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pour jouir en liberté de fou uîurpàtîon , îl n’ayoit
pas d’autre parti a prendre que de Tacrifitr toute
fa race. Il ‘commença par Egeîfe , le fils de ce
malheureux roi , qu’il fit aiTalhnet dans une partie
de châtie , où il penfa qu’il lui feroit facile de
couvrir fon crime. I l le contenta cependant de
mettre Rhéa Sylysa, ou llie , la hiece , au nombre
des vejlales 3 ce qu'il entreprit de faire d'autant
plus votanters , que .non-feulement il ôtoit a cette
prmcefie , les moyens de coacraSer aucune alliance
oont il .put craindre les fuites, mais que d’ailleurs
fur le pied que l’ordre des vejlales ïe trouvait à
A lb e , c’étoit placer d’une manière convenable une
princelle meme de fou fang,’
Cette difiindion que l’ordre des vejlales avoit eue
dans fon origine, le rendit encore plus vénérable
aux romains,. dont les yeux le portaient avec un
refpeâ tout particulier fur re'tabïiiîcment d’ un culte
, qui avoit long-teins fub/ùlé chez, leurs voifms
avec une grande dignité.
Il ne faut donc.pas envîfager Tordre des vejlales
romaines , comme un etabluTeraent ordinaire qui
n’a eu que de ces foibles commeocemens, que la
piété bazarde quelquefois y & qui ns doivent leur
fuccès qu’aux caprices des hommes & aux progrès
de la religion. I l ne fe montra à Rome qu’avec un
appareil augufte. Muma Pompilius , s’ il en faut
croire quelques auteurs , recueillît & logea les vef-
tales dans Ton palais^ Quoi qu’il en (bit., il dota cet
ordre des deniers publics, & le rendît extrêmement
refpectable au peuple , parles cérémonie1! demi' il
chargea les v.ejiales 3 8c par le voeu-de virginité qu'il
exigea d’elles. Il fit plus, il leur confia la garde du
palladium , & l’entretien du ‘Feu facrë qui devoit
toujours brûler dans le temple- de Vejka ;J & était le
Symbole de la conferyation de l’empire.
Il crut-, félon Plutarque , ne pouvoir dépofor la
fubftance du feu qui eftpure & incorruptible, qu’entre
les mains de perfonnes extrêmement chaffes ,
& que cet élément, qui eft flérîle par (a nature,
»’avoit point d’image plus fenfible que la virginités
Cicéron a d it, que le culte de Ve fia ne convenoit
qu’à des filles dégagées des paffîons •& des embarras
du monde. Nnma défendit qu’on reçût aucune vef-
tale au-deflous de fix ans, ni au-delïus de d ix , afin
que les prenant dans un âge fi tendre, l ’innocence
»’en put être foupçonaée, ni le focrifiçe équivoque.
Quelque difiinél’on qui fût attachée à cet ordre ,
o» auFoit peut-être eu de la peine à trouver des fu-
■ ÿçts pour- le remplir , fi l’on n’eut pas été appuyé de
l ’autorité'. & de la. loi. La démarche devenoit délicate
pour les parens, & outre qu’il ponvuiù y entrer
de la tendrefïe & de la compaflion , le fupplice
dTine ve[taie, qui violoit fes engagement, deshono-
wdt tonte, une .famille, Lors donc quTl s’agîfToit
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d’en remplacer quelqu’une , tout Rome étoit eni
émotion , & l’ on, tâchoit de détourner un choix ou
étoient attachés de fi étranges incotivéniens.
On ne voit rien dans les anciens mor.umens , dit
Aulugelle , touchant la manière de les choifir,.5c
fur les cérémonies qui s’obfervoient à leur élection,,
fi ce n’eft que la première vejlale fut enlevée par
Numa. Nous lifohs que la loi papia ordonnoit au
grand pontife, au défaut de vejlales volontaires., d.e
choifif vingt jeunes filles romaines, telles que bon
lui femblerort > de les faire toutes tirer au fort en
p’eîne affemblée, & de faifir celle fur qui le fort
toraberoit. Le pontife la prer.oit ordinairement des
mains de l’on père, de l ’autorité duquel il l ’afftan-
chilFoit, & l’emmenoît alors comme pri'e de bonne
guerre, veluti bello abducitur.
. Numa avoit dabord fait les premières cérémonies
de 4a réception des vefialts, & en avo't laifle
fes (bccelfours en polfeifion } mais après i’expulfioti
des rois, celapafla naturellement aux.pont fes. Les
choies changèrent dans la fuite : le pontife reçevoit
des -vejlales fut la. préfontation des.parens fans autre
cérémonie , pourvu que les flatuts delà religion n’y
fùflent point bleffts. Voici la formule dont ufoit le
grand pontife à leur réception-, confervée par Aulu-
gelle, qui i’avoit tirée des annales de Fabius Pic-
tor i Sacerdotem. veilalem. qita.. Jacrâ. faciat. quA.
Jous.Jîee. facerdotetn. vt-flalem. factre. pro. popolo.
Romand, quiritum. ut. ei. fit. eu qù&. optuma. lege.
foviu lia. te. Amata. capio. Le pontife fe fervort
de c-ette exprefiion amo£:a , à l’égard de toutes celles
qu’il reçevoit, parce que, félon Aulugeiië.,
celle qui avoit été la première enlevée à fa famille,
portait ce nom.
Sitôt qu’on avoit reçu une vefl ah , on lui pou-
poit les cheveu^, & on, attaehoit la chevelure x
cette plante fi renommée par les fiéfions d'Hoinere
i appellée lotos y ce qui dans une cérémonie reli-
gieufo où tout devait être myflérieux, étoit regardé
comme une marque d’afFranchilfement: & de
liberté.
Numa Pompüius n’infiitua que quatre vejlales•
! Setvius TuJlius. en ajonta deux filorv Plutarque,
Deitys dKalicarnaife & Va'ere Maxime, prétendent
que ce fut Tarquinius Prifcus qui fit cette
augmentation. Ce nombre ne s’accrut, ni ne diminua
pendant toute la durée de l’empire. Plutarque
qui vivoit fous Trajan , ne compte que fox. vejlales..
! Sur les médailles de Faufi-ine la jeune, & de Julie ,
femme deSevere , on n’en repréfente que fix. Aiiïfi:
le témoignage de S. Ambroife, qui fait niention de
fept vejlales , ne do t point preferire contre les.
preuves contraires a fon récit.
Les pretrefles.de Vefia , établies à Albe, faifoient
veeu de garder leur virginité pendant toute leur vie.
Amulius, dit Tite-Live , fous prétexte d’honorer fd
nièce/la confacra à ladéefle Yefla.} & lui ôta tout?«.
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cfpfrance de- poftérlté par les engage me ns d’upcvlr*
ginité perpétuelle. Numa n’exigea au contraire des
vejlales qu’une continence de trente apnées , dont
dlès pafieroient les dix premières à apprendre leurs
obligations, ks dix fuivantes à les pratiquer, & le
reftè à inflruire les aut'rçs, après quoi elles avoient
liberté de fe marier ; & quelques-unes prirent ce
parti.
Au bout de trente années de réception., les vejlales
pouvoient encore refter dans4’ordre, 8c elles y
jouiflpient des privilèges & de la confîdération qui
y étoient attachés ; mais elles n'avoient plus la
même part au miniflere. Le culte de VèlU avoit fes
■ bienféances aufli bien que les loix ; une vieille vef-
talc féoit mal dans les fondions, du facerdoce > la
glace.des années n’avoit nulle des convenances re-
quifes avec le feu facré ; il fallôit proprement de
jeunes vierges, & même capables de toute la vivacité
des pallions > qui puflent faire honneur aux
fnyfières.
Tandem virgineam fitjlidit Vejlafêncftam.
Oh s'attacha à chercher aux vejlales des dédom-
magemons de leur continence \ on leur abandonna
une infinité" d’honneurs , de grâces-& de plaifirs,
dans le deflèin d’adoucir leur état & d-illuftrer leur
ptofeffion. ; on fe repofa. pour leur cbafleté fur la
crainte des châtimens,, qui, quelqu'èffrayans qu’ils
foient, ne font pas toujours le plus fûr remède contre
l ’emportement des paflfions. Elles, vivoient dans
le luxe & daps la mollcfle j elles fe trouyoient aux
%edacles dans les théâtres & dans le cirque-; les
•hommes avoient la liberté d?entrer le jour chez elles,
& les femmes à toute heure; elles allo’ent fuvetu
manger dans leur famille. Une veftale fut violée ,
en rentrant le foir dms fa maifon, par de jeunes
libertins qui ignoroient, ou prétendirent ignorer
qui elle étoit. De-là vint la coutume de foire marcher
devant elles un liébeur avec des faifeeaux pour
les diftinguer par cette dignité , & pouvoir prévenir
de femblables défordtes.
Sous prétexte de travailler à la réconciliation des
familles , elles entroient fans diflindion dans toutes
les affaires ;,c'éto.it la plus fûre & là dernière refi-
fource des malheureux. Toute l’autorité de Narcifle
fie put écarter la vejlalè Vibidia , ni l’empêcher
d’ôbtenir de Claude que fo femme fût ouïe dans fes
défenfès ; ni les débauches de 1 impératrice , ni fon
mariage avec Silius , du vivant même de Cëfor,
n’empêdièrcnt point la vtfiale de prendre fait &
caufe pour elle-; en un mot, une prêtreflfe de Vefta
ne craignit point de parler pour Meffaliue.
Leur habillement n’avoit rien de trifie , ni qui pût
Voiler leurs attraits, .tel au moins que nous le voyons
lur quelques médailles. Elles portoient une coëfie
ou efpcce de turban , qui ne deîcendoit pas plus has
que l’oreille,,, qui,, four çouvroit le vifage ; elles
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y.attachoicnt des rubans que quelquesrunçsjiouoient
par delfousla gorge > leurs cheyeux que l ’on coup,oit
d’abord, & que. l’on confocroit aux dieux , fe laide*
rent croître dans la fuite,.& reçurent toutes les fo*
çons 8c tous les oruemeus que purent inventer fart
& f envie de'plairè.
Elles avoient fur leur Habit un roehet de toile fine
& d’une extrême blancheur, & par deflus-unc mante
de pourpre ample & longue, qui ne portant ordinairement
que fur une épaule , leur laillbitun bras libre
retrouflfé fort haut.
Elles avoient quelques otnemens.particuliersles
jours de fête & de facrifices, qui pouvoient donner
Meur habit plus de digfiité , fons kii ôter fon agrément.
Il ne manquoit pas de vejlales qui. n’éto;ent
occupées que de leur parure, & qui fe, piquoient de
goû t, de propre é & de magnificence^ Minutia
donna feu à d'étranges foupçpns.par fes Vtrs, & pat
fes ajuftemens, profanes. On reprochoit à d'autres
l ’enjouement & findiforetion des difeours. Quelques,
unes. s’oublioient j.pfqp’à compofer des vers
tendres & paflionnés.
Sans toutes cefr vanités & ces difiipations, il étoit
difficile que des filJës, à qui l’efpérance dé fe marier
n’étoit pas interdite, 8c.que les loix fovorifoient en
tant dë manières, qui malgré les engagemens de
leur état recueilloient quelquefois toute la fortune
de leur inaifon^ priflènt le goût de la retraite, qui
foui étoit capable de les maintenir dans lë genre-dè
vie* qu’ellès avoient embraie fans le connoîtré.
Tout cela cependant ii’èmpêcho’t pas que leurÿ
fautes ne titanent à d’extrêmes conféquen es.
La négligence du feu facré devenoit un préfige
funefte pour les^ affaires de l’empire ; d’éclatans-&
de malheureux événemens que la fo-tune avoit placées
à-peu-près dans letems que le feu s-iétoit éteint,
établirent fur cela une fuperfiirion qui lurprit les plus
foges; Dans ces cas, elles étoient expofées àT’éfpece
de châtiment dont parle T ite -L iv e , c&fa fiagro eft
v.eftalis, par les mains mêmes du fouverain pontife*
On les conduifoit donc pour Us punir dans un lieu
fecret où elles fo dépouilloient nues. Les pontifes à
la vérité prenoient toutes les précautions pour les
foufiraire danS'.eet état à tous autres- regards qu’aux
leurs, j
Apfos là-pu;iition de'là vefl'ale, on fongeoit à rallumer
le feu ; mais il m’etoit^as permis de fe forvir
pour cela d’un féu matériel, comme fi ce feu nouveau
lie pouvoit être qu’un préfont du d e ! : du
moins , folon Plütarque , n’ ctoit-îl* permis dè lé tirer
que des rayons mêmes du foleil à l’aide d’un vale
d’airain, au centre .duquel les rayons.venant à*fe
réunir , fubti'ifoient fi fort l ’à'.r qu’ils l’enflànir
moient, & q:ue par le moyen de la réverberadon j
la ma'iere feche & aride, dont on fo Pervoit, s^allu-
moit aufll-tôt.
Le foin principal des veftalés t toit de garder le feîâ
S f f i