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fous deux conditions qui prouvent, l une fon ref-
peft pour les traités, l'autre l’éloignement qu’il
avoit encore alors pour l’alliance, des turcs. La
première fut que cét argent ne feroit point employé
à faire la guerre à Ferdinand, parce qu’il
itoit nommément compris dans le traité de Cambrai,
conclu en 1519, & qui n’étoit pas encore
rompu , maïs feulement-à réparer les ravages qu’a-
voit eaufi 'le palîage des turcs. La fécondé fut
que le vaîvode lenonceroit à employer les fecours
des turcs.
Macaut, valet-de-chambre du roi , fut chargé
de porter l’argent au vaivode ; mais chofe fingu-
Irere, & conduite vraiment ‘ refpeâable, conduire
fupérieure à la politique, ou plutôt conforme à
la véritable politique qui ne fe fépare jamais de
la morale ! Le vaivode n’ayant pas voulu fe fbu-
inettre aux conditions que le Roi lui ïmpofoit, eut
la bonne foi de ne point accepter l’argent , &
Macaut le rapporta en France. Quelle leçon ce
périt protégé des turcs ofoit donner à de grands
princes chrétiens à qui , en pareil cas, les plus
ïaufTes promcfîes n’auroient rien coûté ! les différends
entre Zapols & Ferdinand furent termines ou
fufpendus par un traité conclu en 1536 . Zapols
mourut en 1540*
ZAPPI, ( Jean-Baptifie Félix) ( H i f i ..l i t t . m o d .)
jurifconfultc & poete italien , dont on tiouve les
vers dans divers îecutils , époufa Faufiine , file
du fameur peintre Carle-Maratte , parce qu il déco
-ivrit ou crut découvrir en elle un talent marqué
pour la poéfie. Il efr un des fondateurs de l’académie
dé g l i A rc a d i / des Arcades. Né à Imola en 16 6 j ,
mort à Rome en 1719*
ZARA (* k i f i . f a in te ) eftle nom d'un des deux
en fan s jumeaux que le patriarche Juda , l’un des
douze enfans de Jacob eut de Thamar fa belle-
fjije. ttLotfque.ces en fans étoient prêts de fonir,
» l’un des deux paiïa fa main , à laquelle la fage-
» femme lia un ruban d’écarlate , en difant: celui-
» ci fort ra le premier. Mais ect enfant ayant re-
3> tiré fa main, l’autrefortit. Alors la fage femme
» dit: pourquoi avez-vous ainfi rompu le mur qui
» vous divifoit ? C’cfl pourquoi il fut nommé PhaTés.
» Son frère qui avoit le ruban d’écarlate à la main
*> fortit enfuite , & on le nomma Z a r a . Genèfe,
» chap. 38, verf# 27, 28 f 2 9 , 30. •
ZARA , (J iif i, eedhéf.) roi d’Ethiopie , au quinzième
fîècle, avoit, dit-on , réfoJu d’envoyer des
ambaffadeurs au concile de Florence en 143.9 , ce
«pii fournit au pape Eugène IV l’occaficm ou le
prétexte de transférer le concile à Rome, afin que
le lieu même où il fe célébreroic, augmentât fôn
antorité. Ce concile étoit originairement celui de
Bâle, que le p^pe Eugène IV, breuiUé avec les
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pères de Bâle, avoit transféré à Ferrare, puis à
Florefiçe.
ZA R Aß AND AL, ( flif t, mod. ) c’efl le nom
que l'on donne à un gouverneur ou viceroi, qui
rend la juflice au nom des rois mahométans de
Mindanao, l’une des îles Philippines : c’efl.la première
dignité de la cour. ( A . R . )
ZARATE , ( Auguflin de ) ( H iß . l i t t , mod. ) auteur
d’une hifioire de la découverte 6’ de la conquête
du P é ro u , en cfpagool ; elle éft traduite en François.
Z a r a t e avoit été envoyé au Pérou en 1543 ,
en qualité de tréforicr-général d s Indes.
ZARBIEN, (K ß - a n c .) roi des gordiens, peuples
d'Arménie , étoit tributaire de Tigrane , roi d’Arménie
, gendre de Mithridate; lorfque les romains
arm oient contre Mithridate & comre Tigrane ,
Z a r b îe n , comme en ufent en pareil cas tous les
rois tributaires, faifît cette occafiôn de s’affranchit
du tribut. Il fit un traité fecret avec Luçul-
lus qui marchoit alors contre Tigrane. Celui ci
eut connoiflance du traité avant que les romains
fuflent entrés en Arménie. Il fit aflaflïner Z a rb ie n
avec toute fa famille, & Luculjus vainqueur ne
put que faire de magnifiques funérailles & dreifeF
un tombeau fuperbe à Pallié des romains.,
ZARINE & STRYÀNGÉE É S S m '
trouve dans les mémoires de littérature, c’èfi-à diie,
dans le recueil de l'acad édile des imeriptions &
belles-lettres , tome fécond, pages 63 & fiiivante^
une hifio-ire d eZ a r ïn e & dc S try àn g é e , par M. Boivin
l’aîné, ouvrage d’un bien mauvais goût, s’il cfi per-
m s de le dire , d’une recherche ridicule & gro'-
fière de be'-efpiît & de ton romanefque , & qui
n auroit pas dû trouver place parmi tant d’ouvrages
férieux & importons; non pas que l'hifioire de.ee«
-deux perfonnages intérefians, rapportée par des
auteurs g'aves de l’antiquité, ne mérite fort d’être
connue; non pas que cette hifioire n'ait naturellement
& par elle-même l’intérêt qui attache dans les
romans, & en tout un caraâère vérirablemert romanefque
, mais M. Boivin l’aîné , qui n’avoît pas,
comme fon frère, -le talent de rendre l’érudition,
agréable , gâte tout par les pe'tires beautés fades
& ridicules dont il cherche à orner fon récit.
L’hifioire de Z a r în e & Stfy'angee efi tirée du
[ premier, livre des blftoires de Nicolas de Damas , &
fe trouve dans les extraits de l’empereut Confiantin
Porphyrogénète.
Elle fe trouve auflï, mais fort en abrégé, dans Te
traité de l’élocution de Dénis d’Halicarnalfe.
Z a r in e étoit reine des faces, vers l’an- 60S avant
l’ère chrétienne. Les faces font des feythes nomades.,
réputés les peuples les plus braves dp la Scÿt-hle,
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Je? perfès donnent le nom de faces à tous les
feythes, ma;sles faces, dans une lignification plus
refiréime de ce mot, pafLiit pour être, les mêmes
que les maiïfgètes 3 on croit même que Tomyris,
reine desmaiïagètes, qui, félon Hérodote & Jufiin,
tua Cyrus , l’an 529 avant Jcfus-Chrift, defeendoit
de Z a r in e , 1
Celle-ci étoit d’une grande beauté & d’une grande
■ valeur, e'ie excelloit dans l’art de la guerre. Les
f«îmmes faces ou facides étoient tou;ours â cheval,
•& partageoient avec les hommes tontes les fatigues
■ & tous les dangers de la guerre : Z a r in e cornman-
•idoit toujours en perfonne fes armées.
^Cvaxar- , roi’des. mèdes , père d’Afiyage , qui
fut fon fucceffeur à l’empire des mèdes , & l’aieul
maternel de Cyrus, étoit en guerre avec les faces,
& fes aimées étoient commandées par Stryàngée ,
fii 11 gendi e , jeune homme vaillant, aimable & fen-
fible. Z a r in e & Stryangéc, en fe combattant l’un
Tautre , eurent de. fréquentes occafîons d’admirer
leur valeur réciproque dans les batailles , & leur
générofité hors des-bata'lies, ce qui mit dans leur
<ame une g'ande difpofition à s’aimer.
Le.moment décifif arriva, & , dans un dernier
combat, Stryàngée , qui jufqu’alors n’avoit eu fur
Z a r in e aucun avantage, la rénverfa de fon cheval ,
& fe vit maître de fi vie. Voici comment il a .p'u
à M. Bojvin d.’exprimer ce qui fe pafla dans l’ame
de Stryàngée en. cette occafion:.
« Il eut plus de peur de mourir qu’elle, & plus
de honte d'être vainqueur que [ a v a in c u e . Il lui
fauva la v,e en la lu i deman d an t lui-même des yeux j
& bien lo in de lu i a rra c h e r le coe u r3 il ach'eva de lui
donner le fitn ».
Il lui offrit la paix, elle fut acceptée; /‘alliance
fut jurée entre les mèdes & les faces, Zarine donna
une fête à Stryàngée dans Roxanace,, fa capitale ,
& Stryàngée s’enflamma pour elle.
» V a im a b le m éd e , dit M. Boivin , auroit mille
fois fouhaité n’être point le gendre de fbn empereur,
afin de pouvoir off ir à cette illufire reine un coeur
libre. E le ne faifoit pas moins de voeux -en Eeret
de pouvoir donner fa couronne a un f i doux en n em i..,.
S o n f e u mode f ie ne f e p o u v a it cacher a u trem e n t, qu en
éblouijfanc tous les y e u x de f a pro p re lumière » .
Cette bel'e phrafe, qu’a/furément ou n’entend
pii t , fîgn fie que la reconnolfiance qu’elle devoir
au prince qui lu-i avoit fauve la vie & donné la
paix , fervoit de prétexte aux témoignages de bienveillance
& de tendrefle que l’amour lui függéroit.
Hoc p roe te x it nomme culpam.
S t y-mg-ée, après beaucoup d’inutiles efforts pour
ttotifferfa paillon, & enfuite pour la cacher à Celle
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qui en étoit l’objet, prit enfin le parti delà déclarer,
ce que M. Boivin exprime ainfi avec fes petites
grâces favantes :
» Il fe rendit donc auprès d’elle qu’il venait de
quitter ; & d’abord i l lu i f it v o i r ce, q u i l ne lu i pourv
o i t d ire . Plus fa langue étoit muette , & plus fbn
filence étoit éloquent. Il foupira, il changea de
couleur, il s’enhardit enfin, & parla. Cette héroïne
qui voyoit bien qu’il n’étoit plus le maître
de fa paflïon, le refufa de la manière du monde
la plus tendre & la plus polie?».
En effet , elle lui avoua qu’elle l’aimpit auflï ,
& que s’il eût été libre, elle n auroit pas balancé
à l’époufer ; mais elle lui rappella ce qu'il devoit
à la pr nceffe Rhéiée fa femme , fille de Cyaxare ,
elle lui rappeila ce qu’ils dévoient l'un & l’autre a
l’honneur & à la vertu ; elle le p aignit, elle fe
plaignitma's elle fut inébranlable dans fen refus.
Le prince qui l’avoit abordée avec un doux b a i f e r
a la jo u e y la quitta de même ; c'etoit apparemment
l'ufage des faces Si des mèdes. Quand il fut rentré
dans on appartement, il lui écrivit un billet qui
difoit en fubfimce : ous m 'av e ^ d o n n é la m o r t , j e
vo u s a v o is f a u v e la vie 3 p u i(f ie \-v o u s la conferver
long-te ms & être to u jo u rs heur eu fe ! il fe tuc^ après
après avoir chargé un eunuque de percer ce billet
à Z a r in e .
M. Boivin a jugé a propos de faire précéder la
mort de Stryàngée de beaucoup de beaux combat Sx
de l'amour & de la raifon.
» Tantôt , d t f l, Stryàngée étoit tenté de triompher
de fon amour par une noble ému ation Si fe
fentoit jaloux de la gloire & de la vertu de Z a r in e ÿ
tantôt il fe _cioyoit in pri é & trahi par ecite ar--
tificieufè beauté , & to u te fo n am b itio n s en ten d a it
avec f a f lam m e p o u r lu i f a i r e p erdre l'e fp r it. Il cédoit
la palme à fa belle rivale , & a v o it f o n t e de n e t t e
p a s mort de honte. A la fin il fe livra tout entier
a u x reproches & d la r a g e , Gf p r i t la généreufe réfo~
lu t;o n de m o u rir p a r u n tendre défefpoir. m
Une lacune qui fe trouve dans le texte de Confié
tan in Porphyrogénète nous a laiffé ignorer Ferré £
que le billet de Stryàngée fit fur Z a r in e ; nous lavons
feulement, parle récit de plulïeurs hilloriers,.
quelle ne fui vit point fon amant au tombeau, qu’elle
régna Iong-tems avec gloire, & que cette gloire
la copioia v r ai fe m b l'a bl emen t des majeurs de
l’amour. Elle vainquit & fournit roue les peuples
barbares dont elle étoit environnée ; elle fonda
p’iïfiems villes , enrichit fes états, poliiça fes états
volfins qui fe mirent ions fa protcétion y encouragea
& anima les arts & les feiences , gagna tous les
coeurs par la douceur de fon gouvernement, fut le
modèle des grands- rois & l'héroïne de fon ficelé.
Ge qu’il y a defingulier> c’eft que C té fias f dans.