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TJl A B A ou T ABO-SE1L , f. m, {\HiJl. modl) c’eft le
nom fous lequel les Nègres qui habitent la côte de
grain en Afrique défignent leur roi, dont le pouvoir
eft très-arbitraire, vu que les peuples le regardent
comme un être d une nature fort fupérieure à la leur ,
fentiment qui eft fortifié par les prêtres du pays,
qui, comme en beaucoup d’autres endroits, font les
plus fermes fupports de la tyrannie & du defpotifme,
lorsqu'ils n’y font point fournis eux-mêmes. (A , Ri)
T A B A CO S , f. m. ( terme de relation- ) Les efpagnols
du Mexique appellent tabacos des morceaux de ro-
feaux creux & percés, longs de trois pieds ou environ ,
remplis de tabac, d’ambre liquide, d’épices & d’autres
plantes échauffantes ; ils allument ces rofeaux
par un bout , & ils attirent par l’autre la fumée , qui
les endort en leur ôtant toute fenfation de laffitude
& de travail ; c’eft là l’opium des Mexicains, qu’ils
nomment dans leur langue pocylt. ( D. J. )
TABAGIE , f. f. ( Hifl. mod. ) lieu ou l’on va fumer.
Celui qui tient la tabagie, fournit des pipes &
du tabac à tant par tête. On caufe , on joue & l’on
boit dans les mêmes endroits. Il y a des tabagies publiques
en plufieurs villes de guerre ou maritimes ;
On les appelle auffi eftaminets. On donne auffi le nom
de tabagie à la cadette qui renferme la pierre , le briquet
, l’amadou, le tabac 8c la pipe , en un mot, l’attirail
du fuineur. {A. R.)
TABÉITE5 , ( Hifl. du mahomèt. ) c’eft-à-dire , les
fuivans, feéfateurs , ou adhérens de Mahomet, & ils
forment le fécond ordre de mufulmans qui ont vécu
de fon tems. Les tabéijles ont de commun avec les
fahabi ou compagnons du prophète, que plufieurs
d’entr’eux ont été fes contemporains, mais la différence
qu’il y a , c’eft qu’ils ne l’ont point vu , ni n’ont
converié avec lui. Quelques-uns ont feulement eu
l’honneur de lui écrire, & de l’informer de leur con-
verfion à l’iflamifine. Tel fut le Najashi, ou roi d’Ethiopie
, le premier prince , félon Abd’al-Baki, que Mahomet
invita à embraffer fa religion, mais qui ne le vit
jamais, & eut feulement commerce avec quelques-
uns de fes compagnons. Tel fut auffi Badhan le per-
fan, gouverneur de l’Arabie heureufe, avec tous les
perfans, qui, à fon exemple, embraflerent fans difficulté
Fidamifme. Tels furent enfin tous les peuples
de l’Arabie, & les princes que le prophète convertit
à là religion. {D . J . )
TABEOUN , f. m. terme de relation, ce mot veut
dire les fuivans ; c’eft ainfi que les mululmans appellent
les perfonnages qui ont fuivj les compagnons
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de Mahomet, & qui ont enfeigné fa doélrine ; comme
ils n’ont paru qu’après la centième année de l’hégire
, leur autorité eft beaucoup moindre que celle de
leurs prédéceffeurs. ( D> J. )
TABLALEM, f. m. ( Hiß. moj, ) titre que l’on
donne chez les Turcs à tous les gouverneurs des
provinces ; on le donne aux vifirs, bachas, begs.
Alem eft un large étendard porté fur un bâton, fur-
monté d’un croiffant ou d’une demi-lune. Le tabl eft
un tambour. Les gouverneurs font toujours précédés
de ces chofes. (A. R.)
TABLES, loix des doutée , ( Hiß. Rom. ) code
de loix faites à Rome, par les décemvirs vers l’an 301
de la fondation de cette ville*
Les divifions qui s’élevoient continuellement entre
les confuls & les tribuns du peuple, firent penfer
aux Romains qu’il étoit indifpenfable d’établir un
corps de loix fixes pour prévenir cet inconvénient ,
& en même-temps allez amples , pour régler les autres
affaires civiles. Le peuple donc créa des décemvirs,
c’eft-à-dire, dix hommes pour gouverner la
république avec l’autorité confulaire, & les chargea
de choifir parmi les loix étrangères, celles qu’ils jugeraient
les plus convenables pour le but que l’on
fe propofoit.
Un certain Hermodore , natif cfEphèfe , & qui
s’étoit retiré en Italie, traduîfit les loix qu’on avoit
rapportées d’Athènes, & des autres villes de la Grèce
les mieux policées , pour emprunter de léür's Ordonnances
, celles qui conviendroient le mieux à la république
Romaine. Les décemvirs furent chargés de
cet ouvrage, auquel ils joignirent les loix royales ;
c’eft ainfi qu’ils formèrent comme un code du Droit
romain. Le fénat, après un férieux examen, l’auto-
rifa par un fénatus-confulte , & le peuple le confirma
par un plébifcite dans une affemblée des centuries.
L’an 303 de la fondation de Rome, on fit graver
ces loix fur dix tables de cuivre , & on les expofa
dans le lieu le plus éminent de la place publique ;
mais comme il manquoit encore plufieurs chofes pour
rendre complet ce corps des loix romaines ; les décemvirs,
dont on continua la magiftrature en 304 ,
ajoutèrent de nouvelles loix qui furent approuvées,
& gravées fur deux autres tables , qu’on joignit aux
dix premières, & qui firent le nombre de douze. Ces
douze tables fervirent dans la fuite de jurifprudence
à la république Rçmaine* Cicçron eq a fait un grand
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éloge en la perfonne de Craflfus, dans fon premier
livie de l 'O r a t e u r 43 & 44. Denys d’Halicar-
raffe , Tite-Live & Plutarque traitent auffi fort au
lpng des loix décemvirales, car c’eft ainfi qu’on nomma
les loix des douze tables.
Elles fe font perdues ces loix par l’injure des temps;
R ne nous en refte plus que des fragmens difperfés
dans divers auteurs , mais utilement recueillis par
I’illuftiç Jean. Godefroy. Le latin en eft vieux & barbare
, dur & obfçùr ; 8c même, à mefure que la langue
fe pqliça chez les Romains , on fut obligé de
le changer dans quelques endroits pour le rendre
intelligible.
Ce n’eft pas là cependant le plus grand défaut du
çode des loix décemvirales. M. de Mofites va
nous l’apprendre ; la févérité des loix royales faites
pour un peuple compofé de fugitifs, d’efelaves.8c de
brigands, ne convenoit plus aux Romains. L’efprit
de la république aurait demandé que les décemvirs
n’euffent pas mis ces loix dans leurs douçe tables ;
ipais des gens qui agiraient à la tyrannie , n’avoient
garde de Yiiiyre l’elprit de la république.
Tite-Live , livre 1. dit, fur le fupplice de Métius-
Fuffétius., diâateur d‘A!be , condamné par Tullus-
Hoftilius, à être tiré par deux chariots, que ce fut
lè premier 8c .le dernier fupplice cii l’on témoigna
avoir perdu la mémoire de l’humanité ; il fe trompe ;
le code des doutf tables a plufieurs autres difpofi-
tions très-cru elles. On y trouve le fupplice du feu, des
peines prefque toujours capitales , le vol puni de
mort.
Celle qui découvre îe mieux le deffein des décemvirs
, eft la peine capitale prononcée contre les
auteurs des libelles & les poètes. Cela n’eft guère
du génie de la république , ou le peuple aime à voir
les grands humiliés. Mais des gens qui vouloient renverser
la liberté , craignoient des écrits qui pou-
voient rappeller l’efprit de la liberté.
On connut fi bien la dureté des loix pénales , inférées
dans le code des dou^e tables , qu’après i’expul-
fion des décemvirs, pref |ue toutes leurs loix , qui
àveient fixé les peines , furent ôtées. On ne les abrogea
pas expreffément ; mais la loi Porcia ayant défendu
de mettre à mort un citoyen romain , elles
n’eurent plus d’application. Voilà le vrai temps auquel
on peut rapporter ce que Tite-Live, liv. 7. dit
des Romains, que jamais peuple n’a plus aimé la
modération des peines.
Si l’on ajoute à la douceur des peines, le droit
qu’avoit un aceufé de fe retirer avant le jugement,
on verra bien que les loix décemvirales s’étoient écartées
en plufieurs points de Tefprit de modération ,
fi convenable au génie d’une république , & dans
les autres points dont Cicéron fait l’ éloge , les loix
des dou^c tables le méritoient fans doute. (D . J .)
TABLETTES , ( Hifl. anc. & mod. ) les tablettes
que nous employons pour écrire , font une efpèce
de peRt hy/re qui g quelques f§uiUgs d’ai r e ? de
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papier , de parchemin préparé , fin* ldquelles on écri*
avec une touche , ou un crâyon , les chofes dont o*
veut fe fouvenir.
Les tablettes des Romains étoient prefque comme
les nôtres, excepté que les feuillets étoiènt de bois ,
dont elles eurent le nom de tabellce, c’eft-à dire , /wr-
voe tabulée ; elles contenoient deux , trois, ou cinq
feuillets ; 8c félon le nombre de ces feuillets , elles
étoient appellées diptycfia, à deux feuillets; tripty-
cha , à trois feuillets ; penteptycha, à cinq feuillets ;
celles qui avoient un plus grand nombre de feuillets
fe nommoient polyptycha, d’où nous avons fait pule*
tica , des poulets, ternie dont on fe fert encore pour
dire des lettres de galanterie, des lettres d’amour.
Les anciens écrivo.ient ordinairement les l.ttres d’amour
fur des tablettes y 8c la perfonne à qui. on ave it
écrit la lettre amôureufe, faifoit réponfe fur les me*
mes tablettes , qu’elle renvoyoit, comme nous, l’apprenons
de Catulle , ode 43 (D . J. )
TABOR , ( Jean-Othon ) ( Hiß. litt. mod. ) né à
Bautzen en Luface, l’an 1604; confeiUer du Landgrave
de Heffe-Darmftat, mort en 1.674 , eft auteur
de divers ouvrages de droit en deux volumes
in-folio. Prafchius, fon gendre, a écrit fa vie. Il y-
a peu de gens dont on dût écrire la v ie , & celle
de gens de lettres eft dans leurs écrits. Cependant,
Tabor avoit. éprouvé des chagrins & des révolutions.
Sa patrie avoit été réduite en cendres dans les guei res
d’Allemagne, il avoit perdu dans les malheurs publics
fon é:at &C fa fortune.
T A BO T , f. m. ( Hiß. mod. ) c’eft ainfi que l’on
nomme, chez les Ethiopiens., une efpece de coffre
qui fert en même-tems d’autel fur lequel leurs prêtres
célèbrent la meffe. Ils ont la plus grande vénération
pour ce coff re, dans l’idée que c’eft l’arche d’alliance
confervée dans le temple de Jérufalem, mais
qui , fuivant eux , fut enlevée furtivement par des
millionnaires juifs, qui furent envoyés en Ethiopie
par le roi Salomon pour inftruire les peuples dans la
loi du vrai Dieu. Les Abyffins, quoique convertis au
chriftianifme , conferyent toujours le même refpeél
pour le tabou Le roi lui-même n’a point la perm'ffion
de le voir. Ce coffre eft porté en grande cérémonie
par quatre prélats qui font accompagnés de beaucoup
d’autres; on dépofe le tabot fous -une tente qui fert
d’églife dans les camps où le roi fait fa demeure ordinaire.
Les miffionnaires portugais ayant voulu fou-
mettre les Abÿffins au fiège de Rome, tâchèrent de
fe rendre maîtres de cet objet de la vénération du
pays. Mai? des moines zélés le tranfportèrent fecre-
tement dans des endroits inacceffïbles, d’où 1^ ta-
bot ne fut tiré qu’après l’expulfion des miffionnaires
catholiques, que l’on avoit trouvés trop entrepre-
nans, ( A . Ri)
TA BO UE T, ( Julien ) ( Hiß. litt, mod. ) auteur
d’une généalogie des princes de la maifon de Savoye.
Sabaudioe, principum genealogia , verfibus & latiali
dialcÜo digeßa, traduite en François, en profe &
en vers, par Pierre Trebedan, fuàyig d’une hiftoixe