
le même rang & les même marques de diftinéHon
quelles avaient dans la ville , & fe rendoient en ordre
militaire dans le champ de Mars pour y tenir leurs
comices.
Ces comices ne commencèrent néanmoins à avoir
lieu , qu’après l'établi fl ement des .nouvelles tribus ,
tant de la ville que de la campagne ; mais comme
ces tribus n’eurent aucune part au gouvernement
fous les rois, qu’on fut même ,.dans la fuite, obligé
d’en augmenter le nombre à plulicurs r.eprifes, &
qu’enfin les comices de leur nom ne commencèrent
a être en ufage que Cous la république, nous allons
v.oir.comment eiies parvinrent à leur pcifeftion fous
les confuls.
Pour fe former une idée* plus exade des diveifes
tribus , il eft bon de confidérer l'état oii & trouvèrent
les romains à merure qu ils les 'établirent,
afin d’en examiner en même tems la fltuation, &
de pouvoir même juger de leur étendue par la
date de leur établdlèment. Pour e d a , il faut bien
diftinguer les tems-, & confidérer les .progrès des
romains en Italie, fous trois points de vue diffé-
rens ; fur la fin de l ’état monarchique, lorfque
Servius Tullius établit les premières de ces tribus •
vers le milieu de la république , lorfque les confuls
en augmentèrent le nombre jufqu’à trente-cinq;
& un peu avant les empereurs, lorlqu’on fupprima
les tribus furnuméraires qu’on avoir été obligé de
créer pour les différens peuples d’Italie.-
Au premier état leurs front ères ne s’éte ndoient
pas au-dela de fîx milles , & c’eft dans cette pet te
étendue qu’étoient renfermées les tribus que Servit!s
Tullius établit, entre lefquelles celles de la ville
tenoienc le premier rang , non-feulement parce
qu e les avoient été établies les premières ; mais
encore parce quelles furent d’abord les plus honorables,
quoiqu’elles foient depuis tombées dans le
méprisi-
Ces tribus étoient au nombre de quatre , &
tiroient leur dénomination des quatre principaux
quartiers, .de Rome. Varron, fans avoir égard à
l ’ancieDneté des quartiers dont elles portoient le
nom , nomme la fuburane la première ; Yefquiline la
fécondé ; la colline la troifiènie , & la palatine la j
dermère : mais leur ordre eft différemment rapporté
par les hifloiiens.
A l ’égard des tribus que Servius Tullius établit à
la campagne & qu’on nommoit rufiiqu.es, on ne
fait pas au jufte quel en fut d’abord Je nombre,
car les auteurs font partagés fur ce fujet. Gomme
il eft certain que des trerte-une tribus rufliques
donc ie peuple romain étoit .compofé du tems de
Denys d’Hal carnaffe, il n’y en a que dix-fept
dont on puifle rapporter l ’établiffcment a Servius
Tullius, en peut fuppofer que ce prince divifa
d’abord le territoire de Rome en dix-Tept parties,
dont il fit autant de tribus, & que l’on appelia
| dans tla fuite les tribus rufiiques, pour les difiin-
gucr de celles de la ville. Touccs g es tribus portèrent
d abord le nom des lieux où elles étoient
fituées j amais la plupart ayant pris depuis le nom
des familles romaines., il n’y en a que cinq qui aient
confervé leurs anciens noms j & donc on puiffe par
v conféquent marquer au jufle la .fltuation: voici leurs
noms.
La romulie, ainfi nommée , félon Varron , parce
qu elle étoit fous les murs de RonTe, ou parce qu’elle
étoit compofée d?s premières terres que Romulus
conquit dans la Tofcane le long du.Tibre & du côté
de la mer.
La veientine, qui étoit aulli dans la Tofcane, mais
plus a l ’occident, 6c qui s’étendoit du côté de Veïes ;
car cette ville fi fameufe depuis le long fiege qu’elle
foutint contre les Romains , n’étoic pas encore en
leur pouvoir.
La lémonienne qui étoit diamétralement oppofée
3 celle-ci , c’eft à-dire, du côté de l’orient, & qui
tiroit fen nom d’ un bourg qui étoit proche de la
por: , Çapene, & fur le grand chemin qui alloit au
Latium.
La pupinienne , ainfi nommée du champ pupinien
qui étoit aufli dans le Latium , mais plus au nord 8c
du côté de Tufculum,
Enfin la cruftumine qui étoit entièrement au
nord , & qui t rcit fbn nom d’une ville des Sabins,
qui étoit au-delà de l’Anio, à quatre ou cinq milles,
de Rome.
Des douze autres qui ne font plus connues aujourd’hui
que par le nom des familles, Claudia3 Æmi-
lia y CorneLi a 3 Fabia , Menenia , Pollia , Volti-
nia, Galeria , Iloratia , Sergia , Veturia & P a-,
piria, il n’y a que la première & la dernière dont on
facheia fltuation ; encore n’eft-ce que pat deux pafc
fages, l'un de Tite L iv e , qui nous apprend en général
que lorfqu Atta Ciaufus, qu’on appelia depuis
Appius Claudius, vint fe réfugier à Rome avec fà
familie & fes cliens, on lui donna des terres aü-dèlà
du Tévéron dans une des anciennes tribus' à laquelle
il donna fon nom, & dans laquelle entrèrent depuis
tous ceux qui vinient de fon pays ; l’autre paffage eft
de Feflus - par lequel il paroît que la tribu papi-
nenne éto:t du côté de Tufculum, & tellement:,
jointe à la pupinienne, qu’elles en vinrent quelquefois
aux mains pour leurs limites.
Pour les dix autres tribus, tout ce qu’on en fait,
c’eft qu’elles étoient dans le champ romain , in agro
romano ; mais on ne fait d’aucune en particulier, fi
elle éroit du coté du Latium dans la Tofcane ou
chez les fabinr. Il y a cependant bien de l ’apparence
qu’il y en avoir cinq dans la Tofcane outre la romulie
& la veientine, & cinq de l’autre côté du T ibre
5 c’efl-a-dire, dans le Latium & chez les fabins,
outre la papirisnne ; Ja claudienne, la lémonienne 9
la pupînienr.e & la cruftumine ; par conféquent que
de ces dix-fept premières tribus ruftiques, il y en
avoit d x du côté du Tibre & fept de l'autre ; car
Varron nous apprend que Servius Tullius.divifa le
champ romain en dix-fept cantons, dont il fit autant
de tribus 5 & tous les auteurs conviennent que
la partie de la Tofcane qui étoit la plus proche de
Rome, s’appelloit Septcmpagium. On pourroit même
conjecturer que toutes ces tribus étoient fituées entre
les grands chemins qui conduifoient aux principales
villes des peuples voifins , de manière que chacun
de ces chemins conduil’oit à deux tribu? 3 & que
chaque tribu communiquoit à deux de ces chemins.
Il faut remarquer que ces dix-fept tribus ruftiques
devinrent dans la fuite les moins confîdérables de
toutes les rufliques , par l'impofïibilité où elles-
étoient de s'étendre, & par le grand nombre de nouveaux
citoyens & d’étrangers dont on les furchar-
geoit. Les romains avoient coutume d’envoyer des
colonies dans les principales vides du-pays conquis
& d’en transférer à Rome les anciens habitans. Leur
politique les empêcha de rien précipiter ; d’abord ils
ne refufoient l’alliance d’aucun peuple , & à l ’égard
de ceux qui leur déclaroient lagueire ou qui favo-
rifoient fecrettement leurs ennemis, ils fe contentaient
de leur r»trancher quelque partie de leurs
terres, permettôient au refte de fe gouverner fui-
vant fes .loix, lui accordoien: même dans la fuite
tous les droits des citoyens romains , s’il étoit fidèle,
mais ils le*traitoient après cela à toute rigueur, s’il'
lui arrivoit de fe révolter. On comptoit alors dans
i ’Ita!te dix-huit fortes de villes différentes j celles
des alliés des Romains, celles des confédérés , qui
ne jouiffoient que conditiofinellement de leurs privilèges,
les colonies compofées de feuJs romains &
les colonies latines, les municipes dont les habi
tans perdoient leurs droits de citoyens ro.ma’ns, &
les autres qui n’en étoient point privés , & les préfectures.
Ce ne fut qu?infenfibîement , & à mefurequeles
roma:ns écendirent leurs conquêtes, que furent établies
les tribus ftellatine 3 fabarine 3 tromentine 3 &
celle que quelques-uns ont nommée arnienfis ou
narnienfis.
La’ ftellatine éroît a:nfi nommée, non de la ville
de Ste late qui étoit dans la Campanie , mais d une
autre ville de même nom qui étoit dans la Tofcane
entre Capene , Falerie & Veïes, c’eft-à-dire, à cinq
ou fîx milles d.e Rome.
La fabatine étoit aufli dans la Tofcane, mais d’un
côté de la mer, proche le lac appellé aujourd’hui
Brachiano, & que les latins nommoient Sabatinus ,
de la ville de Sabate qui étoit fur fes bords.
La tromentine tiroit fon nom du champ tromen-
tin dont on ne fait pas au jufte la fltuation , mais qui
etoit aufli dans la Tofcane, & félon toutes les apparenoes
entre les deux tribus dont nous venons de
parler.
Enfin celle qui étoit nommée arnienfis dans quelques
auteurs ,,comme nous l ’avons d i t , étoit la dernière
& là plus éloignée de toutes les ruftiques.
Ces quatre tribus furent établies enfemble l’an
3 37 de Rome , & neuf ans ai res la prife de Veïes.;
quand Camille eut défait, les Volfques, on en établie
deux nouvelles dans la partie du Latium 'qu’ils oç-
cupoient, & le fénat voyant toute l’Italie prête à fé
foulcver , confentit enfin en ’ 397 de former du
champ Pomptin deux tribus, la pomptine & la pu-
blilienne , auxquelles on ajouta fucceflivem-enr la
moecienne, la feaptienne, l ’ufentine & la falerine.
La pomptine étoit ainfi nommée, félon Feflus»,
du champ Pomptin qui tiroit lui-même fon nom ,
ainfi que les mara's dont il eft environné, de la ville
de Pométie , que les Latins appelloient Suejfa Pome-
tla 3 Pometia , & Pontia.
La publilienne étoit aufli chez les volfques, mais
on n’en fait pas au jufte la fltuation.
La moecienne étoit fi tuée, chez les latins,, & tiroit
fon nom d’un château qui écèic entre Lanuvium,
Ardée ôc Pométie, & auprès duquel les volfques
avoient été défaits par Camille.
L ’autre éroit chez les Herniques , & portoit le
nom d'une ville qui étoit fituée entre Tiv o li, Pré-
nefte & Tufculum , à quinze milles de Rome. :
L’ ufentine étoit ainfi nommé du fleuve Ufens qui
paffoit à Terracine à l’extrémité du Latium.
La falérine étoit dans la Campanie, & tiroit fon
nom du territoire de Falerne fi renomme chez les
anciens par fes excelle 11 s vins.
C ’eft en fuivant le même ordre des temps , &
après que la révolte des Tofcans eut contraint les
romains occupés dans le Latium à tourner leurs armes
vi&prieufes contre la Tofcane, qu’ils formèrent
de leurs nouvelles con quêtes Ja tarer.tine & celle
qui eft nommée arnienfis.
La tarentine éroit fituée dans la Tofcane, mais
on n’en fait au jufle ni la fltuation ni l’étymologie^
L’arnienfis tiroit fon nom de I’Arne jufqu’où les
romains avoient pour lors étendu leurs conquêtes.
Ce fut au refle l’an 453 , que ces deux tribus furent
établies. .
Enfin c’eft chez les fabins qu’écoient fir.uics les
deux dernières tribus que les confuls inftituerent,
favoir la véline & la quirine , dont l’une tiroit fori
nom du lac Vélin , qui eft à cinquante milles de
Rome , & l’autre de la ville de Cures , d’où ‘ les
Romains tiroient aufli leur nom de Quirites, &
ces tribus ne furent même établies que long-temps