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a Gaffend! en lui demandant fon avis fur les
idees de^Hobbes , & la réponfe de Gaffendi four*
imToit a Sorbièrë là matière de fa réponfe à
Hobbes ; celui-ci lui rendoit (ans'le favoir le même
îervice auprès de Gaffendi , & de plufieurs autres,
Sorbiers n’étoit ainfi que le Courtier de la
philofophie ; mais il fe donnoit, & on le prenoit
pour un Philbiophe. A la fin ce manège fut découvert,
& il arriva pour lors à Sorbièrë le malheur
dont Horace ménace Celfus,
Ns f i forte [uas répétition venerit olim
Grex avium plumas , moveat Cornicula rifum
Furtivis nudata coloribus.
On a de lui une traduélion françoife de Y Utopie
Thomas Morus, & une de la Politique de Hobbes,
^es lettres, des difeours , divers écrits en latin &
èn ffançois. On a un Sorberiana, mais il n’eft
point fbn ouvrage. C’eft un recueil de bons mots
qu on prétend avoir retenus de lui dans la conversation.
Il mourut en 1670. Il fe faifoit craindre
■ par fon penchant à la fatyre.
SORBONNE , f. f. ( Hiß. mod. ) collège de
théologie , fameux dans l’univerfité de Paris , &
qui tire fön nom de Robert de Sorbon fon fondateur.
Celui-ci, qui étoit confeffeur & aumônier du
roi Samt Louis , ayant formé en 12567 le deffein
d’établir un college en faveur de 16 pauvres étudiants
en théologie , 4 de chaque nation de l’univerfité
, le roi donna à ce collège plufieurs
maifons qui étoient de fon domaine dans la rue
Coupe-gueule , vis-à-vis le palais des Thermes ,
& au moyen de quelque échange de rentes , Robert
de Sorbon fit bâtir dans cet emplacement ce
collège pour 16 écoliers & un provilèur s c’eft-
à-dire , un principal ou Supérieur. On les appel-
loit les pauvres de Sorbonne , & leur maifon Ici
pauvre Sorbonne , pauper- Sorbonna. Mais par la
fuite elle s’enrichit, & de collège deftiné à loger
des étudiants , elle devint une Société particulière
dans la faculté de théologie de Paris , & une
retraite pour un certain nombre de doâeurs & de
bacheliers de cette maifon. Cependant elle s’étoit
toujours maintenue dans fon ancienne fimplicité ,
jusqu’au temps que le cardinal de Richelieu la fit
rebâtir avec une magnificence , qui foule,fèroit capable
d’immortalifor fon nom : ce qu’on y admire
le plus, c’eft l’églifo dans laquelle eft le maufolée de
ce c a r d i n a l . Trois grands corps de logis comprennent
, outre la bibliothèque, la falle des aéles, la
falle à manger, les cuifines, Sec. trente-fix appartements
pour les doâeurs & bacheliers de la mai-
. fon, &. ces appartements font donnés à l’ancienneté.
Pour être admis dans cette maifon, dès qu’on
a été reçu bachelier en théologie , il faut profeffer
un cours de philofophie dans , quelque collège de
J’univerfité 2 cependant on poftule, ou ? çpmmeon
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pn fopplie pour être aggrégé à la rhalfort 52
fociete , & l’on foutient un a été que l’on appelle
Robertine , du nom du fondateur, ce que les bacheliers
font ordinairement avant que d’entrer en
licence. De ceux qui font de la maifon , 011 en
diftingue de deux fortes ; les uns font de la fociété,
& ont droit de demeurer en Sorbonne, & de donner
leur fuffrage dans les aflemblées clé la maifon,
les autres font de Yhofipitalité, c’eft-à-dire aggré-
ges a la maifon fans être de la fociété. On les appelle
ordinairement dbeteurs licenciés ou bacheliers delà
maifon &. fociété de Sorbonne. Mais leur véritable
titre, & celui qu’ils prennent dans les aéks de la
faculté, eft de doéleurs licenciés & bacheliers de la
faculté de Paris , de la maifon & fociété de Sorbonne
; ce qu’on exprime en latin par doctor, licen-
tia.'us , ou baccalaureus theologus facroe facultatis
Parifienfis , foetus Sorboricus. On donne aufli
communément aux autres do&eurs de la faculté le
titre de docteur ds Sorbonne ; & bien des gens en
prennent occafion de- penfer que la maifon de Sorbonne
a quelque, fopériorité dans la faculté de ^théologie
de Paris. Cette maifon refpeélable par les
hommes célèbres qu’elle à produits , par les fa-
vants qui la composent , & par ceux qu’elle
forme encore tous les jours, n’eft après tout qu’une
fociété particulière , comme p'ufieurs autres , &
fur-tout celle de Navarre , qui compofont le- corps
de la faculté de théologie avec une autorité & dés
fondions parfaitement égales dans les aflemblées, &
les autres aftes de faculté. Il eft vrai encore que
les aflemblées foit ordinaires , foit extraordinaires
de la faculté, fo tiennent dans la grande falle de
Sorbonne ; mais cet ufage ne tire point à confé-
quence, parce qu’elle s’aflembloit autrefois aux ma-
thurins, & qu’elle peut encore s’affembler dans telle
maifon de fon corps qu’elle juge à propos.
- Il y a proche de la Sorbonne des écoles extérieures
, oh fix profefTeurs , dont quatre font’ entretenus
par le ro i, &c deux ont été fondés par des
particuliers , font des leçons réglées de théologie.
Ces chaires font toujours remplies par des fujets de
la maifon de Sorbonne, laquelle nomme àuffî à plufieurs
autres places , comme à celle de grand maître
du collège Mazarin , dont les chaires de phi—
lofqphie, ainfi que celles du collège du Pleffis font
toujours données, à des membres de la maifon
& fociété de Sorbonne. Le premier fopérieur de la
maifon fe nomme prjvifiur ; & dans l ’intérieur ,
l’autorité , c’eft-à-dire , le maintien des réglements
& du bon ordre , î appartient au chef des docteurs
, qu’on nomme fenieur de Sorbonne, & au chef
des bacheliers en licence , qu’on appelle prieur de
Sorlonne. ( A . R*)
SORBONNE , ( Robert de ) ( Hiß.- litt, mode
a'nfi nommé du lieu de fa naiffance ,; qui eft un
petit village du Réthelois .au diocèfe de Rheinis ,
fut chapelain & confeffeur de Saint Louis. Il s’eft
illuftré par la fondation du collège de Sorbonne
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feu des pauvres maîtres, fi magnifiquement réédifié
depuis par le cardinal de Richelieu ; Robert.fonda
suffi Je college de Calvi qu’on appeloif Hapetitc
Sorbonne. Son objet dans ces fondations, étoit d’établir
l’inftru&ion gratuite , qui ne fut établie d’une
manière générale* dans l’univeriité ,■ que fous la minorité:
de Louis XV ,,»& la régence, de -Philippe,
duc .d’Orléans. Cette inftitution , fi applaudie, fi
célèbre alors, eft vue aujourd’hui d’un autre oeil
par quelques. Philofophes, ils la trouvent très-avan-
tageufê pour les maîtres à qui, elle, procure un état
certain et folide , en les difpenfant même de s’en
rendre dignes, mais fort peu pour les écoliers auxquels
il feroit beaucoup plus utile de payer, leurs
maîtres, & de pouvoir les choiftr. Il eft vrai que
ceux qui feroient hors d’état de payer ,. feroient
privés du bénéfice de ï’inftryéfion, & que s’il y a
des raifons contre, il y en a auffi pour I’inftruéhon
gratuite. Robert de Sorbonne fit fa fondation principale
en 1253, & mourut en 12"4. 11 étoit ne
en 1201: on a de lui des ouvrages dignes du temps..
Le eliemin du Paradis, tes trois moyens d’aller en
Paradis , &c.
SOREL , (.Agnès) ( Hifi. de Fr. on connoit ces
quatre vers de François I. fur Agnès Sorel:
Gentille Agnès plus d’honneur en mérite ,
La caufe étant de' France recouvrer ,
Que ce peut dedans un cloître ouvrer
Clofe Nonain , ou bien dévot hermite.
Ce qui diftingue avantageufement Agnes'Sorel ,
parmi les maîtrefles des Rois, c’eft qu’au lieu que lès
autres ont trop fouvent avili leurs amants , elle a
illuftré' le fien ,’ & ne s’eft férvi de l’empire que
l’amour lui donnoit fur Charles V I I , que pour lu i
infpirer le courage convenable à fà fituation , & qui
fèul pouvoit le îauver ; elle voulut être la maîtreffe
d’un roi, Sc d’un roi viâorieux; Charles VII fut
roi pour lui plaire , & vainqueur pour la mériter..
L’amour , qui écarte tant de Héros des fentiers du
devoir & de la gloire , y ramena l’heureux- Charles
p i ;
Une autre Angularité qui prouve qu'Agnès n’é-
toit pas une femme ordinaire , c’eft que la reine ,
Marie d’Anjou , princeffe vertueufe , 8t très attachée
au roi fon mari, né eeffa d’aimer & d’eftimer
Agnès , & de travailler de concert avec elle au
bonheur & à la gloire du roi ; des hiftoriens di-
fent que les principaux membres dû confeil1 & les
capitaines les plus attachés à la fortune de Charles
v u i firent fentir à la reine qu’il étoit de fon intérêt
( à' elle reinê ) , & lur-tout de l’intérêt de l’état,
que Charles reftât attaché à Agnès.
Agnes au reft ? eft plus célèbre que connue. L’hif-
toire nous en apprend peu de chofe , fi l’on doit ap-
peller peu de chofe les deux traits’ que nous avons
rapportés. Il parort qu’elle naquit vers l’année i 4° 9 >
elle étoit d’une famille noble & ancienne , de ‘la-
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province de Touraine ; fon père, Jean Sorely étoic
feigneur de St, Géran &, dè Fromenteau ; elle per-
dit fes parents étant encore en bas â g e , St fut éle-.
vée par la dame de Maignelais , fa tante , qui avoit
une tille du même âge. Agnès maria celle-ci dans
la fuite , au feigneur de Villequier; mais fa coufine ,
plus jaloufe de fa faveur que touchée de fes, bienfaits,
lui difputa le coeur du- Roi, par/les moyens
coupables ; elle y .employa l’intrigue, la calomnie ,
& ijufqu’au crime; de; faux. Elle' luppofa- des lettres
pour faire croire Agnès,mYiéelXe ; la vérité, la beauté
la Vertu triomphèrent ; & la dame de Villequier ,
qui avoit voulu enlever à Agnès fon amant, vit fon
propre mari fe ranger parmi les adorateurs de cette
fille célèbre, qu’on né voyoit guère fans l’aimer.
Agnès avoit été élevée -à'Fromenteau;: dans le
voifinage de Chinon , oh Charles VII. tenoit fa cour.
Le bruit de fa* beauté avoit. engagé le roi à l’aller
voit. Il engagea la dame de Maignelais’, tante d'Agnès,
à l’envoyer , ou à l’amener à la cour , ou il la plaça r
auprès de la reine, en qualité de fille d’honneur.
Ce fut vers i’an 1426 ou 1427.
Les'hiftoriens font deux obfervatiops importantes,
fur Agnès Sorel ;. l’une, qu’elle Xe ; défendit longtemps
contre fon amant, 6c.cet amant étoit fon roi, « toute
» fimple demoifellè que'je fois , difoit-elle , un
jour au brave Foton de Saintraillès , vieil ami de
fa maifon, n la conquête du roi ne. fera pas facile ;
» je lé révère & l’honore ; mais je ne crois pas
» que j’aye rien à démêler avec la reine à fon
" n fujet. • ■ ;; ^ f --
Ce langage n’eft point celui d’une ame commune
fans doute ; mais la chûte eft quelquefois bien vor-
ftne du plus beau langage;
L’autre obfèrvation eft que les amours du. roi
n’eurent point un éclat capable d’offenfer les moeurs
publiques. Ce qu’il y à de certain dû moins , c’eft:
que Charles VII eut onze enfants de la Reine pendant
fa liaifon avec Agnès, & que l’amour n’in-
folta point à I’nymen, en altérant l’union des deux
époux.
Agnès Sorel eut de Charles VII trbis filles , dont
l’ aînée , --Charlotte , qui époufa Jacques de Brézé ,
Comte de Maulevrier , eut une dèftinée tragique ;
fon mari l’ayant forprife en adultère , la poignarda,
aiiifi que l’amant qui étoit un homme attaché à
fon fer vice*
Marguerite , la féponde de fes filles fut mariée
i à Olivier de Çoètivi , feigneur de .Taillebpurg.
Jeanne , la troifièmë , à Antoine de Béuil , comte,
dè Sancèrre.'
Agnès Sorel eut un frère qui fut fait grand veneur
, & il eft à- remarquer que ce ne fut qu’après la
. mort à’Agnès, ce qui prouve quel attachement le
; roi confervoir' pour fà mémoire.
Charles avoit donné à Agnèsle château de Beauté
fur Marne. Elle mourut en 1449 ou 1450 , à ,quarante
( ans ét ant -encore ,- difent lès hiftoriens, la*plus