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furmech de • l’Orient fe fait dans la ville d'Hàmadanen
Perfe, & les plus auftères des derviches , ainfi que
les fgmmes turques, s’en peignent les fourcils Scies
paupières. ( D. J. )
SUTOR , ( voye^ C ousturier. ) le
SWAMMERDAM , ( Jean ) ( Hift. litt. mod. )
médecin d’Amfterdam au 172 fiècle ; Boerhave a
écrit fa vie. Il eft principalement connu par fon
jufloire generale des , à la tête de laquelle
on trouve cette vie. On a auffi de Swammerdam un
traité de fabrïcâ uteri mulieris , & un traité de la
refpiration &. de lufagé des poûmons.
SWIFT , ( Jonatham ) ( Hifl. litt. mod. ) écri-
. vain, fi connu par Ton Gulliver, qu’a traduit l’abbé
DesBnra nés , par Ion conte du tonneau , qu’on a
auffi traduit en François, ainfi que fa guerre des livres.
par fon poème de Çadenus & , Vanejfa, & par beaucoup
d’autres ouvrages. On l’a furnomme le rabelais
(TAngleterre , ( voyeç à l’article R a b e l a is le parallèle
que M. de Voltaire fait de ces deux écrivains )
voyez aulîi dans les lettres hifloriques & philologiques
du comte dOrrery , fur la vie & les ouvrages de
Swift , pour fervir 'de fupplément au fpeêlateur moderne
de Steîle, le parallèle peut être un peu moins
jufte que le comte d’Orrery fait de Swift avec
Horace , parce que Swift eut la VanelTa comme
Horace eut fa Lidie ; parce qu’il fut protégé par le
comte d Oxford & par Milord Bolingbroke , comme
Horace par Mécène & par Agrippa , parce qu’il
fut ami de Pope, comme Horace de Virgile; mais
il ne flata point les rois comme Horace a voit flaté
Augufte. Son cara&ère avoit de la bizarrerie & de
l’inégalité comme fon talent. Il a fondé des hôpitaux
& fait des établiffemens utiles à l’humanité. Il étoit
Iriandois, né à Dublin en 1667, mort en 1745.
•SUZE, ( Henriette de Coligny, comteffe de la )
(Hijl.deFr.) voye^ CoLlGNI, voyeçauffi Sübligny;
elle, étoit fille du fécond maréchal de Châtilion, petit-
fils de l’amiral de Coligny , & fut auffi célébré par
fon efprit & par fa beaut.é, que fes pères l’avoient
.été par leur gloire militaire & par leurs grandes
aventures. Elle avoit d’abord époufé un foigneur écof-
fois, Thomas Adington , qui la lai {Ta veuye très-jeune;
elle époufa en fécondes noces le comte de la Su^e,
inari jaloux & fevère , qui la rendit très-malheureufe;
elle prit le parti de s’en féparer. Elle étoit protef-
f ante ainfi que fes pères , & le comte de la Su^e étoit
auffi proteftant, elle commença par fe faire catholique
, pour ne voir fon mari ni dans ce monde ni
dans F autre 9 difoit la reine Chriftine. Mais malgré
ce changement de religion , le comte de la Suze
prétendant conferver toute fon autorité , elle fè fit
Réparer par arrêt, puis par accommodement elle
confêntit de donner à fon mari vingt-cinq mille écus
pour qu’il la laiflat tranquille ; fur quoi on dit qu’elle
avoit fait un mauvais marché pour s’être trop preffée,
que pour peu qu’elle eût attendu , ç’auroit été lui
qui lui auroit donné vingt-cinq mille é«us pour être
Jéharraffé d’elle. Devenue libre, ell£ fe livra |oute
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entière à la pcëfie & aux plaifirs de la fociété. Sa
mail'on fut le rendez-vous des efprits aimables & de
la bonne compagnie. On jugeoit de fon temps qu’elle
excelloitdans l’é l é g i e & qu’elle y mettoitune g: ande
délicateffe ; elle étoit beaucoup lue , elle lVft peu
aujourd’hui, niais il lui refte, comme par tradition ,
quelque chofe de fon ancienne réputation , elle a été
fort célébrée en diverfes langues. Oïl connoît ces
vers que le P. Bouhours rapporte dans fa manière de.
bien penferfurles ouvrages d’efprit, &L que quelques-
uns lui attribuent à lui-même :
Quoe dea ftublimi rapitur per mania curru fs
An Juno? an P allas ? an Venus ipfa venitl
Si gcnus injpicLis, Juno ; f i fcripta, Mincrva ;
Si fpetles oculos, mater unions erit.
Ces vers font faits à la louange de madame de la
Su^e. Elle mourut en 1673.
Il y avoit eu long-temps avant elle une autre
comteffe de la Su^e , dont François I. avoit , dit-on,
été amoureux & pour laquelle il avoit fait bâtir le
château de la Verfine fur Oyfe entre Creil & faint
Leu. J’ai cherché d >ns ce vieux château tombé en
ruine, quelque? traces de François I. & de madame
de la Swçe , & je n’en ai trouvé que deux : l’une
eft une plaque de cheminée , fur laquelle, étoit
repréfèntée la falaraandre ; l’autre une porte de bois
où des barreaux auffi de bois , figuroient des lettres,
& ces lettres formôient. cette inscription, dont le lecteur
expliquera l’allégorie comme il voudra , car il
y en a certainement une :
Tout à la fin sufe.
SYBARITES, ( Hifl- ) peuples de Sybaris, ville
de la Lucanie : les terribles échecs qu’ils éprouvèrent
de la- part des Crotoniates , ne changèrent rien
à leur luxe & à leur molleffe. Athénée & Plutarque
vous en feront le détail que je fupprime ici , pei>
fuadé qu’on aimera mieux y trouver le tableau de*
Sybarites modernes, par le , peintre du temple de
Gnide.
On ne voit point, dit-il, chez eux de différence
entre les voluptés & les befoins ; on bannit tous les
arts qui pourroient troubler un fommeil tranquille ;
on donne des prix aux dépens du public , à ceux qui
peuvent découvrir des voluptés nouvelles ; les citoyens
ae fe fouviennent que des bouffons qui les
ont divertis, & ont perdu la mémoire des magiftrats
qui les ont gouvernés.
On y abufède la fertilité du terroir, qui y produit
une abondance étemelle ; & les faveurs des dieux
fur Sybaris , ne fervent qu’à encourager le luxe & la
molleffe.
Les hommes font fi efféminés, leur parure eft fi
fèmblable à celle des femmes ; ils compofent fi
bien leur teint ; Us fe frifent avec tant d’art ; Us
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employait tant de temps à fe corriger à leur miroir ,
qu’il femble qu’il n’y ait qu’un fexe dans toute la
ville»
Les femmes fe livrent, au lieu defe rendre; chaque
jour voit finir les defirs &. les efpérances de chaque
jour ; on ne fait ce que c’eft que d’aimer 6ç d’être
aimé ; on n’eft occupé que de ce qu’en appelle fi
fuuffement jouir.
Les faveurs n’y ont que leur réalité propre ; &
toutes ces circonftances qui les accompagnent fi
bien, tous ces riens qui font d’un fi grand prix, ces
engagemens qui paroiffent toujours plus grands, ces
petites chofes qui valent tant, tout ce qui prepare
un heureux moment ; tant de conquêtes au lieu d’une;
tant de jouiffances avant la dernière; tout cela eft
inconnu à Sybaris.
Encore fi elles avoient la moindre modeftie , cette
foible image de la vertu pourroit plaire : mais non ;
les yeux font accoutumés à tout voir, & les oreilles
à tout entendre.
Bien-loin que la multiplicité des plaifirs donne aux
Sybarites plus de délicateffe, ils ne peuvent plus distinguer
un fentiment d’un fentiment.
Ils paffent leur vie dans une joie purement exterieure
; ils quittent un plaifir qui leur déplaît, pour
un plaifir qui leur déplaira encore ; tout ce quils
imaginent eft un nouveau fujet de dégoût.
Leur ame incapable de fentir les plaifirs,femble
n’avoir de délicateffe que pour lès peines: un citoyen
fut fatigué toute une nuit d’une rofe qui s’étoit
Tepliée dans fon f it , plus doux encore que le fom-
meil.
La: molleffe a tellement affoibli leurs corps , qu’ils
ne fauroient remuer les moindres fardeaux;ils peuvent
à peine fe foutenir fur leurs pieds; les voitures
les plus douces les font évanouir ; lorfqu’ils font dans
les feftins , l’eftomac leur manque à tous les inf-
tans.
Ils paffent leur vie fur des fiéges renverfés, fur lesquels
ils font obligés de fe repofer tout le jour , fans
s’être fatigués ; ils font brifés, quand ils vont languir
ailleurs.
Incapables de porter le poids des armes , timides
devant leurs concitoyens , lâches devant les étrangers
, ils font des efclaves tout prêts pour le premier
maître. ( D. J. )
SYDENHAM , ( Thomas ) ( Hifi. litt. mod. )
médecin Anglois célébré, fe diftingua für-tout par
Fufage des rafraîchiffans dans la petite vérole , du
quinquina dans les fièvres aigues après l’accès , &
du !audanumt Ses ouvrages ont été recueillis en deux
volumes in-40. , fous le titre dopera Medica. Sa
Praxis Medica eft imprimée féparément en deux volumes
in-8°., elle a été traduite en François par M.
Sault. Son traité de la goutte jouit d’une réputation,
particulière, & il avoit le droit de s’en occuper , car
elle fit le tourment de fa vieilleffe. En général le
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nom de Sydenham , eft une des grandes autorités qu’on
puiffe citer en médecine. Il éicit né dans le conate
de Dorfet en 1624; il mourut en 1689.
SYLBURG , ( Frédéric )( Hifl. litt. mod.) favnnt
Allemand, préfida aux éditions que Weche! &.
Gommelin faifoient des anciens auteurs Grecs & Latins.
On eftime fa grammaire grecque Si fon Etyir.oU r-
gicon magnum. Il eut part au tréfor de^ la langue
Grecque d’Henri Etienne. On a de lui quelques
poëfies Grecques. Il mourut à Heidelberg en 1569*
à la fleur de fon âge.
SYLLA , ( Lucius Cornélius ) ( Hifl. Rom. ce
rival terrible du terrible Marius, commença par être
fon quefteur dans la guerre contre Jugurtha ; ce fut
lui qui, par fes intrigues , engagea Bcccnus à lui livrer
Jugurtha, fon beau-frère, l’an de Rome 647. Lan
650 , il fuivit le même Marius à la guerre contre
les Cimbres. Ces barbares,à leur paffage de l’Efpaghe
dans les Gaules, avoient attiré à leur parti les_Tou-
loufains: Marius battit en particulier ces nouveaux
ennemis, & Sylla fit prifonnier Copilus leur roi ;
il fe diftingua encore ainfi que Marius dans
la guerre Jociale ou des Alliés, l’an de Rome 664.
En 666, il battit deux fois les Samnites, &, contribua
beaucoup par fos fuccès à terminer cette
guerre fociale. Il mit lui-même un prix à fes fervices ,
& ce prix fut le cônfulat ; il le demanda & il l’obtint.
On lui donna le commandement de l’armée
qu’on envoyoit en Àfie contre Mithridate, on voü-
lut enfuite, par un effet des intrigues du tribun Sui-
picius, le lui reprendre pour le, donner au vieux x
Marius que cette dernière ambition tourmentoit encore;
delà ces fa&ions & ces difeordes funeftes de
Marius & de Sylla, ( voye^ les articles Marius ,
Mithridate , Sulpicius. ) Avant de partir pour
l’Afie , il avoit donné à Rome des ordres en vertu
defquels Sulpicius fut tué & Marius réduit à s’enfuir
en Afrique à travers mille dangers. Ce parti
fembloit abattu pour toujours , & Sylla fe livroit
tout entier aux foins dé la guerre contre Mithridate ,
lorfque du fond de fon exil, Marius parvint à rentrer
triomphant dans Rome , qu’il inonda du fang
des amis & des partifans de Sylla, & où il rafoit
la maifon & confifquoit les. biens de ce général, qu’il
faifoit déclarer ennemi de la Patrie. Pendant ce
temps Sylla rendoit la patrie triomphante dans la
Grèce & dans l’Afie , & acquéroit avec le titre
d heureux une gloire immortelle. 11 remettoit Ariobar-
zane for le trône de Cappadoce , dont M.thridate
l’avoit dépouillé : il recevoit une ambaffade du roi
des Parthes avec une dignité fi impofante & une
fierté fi noble, qu’un des affiftans's’écria : ce f l te
maître du monde, ou il le fera bientôt. 11 battoit près
.d’Athènes Archelaüs , un des généraux de Mithridate ,
& par d’autres victoires , il enlevoit au roi de Pont
la Grèce, la Macédoine, l’Ionie, toute l’Afie mineure.
Les Athéniens vaincus, lui étalant dans de
faftueufes harangues leurs anciennes viéloires de
Marathon , de Salamine, Platée ; je ne fuis pas venu