
la même année la croix de Saint-Louis. La pa'x J én
lui ôtant des occafions de gloire , ne fit que montrer
en lui d’autres talens & d’autres vertus. Ses qualités
'./octales fe développèrent avec plus d’éclat; libre de
fe livrer aux fciences avec plus d’ardeur, il gagna les
coeurs des favans comme ceux des guerriers. L’académie
des Sciences Pàvoit reçu en 1761 à la place
d’honoraire, vacante parla mort de M. de Séchelles ;
le roi'le nomma vice-préfident en 1762, ôc préfident
en 1763. » Jamais l’académie, dit l’hiftonen de cette
compagnie , n’a été plus fàgement conduite que par
» ce préfident de vingt-neuf ans , qui né la connoiffoit
» que depuis trois années, dont il avoit employé la
» plus grande partie àTes campagnes. Il avoit pénétré
;» tous les intérêts de ce corps ; il en connoiffoit tous
» les membres, 6c il ne s’occupoit que des moyens
» d’y entretenir la noble émulation, qui en eft i’ame,
» & d’éloigner tout ce qui pou voit en retarder les
v travaux , ou en refroidir l’ardeur ».
’ M. de Mont ml rail avoit époufé, lé 2.0 Juin 1763,
madame la marquife de Lanmary ; tille de M. le comte
de Bretonvilliers Ô£ d’Adélaïde-Francoife de Cher-
temps de Seuil. Il eft mort le 13 Décembre 1764.
T ellier , ( Michel le ) ( HiJL de Fr. ) c’eft le trop
fameux P. le Tellier, jéfuite, auteur de la conftitu-
tion Unigenitus, & de tous les-troubîês qui ont agité
l’églife de France en conféquencë. Ce terrible jéfuite ,
dont la mémoire eft en horreur aux janféniftes, n’eft
ni cher ni agréable aujTjéfiiites mêmes, qu’il a rendus
odieux : ce jéfuite étoit, félon l’ufage d’alors, un des
honoraires • de l’académie des Inferi prions & Belles-
Lettres. On a toujours regardé comme une Angularité
remarquable le fec Ôc court éloge qu’on a fait de lui
dans cette académie ; cet éloge n’eft que d’une demi-
page , ôc le voici.
» Michel le T ellier naquit auprès de Vire, en baffe-
» Normandie, le 16 de Décembre 1643 > & fit fes
V études à Caëa au collège des jé lui tes, qui en ju-
» gèrent fi-favorablement, qu’ils le reçurent parmi
» eux dès l’âge de dix-fept à dix-huit ans. Après y
» avoir régenté avec fuccès la philofophie & les hu- .
» ma ri tés, fes fuperieurs parurent le deftiner unique-
y^ment aux lettres. Il fut chargé de travailler fur
» Quinre-Curce peur I’ufage de feu Monfeigneur ;
» & l’éd non qu’il en donna en 1678 le fit choifir
» avec quelques autres pères, diftngnés par de fem-
n blables travaux , pour établir à Paris, dans le col-
» lége de C :erm ont, fine fociécé de. favans, qui foc-
» cédât aux Sirmotids & aux Pétaux.»Mais ce,projet,
V dont l’exécution étoit naturellement aflez difficile,
» fut encore dérangé par le goût que le P. le T tille r
» prit pour un genre d’écrire tout différent, qui le
>» cond.iifir par degrés aux premiers emplois de fa
v> compagnie. 11 y fut fu :ceftivement revdèur, rec-
» teur | provincial. Enfin, le P. de la Chaize étant
» mo.t en 1709, le P. le T ellier fqt nommé çonfefe
» f-‘Ur du roi & académicien honoraire de cette aca-:
» démie. Il eft mort à -la Flèche le 2 du mois deSep-
© teoiprs 1719 j âgé cle 76 ans??,
Get éloge, comme qn voit, n’eft prefque qu’un
recueil de dates -, & c’eft en cela que confifte 1 épi-
gramme. M. d ’À'.erabert juge que cette réticence ne
fuffifoit pas, Ôc qu’il falloit ofer dire la vérité tome
entière. En effet, l’épigramme dont il s’agit ne pouyoit
avoir qu’un mérite , ou de fi.u-ffe ou de hardiefte.
Quant à la fineffe , on peur en juger ; elle s’apperçojt
de loin. Quant à-la hardiefte , en fallo't-il tant pour
ofer condamner un moine mort dans la di'grace &
dans l’ëx-i ? Il eft vrai que les jéluites, qui r'e l aimoie.it
pas, ne i’abandonnoiem pas cependant à la critique
des autres, ôc que par la bulle Unigenitus il leur avoit
mis entre les mains une arme, don>ïls f? fervoient
pour écrafer leurs ennemis. On fait que ce:te bulle
avoit pour objet de perdre le cardinal de N-.a-lles,
qui avoit approuvé le livre du P. Qqelhel, cond mné
par cette bulle. Toutes ces intrigues" n’étbient qu’un
tifîli de vengeances théologiques. Les janféniftes é.oient
parvenus à faire condamner, même à Rome, un des
livres du P. Quefnel fur. les cérémonies Ch'noifes ;
le pape Clément X I , qui adopta & çonfacra la bulle
Uniginitus, fabriquée par le P. le T ellier, avoit fait
imprimer , dans lt temps qu’il étoit le cardinal A ’bani,
un livre molimfte , femi-Pélagien , fi l’on veut, du
c.ird nal Sfondrate fon a ni ; Noai-ks s’étoit rendu le
dénonciateur de ce livre. Le T ellier trouvant donc
dans ie pape Clément XI un juge prévenu, & -lié
avec luj d’intérêt ÔC de vengeance , parvint aile ment
à faire condamner le P.. Quefnel, pour parvenir en-
fuite à faire dépofer le cardinal de Noailles ; car fon
projet n’alloir pas à moins que cela. Il avoit déterminé
Louis XIV à porter lui-même au Parlement
une déclaration, par laquelle tout évê ]ue qui n’auroit
pas reçu la bulle purement ôc fimp’em-ent, feroit tenu
de la recevoir ai'nfi, fous peine d’être pourfuivi à la
requête du procureur-général comme rebelle. Mais
M. d’Agueffeau , alors procureur-général, étant ab—
folument incapable de fe prêter à ces violences perfides
, le P. le Tellier mit dans fes intérêts un magiftrat
plus flexible & plus ambitieux, M. Chauvelin, alors
avocat-général, frère aîné de celui que nous avons
vu depuis mi üftr? des affaires étrangères & garde des
focaux : on devoit {opprimer la charge de procureur-
général , & la recréer à l’inftant pour M. Chauvelin.
C ‘i M. Chauvelin l’aî ié étoit un homme d’efprit, peu
ftudieux , peu appliqué, par confépient médiocrement
inftruit, mais doué d\ine éloquence 'naturelle,
très-facile & très-brillante. Il a , dit-on, exifté un billet
du P. le Tellier, adrefte à ce magiftrat, & dans lequel
il lui d:foit : » Le roi ira un tel jour au parlement ;
» forvez-vous de votre éloquence accoutumée , &
n vous êtes procureur-général ». Le roi ne put aller
au parlement, parce que ie jour mêçne 011 il devoit
y venir,, il tomba malade de la malad-e dont il mourut
; aiofi le P. le Tellier vérifia la prétliélion que lui
avoit faite le cardinal de Poügnac. Ce cardinal, fùivant
l’çditeur des lettres du préfident de Mantefquieu , avoit
pluheurs fois raconté que le P. le Tellier, dans le
temps oir■ il tentait tons les rrfoyeps de perdre le
.cardinal de Noailles, l’éioit venu trouver un jour »
(lui cardinal de Polignac ) ôc lui avoit dit que le roi
ayant réfolu de faire foutenir dans toute la France
l'infaillibilité du pape, le prioit (toujours lui cardinal
), de donner les mains à ce projet. Le cardinal lui
répondit : mon père, f i vous entreprenez une pareille
c/wfe, vom ferez bientôt mourir le roi. En effet, en
pei fécutâflrâinfi le toi pour le Tendre perfécuteur r il
accéléra & empoifonna fes derniers mornens. On n a
rien- dit contre les moeurs, du. P. le Tellier % & ces
hommes pleins de fiel, de haine,, d’orgueil & de
théologie foholaftique , ont aflez communément des
moeurs auftères..
L’auteur de la vie de M. de Cayliis r évêque d’Auxerre
, dernier évêque, ouvertement janfenifte, raconte
d’une manière aflez. intérefîante la nomination
du P1, lë Tellier à la place de confdT-ur du roi. » M^ de
»7 Caylus-,. dit-il", tenoit de madame de Maintenon ,
» qu’àprès la mort du P. de la Chaife les jéfuites pre-
n fentèrent trois des leurs. Ils parurent en même-temps
n devant le roi ; deux tinrent la meilleure contenance
» qu’ils purent., & dirent ce qu’ils crurent de mieux
» pour parvenir au pofte éminent qui fai (bit tant de
» jaloux. Le P. le Tellier fe tint derrière eux les yeux
» baifîes , portant fon grand chapeau fur fes deux
» mains jointes, & ne difant mot. Ce faux air de
» modéftie réuff.t ; le P. le Tellier M choifi. II avoit
n raifon, de ba:fler les yeux ; car il avoit quelque
» chofe de louche ou de travers dans fon regard. On
» le fit remarquer au roi , & on lui dit qu’il pour-
» roit y avoir du danger pour madame la' duchefle de j
». Bourgogne de voir cet objet pendant fa groflefle.
» Le roi balança quelque temps pour le renvoyer
» niais enfin il pafla par-deflus ».
» Le P. le Tellier fo , dit M.. de Voltaire, tout le mal
v> qu’il pouvoit faire dans cette place, ou il eft trop aifé
» d’infpirer ce qu’on veut & de perdre qui l’on hait,
» fur-tout quand c’eft d’un vieux roi qu’un méchant
» homme dirige la confcience,.
» Il failbit remplir toutes les prifons de malheureux
» citoyens qu’il aceafoit de janfénifme Ôc c’étoit à.Ia
» perfécution qu’il attachait le falut de fon pénitent. Ce
v qu’il y a de plus honteuxdit encore M. de Voltaire
, c’eft qu'on portoit à ce jéfuite le Tellier les
» copies des-interrogatoires faits à ces infortunés ».
On a. retrouvé en 1768 à lr-ma;fon_profefledes jéfuitès
ces monumens de leur tyrannie...
Le P. le Tellier outre fon Quinte-Curce & fon
livre fur lès cérémonies Chinoifes, çenfuré â Rome
a laifle plufieurs écrits polémiques , aujourd’hui ou-
b'iés. Sa mémoire eft encore reftée chargée du crime
d’avoir rafluré la confcience de„ Louis XIV fur les
impôts, dont le malheur des temps , à la Lite de
tant d'impradentes & exceflives dépenfes, le força
d’accabler fon peuple dans: les dernières années de fon
règne. Ofl^iccufe d’avoir procuré au roi dès déei-
fions de théologiens, qui lui déféroient la propriété'
de tous les biens-, du royaume ; ÔC il faut convenir
que ce n’eft pas-là un médiocre attentat contre la.
liberté Ôc la propriété».
TEM G ïD, terme de relation , nom d’une priem
que les turcs doivent faire à minuit ; cependant
comme cetté heure eft fort incommode, & que les
molquées nè font ouvertes que pendaat trois lunes de
l’année, célles de Redjeb, de Cholban ôc de Ratnazan,
où même alors elles ne font fréquentées que par
les dévots , la plupart des turcs fe difpenfent du
temÿid % ÔC font cette prière le foir pu le matin ;
mais quand on enfevelit un mufulman , les • prêtres
qui l’accompagnent , chantent toujours le temgd'\
parce que cette prière leur eft aufîi ordonnée pour
ce fii jet, £ D. J. )
TEMPLE , ( Guillaume ) ( Hiß. dl Angleterre, y
le-chevalier Temple , né en 162.8 j voyagea pendant
le règne de Charles I , ôc fe cacha pendant la tyrannie
de Cromwel, en Irlande :
Fortifiant fon coeur dans l’érude des îoix
Et du Lycée ôc du Portique.
Et joignant l’ étude de la politique à celle de la philofophie.
Après la reftauration , il vînt employer fes
talens, fes lumières., fes études au profit de fon pays
ôc de fon roi. Ce fut fur - tout dans les négociations
qu’il fe diftingua. Le traité de la triple alliance du
28 janvier 1668 , entre l’Angleterre , la Hollande
ôc la Suède , traité qui arrêta les premières conquêtes
de Louis XIV » ôc qui fit conclure la paix d’Aix-la-
Chapelle, le 2 mai de la même année 1668 , fut
j fon ouvrage. Il aflifta aufli à ces conférences d’Aix-
la-Chapelle en qualité d’ambaffadeur extraordinaire
pour confommer ce même ouvrage. Il vit avec
douleur l’ Angleterre s’unir malgré lui, en 1670, avec
la France, ou plutôt Charles II s’unir malgré fa
nation avec Louis XIV. Il aflifta aufli aux conférences
de Nimègue pour la paix de 1678. Il fut admis air
confeil,. puis difgracié. Il fe retira dans une terre',
où les lettres ôc la. philofophie qui. avoient formé ta
jeunefle, confièrent fa vieillëfle. On a de lui des
mémoires curieux * des. remarques fur l’état des
provinces unies.; une intro.duftioo à Phiftoire d’Àm
gleterre, des lettres , des oeuvres mêlées fruits»,
heureux dë fon loifir. M. Hume le regarde comme:
le feul écriyairi du temps de Charles II, qui ait fu.
fe garantir d’une indécence générale , d’une corruption,
de goût que la licence avoit introduites dans cette.
; cour, en haine de l’èfprit de pédanterie ÔC d’âuftérité.
que le Puritanifme avoit répandu parmi, le peuple*
H mourut en 1698.
T emples des C hinois-, ( HIß. de la. Chine y
parmi, les édifices publics où les Chinois font paroître
le plus de fomptuofré , on ne doit pas omettre les
temples, ou les pagodes que la fupèrftition des
princes & des peuples- a élevés à de fabuleufes
divinités : on en voit une multitude prod'gieufe à
là.Chine; les plus célébrés font bâtis dans les mon*,
tagnes.
Queîqu’-arides‘ , que foient ' ces montagnes ;
l’iaduftrie chinçife a- fuppléé .aux. embelliffemens Ô£'