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1697 '{ dans le diocèfe du Mans, mort à Paris ,!
en î 777.
TASSONI, ( Alexandre )( Hiß. litt. mod. ) favant
& poëte célébré : comme favànt, il eft peu connu;
peu de perfonnes lavent qu’il eft auteur d’une hiftoire
eccléfraftique, dans laquelle il combat fouvent Baronius;
mais c’eft par fon fameux poëme héroi-comique de
la Secchia rapita , qu’il eft fur-tout connu uès-avan-
tageufement : il rendit ridicule la guerre qui s’étoit
élevée entré les Modénois 8c les Bolonois , au fujet
d’un fceau enlevé. La petiteffe des objets* aide à
donner du ridicule aux guerres des petits états; on
ne lait pas que celles des grands états font au fond
aulli rdiciles qu’elles font funeftes ; au refte , il
eft toujours'utile' de cQuvrir de ridicule lés pallions
qui répandent la divifion parmi les hommes , & qui
produifent bu les guerres entre les états ou les procès
entre les particuliers ; ainfi, ce font non-feulement
des ouvrages agréables , mais des ouvrages
utiles que la Secchia rapita chez les Italiens, Hudibras,
chez les Anglois, le Lutrin-Ÿ 8ç dans un autre genre
plusvàfte 8c plus politique , la Satyre Ménippée chez
les François. On a' encore du Tajfionî, des obfer-
vations fur Pétrarque.
TaJJbni, néà Modène en 156 ƒ, étoit gentilhomme
ordinaire 8c eonfèiller d’état de François 1, duc de
Modène. Il mourut dans la cour de ce prince en
1635, Sa vie a été écrite par le favant Muratori.
T A S T E , ( Dom Louis la ) ( Hiß. litt. mod. )
Bénédiélin, évêque de Bethléem, en 1738 , mort
à Saint-Denis en 1734. 11 prit dans les difputes du
Janfénifme, un parti qui plut médiocrement à fes.
confrères ; il combattit le Janfénifme, il perfécuta
les Carmélites , dont il étoit vifiteur général, 8c qui
fe traitent affez rigoureulement elles-mêmes pour
qo’on doive*s’abftenir de les tourmenter pour leurs
opinions. Ses ouvrages font des lettres théologiques
contre les çonvujfrons & les miracles attribués à M,
Taris ; uneN de ces Jettres fut fopprimée par arrêt
du Parlement} des lettres contre les Carmélites de
Ja rue Saint-Jacques à Paris ; une réfutation des lettres
dites pacifiques. On peut croire que tous ces écrits
polémiques ne reftérent pas Jans répliques §c fans
Injures de la part des Janféniftes.
TATIEN , ( Hiß. EccUfiaßique, ) Syrien de naif-
fonce , élevé dans le paganifme , nourri des principes
de la philofophie Platonicienne , embrafla le Çhiif-
tianifme 8c fut difciple de Saint-Juftin ; il fît l’apologie
des chrétiens contre les Gentils , & cette apologie
exifte , mais il donna dans quelques erreurs , il devint
le chef de la feéfe des Ençratites ou Çontinens.
$ y a une lavante differtation de l’abbé de Longufrue,
for Tatien. Celui-ci vivoit vers la fin du fécond
fîècle.
T A T 1US , ( Hiß. Rom. ) Titus- Tatius étoit
roi des Sabins, & la ville de Cures étoit la capitale
de fon royaume, lorfque l’enlèvement des Sabines
fît naître la guerre .entre lui 8c Romulus:
T a v
Nec procul hinc Romani 6* raptas fine more Sabinas l
Concefiu cave<z , magnis Circenfilms aElis,
Addiderat , ,/ubitoque novum confurgere bellum
Romulidis - Tatioque fsni curibujque feveris.
Po(l iidem inter Je pofito eertamine Reges
Armati , jovis ante aratn paterafque tenentes
Stabant, G* ceefd jungebant feedera poreâ.
En effet, les Sabines, première caufe de la guerre
s’é;ant faites médiatrices de la paix entre leurs pères
& leurs mars, cette paix fut conclue, fous les conditions
fuivantes : « que Romulus 8c Tatius regne-
» roient enfembie à Rome avec un pouvoir égal ;
» que la ville déformais commune aux deux peuples,
» retiendroit fon premier nom de Rome , mars que
» fes habitans porteroient celui de Quintes, du nom
» de la ville de Cures, capitale des Sabins & patrie
» de 'Tatius ; que les deux peuples n’en fofmeroient
» plus qu’un ; que tous les Sabins qni voudroient
» aller s’établir à Rome, y jouiroient de tous l;s
» privilèges des anciens citoyens ; que cent des plus
» qualifiés d’entre les Sabins , entretient dans le
» fénat, déjà compofé de cent Romains.
Cette union des deux peuples fut formée là douzième
année de la fondation de Rome. Les deux, rois
régnèrent pendant cinq années allez tranquillement
comme ceux de Lacédémone , & fkns que le partage
ni la jaloufie d’autorité parût exciter le moindre
trouble. La ftxième année, c’ëft-à dire, la dix-huitième
de Rome , Tatius fut affaflïné , fans que Romulus
ait été foupçonné de vce crime, lui,que la mort violente
de Remus, fon frère . fembloit offrir natureller
ment aux foupçons :
Acerba fata Romanos agunt
Scelufque fratemee necis
Ut immerentis fluxit in terram Rend
Sucer nepotibus cruor.
Tatius fut tué par les habitans de Lavinie , pour
quelqu-s. dénis de juftiee , 8c pour avoir fait tuer
lui-même , très-injuftemént, des députés qu’ils avoient
envoyés demander réparation de violences exercées
contre eux, Romulus leur donna fatisfaélion for leurs
plaintes, 8c fe contenta d’honorer la mémoire de fon
collègue fans la venger.
TATIUS , ( Achilles ) ( Hifi. litt. ano. ) On Je
croit auteur du roman Grec , des amours de Leucippe
& de Clitophon, qui a été traduit en François par
Baudouin 8c par t^uperron de Caftera ; il a écrit
aufli for les phénomènes ,,d’A.ràtus , & ce qu’il a
écrit for ce fujet , a été traduit en latin par le P.
Petau , 8c imprimé en greç 8c en latin dans fon
Uranolôgium,
T A V ANNES, ( de Saulx ) ( Hiß. de Fr. ) illuftre
& ancienne maifon de la province de Bourgogne , qui
tire fon nom du château de Saulx, frt'ué à quelques
lieues de Dijon. Les comtes de Saulx étoient déjà de
très-grands feigneurs au commencement du douzième
fîècle.
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fîècle. Saint Bernard avoif des alliances avéc cette
maifon ; Belote de Fontaine fa nièce avoit époufé
Guillaume de Saulx , 8c avoit porté dans cette maifon
la terre de Fontaine. La charge de Grand-
Gruyer de Bourgogne étoit héréditaire dans la
maifon de Saulx dès le treizième fîècle.
Jean de Saulx, fèigneur d’Aurain., époùfa,, par
contrat du 18 Avril 1504 , Marguerite de Ta-
vannes f foeur & héritière de Jean de Tavannes ,
né dans le comté de 'Ferrette , en Allemagne, na-
turalifé en France en 1518. Ce Jean.de Tavannes
avoit amené d’Allemagne des fecours à François I ,
& ces fecours lui furent utiles en diverfes occa-
fions, nommément à Marignan. Le fameux maréchal
de Tavannes, Gafpara de Saulx, étoit fils de
Jean de Saulx & de Marguerite de Tavannes.
Il fut un des plus célèbres capitaines de fon
temps; mais il eut deux réputations, 8c la Saint-
Barthélemi lui en a donné une. qui ternit l’autre. 11
fut élevé page de François I , & fut pris auprès
de ce prince à la bataille de Pavie. Il fe fauva de
fa prifon, & fervit avec honneur dans la compagnie
des gendarmes de. Gali.pt de Genouillac ; il
fut enfoire lieutenant de celle du jeune duc d'Or*
léans, dernier fils de François. Il lui plut par fon
étourderie 8c ,fa bravoure téméraire; il fut, avec
le jeune Caftelnau, de toutes ces parties périlleufes 8c
noéïurnes, que»ce prince avmoit tant; il eut le bonheur
de n’en pas être la viéfime comme Caftelnau.
( Voy.i à l’article Orléans , l’article particulier du
duc d’Orléans, fils de François I. ) Il faifoit foixante
lieues en pofte , uniquement pour chercher un danger
8c une querelle contre des inconnus. Toutes leurs
folies n’étoiept pas héroïques ; ils fe permettoient
quelquefois des efpiégleries de bien mauvais goût ,
comme quand ils mirent pendant la nuit un pendu
dans le lit de la comteffe d’Uzès, qui , en fe. réveillant.,
le trouva couché à côté d’elle. Tavannes
étoit d’une agilité extrême ; il fauta un jour dans la
forêt de Fontainebleau d’un rocher à un autre, qui
ren étoit éloigné de vingt-huit pieds : mais ne parlons
que de fes exploits militaires. Il contribua en
1536 à la défenfe de .Foffan, places réduite à l’extrémité
par la trahifon du nnrquis de Saluces ; il
aida aufti à chaffer cette même année les Impériaux
de la Provence. En 1537 il contribua encore à la
défenfe de Térouane ; en 1542 il fe diftingua aux
fiéges de Damvilliers, d’Ivoy 8c de Luxembourg ;
en 1544 il fe fignala bien plus encore à la bataille
de Cérifoles. Telle eft la lifte de fes faifs d’armes
fous François 1.
Sous Henri I I , en 1554 , à la bataille de Renti,
ou ce prince commandoit en perfonne , Tavannes
égala la gloire du duc de Guife. Le roi le voyant
revenir tout fanglant de la mêlée, rembraffa, &
lui donna for le champ de bataille le collier de
fon ordre.
En 1 ƒ 58 il aida le duc de Guife à reprendre
Hiftoire, Tome V,
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Calais, & ï chaffer entièrement les Anglois de la
France.
Dans les guerres civiles, fous Charles IX , attaché
au duc de Guife & à la religion Catholique, '
il fe montra toujours le même, toujours Tavannes,
aux combats de Jarnac-, de la Roche-l’Abeille , .de
Montcontour. Il fut fait maréchal de France le 2.8
Novembre 1570, gouverneur de Provence 8c ami-,
ral des mers du Levant au mois d'O&obre 1572 :
le nombre des maréchaux de France étoit alors
fixé à quatre ; Tavannes fut le. 'cinquième. On lui
fait même dire dans une infcrijption en vers, gravée
for fon maufolée dans le choeur de la fainte chapelle
de D jon :
Cinquième maréchal, premier je fus en France;
II n’eft pas exaftement vrai qu’il ait été le premier
exemple d’un cinquième maréchal de France; François
I , qui porta le nombre des maréchaux de
France dé trois à quatre , le porta même pendant
quelque temps jufqu’à cinq. Les guerres prefque continuelles
qu’ il eut à foutenir , lui donnèrent plus de
fojets à récompenfer ; mais il avoit fini par réduire
le nombre des maréchaux de France à trois.
Après avoir vu quels furent les fervices militaires-
du maréchal de Tavannes, 8c quelle en fut la rér
compenfe, voyons quelle fut fa conduite à la courÿ
. Il ne haïffoit pas l’intrigue , & il étoit for-tout attaché
à la grande intrigante , Catherine de Médias
, & au parti des Guifes , qui n’écoit pas non
plus fans intrigue. Il étoit , félon l’expreffion d’un
auteur, Vhomme de main de la. cour ; c ’étoit à lut
qu’on s’adrefïbit quand on avoit befoin d’un coup
hardi, 8c il n’attendoit pas toujours qu’on lui en
proposât. Sous le règne de Henri II il propofà lui?
même & offrit à Catherine de Médicis de couper 1«
nez à fa rivale, la ducheffe de Valentinois. Catherine
, qui ne fe fentoit pas alors affèz de crédit
pour faire exeufer une pareille violence , en fut
épouvantée, & repréfenta au maréchal que c’étoit
un moyen sûr de fe perdre. Le maréchal confen-
toit .1 fa perte, » pourvu , difoit-il, qu’il pût exter-
» miner le vice, difliper l’enchantement du roi, 8c
v mettre fin aux maux du royaume. »
Par une fuite de fon attachement à • Catherine de
Médicis & aux Guif,s , il faifoit profeffion d’être
l’ennemi dédaré de la maifon de Coligny-Châtillon.
Un jour l’amiral, ayant eu avis d’une entreprife for-;
mée centre lui, & dont il foupçonnoit Tavannes,
le traita, en préfence d’un gentilhomme , 8c pref-
qu’en public, avec affez de' hauteur. Tavannes ne
répondit rie^ le gentilhomme," qui çonnoiffoit la
hardieffe 8c le caraâère peu endurant de Tavannes,
parut s’étonner de fa patience à fupporter cette ef-
pèce d’infolte publique : » j’en tirerai, dit Tavurines.
» une vengeance rïus publique encore , 8c dans j:eu
» de jours ; » c’étoit en effet psu de temps avant
la faint Barthélemi.
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