
Francfort ] pour le prince de Condé, chef despro-
testans françois, & il lui procura les fecours de
l’Allemagne. Il finit par avoir la tête tranchée à Genève
, le 23 mars 1566, Fans que_ la caufe de là
mort, diversement rapportée par les auteurs catholiques
ou proteftans , foit parfaitement éclaircie.
Il paroît que le vrai motif de cette rigueur fut
la crainte que cet homme inconftant ne retournât
a 1a religion catholique, comme le failoient fbup-
çonner quelques démarches hazardées de fa part ;
le prétexte que l’on prit, fut que la femme avec
laquelle il vivoit, n’étoit point fa femme, comme il
l’avoit avancé & prouvé par un faux contrat de mariage
, & qu’il vivoit avec elle dans le concubinage
& l’adultère, ce que les loix du sévère Calvin
puniffoient de mort.
Ce fut vers l'an 1*38 que Spifame, alors concilier
au Parlement.,, feuilletant avec foin les regiflres
de fa compagnie, y trouva dans les temps antérieurs
tant de traces de l’exercice du droit d’induit, que le
Parlement, fur fôn rapport, y fit une attention particulière;
il parut même , par les décousîtes de Spi-
f im : , que pofiérieurèment -au c o n c ilie Bâle &
à la pragmatique, le droit d’induit avoif été exercé
en vertu de la feula autorité royale. Charles VIII
avoit quelquefois donné-aux officiers du parlement
des lettres-patentes, pour qu’ils fuffent pourvus des
premiers bénéfices vacans , par les collateurs ordinaires.
On obfervoit feulement de donner aux mandement du
Roi la forme de prières. Il y avoit en Î494, une
négociation entamée, pour faire confirmer ces let*
très - patentes par le pape, & pour foire rétablir le
droit d’induit. D’après toutes ces confidérations, le
parlement jugea en 1538, qu’il avoit mal-à-propos
néglige ce droit, mais qu’il ne l’avoit pas perdu
& qu’il ne s'agiffoit que de le faire revivre. Les
eonjonâures étoient fovorables. C ’étoit le temps de
l’entrevue de Nice, où le pape Paul III s’employoit
avec zèle à la conciliation des différends de Charles-
Quint & de François 1 , afin qu’ils s’employaient
avec le même zélé à fagrandiffement de la mai-
fon Farnèfe. Si le Roi vouloit dire un mot , l’induit
renaiffcit : Spifame fut député à Nice pour cette
afeire devenue la fienne , il la propofa au Roi, qui
fe chargea de la foire réuflir. Eu effet Paul III, par
une bulle du 19 juin 1538, qui forme le véritable
titre de l’induit, rappelle,, confirme des bulles
précédentes déjà favorables à cette expectative, & donne
à l’induit du parlement, à - peu - près la même
forme & la même étendu» qu’il a aujourd’hui. L’induit
depuis ce téfops, reçoit fonexécutiondirecte en France
et le parlement n’envbye plus comme autrefois à Rorae
des rôles de nomination , non plus que l’uuiyer-
ir.é.
Spifame avoit un frère nommé Raoul, avocat au
parlement de Paris, qui mourut en 1563. On a de lui
un livre rare & finguÜer, intitulé xDicaarchm Henrici,
relis ehifliamjjimi progyrnmfmata , où il. suppose
«jh’H sw -/çtoid fit en i j j S , une multitude de réy
glemens & rendît des arrêts qui font emièrémenr dé
la compofition de Spifame. Un écrivain moderne;
M. Auffray , a pris dans ce livre les idées qui lui
ont paru les plus judicieufes, & les a publiées sous
ce titre : vues d un politique du feifieme fiècle ,
Paris 1775.
La famille des Spifames étoit originaire de Luques;
elle a fini dans la perfonne de Jeèn Spifame, fieur.
des Granges, mort en 1643.
SPIGEL1U S , ( Adrien ) ( Hiß. litt. mod. ) pro®!
feffeur d’Anatcmie à Padoue, né à Bruxelles en
1578 , mort en 1625« On a fes oeuvres anatomiques«1
On lui attribue la découverte du petit lobe du foye,'
& ce lobe porte fon nom.
SPIGURNEL, f. m. ( Hiß. mod. ) étoit ancienne^*
ment celui qui avoit la charge des efpigumantia , ou
de fceller les aéles du roi. Spielman & du Frefne
rapportent ce mot fans y ajouter aucune interpréta«;
tion. Mais il femble qu’il eft pris du faxon fparrau ;
qui fignifie ferrer, fceller ou affurer. Voyez Kennet's
glof. in parach. antiquit. (A. R. )
•SPINA , ( Alexandre ) ( Hiß. mod. ) Dominicain
Italien , eft regardé par fes compatriotes comme
ayant été l’inventeur des lunettes vers la fin du
treizième fiècle ; mais il paroît qu’elles , étoient en
ufage en France vers la fin du douzième.
Un autre Spina ( Alfonfe ) Francifcain Efpagnol ;
qui vivoit vers le milieu du quinzième fiècle , eft
l’auteur d’un ouvrage connu des feuls favans, intitulé:
Fortalitium fidei.
SPINELLO , ( Hiß. mod. ) Peintre Tofcan du
quatorzième fiècle ; nous n:en parlons, que pour ol>-
fèrver un fait qui montre le pouvoir de l’imagination
for les hommes de génie , & qui fait voir combien
le talent eft quelquefois voifin de la- folie.' On raconte
de lui , que dans un tableau repréfentant la
chute des mauvais Anges, il avoit peint Lucifer fous
une forme fi horrible, qu’il en fut lui-même effrayé:
Cette image le peurfuivoit jufques dans fon femme;]..
Une nuit il vit en fonge.le diable foi apparoître tel
qu’il étoit dans fon tableau , & lui dire d’une voix
menaçante: oit mavois-tu donc vu-pour me peindre
f i effroyable ? Mélange bien fingulier d’effroi & de
vanité dans cette vifion ! Depuis ce temps il parut
toujours avoir refont troublé. Cette hiftoire, par une
raifort contraire, rend vraifemblable celle de Pygmalion,
amoureux de fa ftatue.
SPINHUYS, f. m.( Hiß. mod. Econom. politique)
ce mot eft hollandais , & fignifie maïfon oui on file ;
on donne ce nom en Hollande à des maifons de
force établies dans prefque toutes les villes, dans
lefqueîles on renferme les femmes de mauvaife vie
qui ont attiré l’attention de la police; on les y occupe
à filer & à différens autres travaux convenables
à leur fexe ; on ne leur épargne point les correélions ,
lorfqu’elhs manquent à remplir la tâche qui leur eft
impofée. Ces fortes de maifons font ordinairement
fous la diieétiçn de dçux écheyins, qui nojumeat
An infpefleur & une infpeélricé 5 qui leur rendent
compte.;'/!. R.) . . . .
SPINOLA , ( Hifl. mod. ) maifon originaire de
Gênes -, dont diverfes branches fe font répandues
dans diverfes parties de l’Italie & en Efpagne : de
cette maifon étoient: V, ’ , -r \
io. Le fameux marquis Spinola, ( Ambroile J
un des grands capitaines qu’ ait eus l’Efpagne , & le
rival du prince d’Orange, Maurice de Naffau ; ce
fot lui qui réduifit Oftende en 1604 , après ce long
liège qui avoit duré plus de trois ans ; c eft de lui
que Maurice, à qui on demandoit quel étoit à fon
jugement le premier capitaine de fon fiecle, difoit :
Spinola ejl le fécond ; réponfe beaucoup moins rfio-
défte que celle d’Annibal à Scipion, qui lui faifoit
une queftiôn à peu près femblable for la compa-
raifon des grands capitaines tant anciens que modernes
( voye^ Annibal. ) Semblable à ce prince de Parme,
Alexandre Farnèfe qui pouvoit dire à Henri IV :
j ’arrive pour délivrer Paris, je vais déboucher la Marne
& la Seine, prendre Lagny 6* Corbeil, tache^de
ni en empêcher, f i vous pouyc£ , Spinola ne cachoit
point fes deffeins , ou fi l’on veut , il les cachoit
d’autant plus habilement:qu’il paroiffoit les publier avec
indifcrétion ; il vint à Paris après le fiège d’Oftende:
Henri IV lui demanda quels étoient fes projets pour
la campagne fuivante * bien perfoadé que Spinola le
connoiffant pour allié fecret de Maurice , lui diroit
tout le. contraire de ce qu’il fe propofoit de faire.
Spinola prit le roi au piège que le roi lui tendoit,
il dit exaélement ce qu’il avoit réfolu de faire.
Henri & Maurice furent les dupes de leur défiance.
Les autres trompent en mentant, dit Henri IV à cette
occafion , celui-ci trompe en défont vrai. Spinola pou-
yoit dire alors :
Eh bien ! à vos dépens vous verrez que Sévère
Ne fe vante jamais que de ce qu’il peut faire.
Dans la guerre de la fucceflîon de Cléves & de
Juliers , Spinola prit Aix-la-Chapelle &Wefel ; en
1620 , il ravagea les états héréditaires de l’Eleéfeur
Palatin Frédéric;«! 1621, il recommença la guerre dans
les pays-bas contre Maurice ; en 1622, il fut obligé de
lever le fiège de Berg-Op-Zoom, après y avoir perdu
plus de dix mille hommes , & ce fut encore un trait
de conformité qu’ il eut avec le prince de Parme ,
qui, en 1588 , avoit été forcé suffi de'lever le fiège
de cette place. En i 624, il affîègea Breda , qu’il
prit en 1625 au bout de dix mois. Maurice mourut
de douleur de n’avoir pu faire lever ce fiège ; en 1630
Spinola prit Gazai en Italie , mais il ne put enfou-
mettre la citadelle , parce que la manie ordinaire
des miniftres de vouloir, de la cour & de leur cabinet
diriger des opérations dont la néceffité & la
poffibilité dépendent de l’inipeélion des lieux , des
difpofitions du moment & des occurrences fortuites
& fugitives, fit que tou'cs fes opérations étoient
gênées par la cour de .Madrid : il en mourut de
couleur à fon tour, en répétant jufqu’au dernier foupir
: ils ni ont ravi t honneur. Exemple déplorable ,
fait pour corriger à jamais les Miniftres qui- veulent
commander les armées de deux cents lieues ; il n’empêcha
pas cependant Loüvois de prefcrire de Ven-
failles , aux Condés & aux Turennes ce qu’ils dévoient
faire en Flandre* & for les bords du Rhin.
20. Charles Spinola Jéfoite , Millionnaire au Japon,
brûlé vif à Nangafacui pour la foi , le 10 fep-,
tembre 1622. Le P. d’Orléans a écrit fe vie.
30. Thomaffine Spinola. Cette noble Gênoife avoit
conçu pour notre roi Louis X I I , cet amour dégagé
des fens , qui ne s’attache qu’à l’ame, & dont il eft
tant queftiôn chez les poètes & les Romanciers ; elle
le pria elle-même d’être fon Intendio , elle ne voulut
plus vivre que pour l’aimer, même fens le voir.
Quand Louis XII* quitta Gênes , où il avoit allumé
cette paffion, Thomaffine ne le foivit point ; mais
ce prince ayant eu en 1304, une maladie dangereufe,
le bruit fe répandit en Italie qu’il étoit mort, & la
fidèle Spinola en mourut réellement de douleur. Louis
X l l chargea d’Auton1, Ion hiftorien , de célébrer
l’amour 8c les vertus de fe dame Intendix, c’eft
ainfi que d’Autcn appelle cette fingulère Gênoife.
SPIN OSA , ( Bar u ch de ) ( Hifl. litt. mod. )
fameux Athée , dont l’Athéifme n’eft cependant pas
démontré a tout le monde , parce qu’il faut l’induire
d’écrits très obfcurs , où il paroît tantôt établi &
tantôt combattu : on donne d'ailleurs beaucoup
d’éloges à fes moeurs ; il étoit fobre , tempérant >
doux , modéré, ne bleffoit jamais dans-,fes difeours
ni dans fe conduite, la charité ni la pudeur, il ne
parloit qu’avec refpeét de l’être fuprême , il affifo
toit aux temples & vouloit qu’on y affiftât. Quand
on lui apprenoit qu’un ami le trahiffoit , • qu’un ennemi
le calomnioit, les procédés des méchans, difoit—il ;
ne doivent pas nous empêcher d'aimer 6» de pratiquer
la vertu. Il remit par défintéreffement aux héritiers
de Jean de Witt, une penfion de deux cens florins
que lui faifeit cet homme célèbre. Il étoit fi's d’un
juif Portugais ; un coup de couteau qu’il reçut d’un
juif en fortant de la fynagogue , joint aux objeétioqs
qui s’ékvoient dans fon efprit contre la religion Judaïque
, le fit renoncer à cette religion; la Synagogue
de Ion .coté l’excommunia : il demeuroit d’abord à
Amfterdam, enfoite à la Haye, il parut s’attacher
à la plus tolérante des communions proteftantes, celle
des Arminiens. Il vivoit folitaire , paffoit quelquefois
trois mois fans fortir de fa maifon ,-s’amufent à faire
des télefeopes & des- microfcopes. Il étoit né à
Amfterdam en 1632 , il mourut en 1677. Il avoit:
été difciple du maître d’école Vanden-Ende, qui fot
pendu en 1674 , pour avoir eu part à la conjuration
du chevalier, de Rohan. On a de Spinofa ;
louvrage intitulé : TraElatus theolôgicù - politicus ,
c’eft le plus célébré de fes écrits,, il a été traduitr
en François par faint-Glain, on trouve qu’il y jette
les femences de l’Athéifme qu’il développe dans fes
oeuvres pofthumes ; on a encore de lui les principes
de Réné Defcartes P démontrés félon la manière des
Géomèttes•