
p o è te s , nous réunifions mieux d a n s les f ix io n s que
d a n s les v é rité s . »
C’étoit fe tirer avec efprit d’un reproche affez
grave, & en mériter encore mieux un autre qu’on
lui a fait auflî en rapprochant fes divers auvrages,
c'eft qu’ayant vécu fous un giand nombre de ctfr*
férens princes, il les a tous flattés plus qu'aucun
poëte n’a jamais flatté les fouverains, & qu’il a
toujours flatté le fouyerain vivant aux dépens des
prédécefleurs. Dans fes oeuvres , Jacques I eft le
plus grand des rois, W a lle r n’en avoit pas vu d’autres;
mais à peine Charles I , lui fuccède qu’il l’efface ,
Cromwel eft encore plus grand qu’aucun d’eux, &
en cela, quoi qu’en ait dit W a lle r à Charles I I ,
il y avoit de la vérité. A peine ce Charles II, eft-il
iétabli fur le trône, que le voilà qui éclipfe le protecteur
, & c’eft encore le fens du mot de w a lle r y
enfin Charles II eft lui-même éclipfé par Jacques II, !
fpn frère*, qui afîurément n'éclipfa perfonn e. Cette
versatilité ôbféquiëufe eft une petite tache , & peut- i
être une tache non petite à la réputation de probité
dont w a l le r a joui, d’ailleurs, dans un.degré dif-
îingué ; elle diminue le mérite du zèle avec lequel
il avoit embraffé d’abord la caufe de Charles I , au
pouvoir duquel il voulut réduire en 1645, la ville
& la tour de Londres, Ce projet ayant été dépouvert
& prévenu, ce fujet fidèle fut traité en coupable,
mis*en prifen, condamné à une giofïe amende. Des
qu'il eut obtenu fa liberté , il pafa en France où
il vécut long-temps heureux & tranquille, loin
des orages, au fein des lettres. Il revint cependant
en Angleterre peuflant le protectorat , &
comme on l’a vu, il flatta le protecteur, qci voulut
bien l’accueillir, & flatta encore plus, après la révolution
,.Charles II qui l’accueillit encore mieux,
& qui avoit plus de goût pour l’tfprit & les ralens. Il
vécut beaucoup dans la fociété d® Saint-Evremont
& de la ducheffe de Mazarin, & de tout ce qu’il y
avoit de poli & d’aimable à cette cour de Chartes II,
la plus fpiiitueUe & la plus favorable aux fciences
Çt aux beaux arts qu’il ait y eu en Angleterre.
La plupart des ouyrages de w a l le r roulent principalement
fur l’amour & le plaifîr , auflî l'a-t-on
appellé l'Anacréon Anglois. Dans fa vieillpfle , il
fit quelques poéfîes pieufes, entre autres un poeme
fur l’amour divin. Sans êtie dévot, il ne goutoit pas
cette liçqnce des opinions qu’il voyoit établie à la
eour dé Charles IL Au milieu de cette cour incrédule
, il s’éleva contre le duc de Buckingham qui fe
piquoit de prêcher l’athéïfme. M ilo rd , lui dit-il un
jour, je fuis beaucoup plus âgé que vous, j'ai entendu
plus ope vous,çe tous le$ argu mens qu’pn croit favo-
>, râbles à l’athéïfme ; j’ai eu plus que vous Je temps
» & les moyens de recpnnpître que ces argumens ne
p prouvent rien , & je puis vous répondre qu’avec
p le temps vous peuferez comme moi, qu’il n’eft
pas auflî aifé d’être Athée qu’on le gefffea & que
certaines gens le yqudroiçnjt
Ce mot fait fouvmir de ces gens dont parle M o*h
tagne j qui tâchent d être pires qu’ils ne peuvent,
W a lle r étoit né en ï6oy , d’une famille riche;
M. de Voltaire remarque encore à fa louange , que
né à la cour avec foixante mille livres de rente , il
n’eut jamais ni « le fot orgieil, ni la nonchalance
d’abandonner fon talent ».
Il ne penfoit pas, comme le difoit Horace, qui
ne le penfo it pas non plus :
Quod non défit habentern
Q ua p oterunt unquam f a t i ' expurgare clçutoe
•Ni m elius d o rmir e p utem , quàm fc rïbere verfûs ?
w a lle r mourut en 1687,
WALLIS (Jean) ( hifi. l i t t . mod. ) célèbre mathématicien
Anglois , l’un des premiers membres
de la fociété royale de Londres & qui contribua
beaucoup à l’établiflêment de cette compagnie. Né
en 1 £ 16, à Ashfort dans la province de Kent, il
fut d’abord miniftre de quelques églifes ; mais c’é-
toit aux mathématiques à le fixer & à décider de
fon état, il eut en 164«? , la chaire de profeffeur de
géométrie à Oxford. Il réfolut les problèmes de la
cycloïde propofés par Pafcal ; il fe fîgnalapar diverfes
découvertes, les unes de fimplefpéculaîion, les autres
d’une utilité pratique & fenfible ; il eft au nombre
de ceux qui ont inventé des métuodés pour faire
entendre 5c parler les fourds & muets. Il eft auteur
d’un traité général d'arithmétique, d’un traité particulier
de l’arithmétique appliquée aux enfans, ouvrage
qui à conduit aux plus curieufes découvertes
en géométrie ; d’un traité des ferions coniques :
il a donné des éditions d’Archimède, du traité de
l’harmonie e Ptolémée ; des commentaires de Por-
phire fur l’harmonie j du traité de la dîftanee du
foleil & de la lune par Ariftarque-de Samos. Ce grand
mathéroaiicien, fans jamais être infidèle aux ma-
•thématiques, fe permit quelques incurflons dans
des genres différent. Il excelloit dans l'art du déchiffrement
; ce n’étoit prefque pas fortir de fon
1 genre, les chiffres font une efpèce. d’algèbre. Il
rendit par ce talent de dé chiffrer, de grands fer vices
à l’éledeur de Brandebourg , qui en 1693 , lui en-
vova par rrconnoiffance , une chaîne d’or avec une
méda'lle. On a encore de W a llis une grammaire An?
gîoife ; divers écrits polémiques contre le fameux
Hobbes; & quelques traités de. rhéologie, Il pouffa
loin fa carrière, ü vit prefque tout fon ffècle & il entama
le fiècle fuiyant. Il mourut à Oxford , qn 1703 ,
à quatre - vingt fept ans , ayant joui dç la vieilleife
la plus faine la plus hqureufe.
Wallis. ( lecomte de ) ( hifi. mod. ) -croît un des
généraux de l’empereur Charles VI. Ce prince qui
fort oit peu de fa cour & qui connoiffoit peu fes gé-;
néraux , étoit fujet à prendre contre eux des préventions
fut la foi de fes mittiftres ; on lui en infpirrr de
juftes ou d'injuftes contre le comte dç w a llis , il 1?
f AL
fit mettre en prifon , ainfî que le général Neupçrg
pu Neipcrg & le général SeckendorfF; ils y étoïent
à la morc.de l’empereur^ Chaules VI; l’impératrice
reine fa fille les mit tous en liberté. M. de Voltaire
parle de ce comte .de W a llis dans fon. ode fur- la mort
de l’cmpéreur Charles VI , ode très-belle , quoi
qu’on en dife, pleine d’une philofophie très-faine
& d’une harmonie impofante dans le genre de Malherbe.
Qu’Eugène crifanglanta de fes mains triomphantes,.
Conduit de fes germains les nombreux arméniens,
Et rafermit l’empire
De qui la^glo:re expire
Sous les fiers ottomans !
S’il n’avoit pas langui dans fa ville allarmée,
Redoutable en fa cour aux chefs de fon armée,
Puniffant Tes guerriers par lui-même avilis ;
S’il eût été terrible
Au fulcan invincible,
Et non pas à Wallis. \
WALLIUS ( Jacques ) ( hifi. l i t t . mod. ) jéfuite
flamand, né à Courtrai en 1 5 9 9 , mort vers l’an
168O, eft connu des favaris, & même affez dtftingùé
parmi les poètes latins modernes.
" WALON, f. m. ( h ’>fl. m o d .) efpèce d’ancien
langage gaulois que parloient les Wallons ou les ha-
bitans d’une partie confidétable des Pays'-bas françois
& autrichiens , favoir ceux des provinces d’Artois ,
de Hairiault, dé Namur, de Luxembourg & d’une
partie de la Flandre & du Brabant.
On croit que le tv a llo n a été le langage des anciens
gaulois & celtes.
f Les romains ayant fubjugué plusieurs provinces de
la Gaule , ils y établirent des préteurs, des procon-
fuls & d’autres officiers politiques , ; Icfquels y admt-
niftroient la jufticç en langue latine : ce qui donna
occafion aux naturels du pays de s’appliquer à la
langue de leurs vainqueurs, & de mêler ainfî avec
leur propre langue un grand nombre de mots & de
phrales latines; de forte que de ce mélange dé gaulois
&dc latin , ilfe forma un langage nouveau que l’on
appella roman, par oppofmon au vieux gaulois qu’on
parloit dans fa pureté primitive , & qu’on appeloit
w a lo n . Cettediftiniftion s'eft tranfmife jufqu’à nous;
car les habitans de certaines provinces des Pays-bas
difent qu’en France on parle roman , & que pour eux
ils patient w a lo n , lequel approche davantage de la
naïveté des anciens gaulois. ( A . R . )
WALPOLE, (Robert) ( hifi. l i t t . d'Anglet. ')
Il faut bénir la mémoire des nuniftres pacifiques Sc
H f io ire . Tome V .
f AL 625
regretter à jamais .ce tems où il y avoit entre, Robert
W a lp o le \ & lé cardinal de Fleury V anè ttiinte
confpiràtioti pour maintenir, en paix la Bïauce 8c
l’Angleterre , & pair elle l’Europe , prefqu’e it'èrel
wà lp o lé fut pendant vingt ans miniftre principal
d'Angleterre, fous les rois'Georgé I & George-. IL
C’étoit fur le commerce & non fur la guerre qu’il
voùloit fonder la puiffancc de fa nation, &ÿaihâis
miniftre ne l’avoit rendue fi heureufe ni fi floriff=nt,e.
Nous ne dirons pas qu'il la rendit vertueufev car
on. l’accufoit de la corrompre , ;e’efl:-à dite d’achetée
les fuffrages du parlement; il ne s’en cachoitmêmc
point. IL y a , difoit.-il., en fty le. pur & f\ Tjplef,;
i l y a une drogue avec laquelle on adoucit toutes -les\
mauvaifes humeurs: elle ne f e vend ic i que dans ma,
boutique. Il eft fâcheux quïi faille tromper & corrompre
les hommes pour les amener à être figes 6c
heureux ; mais fi on y parvient, même par cette
voie , la fin femble demander gracepour les moyens.
Au refte w a lp o le même avec f a drogue, ne croyoic
pouvoir gouverner les Anglois qu’en tems de paix.
Je réponds, difoit-il , d'un parlement en tems de
p a i x , j e n ‘en répondrois p a s en tems de guerre. On
dit, ou plutôt on difoit en Angleterre que cet amour
delà paix & cette horreur de la guerre donnoient fur
lui-un grand avantage au cardinal de Fleury , 6c
que le miniftre françois cooferva toujours Ia fupé-
rioritédans les négociations. On difoit en France, ail
contraire, que le cardinal avoit encore plus peur de
la guerre que W a lp o le , & il achetoit la paix en
payant des fubfides à diverfes puiflances. Ainfî W a lpole
donnoic à fa .nation l’argent de fa nation pour-
l’engager à vivre en paix & à profpérer;. le cardinal
de Fleury donnoit l’argent de la France aux nations»
étrangères , pour n être pas forcé d’en, dépenfer da-i
' vantage en s’engageant dans une guerre,. Entre ces
deux divers moyens de remplir le même objet, c’eft-
à-dirc.d’entretenir la paix & d’écarter ,1aguerre t il
nous femblç^que l’avantage eft du c o té f it lV a lp ç le . ,
Lorfqu’à l’occaficn de la mort de l’euip.ereur
Charles VI, l’Europe ennuyée de ion bonheur £
voulut rentrer en guerre malgré Fieu.-y & Walpole j
en France on arma l’amour oonire la iVieillefle du
cardinal de Fleury » contre le refpetft 6ç la.;recon-
noïffance duToipoar fon précepteur & fon. miuiftre.,;
& la gvierre fe fit, parce que madame de Château-
roux le voulut & qu’on le lui fit vouloir. :Ea Angleterre
Robert Walpole vit bien quç. foa.rjÇgnQfétpit
paffé , que l’efprit de guet- e avoit fai fi eotnpart
iotes ; le roi Je fit pair. d’Àngieteri e, tous r titre
de comte d'Oxford , & trois jours après il. Te démit
de tous fes emplois. On lepourfuivit.alors jutidique--
mént; on lui demanda compte de .lornmes dépeniées
pendant dix ans, pour ce qu’on appelle le fcrv icc
' J'ecret, dans lefquelles entroient, difoit - on, des
fommes très-fortes données àdes gàzetiersScà d’autres
écrivains vendus au miniftre, & voués à l’éloge-du
miniftère. Des politiques févères demande-tont s’il
faut qu’il y ait un fcrvice fecret : fi ce n’eft pas eu-
K k k k