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eft dans la nature des chofes que le crime {bit cPun
côté très*difficile à cacher, que de l’autre , quand1
il eft connu il révolte, il infpire la haine , les foup-
ç'or.s, les défiances , les vengeances. Irène fut punie
de fes crimes par les crimes mêmes , Théophanie le
lut auffi des Tiens* Elle avoit époufé en 959 , Romain
le Jeune, empereur d‘O.'ient ; ce prince étant mort
en 963 , elle eut la régence de Ton fils aîné Etienne ;
mais Nicèphore Phocas lui plut, elle l’époufa , 6i
fit defeendre fon fils du trône pour y placer fon
amant Non moins coupable époufe que-mère dénaturée
, s’étant bientôt laffée de ce nouvel époux ,
elle le fit afl'afïiner en 969 par Jean Zimifces , qu’elle
fit encore reconnoître pour empereur. Celui-ci le
iliontra tout-à-la-fois jufte & ingrat en puniffant fa
complice, qu’il exila dans une me où il la laiffa
languir pendant tout le cours de fon règne. Il mourut
en 973 , alors Bafile & Conftantin, fils de Théophanie ,
la rappel!èrent à Conftanfmople , & firent {ans doute
beaucoup plus qu’ils ne dévoient en lui donnant
quelque part dans le gouvernement. On ignore l’époque
de fa mort.
THÉOPHILACTE, ( voye{ T héophÿI acte.)
THEOPHILE, eft le nom :
i° . Du fixième évêque d’Antioche , élu l’an 176
de J. C. , mort vers l’an 186 , dont il nous relie
trois livres en grec , adreffésà Autolycus, en faveur
«Je la religion chrétienne , où fe trouve , dit on ,
pour la première fois le nom de Trinité. Cet ouvrage
a été imprimé en grec 6c en latin, avec les oeuvres
de Saint-Juftin.
i°. D'un patriarche d’Aléxandrie, élu l’an 385 ,
prélat intrigant , ennemi de Saint-Jean-Chrÿfoftôme ,
mais qui , mourant l'an 412 , dit un mot bien chrétien
au fouvenir de la longue pénitence de Saint-Arsène :
que vous êtes heureux, Arsène , dé'avoir toujours eu
cette heure devant les yeux !
3.0. D ’un empereur d’Orient, qui fuccèda en 829,
à Michel fon p ire, qui fut comme lui grand ico-
nodafte , grand perfécuteur des catholiques, dont par
çette raifort les Iconoçlaftes ont dit beaucoup de
bien, les catholiques beaucoup de mal, $c qui mourut
en 842 , de dpuleur d’avoir perdu plufieurs batailles
contre les Sarrafins. ( Voye^ ci-deffus ^article
7'héodora Despuna , fa femme.)
4°. D’un poète François , furnommé Viaud, difent
quelques auteurs , mais' qui plutôt, à ce que je foup-
çonne, fe nommoit Viaud, & fut furnommé Théophile,
c’eft-à-dire , ami de Dieu par antiphrafe à caufe de
fa réputation d’athéifme & d’impiété. Eh effet il fut
déclaré criminel de lèze majefté divine , & condamné
à être brûlé, & il fut brû:é en effigie , comme auteur
du Parnajjc Satyrique , publié en 1622 ; ouvrage
noté 'doublement & pour la fatyre & pour l’impiété.
Théophile, fuyant vers les pays-bas , fut arrêté au
Çatélet en Picardie , ramené à Paris, & renfermé
dans le même cachot où avoit été Ravaillac , tanf
fô fermentation excitée par ce livre éioit grande l
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Sur fes dénégations confiantes, mais auxquelles on
ne crut point, fur l’infuffifance des preuves pour
faire prononcer la peine de mort, on le condamna
du moins au banniffement, foit qu’on trouvât les
preuves fuffifantes pour aütorifer ce jugement moins
févère , foit qu’on faisît cette occafion de le puni Me
fesautres'délits fatyriques. En effet, dès 1619, il avoit
été obligé de paffer en Angleterre, & fes amis n’avoient
obtenu fon rappel que fous la condition qu’il abju-
reroit le calvinifme , ce qui, chez un homme d’une fi
légère croyance, ne figninoTt abfolument rien. L’arrêt
du parlement contre Théophile , refla fans exécution.
Ce poète ne garda point fon ban. Le maréchal
de Montmorenci , celui-ii même qui eut la tête tranchée
en 1632, lui donnoit un afyle à Paris, dans
fon hôtel, & à Chamilly , dans la folitude de Sylvie,
qu’il a célébrée. Il mourut en 1626 , à l’hôtel de
Montmorenci. Boifiar, fon ami, l’étant allé voir la
veille de fa mort, Théophile lui témoigna un extrême
defir de manger des ancho s .& le pria de lui en
envoyer. Boiifat, regardant cette demande/ comme
une fantaifie de malade contraire à fon état, n’y
eut aucun égard, il -eut depuis le regret de penfer
que c’étoit peut-être une de ces indications de la nature
qu’on rejette trop fouvent parce qu’on les trouve
bizarres , & qui font les feules quelquefois qui puif-
fent guérir les malades. Il fe repentit amèrement de
n’avoir pas eu cette condefcendance pour les
derniers defirs d’un ami. Théophile a été fi cruellement
déchiré par le déclamateur Garaffe, fatyrique
dévot, plus atroce que tous les fatyriques profanes-,
qu’il en réfulte en fa faveur une forte d’intérêt ; la
proteélion du généreux Montmorenci eft encore un
titre pour lui,- i’efpèce d’irrégularitéde l’arrêt , qui ,
après l’avoir condamné au feu le condamne au ban-
niffemènt pour un crime'dont il ne paroît pas avoir
été convaincu , la réputation d’efprit & de talent
que cet homme eut toute fa v’e , toutes ces circonf-
tances lui font favorables, & fa mémoire en totalité
n’eft point reftee flétrie par fon arrêt ; mais larrêt
que Boileau a prononcé contre fes ouvrages , eft
refté ;
A Malherbe à Racan p-éférer Théophile ,
Et le clinquant du Taffe à tout l'or de VjrgileJ
Il a laiffé des ouvrages mêlés de profè & de vers ,
des tragédies, & ce qui pourroit affoiblir l’idée de
on impiété, un traité de l'immortalité de Vame. Tout
eft oublié & Théophile -le fer oit tout entier {ans les
vers de.Boileau.
T héophile RAYNAUD , ( voye^ Raynaud. )
THEOPHOBE, ( Hift. du bas-empire.') beau-
frère de l’empereur Théophile, 6c général- de les
armées, fut deux fois proclamé empereur , & refiifa
conftamment Pempire. Mais ouelle conduite peut
diffipar les défiances politiques ? Théophile craignit
qu’enfin fa réfiftance ne fe laifsât vaincre ; il craignit
que ThéopHobe n’enlevât à fon fils le trône qu’il avoit
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laiffé au père. Malade, & mourant, il fit arrêter
Théopkobt, lui f i t trancher la tête ;• fe fit apporter
cette tête, & dit, avec là fatisfaâiqn d’un tyran:
bientôt Théophile ne Jera plus ; mais du moins Théo-
phobe nefi déjà plus. L'époque de ces deux morts eft
842.
THEOPHRASTE, ( Hift. litt. anc. ) philofophe
Grec, né dans 111e de Lesbos, Lut difciple de Platon,
puis d’ Ariftote : fon nom étoit Tyrtame. Ariftote
qui difoit de lui, qu’il comprenait £ abord d*une chofe
tout ce qui en pouvoit être connu , auffi charme de fon
éloquence que de fa pénétration , lui donna d abord
le 1.0m d'Euphrafte, qui parle bien ; & ce^nom exprimant
encore trop foiblement le plaifir qu'il avoit à
.l’entendre, il lui donna celui de Théophrafte, ceft-à-
dire, homme dont le langage eft divin.
Le6 anciens étoieot beaucoup plus intolérans qp’on ne
le croit. L’intolérance eft une maladie de tous les temps
& de tous les pays ; les grands génies ont été par-tout,
&. toujours en butte à la perfécution. Ariftote craignant
pour lui le fort de Socrate , abandonna fon
école l’an 322 ; la remit, à Théophrafte, ainfi que fes
écrits , & alla chercher fa sûreté loin d'Athènes.
Théophrafte foutint la gloire de cette école, & en augmenta
la réputation : on compta bientôt dans le Lycée
jufqu a deux mille difciples. Comme il fe diftinguoit
par le talent de la parole , & qu’il fe piquoit du plus
pur atticifme, il fut un peu furpris de fe voir traiter
d’étranger par une vendeufe d’herbes, a laquelle il
marehandoit quelques légumes, & qui démêla en lui
un! accent dont il fe eroyoit corrige. On a fait grand
■ bruit de cette petite hiftoire, comme fi elle prouvoit,
dans le peuple même d'Athènes, une délicateffe d’organes.
particulière : quel goût il y avoit a Athènes
jufques dans le petit peuple ! s’écrie à ce fujet M.
Rollin. Mais quelle eft, parmi nous, la femme de la
halle qui ne démêlât pas d’abord l’accent picard , ou
normand ou gafeon ? Quel eft l’homme du peuple qui
ne fente pas le plus léger graffeyement avec d’autant
.plus dé facilité, que le graffeyement eft tres-rare
parmi le peuple ?
Théophrafte eut l’eftime & la familiarité des rois.
Caffandre, Ptolemée, fils de Lagus; tous ces fucceffeur.s
d’Alexandre, au milieu de leurs guerres & de leurs
difeordes, étoient fes amis, & quelques-uns même
faifoient gloire d’être fes difciples. Démétrius de Pha-
lère le fut auffi, & lui fait encore plus d’honneur.
La philofophie de Théophrafte tenoit de la douceur
& de la condefcendance accommodante d'Ariftippe.
Ce qu’il penfoit des dieux n’eft pas fort clair ; & il
paroît avoir varié for cet article. Il penfoit comme
. Ariftote & comme Ariftippe, que les douceurs &
les commodités de la vie font effentielles au bon^
heur; opinion que le ftoïcien Cicéron lui reproche ,
comme dégradant la vertu, & la dépouillant de la
gloire de luffire feule au bonheur de l’homme. Qu’elle
y foffife feule, ce peut être l’objet d’une queftion
parmi les philofophes ; mais qu'elle y foit neceffaire
au point de ne pouvoir çirc. fuppléée par jien, au
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fein même de la prospérité, & qu'elle fo t dans
l’adverfué la çonfola Ln la plus douce &c la plus
efficace, c’eft ce qui ne peut être conixfié; & cet
intérêt de lui être fidèle, refte encore allez grand.
Cicéron dit quen mourant dar-s un âge très-avancé,
Théophrafte fe p'a’gnit de la nature , qui accordoit ^
une fi longue vie aux cerfs & aux corneilles, fans
aucun fruit pour ces animaux. privés de perfectibilité ;
tandis qu’elle bornoit tellement la vie des hommes,
qui peuvent toujours fe perfeéhonr.er par l’étude &
l’expérience. Mais la longévité des cerfs & des corneilles
, étoit-elle une opinion digne d’un naturaufte
tel que Théophrafte ?
On a dè lui une hiftoire des Pierres, dont M. Hill
a donné en 1746 , à Londres, une belle édition en
Grec & en Anglois ; un traité des Plantés, qui a ete
traduit en Latin.
On connoît fes Çaraêlcres, que la Bruyère a traduits
en François, & qu’il a imités enfoire avèc tant de
fupériorité, en traçant ceux de fon fiecle.
Ifaac Cafaubon a fait d’amples commentaires fur le
petit l.vre des Caraêlères de Théophrafte.
THEOPHYLACTE S1M O C A T T A , {Hift. du
bas ■ empire.') hiftorien G rec, vivoit fous 1 empire
d’Héraclius, vers les çommencemens du fepîième
fièclë. Son hiftoire de l’empereur Maurice, imprimée \
au louvre en 1647, fait partie de la Byzantine.
THEOPOMPE. {Hift. anc.) Lliiftoirè ancienne
nous offre deux perfonnages célébrés de ce nom ; l'un ;
eft un roi de Sparte, qui régnoit environ cent trente
ans après Lycurgue. Ce fut fous fon fègne que s’établit
l’autorité des Ephores ; Théopompe ne s'oppofa point a
cet établiffement. Sa femme lui reprochoit qu'il laiffe-
roit à fes enfans la royauté beaucoup moindre qaM
ne l’avoit reçue; il lui répondit : ait, contraire, je la
leur laijferai plus grande , parce quelle Jera plus durable.
Ce fut fous fon règne qu’au rapport d’Hérodote il
s’éleva entre les Argiens & les Lacédémoniens, au
fujet d’un petit pays appellé Thyrea , qui confinoit
aux deux peuples, une guerre , où le récit d’Hérodote
pourroit bien avoir fervi de modèle a celui du combat
des Horaces & des Curiaces. Les deux armées 'étant
en préfence, on convint de remettre la décifion de la
querelle à trois cens hommes , qu’on cho firoit de part
& d’autre parmi les plus braves. I’s s’entretuèrent
tous, à l’exception de trois, deux du cote des'Argiens
, un du côté des Lacédémoniens : la nuit les
fépara. Les deux Argiens fe regardèrent comme vainqueurs
, & coururent porter à Argos la nouvelle de
leur viôoire. Le Lacédémonien relu fur le champ de
bataille, dépouilla les corps des Argiens , & s’empara
de leurs armes. Nouvelle querelle for la queftion quel
émit le peuple vainqueur. Il étoit refté deux Argiens ;
mais le Lacédémonien -éioit refté maître du champ de
bataille. On ne put s’accorder ; on en vint, aux mains.
La fortune fe déclara pour les Lacédémoniens, & le
champ Thyreate leur je fia. Dans la première guerre