
$ 8 S O C
jeuffe été plus févere , dit-il s'il avoit outragé la
patrie.
Dans une diète, ij échappa , un jour, à Sobieski
un mouvement d’impatience contre un eccléfiaftique,
Chancelier de la Reine , qui, par l’ordre de la Reine
elle-même, venoit l’importuner de demandes qu’il avoit
déjà refufées : f i votre Majejlé oublie que je fuis prêtre,
lui dit le Chancelieroffenfé, quelle fe fouvierme du
moins que je fuis Gentilhomme, I l me fujfit que vous
foye^ homme , reprit le Roi , avec une modération
héroïque, je fins mon tort, vous rîaure£ plus &
yous plaindre de moi.
La vie de Sobieski eft remplie de ces fortes de
traits ; il mourut d’apopléxie, le 17 Juin 1696, la
foixante - fixième année de fon âge, & la viçgt-
troifième de fon règne* Un f i grand Roi ne devoit pas
mourir, dit Charles XII, en apprenant cette nouvelle.
Jean Sobieski avoit époufé, avant de monter for le
iTrône, Marie Cafimire de la Grange d’Arquien, veuve
de Radziwil, Palatin de Sendomir, & fceur de la
Marquife de Béthune. On accufa Sobieski , devenu
R o i , d’avoir aimé fa femme jufqu’à la foibleffe , Sc
de lui avoir donné trop de part aux affaires.
Il en eut deux fils qui vécurent;le Prince Jacques-Louis
-& le Prince Alexandre : on l’accufa d’avoir cherché
à procurer leur élévation par des moyens que les loix de
Ja république réprouvoient.
Tous les reproches que la nation Polonoifè , qui
31e connoit point de Rois irréprochables , a faits à
Sobieski , font d’avoir été trop bon mari Sc trop
$>on père.
Il eut auffi une fille', Thérèfe-Cunégonde Sobieska,
fjui époufà, en 1694, l’Eleéleur de Bavière, & fut
fnère de l’Empereur Charles VII.
Le nom de Sobieski eft éteint ; mais Jacques-Louis
a laiffe entr autres enfants, deux filles, dont l’une,
Marie-Charlotte a été mère de M. le Duc de Bouillon
d’aujourd’hui ; l’autre, Marie-Clementine ,a époufé à
Rome, le 3 Septembre 1719 , le chevalier de Saint-
George & a été la mère du prince Edouard Stuart,
j6c du Cardinal d’Yorck.
L’abbé Coyer adonné en 17 6 1 , l’hiftoire de Jean
gobieski, Roi de Pologne.
SOBQRMA ULLOSIENIA, (Hifi. mod. Jurifpr.)
«’eft ainfi que l’on nomme en Ruflie le corps de loix,
ou le code d’après lequel on juge dans les tribunaux
tous tes procès & conteftations. qui s’élèvent entré
îes fojets de l’empire. { A . R .}
SOBRINO, (François) (Hifi. lin. 'mod. ) auteur
d’un dictionnaire François & Efpagnol, & d une
grammaire Efipagnole.
SOCIÉTÉ d’Edimbourg > eft le nom d’une académie
de médecine , établie dans cette Capitale de
l’Ecoffe. Elle a publié des mémoires eftimés, dont
plufieurs volumes font traduits en françois.
Société, royale de Londres , (Hifi. des acad*
mod. ) académie de favans , établie à Londres pour
la culture des arts & dés feiences.. Voici ce qu’en
dit M. de Voltaire.
-Quelques philofophes Anglois, fous U fombre ads
o c
' miniftration de Cromwel, safiemblèrerfl pour chercher
en paix des vérités , tandis que le fanatifma
opprimoit toute vérité. Charles II. rappellé for le
trcne de fes ancêtres par L’mconftance de fa nation*
donna des lettres patentes en 1660 , à cette académie
naiffante ; mais c’eft tout ce que le gouvernement
donna. La Jbciété royale , ou plutôt la fociété
libre de Londres , travailla pour l’honneur de travailler.
Ses travaux commencèrent à adoucir les moeurs l
en éclairant les efprits. Les Belles-lettres renaquirent
Sc fe perfectionnèrent de jour en jour. On n’a voit
guerre connu , du temps de Cromwel, cfautre littérature
que celle d’adapter des paffages. de l’ancien
Sc du nouveau Teftament aux diffenfîons publiques;
On s’appliqua , fous Charles I I , à connoître là nature
, & à foivre la route que le chancelier Bacon
avoit montrée. La fcience des mathématiques,
fut portée bien-tôt à .un point que les Archimèdes
n’avoient pu même deviner. Un grand homme , un
homme étonnant, découvrit les loix primitives dea
la conftirution générale de l’univers ; & tandis que
toutes les autres nations fe repaifToient de fables, les.
Anglois trouvèrent les plus foblimes vérités. Les
progrès furent rapides & immenfes en 30 années :
c’eft-là un mérite , une gloire qui ne pafferont
jamais. Le fruit du génie Sc de l’étude refte ; & les
effets de l’ambi ion & des pallions s’anéantiffenr avec
les temps qui les ont produits..
Enfin i’efprït de la nation angloife acquit , fous
le règne de Charles II , une réputation immortelle
quoique le gouvernement n’en eût point. C’eft du
fein de cette nation favante que font forties les
découvertes fur la lumière , for le principe de la
gravitation , fur 1 aberration des étoiles fixes , for .
la géométrie tranfeendante , & cent autres inventions
qui pourroient à cet égard ,. faire appeller le xv-ij*.
fiècle , le fiecle des. Anglois , auffi bien que celui
de Louis XIF.
M. Colbert , jaloux de cette nouvelle gloire des
Anglois, voulut que les François la partageaffent 5
& , à la prière de quelques favans r il fit agréer au
Roi ï’établiffement d’une académie des feiences. Elle
fut libre jufqu’en 1699, comme celle d’Angleterre
mais elle n’a pas conlèrvé ce précieux avantage.
Au refte * le doâeur Spratévêque de Rcchefe
ter a donné l’hiftoire détaillée, de la Jbciété royale des
Londres ; & comme cette hiâoire eft traduite enfran»
çois, tout le monde peut la confolter. ( D. J. )
Comme plhfieurs favans défirent d’être admis
dans ce fie fociété , fans, en connoître les loix.
actuelles., nous inférerons ici le réglement fait à ce
fojet , le 6 Février 1.7.6.61
u On ne poura élire aucun étranger , qu’après.
avoir préalablement, fix mois à l’àvance , préfenté-
au préfident de ladite fociété, en pleine affemblée
un certificat en fa faveur , figné du moins par trois,
membres domeftiques , & par trois membres étranger?*.
Ledit certificat fera, affiché dans la falle d’ajTem»
s o c
blée, depuis le 30 Novembre jufqu’au 30 mai ; St
les candidats feront propofes dans les feances de la
fociété pendant ce temps-la 9 auffi fouvent que le
jpréfident le jugera à propos.
Toutes les années, à la féance hebdomadaire qui
tombera au 30 mai , ou à celle qui foivra ce jour,
on réduira le nombre des candidats a deux , de la
manière foivante.
On donnera une lifte des candidats a chacun des
membres préfens à ladite féance ; chaque membre
marquera deux des noms de cette lifte, & l’on recueillera
les liftes ainfi marquées dans une boîte.
Après les avoir examinées , l’on propofera pour
l’éle&ion les deux candidats qui fe trouveront avoir
le plus grand nombre des fuffrages. Ce reglement
cependant n’aura- point lieu pour les princes étrangers
, ni pour leurs fils , non plus que pour les
etrangers qui , réfidant dans la Grande Bretagne ,
ou y ayant réfidé fix mois , defireront d etre admis
dans ladite fociété aux mêmes conditions que les
membres domeftiques , en payant les frais de l’ad-
miflion, & les autres frais indiqués par les réglements
de la fociété ». ( A A . )
Société royale des Sciences , c’eft fous ce
ifom que Louis XIV. fonda, e n 1706, une académie
à Montpellier. Le? motifs qui l’engagèrent à
cet établiffement, furent la célébrité de cette ville ,
fa fituation , la température & la fërénité de l’air ,
qui mettent en état Se faire plus facilement qu’en,c -
■ aucun autre endroit, des obfervarions & des recherches
utiles . & curieufes ; le nombre des favans qui
y accouroient de toutes parts, ou -qui s’y formoient
dans les différentes feiences , & fur-tout dans une
des parties la plus importante de la Phyfique. Le
roi , pour exciter davantage l’émulation des membres
qu’il y nomma , voulut que la fociété royale des
feiences demeurât toujours fous fa proteâion , de
la même manière que l’académie royale des feiences ;
qu’elle entretînt avec cette académie l’union la plus
intime , comme ne faifant enfemble qu’un feul de
même corps ; que ces deux académies s’enverroient
réciproquement un exemplaire de tout ce qu’elles
feroient imprimer en leur nom ; qu’elles fe charge-
roient auffi mutuellement d’examiner les matières
importantes ; que leurs membres euftent feance dans
les aiemblées de l’une & de l’autre; que la fociété
royale des feiences enverra toutes les années une
des pièces qui y feront lues dans fes affemblees ,
pour être imprimées dans le recueil des mémoires
de l’académie royale des Sciences, &c. Lettrespatentes
& flatuts donnés au mois de Février
1706.
Cette fociété n’a rien oublié pour répondre dans
tous les temps aux vues Sc aux bontés de S. M. ;
toutes les feiences y ont été cultivées avec beaucoup
de zèle Sc de fuccès ; & quoique la Médecine
foit la fcience favorite de cette ville qui a été
fon berceau Sc fon premier afyle en France , Si
quoiqu’on s’y applique avec un foin particulier aux
objets qui 1 y font relatifs, il ne laiffe pas d’y avoir
s o c $ 9
des perfonnes très-diftinguées dans les autres parties
de la Phyfique & les Mathématiques, On pouri c£t
en voir la preuve dans plufieurs articles de ce dictionnaire.
SOCIN , ( voir les articles Gentilis ) Martyr
( Pierre ) & Pauli ( Grégoire ). Ces divers per-
fonnages furent les Apôtres du focinianifme , & ce
furent les Socins, oncle Sc neveu , Lé]io & Faufte,
qui donnèrent leur nom à cette Sséte. Elle étoitune
branche de la réforme : Lélio Socin alla prêcher fa
do&rine en Suiffe, il penfa être pendu à Zurich*
où il mourut pourtant de fa mort naturelle en 1572.
Il étoit né à Sienne en 152:5.
Faufte Socin , neveu de Lélio, fit ce quê fon
oncle avoit prévu Sc défîré , il étendit beaucoup le
focinianifme , qu’il alla auffi prêcher en Pologne , où
il mourut en 1604, âgé de foixante-cinq ans, dans
un Bourg à trois lieues de Cracovie. ( Voye£ à l’article
Pauli- (Grégoire), les deux vers latins qu’on mit;
fur le tombeau de Faufte Socin.
SOCRATE , ( Hifi. anc.j ce Philofophe , le
plus fage des hommes & le plus vertueux , n’a
laiffe aucun écrit ;, c’eft par ceux de Platon Sc de
Xénophon qu’il eft connu. Il naquit à Athènes l’a«
471 avant J. G. Sophronifque , fon père, étoit.
fculpteur ; Phénérète, la mère , étoit fage-femme. Les
profeffions même de fes parents fourniffoient à Socrate
des comparaifons Sc des idées philofophiques ;
il faifoit allufion à l’état de fon père, lorfqu’il s’éton-
noit que tandis qu’un fculpteur appliquoit tout fort
efprit à rendre une pierre brute femblable à un
homme, un homme fît fi peu d’efforts pour n’être
pas trop femblable à une pierre brute : il fe fou-
venoit de la profefûon de fa mère , lorfqu’il fe di-
foit l’accoucheur des efprits, Si lorfqu’il fe piquoit de
leur faire produire au dehors, toutes leurs penfées ;
c’étoit en effet le grand talent de Socrate. Il avoit
une manière fine Sc adroite de cacher, pour ainfi
dire, la marche de fes raifonnements, & d’amener par
une fuite d’idées (impies , claires Sc inconteftables
ceux contre lesquels il difputoit, à convenir avec lui
des idées auxquelles ils paroiffoient Sc fe croyoient
d’abord le plus oppofes. Il droit ainfi du fond de leur
ame des fentiments qui s’y trouvoient à leur infçu
Sc qui confondoient tous leurs préjugés. Ce n’étoit
pas lui qui les réfutoit , il faifoit plus , il les for-
çoit à fe réfuter eux-mêmes. Pour lui , il avoit feulement
Pair de les interroger , de chercher à s’inftru'rre
j avec eux Sc par eux , de leur propofer modeftet
ment fes difficultés & fes doutes , en leur montrant
d’avance , l’espérance & le plaifir de les voir,
réfolus. Ses adverfaires, qui ne croyoient pas f'être,
& qui fe croyoient au contraire fes maîtres , lui
faifoient avec confiance tous les aveux que fes quef-
tions rendoient néceffaires , ils ne s’appèreevoient
pas des avantages qu’il prenoit fur eux , à chacune
de leurs réponfes , Sc du rapport éloigné qu’il
fe ménageoit , entre ces aveux , \§c le but où il
Vouloit les amener. C ’eft principalement dans cet
art que cetiz Ironie fi yantée de Socrate, âç