
Ce n’éto t pas fans ration qufon ppëte fatyrîq«e
»voie dit de Tibère > qui avoit été très-fui et aux excès
du vin I
Fa f i dit X'i/tum, quia jim fû t j j î s emorern ,
Tam bi[bit hune avide quant bibbt ante rturum.
0 - n’eft pas fans raifon qu\l lui dit :
^ijper & immitis. S réviter vis omnîa dicam?
Bifpeream , f t te mater omare potejl.
Non, fans doute, la mère ns pouvoit l'aimer.
( Voyei à l’article Liv ie , la conduite de Tibère à fort
égard. ) Auguffo s’étoit plaint à elle de l'humeur dure
& intraitable de fon fils, & un jour, dans une violente1
querelle qu’elle eut avec lui, & où il lui donnoit de
nouvelles preuves de cette humeur , elle tira d’un
porte-feuille fecret le billet d’Augufte, qui contenait
cette plainte» Tibère ns lui pardonna jamais d’avoir
confervé. fi long-temps un titre contre lui, &• d’en
»voir fait ufàge dans ce moment d’aigreur. Ce fut,
dit-on-,, en grande partie par l’effet de ce reffenti-
ment, & pour ne plus- voir fa mère, qu’il prit le
parti de fe retirer dans l’ile de Caprées.
On conçoit ce mot affreux, de Tibère à un de fes
ennemis, qu’il accabioit de tourmens, & qui lui de-
mandoit pour toute grâce une prompte mort- : femmes-
• nous donc réconciliés ?
Tibère s’anéantiffoit, fes forces l’abandonn oient,
& la diAnnulation lui reûoit eneofe , dit Tacite : jam
Tiberium corpus, jam vires, nondum dijfimulatio
defercb.it. Sa mort eut, dans plufieu.s circonftances ,
de la conformité avec celle de nôtre mauvais, roi
Louis XL Même diffimulation jufquV'i detnier fou-
pir, meme crainte de la mort, même inquiétude
d’efprir, même défir de déguifer aux autres, & de
fe déguifer à foi-même, des marques trop évidentes
de décadence ; tous deux ombrageux 3c terribles
jutqu a ja fin. Ce fut à Misè.ne que Tibère mourut ■
ton inquiétude , un des fjÿnptômes' de fa maladie, 1
lui ayant fait abandonner i*îie de Caprées. Le 16
Mars de l’an de Rome 788 , Tibère perdit conncif- i
fonce : on le crut mort. Déjà Gains foi toit avec un ;
nombreux cortège pour aller, au lïf.lieu des appîau-
d ûèmens, prendre pofieffion de l’empire , lorfqu’on ,
vint lui apprendre que Tibère avoit repris fes fens, &
demandât à manger. A cette nouvelle tout fe difperfa;
Caïus fe crut perdu. Voyj^ à l’article Ma c r o n ,
comment ce coupable cçmrtifan lira Caïus d’embarras,
en accélérant la mort de Tibère\
Terminons Thiftoire de cet empereur par un mot
qui lui fait honneur. Le fénat, dans un de. ces-accès
d’adulation-., dont nous avons rapporté plus d’un
exemple , voulut donner le nom de Tibère au mois
de Novembre , comme on avoit déjà donné les noms
«le JulesrCefat & d’Auguûê à deux autres mois.
T'tkhe t que nous avons vu auflj- quelquefois oppofé ,
| à la flatterie, rejetta celle-ci, en difaM aux fénateurst
»comment ferez-vous fi tous avez plus de douze
.7 Cetars t » /
Tibère mourut dam la foixante-dix-huiiième année
de ton âge, & dans la vingt-troiftème de fon règne.
On a remarqué, mais plutôt comme une fingu-
lame, que comme un fait dont il y ait aucune con-
lequence à tirer que fous les collègues de Tibère dans
le confluât ont péri malheureufement, quoiqu'il nV
en ai: que trois dont la mort puiffe lui être attribuée :
1 fut Cfnq fois conful. Varus , fon collègue, dans fon
premier confulat, fut réagit, par le fuccès des Ger-
- mïms. à fe tuer lui-même. Pifon, fon fécond collègue
, le tua lui-même suffi , mais en prifon, & te
voyant abandonné par l’empereur dans le procès fur
Ja mort de Ge'rma.iicus : celui-ci fut le troifième. Il
| paraît que fa mort fut l’ouvrage de Pifon; mais
j ordonné par Thère. Drufus, fils de cet empereur,
6C Ion quatrième collègue, mourut empoifonné par
iaville fa femme, à linftigation de Séjan. Quant à
ce dern er, cinquième collègue de Tibère , tout le
monde fait quel fut fon fort, & comme , après avoir
été le favori de Tibère, il mourut fa viélime.
j • 2°- T ibère I I , empereur Romain, fucceffeur de
r i j ° ? *e ^ prédéceffeur de Maurice, étoit un
loldat de fortune, Thrace de nation , dont la naif-
| lance eu d ailleurs inconnue. La nature lui avoit
prodigué les plus grands avantages ; les, talens, la
hgure, & fur-tout la vertu ; la plus rare valeur
jomte à une bonté, à une fenfihiüté, qui n’en efl
pas toujours la compagne la plus.affidue. U fut élevé
des fon enfance près de Juftin, qui, avec fort peu
de mente, eut cependant celui de prendre pour lui
I la plus grande affeélion. Àprè Pavoir éprouvé dans
1 divers emplois du palais, & l’avoir fait paffer rapidement,
mais à proportion de fes fervices, par les
divers grades de la milice, il lui confia le foin de fa
perfonne, & le fit commandant de la garde impériale.
Tibère acquit l’efrme générale. Placé à la tête des
armées, il foutint la gloire de l’empire, qui tomboit
par-tout ailleurs. Il fut cependant défait en 573 par
les Hu is ou Abares, dont les cris effrayans &. les
vifages féroces miient en fuite les nouvel’es milices qui
compofoient l’a mée Romaine; Tibère lui-même
penfa etre pris. Il repara cet échec par des négociations
heureufes, & Sirmlum, ( Sirnvck) qui étoit 1 objet de la guerre, refta aux Romains. En 574 ,
Juftin ayant encore eu le mérite & le bonheur de
fentir de hii-ir.ême Tafibbliffement graduel de fon
efprit, & le befom quYi avoir d’un appui pour fou-
teuir le pouls de l’empire, l’impératrice Sophie, fa
femme, îiiece de la fameufe Théo dora, femme de
Juftinien, pi us fage , mais non moins arïibifieufe que
fa tante , & qui gonvernoit Juftin, comme Théo dora
autrefois avoir gouverné Juftinien , engagea; Juftin à
jetter les yeux fur Tibère. Ede n’étoit pas fofenfible
aux agremens de ce général, à- fon. air noble, & qui
fembloit fait pour commander aux hommes mais elle
voulait, en général que le focoeffeur de ’Juftin, quel
qu il put e$je f lui eut obligation cW lfomÿûre, &
fa reeonnoiffance îe partageât avec elfe. Sophie étoit
encore dans l’âge de plaire; elle efpéroit&. défiroit
conlerver le pouvoir auquel sftes’éfoir accoutumée. Il
falloit pour, cela époufer le foecefleur de Juftin , &
Tibère,% qu’e’le préféroit, & qui pénérroit fes projets,
n’y mit point d’obftacle. Elle n’eut pas de peine à.
réuffi: ; Juftin étoit par lui-même favorablement dif-
pofé peur Tibère. Celui -ci fut donc proclamé Cclar,
& chargé dès -!or-s de tous les foins du gouvernement.
Alors 1 empire reprit fa puiftance & fa gloire; il
foutint v-gpureufèment la guerre contre Chofroës,
roi de Perle.. Tibère vlui oppolà deux des meilleurs
généraux du temps ; Juftinienpetit-neveu de l’empereur
de ce nom , qui gagna la bataille de Melitine
©u Méfttène , & Maurice, que Tibère lui-même choiftt
depuis pour empereur. Pour -lui, au milieu même de
lia guerre., il faifoit jouir fes fujets de tontes les douceurs
de la paix ; » trouvant toutes fes reffotirces, dit
» l’auteur dt*bas-empire,dans la noble fimplicité de fa
tl table de fon cortège, de-fés-équipages,, & dans, le
V retianchement de tout cet appareil de luxe, que la
» vanitMnfinue à la grandeur, comme une décoration
n néceflaire ».
Il régna quatre: ans fous le fimple titre' de Cé/àr.
En 5,78 , Juftin; fe fon tant près de fa fin , lui conféra
le titre de Cé&r le 26 Septembre, & mourut le 5
Oélobre foivant. Le plus grand, le leul fei vice peut-
être qu’il eût rendu à l’empire, étoit d’avoir choifi
un empereur plus digne que lui de régner.
Le moment étoit arrivé où Sophie croyoit n’avoir
qn’à recueillir le. fruit de ce qu’elle avoit fait pour
Tibère. Le peuple étoit au cirque ; le nouvel empereur
y parut ceint du diadème, revêtu de la pourpre
impéria'e, aftis fur le trône. Mille voix s’ écrioienti
vive F empereur & T.impératrice y montreç-nous Fimpè- I
ratrice , fbii que ce fût'une in vitation de faire monter
avec lui Sophie for le tr m e, foit qu’on foupçonnâi
quelque, mariage fecret. A ces cris , on vit arriver
dans le cirque une femme, nomfbce Anaftafn,
accompagnée de deux jeunes princeffès , fruits de
fon mariage fecret avec Tibère. Ce prince embraffa
tendrement fa femme, foi mit la couronne for la
tête, la prélenta au peuple. Ce coup de théâtre . ;
inattendu répand’t la. forprifo & l’aitendriftèment
dans toute l’affemblée , fo ccnfufionN& la fureur dans
l’ame de Sophie, qui fe voyou déchue de toutes
les efpérances de l’amour. &. de l’ambition. Elle ne
pouvoit cependant reprocher à. Tibère eue de ne lui
avoir pas révélé un fecret,-qui l’auroit empêchée de
travailler à fa fortune. Elle n’avoit pas provoqué ce
fecret ; il avoit deviné fes projets, mais elle- ne les •.
lui avoit pas révélés, & ils n’étoient pas de nature-
a l’être du vivant de Jùft.n» Cependant cette confidence
eût pu feule impofer à TU ère l’obligation de
défabufër Sophie , & de fé refufer à fes bienfaits.
Tibère efpéia. qu’il pourvoit l’appaifèr à force d’honneurs
& de refpeéls ; il la traita & la. fit traiter en
tout comme fa mère ; il lui confèrva tout l’appareil
de la. dignité impériale il lui fit conduire un. palais I.
foperbe dans Je plus beau quartier de Home ;. il
chercha tous les moyens de faire éclater la recon-
noiffance. Rien ne put la dédommager de la réalité
du pouvoir , ni lui adoucir l’amertume d’avoir travaillé’
poar une rivale , en croyant travailler pour
elle -même. Dans fon implacable refient ment,, elle,
voulut dét uire fon ouvrage ; elle raflembla , -elle
irrita -contre Tibère tous les envieux que fon élévation
lui avoit faits; elle forma un complot poux élever
Juftinien for le tr--ne , & Juftinien eut la foiblefFe.
de s’y p'êter. Ce complot fut découvert,, 61. le généreux
TU ère, difinl que desennemis connus n étoïent
plus à craindre, voulut bien leur laiffer le temps de
le fauve.-. 11 crut feulement devoir s’affiner de. celle
qui avoit été Taras du complot, & qui pouvoit eai
former d’autres ; il s’attacha for-tout à- lui en ©ter
les moyens. Il la rédu fit au fimple néceflaire, lui
: ôta tous fes anciens domeftiques , foi en donna de
nouveaux , dont il étoit sur. Juftinien , qui airaoit &
; refpeâoit Tibère., 6t qui çonnoiffoit fa vertu & fa.
bonté, mais que les charmes d’un empire avoient pu
éblouir un moment , pénétré du repentir le plu*,
fincère,. & plein d’une confiance gé. éreufe, vint
trouver Tibèe , & fe -profternant devant foi fondant
en larmes, il fut long-temps fans pouvoir proférer
une parole. Pfos attcndri. encore, mais encouragé par
Tes regards pleins de douceur de Tibère ;. n fous tout
» autre empereur, dit-il, j’aurois mérité la mort, &.
» je n’efpérerois point de grâce , fous les« plus-
» cléments de tous Tes princes. J aiv mérité
»> au moins de perdre mes biens r les voila«; je les»
» dépofe à- vos pieds ». En e ffe t il avoit fait apporter;
à fa fuite tous fes tréfors. Tibère, touché julqu’au fond!
du coeur, le relève ^.Tembraffe, lui rend fes tréfors,! luû
fait feulement un doux & tendre- reproche fur fonî
erreur 1 » la dépouille d’un ami, ajoutà-t^ilne me:
» confoierolt pas de la per-te de fon amit'é; & quandl
>r il me rend fon coeur,, tout eft expié^ tout eft
» oublié ». Il n’eut point en effet, dans la foite, d’ami)
plus tendre ni pliis fidèle que Juftinien.
La guerre contre les A ba resAv ares ou Huns „
qui dura encore quelque, temps fous ce règue,. finit:
par 1* reftitution qui fut foite à ces peuples de Sir—
mium, principal fujer de- la- guerre.
En- Afrique , l’Exarque Gennadius fit une rude:
guerre aux., Maures. Leur rokGafmul, qui avoit battu ^
pris & fait périr trois généraux Romains , fut battm
& pris à fon tour ; & Gennadlus .lui fit trancher la»
tête.
En Italie même ,, les Lombards furent: réprimés ôc
contenus«.
En Perfe, Hormifilas avoit foccédé à Chofroës fon-
père, Sl , fous ce nouveau, ro i, la guerre s’eteit*
rallumé j avec plus de fureur. Tibère envoya contre
lui le général Maurice.. Celui-ci, l’ an 580, gagna.
con re les Perfes la bataille de Callinique , & l’an 58 p
celle de Conftantihe. D ’apres ces fuccès, d’apres lei?-
tajens & fes vertus de Maurice, Tibère jugea que-
c’étcir lui qu’il devoir choifir pour fucceffeur. l\ rt :
fe. permit, point „ comme, autrefois- Auguffo ^