
Ï703 5 & de qui on a encore le maître en chirurgie 3
eu la chirurgie de Gui de Chauliac.
VERGER DE HAURANNE , ( Jean du )
( hiß. litt, rriod. ) abbé de faint Cyran, un des apôtres
du janfenifme, ami de Janfénius , & dont les
plus grands -hommes de Port Royal, les Arnauld ,
les Kiicole , les Pafcal, faifoient gloire de fe dire
les difciples. Les jéfuites & les dodëurs moliniftes
lui ont attribué beaucoup d’erreurs, & ont voulu
le faire palier pour hérétique. Le P. Bouhours,
qui 11’etoit pas théologien & qui ne s’occupoit
guère que des erreurs relatives à la grammaire &
au goût 3 Ta aufïi attaqué avec les armes, qui lui
étoient propres, il a voulu le faire paffer pour un
mauvais écrivain. Dans fa maniéré de bien penfer
fur les ouvrages d’elprit, il cite des fragmens des
lettres fpirituelles de l’abbé de faint Cyran comme
des modèles de mauvais ftyle, de galimathias , d'enflure
, d’obfcurité. Ces morceaux . ainfî détachés
paroilïent à la vérité, fort ridicules , mais fans
compter ce qu’ils peuvent perdre à être ainfî tirés ,
de leur place & féparés de ce qui précédé & de ce
qui fuit, fans compter que des lettres laiffent fup-
pofer dans ceux qui les reçoivent des moyens d intelligence
qui leur font particuliers > il y a bien
peu de d.élicatefîe & de bienféance à prendre ainfî
chez fes ennemis les exemples du mal , comme
chez f s amis les exemples du bien ; fur-tout dans
un livre d’inftruftion, où les préceptes & les exem- ;
pies doivent être au-deffus de toute contradiction
& de tout foupçon, & par conféquent n’être choifîs
ni par l’amitié ni par la haine : c’ eft décréditer
fes oracles que de leur donner ainfî un motif fuf-
p e â , c’eft aller contre fon but. Le Petrus Aurélius
de l’abbé de faint Cyran , qui fut imprimé fous la
protection du clergé de France & fupprimé pour
un tems par les jéfuites, fit beaucoup de bruit dans
le tems ainfî que les autres écrits polémiques de
l ’abbé de faint Cyran contre le P. Garaffe & beaucoup
d’autres; perfonne aujourd’hui ne les li t , pas
même les jan lénifiés les plus zélés. Il n’y a qu’un
fecret pour être lu toujours ou du moins long-tems,
" e’eft d’écrite des chofes toujours utiles. Le cardinal.
de Richelieu , moitié pour des raifons de janfé-
nifme, moitié parce que l ’abbé de faint Cyran
n’avoit pas voulu fe déclarer pour la nullité du mariage
de Gallon d’Orléans avec Marguerite de Lorraine
exerça fur lui fa tyrannie & le fit enfermer
en 1638 , il ne fort t de fa prifon qu’après la mort
du cardinal, & ne jouit pas long-tems de fa liberté,
car il mourut à Paris en 1643 , l ’année même où
il l’avoit obtenue. 11 étoit né en 1581 à Bayonne
d’une famille noble.
VRRGER ou VERGERIO , (PierrePau!, évêque
de Capo d’ Iftriâ, & Jean Baptifte, fon frère, évêque
de Pola dans l’ lftrie ) ( hiß. du Luth eràn. ) Sous le
pontificat de Clément VII & de Paul III le lu-thé-;
ranifme faifoit des progrès rapides/dans toute l’Eu- ,
rope, l’Italie même n’avoit pu s*en garantir j les
allemands y avoient porté à plufieurs reprifes l’erreur
avec la guerre, Clément V i l par un bref exprès
échauffa le zèle des inquifîteurs contre ces hérétiques
d’Italie. Paul III donna un bref pareil à l’oc-
- cafîon du progrès de l ’héréfie dans Mantoue. Rien
n’irrita tant ce Pape que la défeftion du nonce
Verger, évêque de Capo d’iftria ; cet homme employé
en différentes nonciatures dans l’Allemagne,
avoit conféré avec Luther & n’étoit point devenu
luthérien , on lui avoit refufé le chapeau de cardinal
, & il n’étoit pas encore devenu luthérien ;
mais attribuant ce refus à quelques foupçons répandus
fur fa fo i, il voulut les difïiper en écrivant
contre Luther ; il fe mit à étudier la controverfe,
& le fruit de cette étude fut de juger que Luther
avoit raifon , du moins fi l’on en croit les protesta
ns , qui ne veulent pas devoir ce profélyte au feul
dépit d’avoir manqué le chapeau ; Verger fit parc
de fa découverte à l’évêque de Pola , fon frère, qui
s’en moqua d’abord & qui finit par penfer^.comme
lui ; ce qui acheva de les attacher à ce nouveau
parti , ce fut la violence de l’inqaifîteur Annibal,
Grifon , qu’on envoya ravager leurs diocèfes.
« Malheureux, crioit aux peuples ce fanatique,
» tous les fléaux du ciel vous accablent ou vous
w menacent. Vous tremblez pour vos beftiaux ,
» pour vos moiflons , pour vos vignes , pour vos
•*> oliviers , & vous ne lapidez pas vos évêques
hérétiques avec leurs fedateurs 1 vous ne détour-
» nez point la malédidion par ce jufle facrifice 1 «
Verger y pour échapper à fa fureur, alla fe faire
miniftre chez les Grifons dans la Valtelîne en
Allemagne. 11 mourut à Tubingue en i f é f . Un
de fes parens, nommé comme lui Pierre Paul Verger
ou Vergerio , né à Capo d’iflria , mort vers
l ’an 143 1 eft auteur d’une hiftoire des princes de
la maifon de Carrari 3 publiée par Muratori , rcme
X V I e. de fa grande colledion dés écrivains de
l’hiftoire d’Italie. Il eft auteur aufïi d’un traité
. dé ingetluis moribus & liberali bus adolefceritiA
fiudiis.
Dans les lettres du mois de mars I *4? , énre-
giftrées au parlement le 22 du même mois, par
lefquelles François I donne aux profefïèurs royaux
le droit de committimus , il eft parlé d’un Angelo
Vergerio ou Vergecio , qui a le titre d5écrivain en
grec. G’étoit un grec né dans l’ifle de Candie , &
qui étoit venu vers l ’an 1 ?4° à Paris , où fon
écriture grecque fut trouvée fi belles qu’elle fervit
d’original à ceux qui gravèrent les caradères de
cette langue pour les impreflîons royales focs
François I. Chevillier parle de ces belles lettres
qui furent fondues dans les matrices que François l
avoit fait frapper. Nous apprenons de Jacques du
Breul, dans fes antiquités de Paris, que ce Verger
ou Vergèce , qu’il appelle écrivains du roi en lettres
grecques , avoit quatre cent cinquante livrés
tournois de gages afiignés à l ’épargne. Ç ’ctoieiit
les mêmes appointemens que ceux des ledeurs &
profeffeurs royaux. _ .
t VÉRGI , ( hifi. de Fr.) c’ eft le nom d’une des
plus illuftres & des plus anciennes maifons de la
Bourgogne , le titre de Sénéchal de Bourgogne
étoit héréditaire dans là branche aînée de cette
’ maifon ; elle tiroit fon nom du château de Vergi
qui fut ruiné en 1609,
1°. On voit dès le milieu du XIIe. fiècle les
papes Eugène III & Anaflafe IV mettre l’abbaye
de Vezelai fous la protedion de G u i, feigneur de
Vergi, qui vivoit encore en 1104.
2,°. Hugues, feigneur de Vergi , fon fi.lsi,.,fit la
guerre en 1184 au duc de Bourgogne Hugues III.
Il accompagna Philippe Augufte à la croîfade &
fe diftingua au fîègc d’Acre ou Ptolémaide en
1191. Il étoit mort en 1202.
30. Jean de Vergi> IIIe. du nom, dit le-Grand3
fut envoyé en Turquie, après la-bataille de Nieo-
polis pour négocier la liberté de Jean, comte de
Nevers , qui Tut dans la-fuite le cruel Jean, duc de
Bourgogne ; il fe fignala l’an 1408 dans un combat
contre les Liégeois & mourut le 1? mai 141b.
A cette même bataille de Nicopolis , livrée en
1396 y périrent deux frères de la maifon de Vergi,
lavoir :
4°. Guillaume de Vergi ,
j 0. & Jacques de Vergi , feigneur de la Fauche ,
tpus deux fils de Jean III.
6•. Jean de Vergi, IV e. du nom , fils de Guillaume
, fut un des feigneurs Bourguignons qui
accompagnèrent ce même duc de Bourgogne, Jean
le cruel, mentionné dans l’atticle 3 j à cette fatale
entrevue du pont de Montereau-Faut-Yonne où il
fut tué.
7°. Antoine de Vergi, comte de Dammartin ,
maréchal de France , étoit oncle de Jean IV &
frère de Guillaume & de Jacques. Il étoit chambellan
du duc de Bourgogne Jean ; il lui rendit
beaucoup de fervices dans la fatale querelle des
armagnacs & des bourguignons , il l’accompagna
'auffi au pont de Montereau le 10 feptembre 1410,
& il fut blelTé & fait prifonnier en voulant défendre
ce prince. En 1420, il fut nommé maréchal
de France par le roi d’Angleterre Henri V ,
alors véritable roi de France fous le titre de régent
, qui lui avoit été conféré par le traité de
Troyes. Ce fut le maréchal de Vergi qui gagna, en
I413 , contre Charles VII la bataille de Crevant
près d’ Auxerre. Le duc de Bourgogne, Philippe le
Bon , fils de Jean , allié des Angiois , a y a n t pris
parti pour Antoine de Vaudemont contre le roi
René , dans la querelle pour la fucceflion de la
Lorraine, le maréchal de Vergi aftiûa, en 1431,
à la bataille de Buflegnevil.le, où René fut vaincu
& fait prifonnier. Il mourut le 2,9 octobre 143.9..
8°. Dans la branche des feigneurs d’Autrei ,
Jean de Vergi. Celui-ci fervit aulfi le duc de
Bourgogne Jean , dans la querelle des armagnacs
& des bourguignons, il le Cuivit en 1417 à l’entre-
prife fur Paris ; il fut un des feigneurs bourguignons
qui jurèrent Foblervation du traité conclu
entre le dauphin & le duc de Bourgogne le i ,t juin
1419'. Il fuivit auffi le duc de Bourgogne à l’entrevue
de Montereau il fu t, dit-011, tué avec -lui
par les amis du dauphin ; ce qui eft contraire au
récit de la plupart des hiftoriens, qui difent, qu’il
n’y eut que Noailles tué à Montereau avec le duc.
99. Dans la branche des feigneurs'de Cham-
puant, Guillaume de Vergi, quatrième du nom,
fénéchal & maréchal de Bourgogne, fuivit & fervit
avec zèle Charles-le-Téméraire à la bataille de
Morat le 12 juin 1476. Après la bataille de Nancy,
où Charles fut tué & d’où Guillaume de Vergi
ramena cinq cens hommes de cavalerie, échappés
avec peine au défaftre de cette journée , il s’em-
prelfa d’offrir ce lecours & fes fervices à Marie de
Bourgogne , fille de Charles-le-Téméraire. Arras
fe défendoit contre les François , commandés par
du Lude , & demandoit du fecours à toutes les
villes voifînes , principalement à Douay > Vergi
s’offrit avec beaucoup d’ardeur à conduire fon
détachement de Douay,, où il étoit alors, dans
Arras ; mais joignant la prudence au zèle & au
courage } il propofa d’attendre la nuit pour y entrer
avec fureté. La bourgeoifîe de Douay , impétueule
dans fon .zèle , ignorant la guerre & bravant de
loin des périls qu’elle ne devoit point partager,
l’obligea de partir à l’inftant même, à midi. Vergi
fut forcé d’obéir, & cette imprudence eut le fuc-
cès qu’il avoit prévu. Du Lude , averti de là
marche, vint à fa rencontre avec des forces fape- _
rieures, tailla en pièces fon détachemen,t, & le
fit lui même prifonnier.
Louis X I , fenfible au mérite & fur-tout ardent
à recueillir le double avantage , d’en priver fes
ennemis & de l’acquérir pour lui-même , elfaya
d’entraîner Vergi fur les traces des. Comines & des
Defquerdes qu'il avoit déjà féduits ; mais Vergi
joignoit à des qualités héroïques un .grand attachement
à fes devoirs. Il refufa les offres les. plus
avantageufes. Louis admira & punit fa. probité.
Voyant que l’intrigue étoit inutile , il employa la
tvrannie. Vergi fut reffei ré dans une étroite prifon
, & même on pouffa l’indignité jufqu’à lui mettre
les fers aux pieds. On ne réuflit pas mieux.
Vergi avoit été incorruptible : il. fut inébranlable.
Un àn d’outrages'& de tou rmens n’avoit fa;t qu’af-
| fermir fa confiance. Enfin en effaya un artifice
plus puiffant. Sa mère eut la liberté de le voir,
dè pleurer à fes yeux, de l’attendrir fur fou fort;,
de lui peindre les malheurs de fa maifon, dpnt
. ^ P P a