
Iiîo s U L
Perfee, fils de ce même Philippe, Caius Sulpicius
Gallus , Tribun Légionaire dans l’armée de Paul
Emile , rendit à ce général &c à toute l’armée , le
lervice important de prévenir la fuperftition des foldats
îlir une eclipfe de lune, grand événement alors; des con-
noiiïances agronomiques , rares en ce temps , & qui
diftinguoient avantageufement Sulpicius , lui avoient
appris que cette échpfe aurait lieu le lendemain.
Paul Emile, auquel il fit part de Tes obfervations à.
fujet, & qui, général habile & grand"* homme
d ailleurs, n etoit ni moins fuperftitieux ni moins
ignorant que l'es foldats, confentit cependant qu’ils
^lïént inlîruits & défabufés. Sulpicius leur annonça
I éclipfe qui devoit arriver le lendemain , le moment
précis où elle devoit commencer, le temps qu’elle devoit
durer. Lorfqae les foldats Romains virent l’éclipfe
■ arriver au temps marqué & durer le temps prefcrit,
ils ne furent étonnés que de la feience profonde de
Sulpicius, qui leur parut avoir quelque choie de
divin , quoiqu’il leur eût rendu fenfible par des explications
fimples & claires là caufe de ce phénomène.
Les Macédoniens au contraire furent fâifis
d épouvanté & d’horreur , & il fe répandit un bruit
fourd dans toute l’armée que ce prodige les mena-
çoit de la perte de leur roi , qui en effet ne tarda
point à perdre la bataille de Pydna , puis à être pris
avec les enfans & conduit en triomphe à Rome, à
la fuite du vainqueur, l’an de Rome 585.
Le même Sulpicius Gallus, fe conduifit avec bien
moins de fageffe, lorlque l’an 587, étant"conful &
ayant eu commillion du Sénat de s’informer adroitement
& lecrétement, fi Antiochus , roi de Syrie, &
Eumène, roi de Pergame , ne tramoient point en-
lemble quelque complot contre les Romains ,-il commença
par fe déclarer hautement contre Eumène,
fans avoir rien appris , & s’érigeant un tribunal fu-
prême dans la ville de Sardes, il fit favoir à toutes
les villes de l’Alie -mineure , qu’il étoit prêt à y recevoir
toutes les'plaintes & toutes les accuïàtions
qu’elles auraient à Taire contre ce même Eumène.
6°. Sulpicius,Tribun du peuple de la faéfion de
Ma: lus ; lorlque le commandement de l’armée de
l’Afie defiinée à -fervir contre Mithridate , eût été
donné à Sylla, ce tribun, par fes intrigues, parvint
à faire nommer pour cette même expédition Marius
3u lieu de -Sylh. Celui-ci qui étoit encore en Italie
avec une partie des légions , inftruit de ce qui fe
paffoit à Rome, y revint auffitot à la tête de ces i
jmêines légions , fit profcrire Marius & le tribun
Sulpicius, il partit enfuite pour l’Afie, & quoiqu’en Ion
abiènce, Sulpicius étant tombé entre les mains de gens de
fon parti, fut mis à mort par Tes ordres , l’an de
Rome 666 , avant J. C. 86.
7° . Cicéron parle avec beaucoup d’éloge de l’Orateur
Sulpicius, il loue en lu? un ftyle noble & im-
pofant jùfqu’au tragique; une voix douce , forte,
éclatante; un gefte & des mouvemens pleins de
grâce & fur-tout de cette grâce particulière' qui convient
au barreau ; une éloquence rapide abondante
Jans palfer les bornes fans jamais le répandre en
S U L’
fiiperfluités. Cotta étoit. fon rival, Cotta étoit dilciple
d’Antoine & le prenoit pour modèle ; Sulpicius s’étoit
formé fur le modèle de Cralfus, qui avoit pareillement
été fon maître. Cicéron ajoute que les maîtres
ne furent point égalés par leurs difc pies , malgré tout
le bien qu’il dit de ceux-ci : Fuit enirn Sulpitius vel
maxime omnium, quos quidem ego audiverim , grandis
& , ut ità dicam , tragi eus orator. Vox ciim magna ,
turn fuavis & fplendida : geflus & motus corporis ità
venuflus, ut tarnen ad forum , non ad feenam inßitutus
videretur. Jncitata & volubilis , necea redundans tarnen,
nec circjtmfluens oratio. Crajj'um hic volcbat imitari ,
Cotta malebat Antonium. Sed ab hoc vis aberat
CraJJiy ab illo lepos. ■
Sulpicius mourut jeune , Cotta remplit toute fa
carrière, devint Confiai, & plaida même encore dans
un âge avancé, contre Hortenfius jeune alors.
8°. L’empereur Servius ou Sergius Sulpicius
Galba, fucceffeur de Néron , étoit- auffi de- cette
famille Sulpicia. ( Foye^ G alba. )
SULPICIUS, ( Jean ) ( Hiß.litt. Rom.) iiirnommé
Vrrulanus, parce qu’il etoit de Véroii en Italie , a
le premier publié Vitruve vers l’an 1492. Il fit auffi
imprimer Végéce;
SULTAN, f. m. ( Hiß. mod. ) ce mot qui eft
arabe, fignifie empereur ou feigneur; on croit qu’il
- vierit de felatat qui fignifie conquérant "ou puijfant.
Le nom de fultan tout court , ou précédé de l’article
le défigne alors l’empereur des Turcs; cependant
le titre de padifehah eft réputé plus excellent ; &
les* Turcs appellent le fultan Padifchahi Àlem Penah,
c’eft-à-dire, empereur , le refuge & le protecteur du
monde , ou bien on le nomme Aïiothman Padifchahi-,
empereur des enfans d’Qthman. Voye^ l'article Schah.
On donne auffi le titre de fultan au fils du kan de
la Tartarie Crimée. Le mot fultanum eft chez lés
Turcs un titre de politeffe qui répond à celui dq
monfieur parmi nous.
Le fultan exerce fur fes fujets l’empire le plus def-
potique. Selon la doârine des T u-rcs, leur empereur
a le privilège de mettre à mort impunément chaque
jour , quatorze de fes fujets , fans encourir Je reproche
de tyrannie ; parce que , félon eux , ce prince
agit fbuvent par des mouvemens fecrets , par des
infpirations divines, qu’il ne leur eft point permis
d’approfondir; ils exceptent cependant le parricide
& le fratricide qu’ils regardent comme des .crimes ,
même dans leurs fuhans. Cela n’empêche point que
les fiçères des empereurs n’ayent été fouvent les premières
viâimes qu’ils ont immolées à .leur sûreté.
Les fultans les plus humains les tiennent dans une
prifon étroite dans l’intérieur même du palais impérial
; on - ne leur permet de s’occuper que de chofes
puériles , & très-peu propres à leur former l’efprit,
& à les rendre capables de gouverner. Malgré ce
pouvoir fi abfolu' des fultans , ils font fpuvent eux-
mêmes expofés à la fureur & à la licence d’un peuple
furieux & d’une foldatéfque effrénée, qui les dépofe ÔÇ
les met àmort 3 fous les prétextes les plus frivoles.
k
S Ü L
Le lendemain de fon avènement au trône, le fultan
va vifiter en grand cortege un couvent qui eft dans
un des fauxbourgs de Conftantinople ; là le feheifc ou
fupérieur du monaftère , lui ceint une épée, &. pour
conclure la cérémonie, | lui d.t : alieç , la victoire
eft à voüs ; mais elle ne lejl que 'de la part de Dieu.
Jamais l’empereur ne peut fe difpenfer de cette cérémonie
qui lui tient lieu de couronnement.
On n’aborde le fultan qu’avec beaucoup de formalités
; nul mortel n’eft admis à lui -baifer la main ;
le grand vifir , lorfqu’il paroît en fa préfence , fléchit
trois fois le genou droit ; enfuite touchant la terre
de fa main droite, il la porte à fa bouche & à fon
front, cérémonie qu’il recommence en fe retirant.
Le fultan n’admet perfonne à fa table ; nul homme
n’ofe ouvrir la bouche fans ordre dans fon palais ;
il faut même y étouffer jufqü’aux envies de touffer
ou d’éternuer ; on ne fe parle que par lignes ; on
marche fur la pointe des pieds ; on n’a point de chauf-
fure, & le moindre bruit eft puni avec la dernière
févériték
Les réfolutions prifes par le fultan paffent pour
irrévocables, quelqu’injuftes qu’elles foient ; il ne
peut jamais fe rétraéler. S_s ordres font reçus comme
s’ils venoient de Dieu même, & c’eft une impié.é
que de défbbéir ; quand il veut faire mourir un
grand v ifir, il lui fignifie fa fentence par écrit en
ces termes : tu as mérité la mort , 6* notre volonté
efl au*après avoir accompli Fabdefl ( c’ e ft-à -d ire ,
l’ablution de la tête , des mains & des pieds ordonnée
par la loi ) -, 6* fait le nama[ ou la prière félon la
coutume, tu réfignes ta tête à ce meffager que nous
/’envoyons à cet effet. Le vifir obéit fans héfiter,
fans quoi il ferait déshonoré & regardé comme un
impie & un excommunié. Le fultan prend parmi
fes titres celui de fillulah qui fignifie image ou ombre
de Dieu ; ce qui donne à fes ordres un caraêlère
divin , qui entraîne une obéiffance aveugle.
Malgré tout ce pouvoir, le fultan ne peut point
toucher, fans la néceffité la plus urgente, au trêfor
public de l’état, ni en détourner les deniers à fon
ufage particulier; ce qui occafionneroit infailliblement
une révolte : ce prince n’a la difpofition „que
de fon tréfor particulier -, dont le gardien s’appelle
hafnadar bachi, & dans lequel, du temps du prince
Cantemir, il entrait tous les ans jufqu’à vingt-fept
mille bourfeschacune d’environ 1500 livres argent
de France ; c’eft dans ccs tréfbrs qu’entrent toutes
les richeffes des bachas & des vifirs que le fultan
fait ordinairement mourir, après qu’ils fe font engraiffés
de la fuhftance des peuples dans les différentes
places qu’ils ont occupées; La confifcaticm de leurs
biens appartient de droit à leur maître.
Les fultans font dans l’ufage de marier leurs feeurs
& leurs filles dès le berceau aux vifirs &. aux bachas ;
par-là ils fe déchargent fur Jeurs maris du foin de
leur -éducation ,* en attendant qu’elles foient nubiles,'
ceux-ci ne peuvent point prendre d’autre femme
Hijloire. Tome F,
S Ü' L iïi
avant que d’avoir cônfommé leur manage avec la
fultane ; fouvent le mari eft mis à mort avant d’avoir
rempli cette cérémonie ; alors la femme qui lui étoit
deftinee , eft mariée à un autre bacha. En moins d’un
an la foeur d’Atrurath IV . eut quatre maris , fans
que le mariage eût été confommé par aucun d’eux ;
auffi-iôt que la cérémonie nuptiale tirait à fa con-
clufion , le mari étoit accüfé de quelque crime, on
le mettoit à mort , fès biens étoient adjugés à
fa femme ; mais on prétend qu’ils entroient dans les
coffres de l’empereur.
Les fultans ont un grand nombre de concubines.’
Dans les temps du Bairam ou de la pâque des Maho-
métans , les bachas envoyent à leur fouverain leS
fi'les les plus charmantes qu’ils peuvent trouver ;
parmi ces concubines il fe choifit des maîtrefîes -9 ÔC
celles qüi ont eu l’honneur de recevoir le fultan dans
leurs bras & de lui plaire, fe nomment fultanes hafekist
Voyez l'hißiire ottomane du prince Cantemir»
{A . R.)
SULTAN-CHÈRIF , ( terme de relation ) titre du
prince qui gouverne la Mecque. Ce prince étoit
d’abord fournis & tr butaire du giand-feigneur ; mais
dans la divifion de. l’empire mufuirhan , la racé' du
prophète s’eft confèrvé la fouveraineté & la poffef-
fion de la Mecque & de Médine, fans être dans là
dépendance de perfonne ; c’eft alors quon a donné
a ces princes le titre de. jultàns-chérifs , pour marquer
leur prééminence. D’ailleurs' tous les autres
prirtees mahométans ont pour eux & pour les lieux
qu’ils poffedent, une extrême vénération, leur en*
voyant fouvent des offrandes & des préfens fconfi-
derables. Enfin les Jultàns-chérifs ont yfurpé un grand
pays fur les Abyffins, lefquels ne poffedent plus aujourd’hui
de port en propriété fur là mer Rouee.
( D . J . ) r S
SULTANE , f. f. ( Hiß. mod. ) maîtréfie ou concubine
du grand-feigneur. Nous ne difons pas fort
époufe, parce que la politique des empereurs turcs
ne leur permet pas d’en prendre. Sultane favorite eft
une des femmes du fèrail que le fultan a honorée dé
fes faveurs , & qu’on nomme afeki fultana.
Sultane régnante eft la première de toutes qui
donne un enfant mâle au grand feigneur. On l’appelle
ordinairement bujuk afeki, c’eft-à-dire, la première
ou la grande favorite.
Sultane validé eft la mère de l’empereur régnant *
comme nous difons la reine mire.
Toutes ces fultanes font renfermées dans le fèrtail
fous la garde d’eunuques noirs & blancs, & n’en for-
tent jamais qu’avec le grand-feigneur , mais dans des
voitures fi exe élément fermées, qu’elles ne peuvent
ni voir ni être vues»
Quand le grand-feigneur meurt, oô perd l’empire
par quelque révolution, toutes ces fultanes font ecn-}
finéçs dans le vieux, ferrail