft auffi l’auteur de la première tragédie régulière
qu’on ait vue en Italie, Sophonifbe\ le pape
Léon X , la fit repréfènter à Rome. Il eit l ’inven-
feur des vers libres, verfi fciolte , c’eft-à-dire ,
affranchis du joug de la rime. Trifftno étoit d’ailleurs
un homme d'état. Les papes MédiciwC Léon X
& Clément V i l ) l ’employèrent en différentes affaires;
Il fut envoyé en ambafiade auprès des empereurs
Maximilien, Charles Quint & Ferdinand, qui
lui donnèrent le titre de comte. Il mourut en 15 jq,
TRISTAN , ( hift. de Fr. ) i° . Sous Lçuis XI ,
• le prévôt Triftan étoit l’exécuteur des vengeances
perfonnclles du Prince ; comme fon maître, il fe
dévouoit à la haine publique, & n’avoit d’autre
ambition que d’être craint. «La préfencede Triftan,
difent les auteurs, étoit un atxêt de mort » ; on
compte jufqu’à quatre mille vi&imes immolées
fecré cernent.
Fecrétcment, & fans procès, par ce miniftre du
defpotifme.
2° François Triftan, fyrnommé \ her mite, ( hift,
Utt. mod. ) étoit de la même famille que le fameux
Pierre l'hermite auquel nous avons du la première
croifâde , & par conféquent toutes les autres. Quoique
ce nom de l'hermite > ne fut pas un nom de
famille, il paroit que tous ceux de la famille de
Pierre le piquoient de le porter en memotre de
cet homme célèbre, 8c pour perpétuer le fouvenir
des croifades, long-tems cher à la multitude qui
fe flattoit fouvént de les renouveller. Triftan paflà
fa vie auprès,des grands , & n’y fit pas fortune ,
fa pauvreté même eft célèbre. On fait qu’il eft le
héros de la première fatyrc de Boileau.
Damon, ce grand auteur, &c.
On ne peut pas’ dire Mas Boileau ait peint cette
pauvreté, d’une manière noble & intéreflante, quoique
Juvénal, qu’iF imite dans cette fàtyre, lui
en eût donné l’exemple. Juvénal , d’un feul mot
de regret, intérefle bien plus pour fon ami obligé
par fa pauvreté de quitter Rome, comme Damon ,
c ’eil-à-dire Triftan, de quitter Paris.
Qu am v is digreftu veteris co n fu fu s ami ci
la n d o tarnen vacuis q u od f e d em fig e r e Cumis *
D e ft in e t a tq u e unum civem d o n a r t f y b ille e .
Triftan, né en i6 o i , au château de Souliers,
dans la Marche,fut d’abord placé auprès du marquis,
depuis duc de Verneuil, fils de Henri IV & d’Henriette
de Balzac d’Entragues. Il tua en duel un
garde du corps , & fut obligé de s'enfuir en Angleterre.
Quand il revint en France , il eut befoin
que le favant Scévole de Sainte-Marthe, qu’il
connut en Poitou , lui donnât un afîle chez lui ;
il lui rendit un autre fervice bien important, celui
de lui infpirer le goût des lettres. Un feigneur de
la màifon d’Hufriières » qui le vit à,Bordeaux, lui
obtint fa grâce du roi Louis XIII. Gafton d’Orléans
le prit pour fon gentilhomme ordinaire ; alors
il le partagea entre la poéfîe & les pl&ifirs. On
regarde comme Ie3 mémoires de la v ie , fon roman
intitulé : le Page.difgracié, S’il ne réuflic pas auprès
des grands , il réuflit trop auprès du public, au
théâtre toutes fes*pièces, aujourd’hui toutes oubliées,
eurent de Ion tems le plus éclatant fuccès , &
firent la réputation, du célèbre aéteur Mondori ;
on ne connoic aujourd’hui, & on ne connoit que
de nom , la Marianne de Triftan, parce que la
jaloufie de Routfeau a effayé de la reffufcîter en la
rajeuniffaut pourl'oppofcrà celle de Voltaire, dont le
fuccès l’affligeoit. La chaleur paflionnée avec laquelle
Mondori jouoit, dans cette pièce ,* le rôle d’Hérode ,
eft. reftée célèbre au théâtre , & coûta , dit-on ,
la vie à cet aâeur. Triftan mourut en I6 y y , s’étant
fait à lui-même cette épitaphe :
Ebloui de. l’éclat de la fplendeur mondaine ,
Je me flattai toujours d’une efpérance vaine;
Hiftoire Tome
Faifant le chien couchant auprès d’un grand
feigneur.
Je me vis toujours pauvre, & tâchai de paroître,
Je vécus dans la peine , attendant le bonheur,
Et mourus fur un coffre en attendant mon maître.
( Voyez dans les notes de Boileau , une autre
épitaphe de Triflan),
3°. Triftan eut un frère, Jean Baprifte Triftan
l’hermite Souliers, gentilhomme de la chambre da
roi, qui s’occupoit d’hiffoire & de généalogie. Oit
a de lui : Vhiftoire généalogique de la noblejfe de
Touraine, & l’hiftoire des italiens qui ont été le
plus affeélionnés à la France , en Tofcane , en
Corle , à Naples, fous ce titre : Tofcane franpoife ,
Corfe françoife , Naples franpoife.
4°. Un autre Triftan, nommé Jean, écuyer/
fleur de Sainc-Amand & du Puy-d’Amour, attaché
comme Triftan Thermite, à 'Gafton, duc d'Orléans,
n’étoit vraifemblablement pas de la même famille.
On a de lui un affèz favant ouvrage, critiqué fur
quelques endroits, par le P. Sirmond ; c’eft lin
commentaire hiftorïqùe fur la vie des empereurs.
Ce Triftan vivoit en 16p6.
TRITHÊME, ( Jean ) , ( H i f t . Litt. Mod. ).
L ’abbé Tritkême, abbé de St. Jacques de Wertz-
bourg , né près de T rêves en 14 6i t mort en 1 y 16t
a laifle des monumens de fon érudition , Trithemi
opéra hiftorica, Annales hirfaugienfes , un catalogue
des écrivains eeelefiaftiques , contenant la vië & la
lifte des oeuvres de 870 auteurs ; un autre catalogue
des hommes illuftres d’Allemagne & utt
troifîème de ceux de l’ordre de St. Benoît. Un
traité de Stéganographie, c’eft-à dire, des diver-
fes manières d’écrire en chiffre. Trithême a été ac-
eufé de magie. Ce traité de Stéganographie fuf-
fifoic bien alors pour fonder une pareille accufa-
tion.
T R IV U L C E , {Hift. de France & dlItalie ) 9
grande & illuftre mailon du Milanès a produit plu-
ùeurs hommes illuftres & plufîeurs maréchaux de
France. i° . Jean-Jacques Trivulce , marquis de
Vigevano, Guelphe paflionné, n’avoit pu échapper
aux fureurs de Ludovic Sforce "qu’en fe vouant
au fervice de la France ; il acquit beaucoup de
gloire fous Charles VIII , Louis XII & François I ;
il avoit commandé avec le maréchal de Gié l’avant
garde de l ’armée Françoile à la bataille de
Fornoue. A la première conquête du milanès fous
Louis X I I , il fut fait gouverneur de ce duché ,
Louis XII crut que les milanois feroient touchés
d’une fi noble récompenfe accordée à un de leurs
compatriotes , & que cet exemple attacHeroit la
nobleffe du pays à fon fervice. Pour fortifier cette
idée , il lui donna le bâton de maréchal de France,
que Trivulce d’ailleurs ayoît bien mérité. Mais le
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